« Champ de l'Orme (cité) - n° 26 » : différence entre les versions

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Franchi le couloir, la porte refermée, c’est à gauche une petite cuisine avec son évier préfabriqué en matériaux agglomérés, un conduit de cheminée qui permettra l’installation de la cuisinière à charbon. L’accès à la première chambre à coucher, qui sera celle de ma sœur Jeanine, se présente à droite et donne dans la cuisine. En continuant notre chemin tout droit devant et sans que rien ne la sépare de la cuisine, une salle de séjour qui, vide, semble grande avec sa petite cheminée. Et puis encore une autre chambre à coucher, on y accède à partir de cette salle. Elle deviendra la nôtre et celle de mon père. La maison me parait immense. Les murs, tous enduits de plâtre, sont demeurés bruts, bien lisses et blancs. Il règne une odeur bizarre, un mélange de neuf, de renfermé et d’indéfinissable. Une odeur étrangère à laquelle il faudra s’habituer tant que la nôtre n’aura pas pris le dessus.
Franchi le couloir, la porte refermée, c’est à gauche une petite cuisine avec son évier préfabriqué en matériaux agglomérés, un conduit de cheminée qui permettra l’installation de la cuisinière à charbon. L’accès à la première chambre à coucher, qui sera celle de ma sœur Jeanine, se présente à droite et donne dans la cuisine. En continuant notre chemin tout droit devant et sans que rien ne la sépare de la cuisine, une salle de séjour qui, vide, semble grande avec sa petite cheminée. Et puis encore une autre chambre à coucher, on y accède à partir de cette salle. Elle deviendra la nôtre et celle de mon père. La maison me parait immense. Les murs, tous enduits de plâtre, sont demeurés bruts, bien lisses et blancs. Il règne une odeur bizarre, un mélange de neuf, de renfermé et d’indéfinissable. Une odeur étrangère à laquelle il faudra s’habituer tant que la nôtre n’aura pas pris le dessus.
Les plafonds sont constitués de plaques en fibrociment. Le sol est en béton lissé, sauf le cellier en terre battue.
Les plafonds sont constitués de plaques en fibrociment. Le sol est en béton lissé, sauf le cellier en terre battue.
 
[[Fichier:Camp_de_l%27Orme.png|450px|left]]
Mon père se procure quatre sachets de peinture en poudre, soluble à l’eau, de quatre couleurs différentes. Sans préalablement enduire les murs d’une sous couche car le temps presse et l’argent manque, il les parsème de touches à l’aide d’un gros pinceau rond. Ainsi les murs de chaque pièce sont recouverts d’innombrables points de rougeole, en brun pour la cuisine, en vert pour la pièce que nous avons pompeusement baptisée salle à manger et le couloir d’entrée, en bleu pour la chambre des garçons et du père et en rose pour celle de ma sœur Janine.
Mon père se procure quatre sachets de peinture en poudre, soluble à l’eau, de quatre couleurs différentes. Sans préalablement enduire les murs d’une sous couche car le temps presse et l’argent manque, il les parsème de touches à l’aide d’un gros pinceau rond. Ainsi les murs de chaque pièce sont recouverts d’innombrables points de rougeole, en brun pour la cuisine, en vert pour la pièce que nous avons pompeusement baptisée salle à manger et le couloir d’entrée, en bleu pour la chambre des garçons et du père et en rose pour celle de ma sœur Janine.


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[[Fichier:1-Jeanine + 1951 A.jpg|200px|thumb|Jeanine – Albert – le père – Guy – année 1951.]]
[[Fichier:1-Jeanine + 1951 A.jpg|200px|thumb|Jeanine – Albert – le père – Guy – année 1951.]]


La maison est bâtie en parpaings et porte le numéro 27. Un numéro que nous ne partageons pas il est pour nous seuls. Elle est recouverte d’un enduit clair. La couverture est constituée de tôles en fibrociment. Les volets et la porte extérieure du cellier sont en bois peint en vert. Les bois extérieurs de certains pavillons sont en marron. Il n’y a pour l’instant aucune isolation thermique entre le plafond et la toiture. Elle sera installée quelques temps plus tard, en même temps que la révision des circuits électriques de toutes les maisons de la cité, suite à l’incendie de l’une d’entre elles, tout près de chez nous. Les pavillons ont été construits pour une durée d’existence de 20 ans. Après cette échéance nous verrons l’édification de grandes cages superposées.  
La maison est bâtie en parpaings et porte le numéro 27. Un numéro que nous ne partageons pas il est pour nous seuls. Elle est recouverte d’un enduit clair. La couverture est constituée de tôles en fibrociment. Les volets et la porte extérieure du cellier sont en bois peint en vert. Les bois extérieurs de certains pavillons sont en marron. Il n’y a pour l’instant aucune isolation thermique entre le plafond et la toiture. Elle sera installée quelques temps plus tard, en même temps que la révision des circuits électriques de toutes les maisons de la cité, suite à l’incendie de l’une d’entre elles, tout près de chez nous. Les pavillons ont été construits pour une durée d’existence de 20 ans. Après cette échéance nous verrons l’édification de grandes cages superposées.  
Il est bien certain que la population de Rennes, qui s’annonce en nombre, ne pourra indéfiniment s’étaler, profitant de la formule de tranquilles petits pavillons avec jardinet et occuper ainsi d’immenses étendues du paysage, il faudra se serrer. Nous mangeons pour l’instant le pain blanc de notre vie tranquille, presque rurale. Durant la période que j’ai vécue au Champ de l’Orme, j’ai vu disparaître au fil du temps, petit à petit, les près plantés de pommiers, les champs de blé pour faire place d’abord à des jardins ouvriers puis à l’urbanisation que nous connaissons actuellement. Nous étions à cent lieues de penser que la ville dévorerait autant d’espaces de verdure, d’étangs, de parcs et de ruisseaux.
Il est bien certain que la population de Rennes, qui s’annonce en nombre, ne pourra indéfiniment s’étaler, profitant de la formule de tranquilles petits pavillons avec jardinet et occuper ainsi d’immenses étendues du paysage, il faudra se serrer. Nous mangeons pour l’instant le pain blanc de notre vie tranquille, presque rurale. Durant la période que j’ai vécue au Champ de l’Orme, j’ai vu disparaître au fil du temps, petit à petit, les près plantés de pommiers, les champs de blé pour faire place d’abord à des jardins ouvriers puis à l’urbanisation que nous connaissons actuellement. Nous étions à cent lieues de penser que la ville dévorerait autant d’espaces de verdure, d’étangs, de parcs et de ruisseaux.


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== Le château de Bréquigny ==
== Le château de Bréquigny ==
 
[[Fichier:W0053.jpg|vignette|Le château de Bréquigny. ''Carte postale A.B, écrite 1925. Coll. YRG''|233x233px]]
Le château de Bréquigny nous accueille dans son immense parc avec son petit bois où nous avons tant joué au cow-boys et aux indiens et sa petite mare à canards. Un après-midi d’été, en garderie de vacances, notre petit groupe de risque-tout a décidé de se baigner dans cette petite mare. L’eau est boueuse, tant pis, la mare est profonde et il n’y a pas pied, tant pis, nous ne savons pas nager, encore tant pis. Mon frère était le principal meneur de cette petite équipe. Pour nous maintenir à la surface de l’eau rien de tel que des roseaux que nous coupons et que chacun place en grand nombre sous son ventre. Nous traversons la mare, le pari est gagné mais nous sommes sales comme des canards s’ébrouant dans la boue. D’autres enfants, bien propres, ont assisté comme au spectacle à nos ébats, sans y participer. Ils nous ont surnommés les boueux, nom qui nous est longtemps resté.
Le château de Bréquigny nous accueille dans son immense parc avec son petit bois où nous avons tant joué au cow-boys et aux indiens et sa petite mare à canards. Un après-midi d’été, en garderie de vacances, notre petit groupe de risque-tout a décidé de se baigner dans cette petite mare. L’eau est boueuse, tant pis, la mare est profonde et il n’y a pas pied, tant pis, nous ne savons pas nager, encore tant pis. Mon frère était le principal meneur de cette petite équipe. Pour nous maintenir à la surface de l’eau rien de tel que des roseaux que nous coupons et que chacun place en grand nombre sous son ventre. Nous traversons la mare, le pari est gagné mais nous sommes sales comme des canards s’ébrouant dans la boue. D’autres enfants, bien propres, ont assisté comme au spectacle à nos ébats, sans y participer. Ils nous ont surnommés les boueux, nom qui nous est longtemps resté.


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Autre information Blog Aldebert:[http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565]
Autre information Blog Aldebert:[http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565]


=== Lien interne ===
 
== Sur la carte ==
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== Lien interne ==
* [[Camp Victor Rault - n° 25]]
* [[Camp Victor Rault - n° 25]]


[[Catégorie:Quartier 12 : Bréquigny]]
[[Catégorie:Quartier 12 : Bréquigny]]
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