« Boulevard Alexis Carrel » : différence entre les versions

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Le '''boulevard Alexis Carrel''' est une voie de Rennes, axée nord-sud partant du rond-point reliant le [[boulevard Paul Painlevé]]
Le '''boulevard Alexis Carrel''' est une voie de Rennes, axée nord-sud partant du rond-point reliant le [[boulevard Paul Painlevé]], le [[boulevard Albert Burloud]], le [[boulevard Charles Péguy]] et la [[rue Joseph Turmel]] et aboutissant à la [[rue Guillaume Lejean]]. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la ville de Rennes le 16 octobre 1957.
, le[[boulevard Albert Burloud]], le [[boulevard Charles Péguy]] et la [[rue Joseph Turmel]] et aboutissant à la [[rue Guillaume Lejean]].


Sa dénomination rappelle :
Sa dénomination rappelle :
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(28 juin 1873, Sainte-Foy-lès-Lyon - 5 novembre 1944, Paris)
(28 juin 1873, Sainte-Foy-lès-Lyon - 5 novembre 1944, Paris)


Alexis Marie Joseph Auguste Carrel-Billiard fut élève du lycée Saint-Marc, docteur en médecine de la faculté de Lyon, il s'orienta dès l'internat vers la recherche en chirurgie, sur la compatibilité des tissus et les sutures. Il se fit embaucher comme apprenti auprès d'une brodeuse célèbre de Lyon qui lui apprit à faire des nœuds de plus en plus fins. Il publia son premier article sur les sutures vasculaires en 1902, et les méthodes développées (comme la triangulation qui est l'anastomose de vaisseaux de calibres différents en plaçant au préalable trois fils d'appui sur la circonférence vasculaire) sont encore en usage à ce jour. À l'origine agnostique, il devint catholique militant lors d'un séjour à Lourdes en 1903 après avoir assisté à ce qu'il considéra être un miracle. Il considéra alors comme son devoir de médecin de rapporter objectivement ses observations, ce qui entacha considérablement sa réputation et constitua un barrage à l'accession à une chaire universitaire. Il choisit alors de s'expatrier.
Alexis Marie Joseph Auguste Carrel-Billiard fut élève du lycée Saint-Marc, docteur en médecine de la faculté de Lyon, il s'orienta dès l'internat vers la recherche en chirurgie, sur la compatibilité des tissus et les sutures. Il se fit embaucher comme apprenti auprès d'une brodeuse célèbre de Lyon qui lui apprit à faire des nœuds de plus en plus fins. Il publia son premier article sur les sutures vasculaires en 1902, et les méthodes développées (comme la triangulation qui est l'anastomose de vaisseaux de calibres différents en plaçant au préalable trois fils d'appui sur la circonférence vasculaire) sont encore en usage à ce jour. À l'origine agnostique, il devint catholique militant lors d'un séjour à Lourdes en 1903 après avoir assisté à ce qu'il considéra être un miracle. Il considéra alors comme son devoir de médecin de rapporter objectivement ses observations, ce qui entacha considérablement sa réputation et constitua un barrage à l'accession à une chaire universitaire. Il choisit alors de s'expatrier.


=== Chirurgien et biologiste de renommée mondiale ===
=== Chirurgien et biologiste de renommée mondiale ===
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Il ouvrit la voie à deux thèmes de recherches : La conservation d'organes vivants à des fins éventuelles de greffes et la limite exacte de la durée de vie des différents organes.
Il ouvrit la voie à deux thèmes de recherches : La conservation d'organes vivants à des fins éventuelles de greffes et la limite exacte de la durée de vie des différents organes.


Pendant la guerre de 1914, avec le chimiste anglais Henry Drysdale Dakin, il développa la méthode de Carrel-Dakin de traitement des brûlures (notamment la liqueur de Dakin) qui, avant le développement des antibiotiques, sauva la vie de nombreux blessés de guerre. Pour ses découvertes, il fut décoré de la Légion d’honneur. C'est alors qu’il se lia à Philippe Pétain. De retour aux États-Unis, il continua des travaux précurseurs sur le cœur artificiel, qui lui valurent l’amitié et le soutien de Charles Lindbergh, avec qui il écrivit La ''Culture des organes'' en 1938. En juillet 1939, atteint par la limite d’âge inflexible de l’Institut Rockefeller (Rockefeller Institute for Medical Research), il rentre en France, 2 mois avant le début de la deuxième Guerre mondiale. En guise de soutien à l’effort de guerre, il développa des techniques de conservation du sang et conçut un hôpital militaire mobile, qui sera utilisé pour la première fois par les Britanniques en Afrique du Nord.
Pendant la guerre de 1914, avec le chimiste anglais Henry Drysdale Dakin, il développa la méthode de Carrel-Dakin de traitement des brûlures (notamment la liqueur de Dakin) qui, avant le développement des antibiotiques, sauva la vie de nombreux blessés de guerre. Pour ses découvertes, il fut décoré de la Légion d’honneur. C'est alors qu’il se lia à Philippe Pétain. De retour aux États-Unis, il continua des travaux précurseurs sur le cœur artificiel, qui lui valurent l’amitié et le soutien de Charles Lindbergh, avec qui il écrivit La ''Culture des organes'' en 1938. En juillet 1939, atteint par la limite d’âge inflexible de l’Institut Rockefeller (Rockefeller Institute for Medical Research), il rentre en France, 2 mois avant le début de la deuxième Guerre mondiale. En guise de soutien à l’effort de guerre, il développa des techniques de conservation du sang et conçut un hôpital militaire mobile, qui sera utilisé pour la première fois par les Britanniques en Afrique du Nord.
[[File:PSM_V81_D620_Alexis_Carrel.png|200px|right|thumb|Le docteur Alexis Carrel; (''De Wikimedia Commons'')]]
[[File:PSM_V81_D620_Alexis_Carrel.png|200px|right|thumb|Le docteur Alexis Carrel (''De Wikimedia Commons'')]]
Alexis Carrel est l’inspirateur du mouvement de l’hygiène vitale (naturopathie), philosophie de la force vitale, et du téléfinalisme, la science de l’humorisme (liquide du corps, sang, lymphe, émonctoire) et des 10 techniques de santé.
Alexis Carrel est l'inspirateur du mouvement de l'hygiène vitale (naturopathie), philosophie de la force vitale, et du téléfinalisme, la science de l'humorisme (liquide du corps, sang, lymphe, émonctoire) et des 10 techniques de santé.


On attribue à Carrel la phrase : « Une cellule bien hydratée, bien nourrie, bien débarrassée de ses déchets se renouvelle perpétuellement », suggérant à long terme une possible immortalité des organismes. Ce thème sera souvent repris par Jean Rostand.
On attribue à Carrel la phrase : « Une cellule bien hydratée, bien nourrie, bien débarrassée de ses déchets se renouvelle perpétuellement », suggérant à long terme une possible immortalité des organismes. Ce thème sera souvent repris par Jean Rostand.
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À la Libération de Paris, Carrel, victime d'une grave attaque cardiaque, fut une des premières personnalités visées par le gouvernement provisoire de la République française. Il fut suspendu de ses fonctions à la demande de Paul Milliez et de Louis Pasteur Vallery-Radot, et la Fondation dissoute.  
À la Libération de Paris, Carrel, victime d'une grave attaque cardiaque, fut une des premières personnalités visées par le gouvernement provisoire de la République française. Il fut suspendu de ses fonctions à la demande de Paul Milliez et de Louis Pasteur Vallery-Radot, et la Fondation dissoute.  


Alexis Carrel fut accusé d'avoir été complice des théories nationales-socialistes. Ses thèses eugénistes, ses liens avec Philippe Pétain, avec Charles Lindbergh, compagnon d'antisémitisme d'Henry Ford, et surtout un extrait d'une traduction de la préface à l'édition allemande de L'Homme, cet inconnu, en 1936 : « En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l'augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La situation idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s'est montré dangereux » tendraient à confirmer un soutien d'Alexis Carrel aux politiques nazies.
Alexis Carrel fut accusé d'avoir été complice des théories nationales-socialistes. Ses thèses eugénistes, ses liens avec Philippe Pétain, avec Charles Lindbergh, compagnon d'antisémitisme d'Henry Ford, et surtout un extrait d'une traduction de la préface à l'édition allemande de ''L'Homme, cet inconnu'', en 1936 : « En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l'augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La situation idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s'est montré dangereux » tendraient à confirmer un soutien d'Alexis Carrel aux politiques nazies.


Il fut inhumé dans un petit oratoire sur l’île Saint-Gildas dans les Côtes-d'Armor qui était sa propriété, qu’il avait acheté avec l’argent de son prix Nobel.
Il fut inhumé dans un petit oratoire sur l'île Saint-Gildas dans les Côtes-d'Armor qui était sa propriété, qu'il avait achetée avec l'argent de son prix Nobel.


Dans diverses villes, dont Rennes, des demandes furent formulées pour que l'on débaptisât la rue portant son nom.
=== Vers un changement de nom? ===
Dans diverses villes, dont Rennes, des demandes sont formulées pour que l'on débaptise les voies portant son nom. A Nantes en 1993 par exemple, elles ont trouvé écho et les rues ont été débaptisées<ref>https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/rennes-une-petition-pour-renommer-le-boulevard-alexis-carrel-4977878</ref>.
 
Ce n'est pas la première fois qu'une telle requête parvient sur le bureau du maire de Rennes. En 2000, un représentant du « Collectif autonome Carrel Alexis » avait adressé la même demande à la mairie. Un adjoint socialiste, Pierre-Yves Heurtin, avait répondu en avançant trois arguments: "''depuis 1977 (et l'élection d'[[Edmond Hervé]] NDLR), la municipalité a décidé de ne jamais débaptiser une rue portant un nom de personne ; c'est le Nobel scientifique qui est honoré ; si on réexaminait chaque cas, il faudrait débaptiser beaucoup de rues''". L'affaire en était restée là<ref>http://www.humanite.fr/node/227315</ref>. La mairie de Rennes poursuit en ajoutant "''il faut distinguer chez Carrel, le scientifique du politique peu fréquentable''".
 
Le 10 mai 2000, une action du collectif mène à la "débaptisation symbolique" du boulevard Alexis Carrel. Les panneaux de rue sont subtilisés par une vingtaine de manifestants<ref>https://terresacree.org/index12.htm</ref>.
 
Le mouvement des jeunes communistes demande en 2017 que le nom d'Alexis Carrel ne soit plus donné au boulevard rennais<ref>https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/rennes-une-petition-pour-renommer-le-boulevard-alexis-carrel-4977878</ref>.
 
En 2018, certains élus du conseil municipal de la ville de Rennes montent au créneau pour voir la rue changer de nom<ref>http://www.rennes-infos-autrement.fr/le-boulevard-doit-il-garder-le-nom-de-carrel/</ref>.
 
Il est étonnant d'ailleurs de constater que ce boulevard est voisin de la [[rue Victor et Ilona Basch]], située un peu plus au nord, tous deux victimes de la milice française en 1944<ref>http://alter1fo.com/alexis-carrel-jeunes-communistes-debaptise-109727</ref>.
 
En octobre 2021, le parti de gauche souhaite débaptiser la rue, évoquant le caractère antisémite du personnage<ref>https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/rennes-le-parti-de-gauche-veut-debaptiser-des-rues-e228a414-3276-11ec-bcc4-8c8c72734bad</ref>.


== Sur la carte ==
== Sur la carte ==
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== Notes et références ==
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== Lien externe ==
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