« Chronique vezinoise sous l'occupation n°03 » : différence entre les versions

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=== Le logement du directeur de l'école ===
=== Le logement du directeur de l'école ===


[[Fichier:Ecole annee 40 Vezin le Coquet.jpg|right|250px|thumb|La partie supérieure droite de l'ensemble du bâtiment constitue le bureau du maire et du secrétaire.Le préau des grands se trouve en dessous de ce bureau. Dans ce préau, l'été, se déroulaient, parfois, des projections de films muets. Des charlots...! On aperçoit tout à fait à gauche, en prolongement du mur, le préau des filles et petits.]]
[[Fichier:Ecole annee 40 Vezin le Coquet.jpg|right|250px|thumb|La partie supérieure droite de l'ensemble du bâtiment constitue le bureau du maire et du secrétaire. Le préau des grands se trouve en dessous de ce bureau. Dans ce préau, l'été, se déroulaient, parfois, des projections de films muets. Des charlots...! On aperçoit tout à fait à gauche, en prolongement du mur, le préau des filles et petits.]]


L’école communale mixte de [[Vezin-le-Coquet]], à cette époque très particulière de l’Occupation, est dirigée par monsieur Pierre Guérin, directeur, son épouse est institutrice. Ils occupent avec leurs deux, puis trois enfants un appartement de l’aile gauche du bâtiment de l’école, lequel se compose, au rez-de-chaussée, d’une cuisine-salle de séjour et au premier étage, des chambres à coucher. La cuisine possède une cheminée ouverte, avec trépied et crémaillère, qui n’a pas vocation à servir d’ornement mais d’être utilisée, pour les besoins domestiques journaliers, cuisine, chauffage de la pièce comme dans presque toutes les maisons d’alors.
L’école communale mixte de [[Vezin-le-Coquet]], à cette époque très particulière de l’Occupation, est dirigée par monsieur Pierre Guérin, directeur, son épouse est institutrice. Ils occupent avec leurs deux, puis trois enfants un appartement de l’aile gauche du bâtiment de l’école, lequel se compose, au rez-de-chaussée, d’une cuisine-salle de séjour et au premier étage, des chambres à coucher. La cuisine possède une cheminée ouverte, avec trépied et crémaillère, qui n’a pas vocation à servir d’ornement mais d’être utilisée, pour les besoins domestiques journaliers, cuisine, chauffage de la pièce comme dans presque toutes les maisons d’alors.
L’aile droite est réservée aux deux classes. En bas la classe des grands, en haut celle des petits.  
L’aile droite est réservée aux deux classes. En bas la classe des grands, en haut celle des petits.  


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Les fenêtres de la façade Est, coté rue, sont construites avec impostes et ne peuvent par conséquent être occultées entièrement la nuit par des volets. Ainsi la partie vitrée des impostes, est-elle enduite d’une couche de peinture bleue, défense passive oblige. Les vitres reçoivent aussi un papier ruban, collé en croix pour éviter les éclats de verre qui pourraient être projetés par suite d’explosions de bombes.
Les fenêtres de la façade Est, coté rue, sont construites avec impostes et ne peuvent par conséquent être occultées entièrement la nuit par des volets. Ainsi la partie vitrée des impostes, est-elle enduite d’une couche de peinture bleue, défense passive oblige. Les vitres reçoivent aussi un papier ruban, collé en croix pour éviter les éclats de verre qui pourraient être projetés par suite d’explosions de bombes.


Face à l’école, de l’autre côté de la rue, un des principaux pôles du pays, ''le café Letort et la maréchalerie.''  
Face à l’école, de l’autre côté de la rue, un des principaux pôles du pays, ''le café Letort et la maréchalerie''.




=== La gymnastique du samedi à l'école ===
=== La gymnastique du samedi à l'école ===


A l’école, les samedis après-midi sont souvent consacrés à la gymnastique ou à la promenade. Au cours des séances de gymnastique, les élèves, tous, grands et petits, effectuent, guidés par le maître, des mouvements d’ensemble et des mouvements respiratoires. Ils peuvent défiler et marcher au pas dans la cour en chantant ''« lundi matin, l'empereur sa femme et le p'tit Prince, sont venus chez moi pour me serrer la pince... »''. Tout en marchant et en chantant, je comprends mal qu’un Prince puisse venir avec une pince pour me serrer la main. Encore une énigme pour laquelle la clef ne m’est, sur le moment, pas fournie.  
À l’école, les samedis après-midi sont souvent consacrés à la gymnastique ou à la promenade. Au cours des séances de gymnastique, les élèves, tous, grands et petits, effectuent, guidés par le maître, des mouvements d’ensemble et des mouvements respiratoires. Ils peuvent défiler et marcher au pas dans la cour en chantant ''« lundi matin, l'empereur sa femme et le p'tit Prince, sont venus chez moi pour me serrer la pince... »''. Tout en marchant et en chantant, je comprends mal qu’un Prince puisse venir avec une pince pour me serrer la main. Encore une énigme pour laquelle la clef ne m’est, sur le moment, pas fournie.  


On ne chante pas, comme peut-être, aurait-on pu le croire : ''« Maréchal nous voilà »''. Si le cas s’est avéré, je n’en ai pas du tout souvenance. Mémoire d’enfant ! Je ne me rappelle pas avoir chanté ou entendu chanter cette chanson sous l’occupation. Bien sûr, nous avons entendu la musique du maréchal mais c'est celle du maréchal ferrant émise par les sons clairs des coups de marteau frappés sur les enclumes, de l’autre côté de la rue.
On ne chante pas, comme peut-être, aurait-on pu le croire : ''« Maréchal nous voilà »''. Si le cas s’est avéré, je n’en ai pas du tout souvenance. Mémoire d’enfant ! Je ne me rappelle pas avoir chanté ou entendu chanter cette chanson sous l’occupation. Bien sûr, nous avons entendu la musique du maréchal mais c'est celle du maréchal ferrant émise par les sons clairs des coups de marteau frappés sur les enclumes, de l’autre côté de la rue.
   
   
Faire défiler les enfants au pas est chose normale à cette époque, il n’y a pas de leçon de gymnastique sans un petit défilé final avec chanson. Peut-être est-ce une façon d’apprendre l’ordre, la discipline, le civisme par le sport, c’est ainsi.
Faire défiler les enfants au pas est chose normale à cette époque, il n’y a pas de leçon de gymnastique sans un petit défilé final avec chanson. Peut-être est-ce une façon d’apprendre l’ordre, la discipline, le civisme par le sport, c’est ainsi.
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=== La promenade du samedi après midi à l'école ===
=== La promenade du samedi après-midi à l'école ===


Certains samedis après midi, toujours si les conditions météorologiques le permettent, surtout quand le soleil est de la partie, tous partons en promenade dans la campagne à quelques encablures de l’école. Il faut être franc :'' « se promener à la campagne à Vezin »'' est un plaisant pléonasme.  
Certains samedis après-midi, toujours si les conditions météorologiques le permettent, surtout quand le soleil est de la partie, tous partons en promenade dans la campagne à quelques encablures de l’école. Il faut être franc :'' « se promener à la campagne à Vezin »'' est un plaisant pléonasme.  
Nous n’allons jamais bien loin, car les petits doivent suivre. Pourtant les petits... enfin quelques uns, ceux de la fine équipe à laquelle j’appartiens, courent dans tous les coins du bourg, après leur journée d’école quelquefois studieuse. Ils ont de bonnes jambes et sont capables d’avaler infiniment de kilomètres. Je me souviens avoir fait, à plusieurs reprises, le trajet à pied, Vezin-Rennes, aller-retour, avec ma mère. Je suis bon marcheur. Pas de problème pour le trajet aller, cependant le retour est toujours difficile, pas très gai, plutôt pleurnichard du gamin fatigué qui a soif, qui a faim, en fait qui en a assez de marcher.
Nous n’allons jamais bien loin, car les petits doivent suivre. Pourtant les petits... enfin quelques-uns, ceux de la fine équipe à laquelle j’appartiens, courent dans tous les coins du bourg, après leur journée d’école quelquefois studieuse. Ils ont de bonnes jambes et sont capables d’avaler infiniment de kilomètres. Je me souviens avoir fait, à plusieurs reprises, le trajet à pied, Vezin-Rennes, aller-retour, avec ma mère. Je suis bon marcheur. Pas de problème pour le trajet aller, cependant le retour est toujours difficile, pas très gai, plutôt pleurnichard du gamin fatigué qui a soif, qui a faim, en fait qui en a assez de marcher.


Avec l’école nous avons participé à de belles promenades, moments heureux, que je conserve en moi, ineffaçables, comme de joyeux et très tendres souvenirs. Les promenades du printemps 1944 deviennent sans doute dangereuses à cause des nombreux raids aériens des Alliés. L’une d’elles fut particulièrement terrorisante pour moi mais aussi probablement pour tous les enfants présents. J’ai très longtemps conservé dans mes rêves son empreinte, une peur panique telle que celle ressentie le jour du bombardement.
Avec l’école nous avons participé à de belles promenades, moments heureux, que je conserve en moi, ineffaçables, comme de joyeux et très tendres souvenirs. Les promenades du printemps 1944 deviennent sans doute dangereuses à cause des nombreux raids aériens des Alliés. L’une d’elles fut particulièrement terrorisante pour moi mais aussi probablement pour tous les enfants présents. J’ai très longtemps conservé dans mes rêves son empreinte, une peur panique telle que celle ressentie le jour du bombardement.
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