« Bombardement du 8 mars 1943 » : différence entre les versions

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[[Fichier:Avis_officiel.png|205px|right|thumb|Avis aux Rennais insouciants, ''Ouest-Eclair'',1 mars 1943]]
Le 1er mars 1943, le quotidien régional se faisait l'écho de l'inquiétude de Rennais : "En cas d'attaques aériennes de combien d'abris solides disposeraient les Rennais ?" Inquiétude prémonitoire car Rennes va connaître un  premier bombardement dévastateur de l'armée américaine, le 8 mars 1943.<ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013</ref> Le maire met aussi en garde contre l'attitude de concitoyens qui, lors d'alertes, ne cherchent même pas à s'abriter.
Le 1er mars 1943, le quotidien régional se faisait l'écho de l'inquiétude de Rennais : "En cas d'attaques aériennes de combien d'abris solides disposeraient les Rennais ?" Inquiétude prémonitoire car Rennes va connaître un  premier bombardement dévastateur de l'armée américaine, le 8 mars 1943.<ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013</ref> Le maire met aussi en garde contre l'attitude de concitoyens qui, lors d'alertes, ne cherchent même pas à s'abriter.


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Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début du lundi après-midi de vacances des Gras. La fête ne battait heureusement pas son plein contrairement à ce qu'on a lu depuis. Le quotidien ''Ouest-Éclair'' mentionna bien que "amuseurs et chalands étaient ensevelis sous les décombres" mais aucun article ne fait état d'un nombre important de Rennais tués à cet endroit. Seuls des forains et leurs familles furent atteints, comme le dira d'ailleurs de Vichy, le 14, le ministre Cathala.
Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début du lundi après-midi de vacances des Gras. La fête ne battait heureusement pas son plein contrairement à ce qu'on a lu depuis. Le quotidien ''Ouest-Éclair'' mentionna bien que "amuseurs et chalands étaient ensevelis sous les décombres" mais aucun article ne fait état d'un nombre important de Rennais tués à cet endroit. Seuls des forains et leurs familles furent atteints, comme le dira d'ailleurs de Vichy, le 14, le ministre Cathala.
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été [[Le Foyer Rennais]], les Sacrés-Cœurs (37 paroissiens tués) <ref> ''Ouest-Eclair'' 22mars 1943</ref>, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, le [[boulevard de la Liberté]], la gare St-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société [[L'Economique]],(immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités [[Villebois Mareuil]], le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb| ''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'Est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande anti-britannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Châteaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes. Au quartier des Sacrés -Cœurs on dénombre 37 paroissiens tués.
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été [[Le Foyer Rennais]],l'école  près de la [[rue Mauconseil]], au sud  du pont de Nantes, indemne lui, les Sacrés-Cœurs (37 paroissiens tués) <ref> ''Ouest-Eclair'' 22mars 1943</ref>, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, le [[boulevard de la Liberté]], la gare St-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société [[L'Economique]] (immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités [[Villebois Mareuil]], le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb|''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'Est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande anti-britannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Châteaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes. Au quartier des Sacrés-Cœurs on dénombre 37 paroissiens tués.
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|300px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, avions-jouets et avions de mort - effets des bombes sur les manèges de la fête foraine]]
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|300px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, avions-jouets et avions de mort - effets des bombes sur les manèges de la fête foraine]]
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la Société l’Economique installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au [[cimetière de l'Est]].<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la Société l’Economique installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au [[cimetière de l'Est]].<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>
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Collections Musée de Bretagne]]
Collections Musée de Bretagne]]
[[Fichier:Apres_le_bombardement_du_8_mars_1943.jpeg|250px|center|thumb|page de la plaquette "Les Assassins du Ciel"- mars 1943]]
[[Fichier:Apres_le_bombardement_du_8_mars_1943.jpeg|250px|center|thumb|page de la plaquette "Les Assassins du Ciel"- mars 1943]]
[[Fichier:Tract_conseils_aux_Fran%C3%A7ais.png|300px|right|thumb|Tract anti-alliés, ramassé le 9 mai 1943, faisant allusion au bombardement du 8 mars, présentation reprenant celle d'un tract des alliés lancé le 6 mai]]
 
--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 18 mai 2012 à 09:27 (CEST)
--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] 18 mai 2012 à 09:27 (CEST)




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===Au jardin Saint-Georges===
Il est 2 heures et demi et il fait beau et, soudain, c'est le bombardement. Ça tombe du côté de la gare. Après, je vois tomber du ciel devenu gris des billets d'accès à des manèges du Champ de Mars, puis un peu plus tard ce sont des corps qui sont transportés sur des volets rue Gambetta en direction de la caserne des pompiers.
'''Jean-Yves Janvier''', 11 ans en 1943 (Entretien avec Étienne Maignen le 26 février 2024)


=== "Au bout du pied, l'horreur" ===
=== "Au bout du pied, l'horreur" ===
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"Le 8 mars 1943, après le bombardement, je suis allé avec mon père vers la gare. [[Place de Bretagne]], devant les magasins Jacquart, j'ai ramassé un éclat de bombe encore chaud. Au Champ de Mars, nous avons vu le désastre. Je me suis approché, dans les débris, d'un amas noir. Avec mon pied, je l'ai soulevé et la forme humaine - car cet amas en était une, s'est ouverte et l'estomac est sorti et a lâché ce qui avait été mangé au déjeuner: des nouilles. Ce souvenir d'horreur d'un bombardement m'a marqué définitivement, moi qui ai fait par la suite la guerre dans le Ier Régiment de marche du Tchad."
"Le 8 mars 1943, après le bombardement, je suis allé avec mon père vers la gare. [[Place de Bretagne]], devant les magasins Jacquart, j'ai ramassé un éclat de bombe encore chaud. Au Champ de Mars, nous avons vu le désastre. Je me suis approché, dans les débris, d'un amas noir. Avec mon pied, je l'ai soulevé et la forme humaine - car cet amas en était une, s'est ouverte et l'estomac est sorti et a lâché ce qui avait été mangé au déjeuner: des nouilles. Ce souvenir d'horreur d'un bombardement m'a marqué définitivement, moi qui ai fait par la suite la guerre dans le Ier Régiment de marche du Tchad."


'''Joseph-Jean Naviner''', 16 ans en 1943. (Entretien avec Étienne Maignen le 14 juin 2012)
'''Joseph-Jean Naviner''', 16 ans en 1943. (Entretien avec Étienne Maignen le 14 juin 2012)


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'''Julien Loton''', 21 ans en 1943, entretien avec Étienne Maignen le 21 juin 2012
'''Julien Loton''', 21 ans en 1943, entretien avec Étienne Maignen le 21 juin 2012


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" Je suis descendu à la pharmacie *. Des centaines de gens débouchaient, affluaient  par le pont Châteaudun venant des environs de la gare, les visages ensanglantés , blessés par les carreaux des glaces, ça faisait un spectacle !  Pendant deux heures peut-être, on a fait des pansements"


* 1 rue de Châteaudun
===Les visages ensanglantés===
 
" Je suis descendu à la pharmacie *. Des centaines de gens débouchaient, affluaient par le pont Châteaudun venant des environs de la gare, les visages ensanglantés, blessés par les carreaux des glaces, ça faisait un spectacle ! Pendant deux heures peut-être, on a fait des pansements"
 
* N°1 [[rue de Châteaudun]]
 


''''' Joseph  Gastard''''', 20 ans en 1944. (Témoignage filmé dans le film ''La vie à Rennes sous les bombardements'', de Yves Borne - 2024)
''''' Joseph  Gastard''''', 20 ans en 1944. (Témoignage filmé dans le documentaire ''La vie à Rennes sous les bombardements'', de Yves Borne - 2024)




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[[Fichier:Tract_conseils_aux_Fran%C3%A7ais.png|300px|right|thumb|Tract anti-alliés, ramassé le 9 mai 1943, faisant allusion au bombardement du 8 mars, présentation reprenant celle d'un tract des alliés lancé le 6 mai]]
===  Tonton Raoul  arrive de la gare ===
===  Tonton Raoul  arrive de la gare ===
[[Fichier:Dessin_d%27enfant105.jpg|300px|left|thumb|Dessin de Yves de La Haye, 7 ans en 1943. L'enfant a dessiné, à gauche, un avion à double queue : un  appareil américain Lightning P-38]]
[[Fichier:Dessin_d%27enfant105.jpg|300px|left|thumb|Dessin de Yves de La Haye, 7 ans en 1943. L'enfant a dessiné, à gauche, un avion à double queue : un  appareil américain Lightning P-38]]
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==Vidéos==
==Vidéos==
[http://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00201/rennes-apres-le-bombardement.html Rennes après le bombardement], actualités filmées diffusées le 19 mars 1943.
[http://fresques.ina.fr/ouest-en-memoire/fiche-media/Region00201/rennes-apres-le-bombardement.html Rennes après le bombardement], actualités filmées diffusées le 19 mars 1943.
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==Notes et références==
==Notes et références==
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