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Ce n'était pas une alerte d'entraînement. On a vu, tout de suite, aussi, que ce n'était pas une simple visite. On a juste eu le temps de voir trois bombardiers qui nous ont presque rasés. On s'est mis accroupis. Nous les avons regardés. '''Ils ont suivi la Vilaine et ont pris la direction de la gare et de la ''plaine de Baud''. Quelques minutes après, on a commencé à entendre les explosions.''' C'est épouvantable le bruit que cela faisait. Il y avait des éclats de lumière et de la fumée. Bien que loin et avec mon père, j'ai eu peur... <ref> ''Ouest-France'', édition de Rennes, 3 juin 2010</ref> Les équipages des bombardiers qui volaient à moyenne vitesse nous semblaient bien renseignés et savoir ce qu'ils allaient faire. Le choc de cette horrible journée et l'arrivée des Allemands à Rennes le lendemain déclenchèrent chez moi une espèce de soif de vengeance qui sont les raisons premières de mon engagement, quelques années plus tard au Régiment de Marche du Tchad pour me battre".  '''*''' <ref> entretien de Joseph Jean Naviner du 14 juin 2012 avec Etienne Maignen</ref>
Ce n'était pas une alerte d'entraînement. On a vu, tout de suite, aussi, que ce n'était pas une simple visite. On a juste eu le temps de voir trois bombardiers qui nous ont presque rasés. On s'est mis accroupis. Nous les avons regardés. '''Ils ont suivi la Vilaine et ont pris la direction de la gare et de la ''plaine de Baud''. Quelques minutes après, on a commencé à entendre les explosions.''' C'est épouvantable le bruit que cela faisait. Il y avait des éclats de lumière et de la fumée. Bien que loin et avec mon père, j'ai eu peur... <ref> ''Ouest-France'', édition de Rennes, 3 juin 2010</ref> Les équipages des bombardiers qui volaient à moyenne vitesse nous semblaient bien renseignés et savoir ce qu'ils allaient faire. Le choc de cette horrible journée et l'arrivée des Allemands à Rennes le lendemain déclenchèrent chez moi une espèce de soif de vengeance qui sont les raisons premières de mon engagement, quelques années plus tard au Régiment de Marche du Tchad pour me battre".  '''*''' <ref> entretien de Joseph Jean Naviner du 14 juin 2012 avec Étienne Maignen</ref>




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Les carreaux de fenêtres de la maison côté est volèrent en éclats, à l'exception de ceux d'une fenêtre ouverte sur une pièce où la cloison fut soufflée. Un morceau de wagon brûlait sur le toit et un nuage nauséabond dispersait dans le jardin un épais manteau de suie accompagné d'objets calcinés : chaussures, masques à gaz et autres, dont un carton d'un magasin de vêtements de Roubaix. Le soir, notre maison accueillit des réfugiés dont une dame et ses deux petites filles du Nord. L'enchaînement des faits laisse l'évènement très présent à ma mémoire."  
Les carreaux de fenêtres de la maison côté est volèrent en éclats, à l'exception de ceux d'une fenêtre ouverte sur une pièce où la cloison fut soufflée. Un morceau de wagon brûlait sur le toit et un nuage nauséabond dispersait dans le jardin un épais manteau de suie accompagné d'objets calcinés : chaussures, masques à gaz et autres, dont un carton d'un magasin de vêtements de Roubaix. Le soir, notre maison accueillit des réfugiés dont une dame et ses deux petites filles du Nord. L'enchaînement des faits laisse l'évènement très présent à ma mémoire."  


'''''Gilbert Guillou''''', 6 ans en juin 1940 Rennes.  '''*''' <ref> entretien avec tienne Maignen, avril 2012</ref>
'''''Gilbert Guillou''''', 6 ans en juin 1940 Rennes.  '''*''' <ref> entretien avec Étienne Maignen, avril 2012</ref>




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"Il faisait très beau ce matin-là. Nous habitions 6 rue de Châteaugiron, près de la Croix Saint-Hélier où nous abritions un couple de réfugiés du Nord. Je vais en face dans une maison où mon frère de 7 ans était chez un camarade lorsqu'une première énorme déflagration se produit. Je m'extrais à quatre pattes de dessous une cloison abattue par le souffle et vois la cave car il n'y a plus de plancher. Les trois machines à coudre de l'atelier de couture sont pulvérisées et il y a du verre partout. Un petit garçon a un œil crevé. Je rejoins ma mère qui prie tandis que d'autres lui disent :" S'il y avait on bon Dieu, il ne permettrait pas des choses pareilles". Dehors volent des ferrailles, des bouts de toitures, des flammèches et un long morceau de rail est tombé [[rue de Vern]]. De l'avenue du cimetière de l'Est arrivent nombreux des blessés, enfants, vieillards, des gens tout nus."
"Il faisait très beau ce matin-là. Nous habitions 6 [[rue de Châteaugiron]], près de la Croix Saint-Hélier où nous abritions un couple de réfugiés du Nord. Je vais en face dans une maison où mon frère de 7 ans était chez un camarade lorsqu'une première énorme déflagration se produit. Je m'extrais à quatre pattes de dessous une cloison abattue par le souffle et vois la cave car il n'y a plus de plancher. Les trois machines à coudre de l'atelier de couture sont pulvérisées et il y a du verre partout. Un petit garçon a un œil crevé. Je rejoins ma mère qui prie tandis que d'autres lui disent :" S'il y avait on bon Dieu, il ne permettrait pas des choses pareilles". Dehors volent des ferrailles, des bouts de toitures, des flammèches et un long morceau de rail est tombé [[rue de Vern]]. De l'avenue du cimetière de l'Est arrivent nombreux des blessés, enfants, vieillards, des gens tout nus."


'''''Mme Forner, née Jaqueline Clessin''''',  10 ans en juin 1940  '''*'''
'''''Mme Forner, née Jaqueline Clessin''''',  10 ans en juin 1940  '''*'''
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'''''Jean Courcier''''', 19 ans en 1940 <ref>Témoignages recueillis par des éléèves du collège de Chartres-de-Bretagne dans ''Libération de Rennes'', p. 10. Media-Graphic - Juillet 1989 </ref>
'''''Jean Courcier''''', 19 ans en 1940 <ref>[[Jean Courcier])</ref> <ref>Témoignages recueillis par des élèves du collège de Chartres-de-Bretagne dans ''Libération de Rennes'', p. 10. Media-Graphic - Juillet 1989 </ref>




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" Sur le chemin de l'école - j'étais collégien à l'école technique d'industrie de
" Sur le chemin de l'école - j'étais collégien à l'école technique d'industrie de
Rennes - j'étais sur la passerelle de la gare. J'avais une paire de jumelles à 2 sous que mon père m'avait offerte et je disais à un ami « '''Si les boches reviennent''', je pourrais les voir arriver ». Tout à coup j'ai entendu une énorme explosion, et je vois 3 avions arriver en rase mottes et faire un bond pour passer la passerelle. Ils étaient trop bas pour être touchés". Il apparaît donc que quand le jeune Guy les aperçoit, les appareils ont déjà lâché leurs bombes sur la gare de triage de la plaine de Baud". M. [[Guy Faisant]] confirme qu'il n'y avait bien que 3 avions et n'a pas entendu ou vu un passage préalable d'avions d'ouest en est. Quant à l'identification des avions, il avait cité dans un témoignage <ref> ''Ouest-France'', édition de Rennes, du 1er juin 2010</ref> qu'il s'agissait de stukas mais il ne peut en être sûr en raison de la rapidité du passage bas des avions qui leur a fait baisser la tête.  '''*''' <ref> rencontre du 4 mai 2012 avec E. Maignen</ref>.
Rennes - j'étais sur la passerelle de la gare. J'avais une paire de jumelles à 2 sous que mon père m'avait offerte et je disais à un ami « '''Si les boches reviennent''', je pourrais les voir arriver ». Tout à coup j'ai entendu une énorme explosion, et je vois 3 avions arriver en rase mottes et faire un bond pour passer la passerelle. Ils étaient trop bas pour être touchés". Il apparaît donc que quand le jeune Guy les aperçoit, les appareils ont déjà lâché leurs bombes sur la gare de triage de la plaine de Baud". M. [[Guy Faisant]] confirme qu'il n'y avait bien que 3 avions et n'a pas entendu ou vu un passage préalable d'avions d'ouest en est. Quant à l'identification des avions, il avait cité dans un témoignage <ref> ''Ouest-France'', édition de Rennes, du 1er juin 2010</ref> qu'il s'agissait de stukas mais il ne peut en être sûr en raison de la rapidité du passage bas des avions qui leur a fait baisser la tête.  '''*''' <ref> rencontre du 4 mai 2012 avec Étienne Maignen</ref>.


'''''Guy Faisant''''', 15 ans en juin 1940  
'''''Guy Faisant''''', 15 ans en juin 1940 <ref>[[Guy Faisant]]</ref>




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"Nous étions sur un quai non couvert de la gare, descendus d'un train provenant de Paris, ma mère avec ma petite sœur de 6 mois, mon frère Claude et moi tenant la main de ma mère lorsque j'ai vu '''cinq avions''' arrivant sur nous, quatre au ras du pont, '''*''' un autre passant dessous ! et ils mitraillèrent les quais de la gare. La glace de la librairie de quai descendit en morceaux tandis que des soldats sautaient du train de blessés stationné à côté. Nous nous sommes engouffrés par l'escalier d'un souterrain parmi la foule affolée. En bas, ma mère hurla "Claude ! Claude !", ce qui occasionna un grand silence et nous entendîmes heureusement mon frère qui était descendu par une autre entrée crier : "Maman, je suis là !". Après, nous sommes partis dans une camionnette et on a entendu de nouveaux bombardements au loin sur Rennes; nous sommes descendus jusqu'à Confolens et un paysan voulut faire payer l'eau, faute de lait, pour abreuver le bébé."
"Nous étions sur un quai non couvert de la gare, descendus d'un train provenant de Paris, ma mère avec ma petite sœur de 6 mois, mon frère Claude et moi tenant la main de ma mère lorsque j'ai vu '''cinq avions''' arrivant sur nous, quatre au ras du pont, '''*''' un autre passant dessous ! et ils mitraillèrent les quais de la gare. La glace de la librairie de quai descendit en morceaux tandis que des soldats sautaient du train de blessés stationné à côté. Nous nous sommes engouffrés par l'escalier d'un souterrain parmi la foule affolée. En bas, ma mère hurla "Claude ! Claude !", ce qui occasionna un grand silence et nous entendîmes heureusement mon frère qui était descendu par une autre entrée crier : "Maman, je suis là !". Après, nous sommes partis dans une camionnette et on a entendu de nouveaux bombardements au loin sur Rennes; nous sommes descendus jusqu'à Confolens et un paysan voulut faire payer l'eau, faute de lait, pour abreuver le bébé."


'''''François Choel''''', 7 ans en juin 1940  '''*''' <ref>témoignage oral recueilli par Etienne Maignen le 11 février 2013</ref>
'''''François Choel''''', 7 ans en juin 1940  '''*''' <ref>témoignage oral recueilli par Étienne Maignen le 11 février 2013</ref>


NB :  '''*'''  L'étonnante  illusion visuelle d'un passage d'un avion au-dessous du pont Saint-Hélier peut résulter du vol des avions en saute-mouton attesté par ailleurs. Les "nouveaux bombardements" sont les explosions de wagons qui se sont produites pendant des heures.
NB :  '''*'''  L'étonnante  illusion visuelle d'un passage d'un avion au-dessous du pont Saint-Hélier peut résulter du vol des avions en saute-mouton attesté par ailleurs. Les "nouveaux bombardements" sont les explosions de wagons qui se sont produites pendant des heures.
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'''''Marc Pépin''''', 7 ans en juin 1940 <ref>"Ouest-France", édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>
'''''Marc Pépin''''', 7 ans en juin 1940 <ref>"Ouest-France", édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>


(N.B : ''la famille habitant [[rue de Buféron]], Marc Pépin et sa mère sont à 50 mètres du pont de Nantes et le 2 [[rue de Montfort]], où était le cabinet du docteur Marivint, est à environ 1,2 km '')<ref> renseignements de M. Marc Pépin, recueillis le 10 mai 2012 par Etienne Maignen</ref>
(N.B : ''la famille habitant [[rue de Buféron]], Marc Pépin et sa mère sont à 50 mètres du pont de Nantes et le 2 [[rue de Montfort]], où était le cabinet du docteur Marivint, est à environ 1,2 km '')<ref> renseignements de M. Marc Pépin, recueillis le 10 mai 2012 par E
Étienne Maignen</ref>




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Vers  dix heures, ce dix-sept juin, je parle avec le maire de Chartres-de-Bretagne lorsqu'une violente explosion nous souffle littéralement. Je crois au tir d'une batterie de D.C.A. proche mais m'inquiète, en repartant, de voir la population se cacher sous les pommiers. je file sur Bruz [...]  et vais à La Massaye que les Anglais évacuent en toute hâte. De cette haureur, j'entrevois ce qui s'est passé. Sous un ciel d'orage particulièrement noir, la ville de Rennes apparaît toute entière recouverte d'une épaisse fumée ! Je rentre en hâte mais suis arrêté, rue de Nantes, par la défense passive. On entend des explosions du côté de la gare et des rafales de mitrailleuse du côté de la Courrouze. Arrivé bd Magenta, où notre baraquement est abandonné, mais intact, je constate que la gare n'a rien mais qu'une épaisse fumée s'élève des gares de triage d'où viennent des voitures d'ambulance ensanglantées filant vers les hôpitaux ou cliniques...
Vers  dix heures, ce dix-sept juin, je parle avec le maire de Chartres-de-Bretagne lorsqu'une violente explosion nous souffle littéralement. Je crois au tir d'une batterie de D.C.A. proche mais m'inquiète, en repartant, de voir la population se cacher sous les pommiers. je file sur [[Bruz]] [...]  et vais à La Massaye que les Anglais évacuent en toute hâte. De cette hauteur, j'entrevois ce qui s'est passé. Sous un ciel d'orage particulièrement noir, la ville de Rennes apparaît toute entière recouverte d'une épaisse fumée ! Je rentre en hâte mais suis arrêté, rue de Nantes, par la défense passive. On entend des explosions du côté de la gare et des rafales de mitrailleuse du côté de la Courrouze. Arrivé bd Magenta, où notre baraquement est abandonné, mais intact, je constate que la gare n'a rien mais qu'une épaisse fumée s'élève des gares de triage d'où viennent des voitures d'ambulance ensanglantées filant vers les hôpitaux ou cliniques...


'''''René Patay''''' <ref> ''Mémoires d'un français moyen'', p. 122-3 - 1974</ref>
'''''René Patay''''' <ref> ''Mémoires d'un français moyen'', p. 122-3 - 1974</ref>
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"A Rennes, ils étaient à la gare quand ils furent bombardés et ils sautèrent par dessus des murs pour s'abriter. Mon père me raconta que le train à côté était plein de gars du régiment de Manchester qui fut touché. Il se souvenait qu'un homme fut accusé de collaboration, d'avoir, à la gare, pointer son doigt pour alerter les Allemands. Cet homme fut exécuté sur le champ (je n'ai jamais pu relire cela ailleurs). Mon père partit pour Saint-Malo..."
"À Rennes, ils étaient à la gare quand ils furent bombardés et ils sautèrent par dessus des murs pour s'abriter. Mon père me raconta que le train à côté était plein de gars du régiment de Manchester qui fut touché. Il se souvenait qu'un homme fut accusé de collaboration, d'avoir, à la gare, pointer son doigt pour alerter les Allemands. Cet homme fut exécuté sur le champ (je n'ai jamais pu relire cela ailleurs). Mon père partit pour Saint-Malo..."


'''''Phil Smith''''', fils du sergent Les Smith<ref> fév. 2011 World war 2 talk.</ref>.
'''''Phil Smith''''', fils du sergent Les Smith<ref> fév. 2011 World war 2 talk.</ref>.
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[[Fichier:Voies_ferr%C3%A9es_17_06_1940.png|400px|left|thumb|Au fond une locomotive  du type dont sauta  le cheminot Nouyou disparu, triage Saint-Hélier <ref>[[ Disparu dans l’enfer des voies de triage de Rennes, le 17 juin 1940]]</ref> (au loin, à gauche, les deux immeubles de la rue Villebois-Mareuil) Archives de Rennes, cote 10Z91, don Lecomte]]
[[Fichier:Voies_ferr%C3%A9es_17_06_1940.png|400px|left|thumb|Au fond une locomotive  du type dont sauta  le cheminot Nouyou disparu, triage Saint-Hélier <ref>[[ Disparu dans l’enfer des voies de triage de Rennes, le 17 juin 1940]]</ref> (au loin, à gauche, les deux immeubles de la [[rue Villebois-Mareuil]] (Archives de Rennes, cote 10Z91, don Lecomte)]]


" Le 17 juin 1940 vers dix heures, j'étais en gare de Rennes, plaine Saint-Hélier dans un wagon-dortoir lorsque j'entendis et vis trois avions allemands qui bombardèrent et mitraillèrent où je me trouvais. A la tête du train et sur la machine qui refoulait le wagon au dépôt, se trouvait M. Nouyou, chauffeur. Très rapidement, tout fut en feu et je m'échappai comme je pus; quant à Nouyou, personne ne l'a revu et je suis persuadé qu'il fut tué, comme le fut d'ailleurs son mécanicien Leroux qui fut retrouvé carbonisé."
" Le 17 juin 1940 vers dix heures, j'étais en gare de Rennes, plaine Saint-Hélier dans un wagon-dortoir lorsque j'entendis et vis trois avions allemands qui bombardèrent et mitraillèrent où je me trouvais. A la tête du train et sur la machine qui refoulait le wagon au dépôt, se trouvait M. Nouyou, chauffeur. Très rapidement, tout fut en feu et je m'échappai comme je pus; quant à Nouyou, personne ne l'a revu et je suis persuadé qu'il fut tué, comme le fut d'ailleurs son mécanicien Leroux qui fut retrouvé carbonisé."
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Pendant que nous montions au numéro 51 les premières bombes sont tombées sur la voie ferrée : les baies vitrées explosaient au fur et à mesure, le dépôt de bières en bas de l'immeuble dégringolait. Je me souviens que Monsieur Verger, qui était commerçant de parapluies et imperméables [[rue Le Bastard]], ainsi que ses trois fils nous avaient apporté leur aide, et continuaient paisiblement d'écosser des petits pois.  
Pendant que nous montions au numéro 51 les premières bombes sont tombées sur la voie ferrée : les baies vitrées explosaient au fur et à mesure, le dépôt de bières en bas de l'immeuble dégringolait. Je me souviens que Monsieur Verger, qui était commerçant de parapluies et imperméables [[rue Le Bastard]], ainsi que ses trois fils nous avaient apporté leur aide, et continuaient paisiblement d'écosser des petits pois.  
 
Nous avons ensuite quitté l'[[avenue Aristide Briand]] car toutes les fenêtres avaient éclaté pour nous réfugier [[rue Victor Hugo]]. Pendant 15 jours nous n'avons pas pu repartir, et nous avons vu la gare avec les wagons retournés et les casques des soldats alignés les uns à côté des autres, il y régnait une très forte odeur. Nous avons vu l'invasion allemande à Rennes."
Nous avons ensuite quitté l'Avenue Aristide Briand car toutes les fenêtres avaient éclaté pour nous réfugier [[rue Victor Hugo]]. Pendant 15 jours nous n'avons pas pu repartir, et nous avons vu la gare avec les wagons retournés et les casques des soldats alignés les uns à côté des autres, il y régnait une très forte odeur. Nous avons vu l'invasion allemande à Rennes."


'''''Annick Foyer''''' et sa sœur '''Jane Troncheris''', Rennes <ref> Entretien avec [[Utilisateur:Julie|Julie]], Mars 2013 </ref>
'''''Annick Foyer''''' et sa sœur '''Jane Troncheris''', Rennes <ref> Entretien avec [[Utilisateur:Julie|Julie]], Mars 2013 </ref>
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"Maurice Schumann [...] avait dû faire le grand tour par la côte basque pour passer de l'ouest de la France en Grande-Bretagne à bord d'un transport de troupes polonais. En cours de route, il avait été pris  sous le bombardement meurtrier de la gare de Rennes par l'aviation italienne* ; près de lui, m'avait-il dit, un éclat avait décapité une femme dont la tête était retombée dans ses bras."
"Maurice Schumann [...] avait dû faire le grand tour par la côte basque pour passer de l'ouest de la France en Grande-Bretagne à bord d'un transport de troupes polonais. En cours de route, il avait été pris  sous le bombardement meurtrier de la gare de Rennes par l'aviation italienne* ; près de lui, m'avait-il dit, un éclat avait décapité une femme dont la tête était retombée dans ses bras." <ref>[[Maurice Schumann à Rennes sous le bombardement du 17 juin 1940]]</ref>


'''''Jean Marin''''' <ref> ''Petit bois pour un grand Feu'', p.253 Jean Marin. Fayard -1994 </ref>
'''''Jean Marin''''' <ref> ''Petit bois pour un grand Feu'', p.253 Jean Marin. Fayard -1994 </ref>
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"Ah !Les vilains moineaux !"
"Ah ! Les vilains moineaux !"


Deux ou trois jours après le bombardement, rentré d'Evran où ma famille s'était réfugiée sur le conseil d'un capitaine logé chez nous  
Deux ou trois jours après le bombardement, rentré d'Evran où ma famille s'était réfugiée sur le conseil d'un capitaine logé chez nous  
par réquisition de l'armée,je retrouvai notre appartement du 1, contour de la Motte, mais les vitres étaient toutes cassées et un battant d'un grand volet en bois avait même atterri sur mon lit. Un peintre en bâtiment, en tenue blanche, était venu poser des vitres neuves.
par réquisition de l'armée, je retrouvai notre appartement du 1, [[contour de la Motte]], mais les vitres étaient toutes cassées et un battant d'un grand volet en bois avait même atterri sur mon lit. Un peintre en bâtiment, en tenue blanche, était venu poser des vitres neuves.
Je le regardais travailler, il était debout sur la rambarde  et posait du mastic sur les pourtours. Je me souviens qu'il répétait, par intermittence :"Ah! Les vilains moineaux !". Les vilains moineaux, je l'ai compris, étaient les avions allemands venus sur Rennes.
Je le regardais travailler, il était debout sur la rambarde  et posait du mastic sur les pourtours. Je me souviens qu'il répétait, par intermittence :"Ah! Les vilains moineaux !". Les vilains moineaux, je l'ai compris, étaient les avions allemands venus sur Rennes.


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