« Chronique vezinoise sous l'occupation n°05 » : différence entre les versions

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'''''Nos terrains de jeux et leurs limites'''''
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''


Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’évènements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.


Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.
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Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de  Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait  pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon de Pacé n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de  Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait  pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon de Pacé n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.


Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Epine'', le chemin vert nous y mène.  
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène.  
Le bois de ''la  Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert.  
Le bois de ''la  Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert.  


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'''''À la recherche des éclats d'obus'''''
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''


Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des évènements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Epine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, bref sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés d’un petit bruit clair. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, bref sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.


Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut aux dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut aux dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.
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