« Chronique vezinoise sous l'occupation n°13 » : différence entre les versions

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'''''Promenade de séminaristes en herbe'''''
'''''Promenade de séminaristes en herbe'''''


Ma fenêtre qui donne sur la rue principale, laquelle est presque un passage obligé, offre souvent du spectacle. Chaque jeudi, s’il fait beau temps, jour de promenade, je vois passer, deux par deux, les petits devant, les grands derrière, tout un groupe de séminaristes. Ils sont vêtus d’une soutane noire, la tête couverte d'un chapeau à large bord ''idèmement'' noir, le missel à la main. Comme il s'agit pour la plus part de jeunes et très jeunes, il y a du chahut en tête des rangs, des rires et parfois des éclats de voix. Cet évènement est pour moi une énigme. ''Comment se fait-il qu'il y ait des curés si petits qui jouent comme des enfants.''  
Ma fenêtre qui donne sur la rue principale, laquelle est presque un passage obligé, offre souvent du spectacle. Chaque jeudi, s’il fait beau temps, jour de promenade, je vois passer, deux par deux, les petits devant, les grands derrière, tout un groupe de séminaristes. Ils sont vêtus d’une soutane noire, la tête couverte d'un chapeau à large bord pareillement noir, le missel à la main. Comme il s'agit pour la plus part de jeunes et très jeunes, il y a du chahut en tête des rangs, des rires et parfois des éclats de voix. Cet évènement est pour moi une énigme. ''Comment se fait-il qu'il y ait des curés si petits qui jouent comme des enfants.''  
Je n'ai pas pensé questionner ma mère à ce sujet. Ma mère a pourtant réponse à tout. Par exemple quand je lui dis, entre les repas, '' « maman j’ai faim !'' », elle me répond du tac au tac ''« Mange ta main et garde l'autre pour demain. »''
Je n'ai pas pensé questionner ma mère à ce sujet. Ma mère a pourtant réponse à tout. Par exemple quand je lui dis, entre les repas, '' « maman j’ai faim !'' », elle me répond du tac au tac ''« Mange ta main et garde l'autre pour demain. »''


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Un soir et comme d’ailleurs tous les soirs, ma mère réinstalle les lits pour la nuit à venir. C’est un convoi de panzer, qui stationne dans le village, les soldats qui l’accompagnent étant de noir vêtus. Ce soir là, et comme d’ailleurs beaucoup de soirs, je ne suis pas très obéissant. Ma mère me rappelle à l’ordre et menace alors d’héberger un Allemand pour la nuit. Je deviens tout à coup très rapidement sage.
Un soir et comme d’ailleurs tous les soirs, ma mère réinstalle les lits pour la nuit à venir. C’est un convoi de panzer, qui stationne dans le village, les soldats qui l’accompagnent étant de noir vêtus. Ce soir là, et comme d’ailleurs beaucoup de soirs, je ne suis pas très obéissant. Ma mère me rappelle à l’ordre et menace alors d’héberger un Allemand pour la nuit. Je deviens tout à coup très rapidement sage.


Devant le portail de l’école, c’est la fin de la journée, tout est calme, il me faut rentrer à la maison. Une voiture légère allemande est stationnée devant chez Letort. Ses propriétaires consomment au café de la maréchalerie. La porte du café s’ouvre brusquement, deux soldats en sortent. Ils sont coiffés de casquette et leur uniforme est de couleur vert de gris. Ils ont dégainé leur pistolet et se poursuivent à tour de rôle en criant comme des gamins. Ils se dirigent vers l’atelier des machines agricoles et commencent à tirer vers l’intérieur. Après chaque coup de pistolet tiré, ils s’exclament. Peut-être s’amusent-ils, me dis-je pour me rassurer, c’est encore une affaire à éclaircir ! Je rentre à la maison.
Devant le portail de l’école, c’est la fin de la journée, tout est calme, il me faut rentrer à la maison. Une voiture légère allemande est stationnée devant chez Letort. Ses propriétaires consomment au café de la maréchalerie. La porte du café s’ouvre brusquement, deux soldats en sortent. Ils sont coiffés de casquette et leur uniforme est de couleur vert de gris. Ils ont dégainé leur pistolet et se poursuivent à tour de rôle en criant comme des gamins. Ils se dirigent vers l’atelier des machines agricoles et commencent à tirer vers l’intérieur. Après chaque coup de pistolet tiré, ils s’exclament. Peut-être s’amusent-ils, me dis-je pour me rassurer, c’est encore une affaire à éclaircir ! Je rentre à la maison.(Témoignage similaire relevé sur le site "Réquisitions allemandes" qui nous dit) ''Ils boivent beaucoup. Plus que toute autre soldatesque en opérations ? En tout cas, les incidents dus à l'ivresse abondent dans les rapports ; en juillet 1941, des militaires échangent entre eux des coups de revolvers dans un café de la rue du Pressoir, ''Saumur''.


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'''''L'espoir'''''
'''''L'espoir'''''


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Le lendemain, dans l’après-midi, après une bonne nuit passée dans un fossé du ''[[Chronique vezinoise sous l'occupation. 8|Chemin vert]]'', les choses se précipitent .
Le lendemain, dans l’après-midi, après une bonne nuit passée dans un fossé du ''[[Chronique vezinoise sous l'occupation. 8|Chemin vert]]'', les choses se précipitent .
Une partie de la population du bourg est présente devant la mairie-école et, de fait,devant la maréchalerie. Dans la cour de l'école et dans la rue, les gens conversent.  
Une partie de la population du bourg est présente devant la mairie école et, de fait, devant la maréchalerie. Dans la cour de l'école et dans la rue, les gens conversent.  


Les Allemands sont-ils partis? ''« Croyez-vous qu'ils sont encore à Rennes ? »''  
Les Allemands sont-ils partis? ''« Croyez vous qu'ils sont encore à Rennes ? »''  
Un grand espoir mêlé d’un peu d’anxiété se lit sur tous les visages. Le boche est-il enfin parti ? L’impatience de savoir est à son comble.
Un grand espoir mêlé d’un peu d’anxiété se lit sur tous les visages. Le boche est-il enfin parti ? L’impatience de savoir est à son comble.
Monsieur Guérin, le directeur de l'école, dit alors ''« il faut téléphoner à ''la Croix Rouge'' »'' (lieu-dit à l'entrée de Rennes sur la route de Vezin à environ quatre km).  
Monsieur Guérin, le directeur de l'école, dit alors ''« il faut téléphoner à ''la Croix Rouge'' »'' (lieu-dit à l'entrée de Rennes sur la route de Vezin à environ quatre km).  
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'''''La Marseillaise est chantée devant l'école'''''
'''''La Marseillaise est chantée devant l'école'''''


Sans perdre de temps, monsieur Guérin réunit les enfants présents, pourtant sensés être en grandes vacances, pour chanter haut et clair, une libre Marseillaise. J’étais resté près du téléphone, la bonne, Angèle, m’expédie alors vivement vers le groupe de l’autre côté de la rue. ''« Va chanter avec eux »'' me dit-elle. Adultes et enfants, tous ensemble, entonnent une vibrante Marseillaise, parait-il émouvante.
Sans perdre de temps, monsieur Guérin réunit les enfants présents, pourtant sensés être en grandes vacances, pour chanter haut et clair, une libre Marseillaise. J’étais resté près du téléphone, la bonne, Angèle, m’expédie alors vivement vers le groupe de l’autre côté de la rue. ''« Va chanter avec eux »'' me dit-elle. Adultes et enfants, tous ensemble, entonnent une vibrante Marseillaise, parait il émouvante.


'''''Tous aux dépôts allemands'''''
'''''Tous aux dépôts allemands'''''


Persuadés que l’occupant a fui, c’est maintenant une course presque effrénée pour tous, mais surtout pour les jeunes, vers un lieu de stockage allemand resté, paraît-il, intact dans le bois de ''la Glestière''. Quels trésors va-t-on y découvrir ?
Persuadés que l’occupant a fui, c’est maintenant une course presque effrénée pour tous, mais surtout pour les jeunes, vers un lieu de stockage allemand resté, paraît il, intact dans le bois de ''la Glestière''. Quels trésors va-t-on y découvrir ?
Les petits courent parfois loin derrière les grands, les filles ne suivent pas... prudentes... affaire d'hommes! Après reconnaissance des lieux, force est de constater qu'il n'y a rien d'important qui mérite d'être détruit par l’Allemand ou récupéré par le civil français.  
Les petits courent parfois loin derrière les grands, les filles ne suivent pas... prudentes... affaire d'hommes! Après reconnaissance des lieux, force est de constater qu'il n'y a rien d'important qui mérite d'être détruit par l’Allemand ou récupéré par le civil français.  
Jean Pinel repart avec un fût de 200 litres plein de quelque chose, il le roule à toute allure sur la route en le poussant vers le bourg.  
Jean Pinel repart avec un fût de 200 litres plein de quelque chose, il le roule à toute allure sur la route en le poussant vers le bourg.  
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Les rubans servent à localiser, sur le front, un chemin ouvert à travers un champ de mines et les fanions à indiquer les mines découvertes encore en place.  
Les rubans servent à localiser, sur le front, un chemin ouvert à travers un champ de mines et les fanions à indiquer les mines découvertes encore en place.  
Je suis vraiment déçu de mes trouvailles. J’imaginais découvrir un plus beau et grand trésor. J'emporte des rouleaux de ruban qui ne profiteront qu'aux filles. Le lendemain elles ont toutes des rubans jaunes dans les cheveux. Jeanine et Gaby Trincar ne sont pas en reste. Ah! les filles, elles en ont été si longtemps privées de jolis rubans.  
Je suis vraiment déçu de mes trouvailles. J’imaginais découvrir un plus beau et grand trésor. J'emporte des rouleaux de ruban qui ne profiteront qu'aux filles. Le lendemain elles ont toutes des rubans jaunes dans les cheveux. Jeanine et Gaby Trincar ne sont pas en reste. Ah! les filles, elles en ont été si longtemps privées de ces jolis rubans.  


'''''Panique! L'Allemand revient'''''
'''''Panique! L'Allemand revient'''''
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