« Chronique vezinoise sous l'occupation n°07 » : différence entre les versions

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Le matin nous, les enfants Gilmet, sortons de chez nous, propres comme des sous neufs: Soit pour nous rendre à l’école ou à la rencontre de jeux qui se déroulent parfois dans la cour située entre la maison de chez Trincart et le mur qui occulte la propriété de chez Touffet. Sont souvent présents, les deux Jeanine, Gaby, Guy, Alphonse et moi. Georges est trop grand pour participer à nos jeux de filles. Il préfère, quand la saison s’y prête, aller avec Gaston ramasser des châtaignes pour les revendre afin de se faire quelques ''pratiques.''
Le matin, nous les enfants Gilmet, sortons de chez nous, propres comme des sous neufs: Soit pour nous rendre à l’école ou à la rencontre de jeux qui se déroulent parfois dans la cour située entre la maison de chez Trincart et le mur qui occulte la propriété de chez Touffet. Sont souvent présents, les deux Jeanine, Gaby, Guy, Alphonse et moi. Georges est trop grand pour participer à nos jeux de filles. Il préfère, quand la saison s’y prête, aller avec Gaston Pitois ramasser des châtaignes pour les revendre afin de se faire quelques ''pratiques.''


Bien longtemps après la guerre, madame Trincart, à l’occasion d’une visite que nous lui rendions, nous rappelle combien elle aimait ma mère qui faisait, disait-elle, son admiration par son courage, sa volonté de bien tenir sa maisonnée et travailler à la fois à l’extérieur pour récolter quelques ressources supplémentaires. Nous sommes toujours bien propres le matin, à l’image de son intérieur toujours bien astiqué. Le soir, pour nous, c’est une autre affaire.
Bien longtemps après la guerre, madame Trincart, à l’occasion d’une visite que nous lui rendions, nous rappelle combien elle aimait ma mère qui faisait, disait-elle, son admiration par son courage, sa volonté de bien tenir sa maisonnée et travailler à la fois à l’extérieur pour récolter quelques ressources supplémentaires. Nous sommes toujours bien propres le matin, à l’image de son intérieur toujours bien astiqué. Le soir, pour nous, c’est une autre affaire.
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Les parasites tels que punaises, cafards, poux sont par excellence des compagnons de misère qui prolifèrent particulièrement en temps de guerre. Peut-être à cause des pénuries et de la promiscuité de vie qu’elle impose. Je dis compagnons, en effet ces petites bêtes sont très attachées à nous. Lorsqu’elles s’installent, elles ne nous quittent pour ainsi dire plus.
Les parasites tels que punaises, cafards, poux sont par excellence des compagnons de misère qui prolifèrent particulièrement en temps de guerre. Peut-être à cause des pénuries et de la promiscuité de vie qu’elle impose. Je dis compagnons, en effet ces petites bêtes sont très attachées à nous. Lorsqu’elles s’installent, elles ne nous quittent pour ainsi dire plus.


À leur base et à une hauteur d’un mètre, les murs de la pièce que nous habitons sont garnis de lambris et les lambris garnis de punaises. Entre la boiserie et le mur, grouillent des colonies de ces infectes et horribles bestioles puantes qui, écrasées, exhalent une odeur nauséabonde. Les matins nous nous réveillons souvent pleins de morsures qui démangent, car c’est la nuit que se manifeste cette engeance. Mon père essaie différents produits pour les éradiquer. En désespoir de cause il injecte de l'alcali à travers chaque interstice de la paroi de bois. Il semble que cette solution paraisse être la meilleure, toutefois la durée d’efficacité du produit n’est malheureusement que provisoire. Les sujets sont calmés pour un temps, ils reviennent rapidement au galop. On les entend ''sentir'' de loin.
À leur base et à une hauteur d’un mètre, les murs de la pièce que nous occupons sont garnis de lambris et les lambris garnis de punaises. Entre la boiserie et le mur, grouillent des colonies de ces infectes et horribles bestioles puantes qui, écrasées, exhalent une odeur nauséabonde. Les matins nous nous réveillons souvent pleins de morsures qui démangent, car c’est la nuit que se manifeste cette engeance. Mon père essaie différents produits pour les éradiquer. En désespoir de cause il injecte de l'alcali à travers chaque interstice de la paroi de bois. Il semble que cette solution paraisse être la meilleure, toutefois la durée d’efficacité du produit n’est malheureusement que provisoire. Les sujets sont calmés pour un temps, ils reviennent rapidement au galop. On les entend ''sentir'' de loin.


La chasse aux cafards est pratiquement ouverte toute l’année rien n’arrête leur prolifération. Il faut les attraper et les é…cra…ser.   
La chasse aux cafards est pratiquement ouverte toute l’année rien n’arrête leur prolifération. Il faut les attraper et les é…cra…ser.   
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À noter que le journal ''Le Nouvelliste'' est facile à déplier, il se compose comme tous les journaux, d’une seule page. Il n’y a plus assez de papier, pourquoi ? Les doryphores aiment aussi la pâte à papier !  
À noter que le journal ''Le Nouvelliste'' est facile à déplier, il se compose comme tous les journaux, d’une seule page. Il n’y a plus assez de papier, pourquoi ? Les doryphores aiment aussi la pâte à papier !  


Peut-être est-ce pour faciliter l’hygiène des cheveux ou avons nous découvert une nouvelle mode, ainsi les cheveux des filles sont très souvent coupés court, à la Jeanne d’Arc dit-on. C’est un bon point qui ne suffit pas pour autant à se libérer des parasites. Les lentes demeurent bien accrochées aux cheveux. Le vinaigre conviendra donc comme pesticide, aucun autre produit n’est mis à notre disposition. Les filles rechignent à utiliser le vinaigre, elles disent qu’il laisse sur la tête une mauvaise odeur. C’est un combat de tous les jours. Tout ce qui est éradiqué aujourd’hui à la maison est vite repris à l’école ou ailleurs.  
Peut-être est-ce pour faciliter l’hygiène des cheveux ou s'agit-il là d'une nouvelle mode, ainsi les cheveux des filles sont très souvent coupés court, à la Jeanne d’Arc dit-on. C’est un bon point qui ne suffit pas pour autant à se libérer des parasites. Les lentes demeurent bien accrochées aux cheveux. Le vinaigre conviendra donc comme pesticide, aucun autre produit n’est mis à notre disposition. Les filles rechignent à utiliser le vinaigre, elles disent qu’il laisse sur la tête une mauvaise odeur. C’est un combat de tous les jours. Tout ce qui est éradiqué aujourd’hui à la maison est vite repris à l’école ou ailleurs.  


'''''Le sarrau dangereux'''''
'''''Le sarrau dangereux'''''
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Albert René Gilmet
Albert René Gilmet


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Février 2013
Février 2013
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°08]]
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