« Bombardement du 29 mai 1943 » : différence entre les versions

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Il est étonnant de lire, dans ce rapport rédigé au temps présent, donc probablement à la suite de la mission, que 57 appareils atteignent la cible ("''hit the target''"), alors que le dépôt de la Kriegsmarine, route de Lorient, annoncé comme la cible, n'a pas été touché ! Erreur sur le résultat de la mission, ou rapport mensonger - y compris sur le nombre de morts - pour masquer son fiasco ? Aucun autre rapport officiel postérieur n'évoque une erreur de cible. Au sol les résultats apparaissent pourtant bien et on peut penser que des photos aériennes ont été prises mais le constat est tel qu'on a pu préférer le passer sous silence.
Il est étonnant de lire, dans ce rapport rédigé au temps présent, donc probablement à la suite de la mission, que 57 appareils atteignent la cible ("''hit the target''"), alors que le dépôt de la Kriegsmarine, route de Lorient, annoncé comme la cible, n'a pas été touché ! Erreur sur le résultat de la mission, ou rapport mensonger - y compris sur le nombre de morts - pour masquer son fiasco ? Aucun autre rapport officiel postérieur n'évoque une erreur de cible. Au sol les résultats apparaissent pourtant bien et on peut penser que des photos aériennes ont été prises mais le constat est tel qu'on a pu préférer le passer sous silence.
[[Fichier:Rue_de_la_Pompe.png|350px|left|thumb|Près du cimetière du Nord, au fond l'[[église Saint-Martin]], la [[rue de la Pompe]] ravagée. photo parue dans l'Ouest-Éclair du 1er juin]]
[[Fichier:Rue_de_la_Pompe.png|400px|left|thumb|Près du cimetière du Nord, au fond l'[[église Saint-Martin]], la [[rue de la Pompe]] ravagée. photo parue dans l'Ouest-Éclair du 1er juin]]
[[Fichier:Secours_national_St-Martin.png|left|400px|thumb|Le Secours national ravitaille des sinistrés après le bombardement du 29 mai qui a touché l'église Saint-Martin dont la façade est ajourée en arrière-plan. (photo prise de l'angle du boulevard de Verdun.Les deux maisons de part et d'autre de l'église existent toujours. ''France Actualités'' 1943 Video INA. Fr]]
Au contraire, sous le titre " '''L'U.S. Air Force pilonne les bases sous-marines en France''', "le quotidien des forces armées américaines sur le théâtre européen d'opérations vante les résultats de la 8e Air Force qui, en mai, a terminé son mois le plus chargé avec des coups sur Saint-Nazaire, La Pallice et Rennes, "le centre de communications par lequel sont dirigées les fournitures destinées aux bases sous-marines et chantiers navals du golfe de Gascogne" et précise que "les ''équipages ont fait état d'une bonne visibilité et de coups directs sur les trois zones ciblées''" !.<ref> Stars and Stripes , Daily Newspaper of U.S. Armed Forces in the European theater of Operations. New-York, N.Y. - London, England. May, 31, 1943 </ref>
Au contraire, sous le titre " '''L'U.S. Air Force pilonne les bases sous-marines en France''', "le quotidien des forces armées américaines sur le théâtre européen d'opérations vante les résultats de la 8e Air Force qui, en mai, a terminé son mois le plus chargé avec des coups sur Saint-Nazaire, La Pallice et Rennes, "le centre de communications par lequel sont dirigées les fournitures destinées aux bases sous-marines et chantiers navals du golfe de Gascogne" et précise que "les ''équipages ont fait état d'une bonne visibilité et de coups directs sur les trois zones ciblées''" !.<ref> Stars and Stripes , Daily Newspaper of U.S. Armed Forces in the European theater of Operations. New-York, N.Y. - London, England. May, 31, 1943 </ref>


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En effet, le rapport d'un membre d'équipage du 94th bomber group cite: " '''''Après la libération des bombes, les forteresses tournent à tribord (par 180°) par le nord sur le voyage de retour'''. La flak sur la cible a été modérée''."<ref>''Narrative- May 29-1943; Special focus attack on Rennes'';410th BS/94th BG- aircraft n° 4229 692, par Mitchell E. Hamic</ref>. Sur leur vol de retour les forteresses américaines furent protégées à hauteur de la côte par les Spitfire du squadron n°453 de la RAF, pilotés par des Australiens qui "eurent la satisfaction d'écarter plusieurs petits groupes de chasseurs allemands qui tournaient autour de la formation en attente de traînards" mais les Australiens croyaient que les Américains avaient attaqué l'aérodrome de Rennes !<ref>''Air War against Germany and Italy 1939-1945'', par John Herington, fighter command, january to september 1943, chap. 19 - 1954</ref>
En effet, le rapport d'un membre d'équipage du 94th bomber group cite: " '''''Après la libération des bombes, les forteresses tournent à tribord (par 180°) par le nord sur le voyage de retour'''. La flak sur la cible a été modérée''."<ref>''Narrative- May 29-1943; Special focus attack on Rennes'';410th BS/94th BG- aircraft n° 4229 692, par Mitchell E. Hamic</ref>. Sur leur vol de retour les forteresses américaines furent protégées à hauteur de la côte par les Spitfire du squadron n°453 de la RAF, pilotés par des Australiens qui "eurent la satisfaction d'écarter plusieurs petits groupes de chasseurs allemands qui tournaient autour de la formation en attente de traînards" mais les Australiens croyaient que les Américains avaient attaqué l'aérodrome de Rennes !<ref>''Air War against Germany and Italy 1939-1945'', par John Herington, fighter command, january to september 1943, chap. 19 - 1954</ref>


En fait, les B-17 ont dû approcher Rennes en venant de l'ouest selon un axe décalé sur leur gauche, ont lâché leurs bombes sur ce qu'ils croyaient la cible aux abords de l'agglomération: le cimetière du nord et alentours. Ils ont ensuite opéré un large virage à droite, survolant en un demi-cercle dont la partie intérieure commençait au canal d'Ille-et Rance, avec prolongement de chutes de bombes en chapelet sur le [[boulevard Volney]], la [[rue du Bois Rondel]], le [[Thabor]], la [[rue Nantaise]], la [[clinique La Sagesse]], Le Mail, et s'achevant à ce secteur pour partir "tribord" sur le grand séminaire, alors que d'autres bombardiers, encore plus à l'est sur le bord externe du virage égarent des bombes au sud de la [[gare de Rennes|gare]], dans le secteur de la [[rue de Riaval]], dont quelques unes n'explosèrent pas. Ils quittent l'agglomération sur un axe nord-ouest avant de s'infléchir au nord en direction de l'Angleterre<ref>Fond de plan de la ville paru dans ''Histoire de Rennes'', publié sous la direction de Jean Meyer, Privat, éditeur- 1972</ref>.
En fait, les B-17 ont dû approcher Rennes en venant de l'ouest selon un axe décalé sur leur gauche, ont lâché leurs bombes sur ce qu'ils croyaient la cible aux abords de l'agglomération: le cimetière du nord et alentours. Ils ont ensuite opéré un large virage à droite, survolant en un demi-cercle dont la partie intérieure commençait au canal d'Ille-et Rance, avec prolongement de chutes de bombes en chapelet sur le [[boulevard Volney]], la [[rue du Bois Rondel]], le [[Thabor]], la [[rue Nantaise]], la [[clinique La Sagesse]], Le Mail, et s'achevant à ce secteur pour partir "tribord" sur le grand séminaire, alors que d'autres bombardiers, encore plus à l'est sur le bord externe du virage égarent des bombes au sud de la [[gare de Rennes|gare]], dans le secteur de la [[rue de Riaval]], dont quelques unes n'explosèrent pas. Ils quittent l'agglomération sur un axe nord-ouest avant de s'infléchir au nord en direction de l'Angleterre<ref>Fond de plan de la ville paru dans ''Histoire de Rennes'', publié sous la direction de Jean Meyer, Privat, éditeur- 1972</ref>. La gare de Rennes ne fut pas touchée et, au 24 juin les services administratifs de la SNCF région ouest  font état d'un  tué  et de trois blessés en service  et de deux agents tués et 9 blessés hors service ainsi que de dix parents tués.
</ref>


Cette hypothèse est renforcée au vu de la forte concentration d'impacts en limite nord de l'agglomération (église Saint-Martin et [[cimetière du nord]]), alors que le dépôt de la Kriegsmarine était en limite ouest de l'agglomération, lui qui n'a rien reçu. Ont-ils pu prendre le cimetière du nord, situé près de la rue de Saint-Malo entre canal et voie ferrée pour la cible, avec, en fin de virage, un second largage éparpillé de part et d'autre de la voie ferrée Rennes - Saint-Malo secteur grand séminaire - [[rue de Brest]]? S'ils avaient bien repéré l'objectif à atteindre, ils auraient probablement abordé la ville à 2,5 km à l'ouest de leur arrivée réelle, droit vers l'objectif à atteindre route de Lorient, comme le firent deux mois plus tard des équipages britanniques et français le 6 août (voir[[des équipages français bombardent la Kriegsmarine route de Lorient]]).
Cette hypothèse est renforcée au vu de la forte concentration d'impacts en limite nord de l'agglomération (église Saint-Martin et [[cimetière du nord]]), alors que le dépôt de la Kriegsmarine était en limite ouest de l'agglomération, lui qui n'a rien reçu. Ont-ils pu prendre le cimetière du nord, situé près de la rue de Saint-Malo entre canal et voie ferrée pour la cible, avec, en fin de virage, un second largage éparpillé de part et d'autre de la voie ferrée Rennes - Saint-Malo secteur grand séminaire - [[rue de Brest]]? S'ils avaient bien repéré l'objectif à atteindre, ils auraient probablement abordé la ville à 2,5 km à l'ouest de leur arrivée réelle, droit vers l'objectif à atteindre route de Lorient, comme le firent deux mois plus tard des équipages britanniques et français le 6 août (voir[[des équipages français bombardent la Kriegsmarine route de Lorient]]).
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'''Un aviateur américain recueilli'''
'''Un aviateur américain recueilli'''


Deux étudiants de la faculté des sciences, Grivet et Claude des Abbayes, viennent dire, le 29 mai, au docteur [[René Patay]], leur professeur, qu'ils ont recueilli un aviateur américain qui avait sauté de son avion en flammes et qu'ils l'avaient amené à Rennes, chez le père du second, collègue du Dr  Patay, le professeur de botanique [[Henry Nicollon des Abbayes]], père d'une nombreuse famille, qui habitait sous les combles de l'hôtel de Cuillé, 3 [[contour de la Motte]]. Ils lui demandèrent de leur procurer des vêtements civils pour leur protégé grand et fort. Ils furent envoyés chez M. Lebastard qui les pourvut et ils purent par la suite conduire le grand Américain qui ne savait pas un mot de français, jusqu'à la frontière espagnole, avec la complicité de cheminots<ref> Mémoires d'un français moyen, par René Patay - 1974</ref>.
Deux étudiants de la faculté des sciences, Jean Grivet et Claude des Abbayes, viennent dire, le 29 mai, au docteur [[René Patay]], leur professeur, qu'ils ont recueilli un aviateur américain qui avait sauté de son avion en flammes et qu'ils l'avaient amené à Rennes, chez le père du second, collègue du Dr  Patay, le professeur de botanique [[Henry Nicollon des Abbayes]], père d'une nombreuse famille, qui habitait sous les combles de l'hôtel de Cuillé, 3 [[contour de la Motte]]. Ils lui demandèrent de leur procurer des vêtements civils pour leur protégé grand et fort. Ils furent envoyés chez M. Lebastard qui les pourvut et ils purent par la suite conduire le grand Américain qui ne savait pas un mot de français, jusqu'à la frontière espagnole, avec la complicité de cheminots<ref> ''Mémoires d'un français moyen'', p. 173.  René Patay - 1974</ref>.




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