« Chronique vezinoise sous l'occupation n°04 » : différence entre les versions

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'''''Conséquence pour l'enfant suite à ce bombardement'''''
'''''Conséquence pour l'enfant suite à ce bombardement'''''


Quelques mois après ce terrible évènement, en décembre 1944, mon père nous emmène mon frère et moi sur sa bicyclette, à Pi-Park, qui, entre temps a changé de locataire mais pas d’ouvriers, pour un goûté offert par les soldats américains aux enfants du personnel civil du camp. Pour nous y rendre nous sommes obligés d’emprunter le chemin qui mène à Montigné et par voie de conséquence, de passer tout près du petit bois encaissé où j’ai eu très peur. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, je l’aperçois et tout à coup une même peur panique me saisit, s’empare encore de moi d’une manière très forte. Heureusement elle se dissipe peu à peu après avoir franchi le pont de chemin de fer. Je le hais ce petit bois !
Quelques mois après ce terrible événement, en décembre 1944, mon père nous emmène mon frère et moi sur sa bicyclette, à Pi-Park, qui, entre temps a changé de locataires mais pas d’ouvriers, pour un goûté offert par les soldats américains aux enfants du personnel civil du camp. Pour nous y rendre nous sommes obligés d’emprunter le chemin qui mène à Montigné et par voie de conséquence, de passer tout près du petit bois encaissé où j’ai eu très peur. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, je l’aperçois et tout à coup une même peur panique me saisit, s’empare encore de moi d’une manière très forte. Heureusement elle se dissipe peu à peu après avoir franchi le pont de chemin de fer. Je le hais ce petit bois !


Ce devait être à la période de Noël. À peine entré dans le baraquement où le goûter avait lieu, je suis saisi par deux bras vigoureux d’un soldat américain qui me soulèvent et me placent sur une chaise auprès d’une des nombreuses tables où se régalent déjà des enfants. On me sert aussitôt une assiette bien garnie de crème avec des biscuits. Je goûte la crème, je fais la moue, impossible de la manger. Malgré l’invitation répétée d’un G.I. pourtant très attentionné ''« c’est bon, c’est bon, manger ! »''.
Ce devait être à la période de Noël. À peine entré dans le baraquement où le goûter avait lieu, je suis saisi par deux bras vigoureux d’un soldat américain qui me soulèvent et me placent sur une chaise auprès d’une des nombreuses tables où se régalent déjà des enfants. On me sert aussitôt une assiette bien garnie de crème avec des biscuits. Je goûte la crème, je fais la moue, impossible de la manger. Malgré l’invitation répétée d’un G.I. pourtant très attentionné ''« c’est bon, c’est bon, manger ! »''.
Rien à faire, je ne suis pas habitué au goût de ''la vanilla custard'' en boîte. Impossible de l’avaler malgré les gros yeux que me fait, de loin, mon père resté à l’entrée avec d’autres parents. Même sans vanille je préfère la crème, confectionnée avec du bon lait cru des vaches de la ferme Lebastard. À la fin du goûter je me fais tancer'' pour insuffisance de consommation.''  
Rien à faire, je ne suis pas habitué au goût de ''la vanilla custard'' en boîte. Impossible de l’avaler malgré les gros yeux que me fait, de loin, mon père resté à l’entrée avec d’autres parents. Même sans vanille je préfère la crème, confectionnée avec du bon lait cru des vaches de la ferme Lebastard. À la fin du goûter je me fais tancer'' pour insuffisance de consommation.''  


Je n'ai aucunement informé mes parents, ou quiconque du moment d’extrême frayeur ressentie dans le petit bois le jour du bombardement. Comment aurais-je su à cet âge l'expliquer clairement? J’étais même pris comme par une honte pour avoir été possédé de cette manière par cette indescriptible frayeur. Plus tard, adolescent, j'ai oublié ou tout simplement pas trouvé utile d'en parler. Adulte, j'ai plusieurs fois été pris de cauchemars, une peur panique semblable à celle qui s’empara de moi le jour de ce bombardement. Et c’est sexagénaire que j’ai attribué la cause de ces cauchemars à l’évènement qui s’est déroulé au cours d’'''une promenade du samedi après midi ''sous l’occupation'''''.
Je n'ai aucunement informé mes parents, ou quiconque du moment d’extrême frayeur ressentie dans le petit bois le jour du bombardement. Comment aurais-je su à cet âge l'expliquer clairement? J’étais même pris comme par une honte pour avoir été possédé de cette manière par cette indescriptible frayeur. Plus tard, adolescent, j'ai oublié ou tout simplement pas trouvé utile d'en parler. Adulte, j'ai plusieurs fois été pris de cauchemars, une peur panique semblable à celle qui s’empara de moi le jour de ce bombardement. Et c’est sexagénaire que j’ai attribué la cause de ces cauchemars à l’événement qui s’est déroulé au cours d’'''une promenade du samedi après midi ''sous l’occupation'''''. ''(En effet, il semble ce jour là, qu'il ne s'agissait pas d'un samedi mais d'un jeudi)
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Albert René Gilmet   
Albert René Gilmet   
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°03]]
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°03]]


[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°05]]
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°05]]'''
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