« Cathédrale Saint-Pierre » : différence entre les versions

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En 1738 ''la tour Le Bât'' servait d'amphithéâtre aux chirurgiens qui émigrèrent par la suite dans divers locaux. En 1810, les cours de l’École de Médecine ayant du quitter un local de l'ancien couvent de Saint-Yves qu'ils occupaient depuis 1803, trouvèrent refuge dans la petite ''chapelle de l'Ecce Homo'', située à l'angle de la [[rue des Dames]] et de la [[rue Le Bouteiller]], mais les leçons et travaux d'anatomie furent donnés... dans la tour sud de la cathédrale alors en ruine et abandonnée, dans les salles délabrées du deuxième étage, exposées au vent auxquelles on parvenait après avoir monté plus de cent marches d'un escalier obscur. En 1813, la salle d'anatomie fut transférée à l'ossuaire de l'ancien cimetière de l'[[eglise Saint-Etienne]]<ref>''Le local de la Communauté des Chirurgiens de Rennes et de l'Ecole de Chirurgie'', par le Dr Paul Hardoüin, professeur honoraire à l’École de Médecine de Rennes. Bulletin et mémoires de la Société archéologique du Département d'Ille-et-Vilaine. T.LXVII - 1944</ref>.
En 1738 ''la tour Le Bât'' servait d'amphithéâtre aux chirurgiens qui émigrèrent par la suite dans divers locaux. En 1810, les cours de l’École de Médecine ayant du quitter un local de l'ancien couvent de Saint-Yves qu'ils occupaient depuis 1803, trouvèrent refuge dans la petite ''chapelle de l'Ecce Homo'', située à l'angle de la [[rue des Dames]] et de la [[rue Le Bouteiller]], mais les leçons et travaux d'anatomie furent donnés... dans la tour sud de la cathédrale alors en ruine et abandonnée, dans les salles délabrées du deuxième étage, exposées au vent auxquelles on parvenait après avoir monté plus de cent marches d'un escalier obscur. En 1813, la salle d'anatomie fut transférée à l'ossuaire de l'ancien cimetière de l'[[eglise Saint-Etienne]]<ref>''Le local de la Communauté des Chirurgiens de Rennes et de l'Ecole de Chirurgie'', par le Dr Paul Hardoüin, professeur honoraire à l’École de Médecine de Rennes. Bulletin et mémoires de la Société archéologique du Département d'Ille-et-Vilaine. T.LXVII - 1944</ref>.


Le cardinal Fesch, oncle de Napoléon Ier, vint à Rennes en 1808 et ne put voir sans regret les tours de la cathédrale veuves de leur église. Il en parla à l’Empereur et bientôt après parut le décret suivant : « Voulant donner une preuve de l’intérêt que nous portons aux habitants de notre bonne ville de Rennes, et voulant ne pas laisser imparfaite leur église cathédrale, nous avons décrété et décrétons ce qui suit :
Le cardinal Fesch, oncle de Napoléon Ier, vint à Rennes en 1808 et ne put voir sans regret les tours de la cathédrale veuves de leur église. Il en parla à l’Empereur et bientôt après parut le décret suivant : « Voulant donner une preuve de l’intérêt que nous portons aux habitants de notre bonne ville de Rennes, et voulant ne pas laisser imparfaite leur église cathédrale, nous avons décrété et décrétons ce qui suit :


« Art. 1er. — L’église cathédrale de Rennes sera achevée.
« Art. 1er. — L’église cathédrale de Rennes sera achevée.
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===Les reprises de Mgr Godefroy Brossays Saint-Marc===
===Les reprises de Mgr Godefroy Brossays Saint-Marc===


La nef comporte de grosses colonnes ioniques. Pour atténuer leur austérité, Mgr [[Godefroy Brossays Saint-Marc]] - dont le cénotaphe majestueux se dresse sous le transept gauche - les fit revêtir de stuc ainsi qu'une partie des murs, et fit mettre en place un remarquable chemin de croix. La voûte en plein cintre est décorée d'ors, œuvre d'Auguste Louis Jobbé-Duval, également auteur de la décoration du [[Parlement de Bretagne]]. Elle est ornée de caissons avec des écussons aux armes de la Bretagne et des diocèses suffragants de l'archevêché de Rennes. Le chœur est entouré d’un déambulatoire dont les murs sont décorés de représentations des différents saints de Bretagne regroupés d’après leur diocèse (Rennes, Dol-de-Bretagne, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol-de-Léon, Quimper, Vannes). Malgré ses nombreuses références à la Bretagne, cette cathédrale a plutôt une allure de basilique romaine inattendue des touristes.  
La nef comporte de grosses colonnes ioniques. Pour atténuer leur austérité, Mgr [[Godefroy Brossays Saint-Marc]] - dont le cénotaphe majestueux se dresse sous le transept gauche - les fit revêtir de stuc ainsi qu'une partie des murs, et fit mettre en place un remarquable chemin de croix. La voûte en plein cintre est décorée d'ors, œuvre d'Auguste Louis Jobbé-Duval<ref>[[allée Auguste-Louis Jobbé Duval]]</ref>, également auteur de la décoration du [[Parlement de Bretagne]]. Elle est ornée de caissons avec des écussons aux armes de la Bretagne et des diocèses suffragants de l'archevêché de Rennes. Le chœur est entouré d’un déambulatoire dont les murs sont décorés de représentations des différents saints de Bretagne regroupés d’après leur diocèse (Rennes, Dol-de-Bretagne, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol-de-Léon, Quimper, Vannes). Malgré ses nombreuses références à la Bretagne, cette cathédrale a plutôt une allure de basilique romaine inattendue des touristes.  


[[Fichier:Dome_de_la_cathedrale_de_rennes.JPG|300px|left|thumb|Du dôme de la cathédrale,vue de Rennes vers l'est - (de Wikimedia Commons)]]
[[Fichier:Dome_de_la_cathedrale_de_rennes.JPG|300px|left|thumb|Du dôme de la cathédrale,vue de Rennes vers l'est - (de Wikimedia Commons)]]
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===Le retable flamand trop tentant===  
===Le retable flamand trop tentant===  


La cathédrale héberge un chef-d'œuvre: un retable flamand (anversois) du 16e siècle, orné de 80 personnages, classé monument historique en 1901. En octobre 2007, des voleurs s'introduisirent dans la cathédrale et se laissant enfermer dans l'édifice, eurent toute la nuit pour démonter et voler une partie du retable. Sept mois plus tard un des trois éléments volés fut retrouvé aux Pays-Bas et restitué à Mgr d'Ornellas, archevêque de la Province Ecclésiastique de Rennes, et replacé.
La cathédrale héberge un chef-d'œuvre: un retable flamand (anversois comme l'indique la marque de la main brûlée) du début du 16e siècle. Consacré à la vie de la Vierge avec des scènes de l'enfance du Christ, il est orné de 80 personnages, et fut classé monument historique en 1901. En 1851 la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, sous l'impulsion du Dr Jules Aussant<ref>[[rue Docteur Aussant]]</ref>, commence à s'employer pour le rassemblement d'éléments du retable dispersés<ref>''La Société archéologique d'Ille-et-Vilaine au cœur de la redécouverte du retable anversois de la cathédrale de Rennes'', Cécile Oulhen, p. 135-170. Bulletin et mémoires de la SAHIV. T. CXXIV - 2020</ref>. Trois éléments sont volés début 1975. En octobre 2007, des voleurs s'introduisirent dans la cathédrale et se laissant enfermer dans l'édifice, eurent toute la nuit pour démonter et voler une partie du retable. Sept mois plus tard un des trois éléments volés fut retrouvé aux Pays-Bas et restitué à Mgr d'Ornellas, archevêque de la Province ecclésiastique de Rennes. Le retable et divers précieux objets du culte sont à voir dans la salle du trésor, accessible gratuitement.


===La pipe du peintre===
===La pipe du peintre===


Lors des travaux récents de restauration menés à partir de 2009, une légende qui se transmettait dans la vieille famille rennaise des Jobbé-Duval s'est avérée. On y disait que l'ancêtre, le grand peintre décorateur Auguste-Louis, avait dit avoir laissé un souvenir personnel dans les décors qu'il y avait peints, en l’occurrence sa pipe. De fait, les restaurateurs ont exhumé une pipe dans laquelle était roulé un papier qui contenait une liste manuscrite : le nom de Jobbé-Duval et ceux de ses collaborateurs. Photo a été faite de cet objet et de la liste avant leur remise en place, là où ils étaient depuis 1844.
Lors des travaux de restauration menés à partir de 2009, une légende qui se transmettait dans la vieille famille rennaise des Jobbé-Duval s'est avérée. On y disait que l'ancêtre, le grand peintre décorateur Auguste-Louis, avait dit avoir laissé un souvenir personnel dans les décors qu'il y avait peints, en l’occurrence sa pipe. De fait, les restaurateurs ont exhumé une pipe dans laquelle était roulé un papier qui contenait une liste manuscrite : le nom de Jobbé-Duval et ceux de ses collaborateurs. Photo a été faite de cet objet et de la liste avant leur remise en place, là où ils étaient depuis 1844.


===Sous la coupole, les quatre Évangélistes===
Le tétramorphe – aussi appelé les « quatre vivants » – est une représentation des quatre Évangélistes sous leurs formes allégoriques: l’homme pour Matthieu, le lion pour Marc, le taureau pour Luc et l’aigle pour Jean.
Les énormes statues en terre cuite – 4 mètres de haut, 400 à 600 kg chacune – modelées par Laurent Esquerré dans un style d'un baroque nouveau, ont été conçues avec prise en compte de l’environnement qui s’imposait à son œuvre, la cathédrale néo-classique avec son fastueux décor coloré réalisé à la fin du XIXe siècle, et ont été placées en juin 2019.
===références===
===références===
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