« Chronique vezinoise sous l'occupation/libération/Paix n°21 » : différence entre les versions

aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 52 : Ligne 52 :
Dans la partie droite de l’usine il y a un portail en fer forgé, toujours fermé et verrouillé. Son accès mène à un pavillon inoccupé, annexe de l’usine, pavillon que nous visitons pour nos jeux d’enfants. Le sol est jonché d’une très grande quantité de papiers divers et de carnets à souche. Avec mon frère, nous avons réussi à faire croire  à des soldats anglais que nous avions découvert un cadavre allemand. Nous sommes certain, disons-nous, avoir reconnu ses bottes qui dépassent dans un sous- sol exigu et obscur. Bien sérieusement des militaires sont venus inspecter les lieux en notre compagnie, avec des lampes électriques, sans résultat. Nous avions de l’imagination à revendre.  
Dans la partie droite de l’usine il y a un portail en fer forgé, toujours fermé et verrouillé. Son accès mène à un pavillon inoccupé, annexe de l’usine, pavillon que nous visitons pour nos jeux d’enfants. Le sol est jonché d’une très grande quantité de papiers divers et de carnets à souche. Avec mon frère, nous avons réussi à faire croire  à des soldats anglais que nous avions découvert un cadavre allemand. Nous sommes certain, disons-nous, avoir reconnu ses bottes qui dépassent dans un sous- sol exigu et obscur. Bien sérieusement des militaires sont venus inspecter les lieux en notre compagnie, avec des lampes électriques, sans résultat. Nous avions de l’imagination à revendre.  


Mon frère Guy, mon aîné de quinze mois, porte beaucoup d’attention quand il se déplace afin de ne pas laisser passer une occasion de récupérer quelque chose. Il découvre, un jour, derrière le portail toujours fermé, une pièce de tissu bien pliée, accrochée de manière à être invisible de l’extérieur. Probablement un ouvrier de l’usine a détourné et caché ce butin prévoyant de le reprendre à la fin de sa journée de travail. Mon frère heureux et fier de sa trouvaille l’apporte immédiatement à ma mère  qui nous a fait confectionner plus tard à chacun une paire de culottes courtes. Nous pouvons imaginer à quel point la personne qui avait épargné discrètement ce tissu, constatant sa disparition, avait pu nous maudire sans nous connaître. Il faut savoir qu’à cette époque, en 1945/46, tout manquait et le  tissu valait son pesant d’or.
Mon frère Guy, mon aîné de quinze mois, porte beaucoup d’attention quand il se déplace afin de ne pas laisser passer une occasion de récupérer quelque chose. Il découvre, un jour, derrière le portail toujours fermé, une pièce de tissu bien pliée, accrochée de manière à être invisible de l’extérieur. C'est probablement un ouvrier de l’usine qui a détourné et caché ce butin prévoyant de le récupérer à la fin de sa journée de travail. Mon frère heureux et fier de sa trouvaille l’apporte immédiatement à ma mère  qui nous a fait confectionner plus tard à chacun une paire de culottes courtes. Nous pouvons imaginer à quel point la personne qui avait épargné discrètement ce tissu, constatant sa disparition, avait pu nous maudire sans nous connaître. Il faut savoir qu’à cette époque, en 1945/46, tout manquait et le  tissu valait son pesant d’or.


Nous avions quitté la Bretagne, son beurre, son bon lait et tout et tout pour trouver ici pas grand chose en matière de nourriture. En guise de beurre, ma mère enduit la tartine de mon quatre heures pour l’école, d’une couche de sirop de betterave sucrière, genre mélasse. Je n’aime pas tant que çà cette mélasse sur le pain. Les tartines étant préparées quelques heures avant d’être mangées, deviennent, au moment du goûter, molles comme une serpillière. Comme je regrette le bon beurre salé de mon village. Parfois, il y a distribution de lard salé américain. Je ne suis pas difficile mais ce lard provoque chez moi une envie de vomir quand il est servi à table. Il est tout à fait rance et mal odorant.  
Nous avions quitté la Bretagne, son beurre, son bon lait et tout et tout pour trouver ici pas grand chose en matière de nourriture. En guise de beurre, ma mère enduit la tartine de mon quatre heures pour l’école, d’une couche de sirop de betterave sucrière, genre mélasse. Je n’aime pas tant que çà cette mélasse sur le pain. Les tartines étant préparées quelques heures avant d’être mangées, deviennent, au moment du goûter, molles comme une serpillière. Comme je regrette le bon beurre salé de mon village. Parfois, il y a distribution de lard salé américain. Je ne suis pas difficile mais ce lard provoque chez moi une envie de vomir quand il est servi à table. Il est tout à fait rance et mal odorant.  
797

modifications