« Chronique vezinoise sous l'occupation n°10 » : différence entre les versions

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Une autre nuit mouvementée, celle du 8 au 9 juin 1944 probablement, la maisonnée endormie est brusquement réveillée par un bruit assourdissant de tir. <ref>[[Bombardements des 9 et 12 juin 1944]]</ref> Un convoi allemand s'est arrêté dans le bourg. Un véhicule chargé probablement d'un canon, stationne contre le mur de la maison à une courte distance de notre fenêtre. Le bruit est infernal, le tir est ininterrompu. Dans le même temps nous entendons les départs de tirs très reconnaissables des canons de la DCA de la'' Belle Epine''. Coutumiers des bruits produits par les machines de guerre et même devenus fins connaisseurs, nous distinguons aussi ceux des bombardiers qui nous survolent. Il faut absolument quitter immédiatement notre logement. Le bruit n’est pas supportable, mes parents craignent ''que des balles ou obus égarés traversent la fenêtre et viennent nous tuer''. Ils rassemblent rapidement des couvertures et nous nous préparons à sortir. Mon père ouvre la porte qui donne sur le jardin, je suis sur ses épaules. Je vois deux soldats allemands armés de mitraillette qui nous  interdisent la sortie en nous repoussant. Mes parents sont désemparés, on ne peut pas rester là. La porte du sas intérieur qui donne accès au café s'ouvre tout à coup. Madame Bigot apparaît, elle est aussi apeurée que nous. Elle nous invite à nous réfugier dans un cellier éloigné de la rue qui fait office de cave. Nous attendons tous, debout, que l’évènement du jour se termine. Véritablement je n’ai pas eu peur, ces situations deviennent presque une habitude.  
Une autre nuit mouvementée, celle du 8 au 9 juin 1944 probablement, la maisonnée endormie est brusquement réveillée par un bruit assourdissant de tir. <ref>[[Bombardements des 9 et 12 juin 1944]]</ref> Un convoi allemand s'est arrêté dans le bourg. Un véhicule chargé probablement d'un canon, stationne contre le mur de la maison à une courte distance de notre fenêtre. Le bruit est infernal, le tir est ininterrompu. Dans le même temps nous entendons les départs de tirs très reconnaissables des canons de la DCA de la'' Belle Epine''. Coutumiers des bruits produits par les machines de guerre et même devenus fins connaisseurs, nous distinguons aussi ceux des bombardiers qui nous survolent. Il faut absolument quitter immédiatement notre logement. Le bruit n’est pas supportable, mes parents craignent ''que des balles ou obus égarés traversent la fenêtre et viennent nous tuer''. Ils rassemblent rapidement des couvertures et nous nous préparons à sortir. Mon père ouvre la porte qui donne sur le jardin, je suis sur ses épaules. Je vois deux soldats allemands armés de mitraillette qui nous  interdisent la sortie en nous repoussant. Mes parents sont désemparés, on ne peut pas rester là. La porte du sas intérieur qui donne accès au café s'ouvre tout à coup. Madame Bigot apparaît, elle est aussi apeurée que nous. Elle nous invite à nous réfugier dans un cellier éloigné de la rue qui fait office de cave. Nous attendons tous, debout, que l’évènement du jour se termine. Véritablement je n’ai pas eu peur, ces situations deviennent presque une habitude.  


Le lendemain matin, il pleut à verse. En ouvrant les volets je découvre sur le trottoir et la chaussée devant notre fenêtre d'innombrables douilles, que je crois être d’obus. Les douilles ne sont pas en métal mais en une espèce de carton bouilli ...comme les anciennes cartouches de chasse. Ce ne sont  sans doute que  des emballages de munitions !?. Avec la pluie ils se sont vite ramollis, je suis déçu de leur aspect et du spectacle qu’ils offrent. Je ne pourrai pas les utiliser pour jouer. Les fils téléphoniques qui longent le mur extérieur de la maison au-dessus de notre fenêtre sont coupés. Le tir du canon s’est exécuté si près du mur qu’il n’a pu les éviter. Ils pendent comme des longs cheveux mal peignés.  
[[Fichier:Enfants Gilmet 1943 RR.jpg]] ''Les enfants Gilmet devant les cages à lapins pillées par les Allemands''
 
Le lendemain matin, il pleut à verse. En ouvrant les volets je découvre sur le trottoir et la chaussée devant notre fenêtre d'innombrables douilles, que je crois être d’obus. Les douilles ne sont pas en métal mais en une espèce de carton bouilli ...comme les anciennes cartouches de chasse. Ce ne sont  sans doute que  des emballages de munitions !? Avec la pluie ils se sont vite ramollis, je suis déçu de leur aspect et du spectacle qu’ils offrent. Je ne pourrai pas les utiliser pour jouer. Les fils téléphoniques qui longent le mur extérieur de la maison au-dessus de notre fenêtre sont coupés. Le tir du canon s’est exécuté si près du mur qu’il n’a pu les éviter. Ils pendent comme des longs cheveux mal peignés.  


Pendant cette nuit, si certains Allemands tirent au canon en direction des avions alliés, d’autres pillent les clapiers et poulaillers du village. Ainsi madame Bigot et d’autres voisins n’ont retrouvé qu’une seule peau de lapin fraîchement dépiautée, laissée en souvenir du passage des hordes allemandes. Ceux-ci nous auraient-ils empêchés de sortir afin de mieux commettre leur forfait !?  
Pendant cette nuit, si certains Allemands tirent au canon en direction des avions alliés, d’autres pillent les clapiers et poulaillers du village. Ainsi madame Bigot et d’autres voisins n’ont retrouvé qu’une seule peau de lapin fraîchement dépiautée, laissée en souvenir du passage des hordes allemandes. Ceux-ci nous auraient-ils empêchés de sortir afin de mieux commettre leur forfait !?  
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