« Bombardement du 17 juin 1940 : témoignages » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
(3 versions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 123 : Ligne 123 :




Vers  dix heures, ce dix-sept juin, je parle avec le maire de Chartres-de-Bretagne lorsqu'une violente explosion nous souffle littéralement. Je crois au tir d'une batterie de D.C.A. proche mais m'inquiète, en repartant, de voir la population se cacher sous les pommiers. je file sur Bruz [...]  et vais à La Massaye que les Anglais évacuent en toute hâte. De cette haureur, j'entrevois ce qui s'est passé. Sous un ciel d'orage particulièrement noir, la ville de rennes apparaît toute entière recouverte d'une épaisse fumée ! Je rentre en hâte mais suis arrêté, rue de nantes, par la défense passive. On entend des explosions du côté de la gare et des rafales de mitrailleuse du côté de la Courrouze. Arribé bd Magenta, où notre baraquement est abandonné, mais intact, je constate que la gare n'a rien mais qu'une épaisse fumée s'élève des gares de triage d'où viennent des voitures d(ambulance ensanglantées filant vers les hôpitaux ou cliniques...
Vers  dix heures, ce dix-sept juin, je parle avec le maire de Chartres-de-Bretagne lorsqu'une violente explosion nous souffle littéralement. Je crois au tir d'une batterie de D.C.A. proche mais m'inquiète, en repartant, de voir la population se cacher sous les pommiers. je file sur Bruz [...]  et vais à La Massaye que les Anglais évacuent en toute hâte. De cette haureur, j'entrevois ce qui s'est passé. Sous un ciel d'orage particulièrement noir, la ville de Rennes apparaît toute entière recouverte d'une épaisse fumée ! Je rentre en hâte mais suis arrêté, rue de Nantes, par la défense passive. On entend des explosions du côté de la gare et des rafales de mitrailleuse du côté de la Courrouze. Arrivé bd Magenta, où notre baraquement est abandonné, mais intact, je constate que la gare n'a rien mais qu'une épaisse fumée s'élève des gares de triage d'où viennent des voitures d'ambulance ensanglantées filant vers les hôpitaux ou cliniques...


'''''René Patay''''' <ref> ''Mémoires d'un français moyen'', p. 122-3 - 1974</ref>
'''''René Patay''''' <ref> ''Mémoires d'un français moyen'', p. 122-3 - 1974</ref>
Ligne 193 : Ligne 193 :
Je me trouvai seul témoin, juste derrière l'[[église Sainte-Jeanne d'Arc]], quand le mur (provisoire en brique) de la sacristie s'écroula presque à mes pieds aux premiers souffles des premières déflagrations. Tous les camarades qui se trouvaient dans les parages se précipitèrent à l'intérieur du Patro. L'abbé Barbotin refoula tout son petit monde vers la salle du côté de la [[rue Guillaume Lejean]] où se trouvaient à ce moment des militaires français. L'officier leur ordonna de se mettre en position de combat, avec armes et cartouchières, allongés sur la butte qui existait alors entre la cour du Patro et l’Église. Peu après, on vit arriver des Anglais, traînant des blessés, se mettre à l’abri, aussi loin que possible dans les champs. Des gens du quartier ont passé deux et trois nuits dans les fossés sous les haies par peur de voir leur maison s'effondrer.
Je me trouvai seul témoin, juste derrière l'[[église Sainte-Jeanne d'Arc]], quand le mur (provisoire en brique) de la sacristie s'écroula presque à mes pieds aux premiers souffles des premières déflagrations. Tous les camarades qui se trouvaient dans les parages se précipitèrent à l'intérieur du Patro. L'abbé Barbotin refoula tout son petit monde vers la salle du côté de la [[rue Guillaume Lejean]] où se trouvaient à ce moment des militaires français. L'officier leur ordonna de se mettre en position de combat, avec armes et cartouchières, allongés sur la butte qui existait alors entre la cour du Patro et l’Église. Peu après, on vit arriver des Anglais, traînant des blessés, se mettre à l’abri, aussi loin que possible dans les champs. Des gens du quartier ont passé deux et trois nuits dans les fossés sous les haies par peur de voir leur maison s'effondrer.


'''''Ar Poulchet'''''<ref>[[Ma jeunesse dans le quartier Jeanne d'Arc]]</ref>
'''''Maxime Le  Poulichet'''''<ref>[[Ma jeunesse dans le quartier Jeanne d'Arc]]</ref>




Ligne 270 : Ligne 270 :
Je le regardais travailler, il était debout sur la rambarde  et posait du mastic sur les pourtours. Je me souviens qu'il répétait, par intermittence :"Ah! Les vilains moineaux !". Les vilains moineaux, je l'ai compris, étaient les avions allemands venus sur Rennes.
Je le regardais travailler, il était debout sur la rambarde  et posait du mastic sur les pourtours. Je me souviens qu'il répétait, par intermittence :"Ah! Les vilains moineaux !". Les vilains moineaux, je l'ai compris, étaient les avions allemands venus sur Rennes.


''''Michel Jacques Gauvain'''', 5 ans en 1940 (entretien avec Étienne Maignen le 7 mars 2020)
'''''Michel Jacques Gauvain''''', 5 ans en 1940 (entretien avec Étienne Maignen le 7 mars 2020)




Ligne 276 : Ligne 276 :




"Vers 10 heures des avions ennemis nous bombardèrent, nous n'eûmes que le temps de nous glisser sous un train chargé de bois, parallèle au nôtre pour éviter la mitraille [...] Ils ont non seulement mitraillé mais bombardé des trains de munitions et c'est ce qui fit le plus de désastre après leur passage [...], la chance, pour nous, f c'est que le train c'est que le train qui était contre le nôtre fut bombardé à la tête, car il était rempli d'obus et de balles.  Aussi, te décrire le spectacle de cette journée me serait impossible, il tombait des éclats d'obus tout autour de nous."
"Le lundi matin, nous nous promenions de long en large pour passer le temps  quand, vers 10 heures, des avions ennemis nous bombardèrent, nous n'eûmes que le temps de nous glisser sous un train chargé de bois, parallèle au nôtre pour éviter la mitraille [...] Ils ont non seulement mitraillé mais bombardé des trains de munitions et c'est ce qui fit le plus de désastre après leur passage [...], la chance, pour nous,  c'est que le train qui était contre le nôtre fut bombardé à la tête, car il était rempli d'obus et de balles.  Aussi, te décrire le spectacle de cette journée me serait impossible, il tombait des éclats d'obus tout autour de nous."
 
''''' Eugène  Bouttier ''''' qui était dans un convoi arrivé la veille de Rouen et dans l'attente d'un départ vers Cholet.(''lettre à sa famille'' Ouest-France. 17.06.2020)
 
----
 
 
« Je jouais dans le jardin derrière la petite maison où la famille louait un appartement rue de Paris, face à la fac Beaulieu maintenant. Devant coulait la Vilaine et sur l’autre rive : la plaine de Baud, le grand lieu de triage de la gare de Rennes. Maman était rentrée dans la maison, pour changer ses vêtements afin de se préparer pour partir livrer à vélo son travail de couture faite à domicile : des musettes militaires. Elle me laisserait en garde chez la propriétaire des lieux. Soudain, le bruit des bombes, les vitres volaient en éclat près de moi. Par chance, je n'ai pas été blessée. Maman comprit tout de suite ce qui se passait. Elle tenta, me tenant par la main, de traverser la route qui séparait la maison de la campagne afin de trouver refuge dans un fossé. Je me souviens que l'on courait, mais après je ne me rappelle que d'une chose : j'étais sous une couverture (une capote militaire) et un monsieur me protégeait. Ce monsieur, me dira Maman après, était un militaire et il pleurait. Elle, s'était évanouie en traversant la route et avait été secourue puis transportée là. En le voyant pleurer, et pensant tout de suite à sa fille, elle crut un moment que j'étais morte ; il pleurait car il avait un enfant du même âge et ne savait pas où il était. J'ai le souvenir d'avoir vu des blessés, un en particulier qui semblait n'avoir plus de nez et qui avait le visage ensanglanté, ça frappe une petite fille !
 
Notre mère nous a raconté qu’elle courut à la maison détériorée. Plus de fenêtres, les portes arrachées. Elle se précipita pour prendre ses petits billets dans le tiroir de l'armoire. Nouveau drame : tout l'argent avait disparu ! Quelqu’un avait profité de son absence pour piller ses maigres ressources. Et, plus de nouvelles du papa sur le front « On part chez Grand-Mère ! Je me revois très bien derrière maman, sur la petite selle de son vélo. Nous avons traversé la voie ferrée à Cesson et là encore j'ai vu des blessés, du sang. Maman m'a dit : « Ferme les yeux ! »
 
Georges Ploteau a transmis ce témoignage écrit par sa sœur Marie-Huguette (3 ans et demi en 1940)
 
----
 


'''' Eugène  Bouttier '''' qui était dans un convoi arrivé la veille de Rouen et dans l'attente d'un départ vers Cholet.(''lettre à sa famille'' Ouest-France. 17.06.2020)
[[Fichier:Maisons_touch%C3%A9es_le_17_juin_1940.gif|right|250px|thumb|Deux maisons touchées dans le quartier du "Cabinet Vert". Sur celle au 1er plan, une bombe arrivée par le toit a atteint le sous-sol]]
[[Fichier:Maisons_touch%C3%A9es_le_17_juin_1940.gif|right|250px|thumb|Deux maisons touchées dans le quartier du "Cabinet Vert". Sur celle au 1er plan, une bombe arrivée par le toit a atteint le sous-sol]]


Ligne 286 : Ligne 299 :




'''*''' NB : Nombreux furent les Français ayant cru voir des avions italiens en mai-juin 1940
'''*''' NB : Nombreux furent les Français ayant cru voir des avions italiens en mai-juin 1940, alors qu'aucun ne survola l'ouest.
 
 
 




----




24 045

modifications

Menu de navigation