« Chronique vezinoise sous l'occupation/libération/Paix n°21 » : différence entre les versions

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Il me faut maintenant aller au devant de l’évènement. Dans la rue Holden je croise des soldats et m’approche d’eux ''histoire de fraterniser.'' ''J’ai de l’expérience pour ce genre de contact, je ne suis pas un novice.'' Les militaires que je découvre  semblent très affairés et sont occupés à différentes taches. Ils traversent la rue pour se rendre d'un côté ou de l'autre de l'usine. Nous sommes en octobre/novembre 1945. L'époque des rations militaires avec des friandises à distribuer aux enfants par les soldats est révolue. Les Britanniques ne sont pas aussi riches que les Américains, ils n’ont pas grand-chose à offrir. Ils ont chez eux comme chez nous des tickets de rationnement. Nous qui avions été tant dorlotés par les GIs à Vezin-le-Coquet ici, ''nous étions de la revue.''
Il me faut maintenant aller au devant de l’évènement. Dans la rue Holden je croise des soldats et m’approche d’eux ''histoire de fraterniser.'' ''J’ai de l’expérience pour ce genre de contact, je ne suis pas un novice.'' Les militaires que je découvre  semblent très affairés et sont occupés à différentes taches. Ils traversent la rue pour se rendre d'un côté ou de l'autre de l'usine. Nous sommes en octobre/novembre 1945. L'époque des rations militaires avec des friandises à distribuer aux enfants par les soldats est révolue. Les Britanniques ne sont pas aussi riches que les Américains, ils n’ont pas grand-chose à offrir. Ils ont chez eux comme chez nous des tickets de rationnement. Nous qui avions été tant dorlotés par les GIs à Vezin-le-Coquet ici, ''nous étions de la revue.''


Ce jour-là je me trouve sur le trottoir de gauche de l'usine, un soldat franchit le portail et s'apprête à traverser la rue. Il tient à la main une tartine de confiture entière qu'il s’apprête à porter à la bouche. Je suis à deux pas de lui, nos regards se croisent tout à coup. Je le fixe plutôt que je ne le regarde. II soutient mon regard un court instant puis me tend sa tartine et sans dire un mot continue son chemin. J'accepte volontiers ce cadeau que je mange immédiatement sans gourmandise cette fois mais avec appétit. C’est bon ! L'image intacte de ce soldat reste nette, fixée dans ma mémoire. Lui ai-je dit merci ?
Ce jour-là je me trouve sur le trottoir de gauche de l'usine, un soldat franchit le portail et s'apprête à traverser la rue. Il tient à la main une tartine entière de confiture qu'il s’apprête à manger. Je suis à deux pas de lui, nos regards se croisent tout à coup. Je le fixe plutôt que je ne le regarde. II soutient mon regard un court instant puis me tend sa tartine et sans dire un mot continue son chemin. J'accepte volontiers ce cadeau que je mange immédiatement sans gourmandise cette fois mais avec appétit. C’est bon ! L'image intacte de ce soldat reste nette, fixée dans ma mémoire. Lui ai-je dit merci ?


Dans la partie droite de l’usine il y a un portail en fer forgé, toujours fermé et verrouillé. Son accès mène à un pavillon inoccupé, annexe de l’usine, pavillon que nous visitons pour nos jeux d’enfants. Le sol est jonché d’une très grande quantité de papiers divers et de carnets à souche. Avec mon frère, nous avons réussi à faire croire  à des soldats anglais que nous avions découvert un cadavre allemand. Nous sommes certain, disons-nous, avoir reconnu ses bottes qui dépassent dans un sous- sol exigu et obscur. Bien sérieusement des militaires sont venus inspecter les lieux en notre compagnie, avec des lampes électriques, sans résultat. Nous avions de l’imagination à revendre.  
Dans la partie droite de l’usine il y a un portail en fer forgé, toujours fermé et verrouillé. Son accès mène à un pavillon inoccupé, annexe de l’usine, pavillon que nous visitons pour nos jeux d’enfants. Le sol est jonché d’une très grande quantité de papiers divers et de carnets à souche. Avec mon frère, nous avons réussi à faire croire  à des soldats anglais que nous avions découvert un cadavre allemand. Nous sommes certain, disons-nous, avoir reconnu ses bottes qui dépassent dans un sous- sol exigu et obscur. Bien sérieusement des militaires sont venus inspecter les lieux en notre compagnie, avec des lampes électriques, sans résultat. Nous avions de l’imagination à revendre.  
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