« Cleunay » : différence entre les versions

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'''Cleunay''' est la partie ouest du [[quartier Cleunay-Arsenal Redon]]. Cleunay vient de l’ancien français « clos naye » signifiant clos noyé. cette partie de la ville était régulièrement inondée jusqu'à l'automne [[1974]], avant que la ville de Rennes n'effectuât des travaux sur la [[Vilaine]]<ref>Sources : [[Le Pont 9 - La voix des habitants d'Arsenal-Redon-Cleunay]]-numéro 18, décembre 2010, page 2, article de Jean Quéniard "Aux origines de Cleunay : L'eau"</ref>.
'''Cleunay''' est la partie ouest du [[quartier Cleunay-Arsenal Redon]]. Cleunay vient du gallo « clos naye » signifiant clos noyé. cette partie de la ville était régulièrement inondée jusqu'à l'automne [[1974]], avant que la ville de Rennes n'effectuât des travaux sur la [[Vilaine]]<ref>Sources : [[Le Pont 9 - La voix des habitants d'Arsenal-Redon-Cleunay]]-numéro 18, décembre 2010, page 2, article de Jean Quéniard "Aux origines de Cleunay : L'eau"</ref>. Le village de Cleunay est mentionné dès 1153 comme existant déjà depuis longtemps "pretermissis antiquis cassamentis veteris ville Cloonei" (Pouillé de Rennes) : il relevait de l'[[Abbaye Saint-Georges de Rennes]] puis du Chapitre de Rennes.   




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=== Les calvinistes rennais au 16e siècle===
=== Les calvinistes rennais au 16e siècle===
Au 16e siècle le culte protestant de l'Eglise Réformée avait pris place à l'entrée de la [[rue Saint-Hélier]], en bordure du chemin du moulin de Saint-Hélier, au manoir de Bouzillé, propriété de messire Escoufflart de Mesmenier, huguenot, qui accueillait ses coreligionnaires dans sa grande salle, premier temple protestant de Rennes <ref> ''Au long de la voie douloureuse...'' L. B. Ouest-Eclair, 17 juillet 1944</ref> où, en 1560, les calvinistes n'étaient qu'une soixantaine, ce qui n'empêchait pas une haine populaire de se manifester contre eux, avec par exemple des placards menaçants représentant une potence et une cage contenant un homme, tel celui affiché à la porte d'un membre du consistoire,le médecin Melot. Mais il n'y eut pas de Saint-Barthélémy à Rennes. <ref> ''Histoire de Rennes,'' p.236, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845 </ref>
Au 16e siècle le culte protestant de l'Eglise Réformée avait pris place à l'entrée de la [[rue Saint-Hélier]], en bordure du chemin du moulin de Saint-Hélier, au manoir de Bouzillé, propriété de messire Escoufflart de Mesmenier, huguenot, qui accueillait ses coreligionnaires dans sa grande salle, premier temple protestant de Rennes<ref>''Au long de la voie douloureuse...'' L. B. Ouest-Eclair, 17 juillet 1944</ref> où, en 1560, les calvinistes n'étaient qu'une soixantaine, ce qui n'empêchait pas une haine populaire de se manifester contre eux, avec par exemple des placards menaçants représentant une potence et une cage contenant un homme, tel celui affiché à la porte d'un membre du consistoire, le médecin Melot. En [[Juillet 1560 : pluie et protestants boucs émissaires]] vont de pair et l'on va sus au manoir de Bouzillé que l'on espérait écroulé dans la [[Vilaine]]. Le 25 juillet 1560, le manoir fut pillé et son propriétaire jeté en prison<ref> ''Histoire de Rennes,'' p.239, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845</ref>. Mais il n'y eut pas de Saint-Barthélémy à Rennes, la force armée ayant empêché des attaques contre des domiciles de protestants<ref>''Histoire de Rennes'', p.236, Émile Ducrest de Villeneuve et D. Maillet. Edouard Morault, libraire. Rennes - 1845</ref>. Toutefois on constate que, les protestants ayant réclamé, conformément au nouvel édit de tolérance, un lieu de culte, le roi Charles IX, à la requête des Rennais, défendit "l'exercice de la nouvelle et prétendue religion dréformée dans ladicte ville et fauxbourgs".


===Le temple protestant à Cleunay au 17 e siècle===
===Le temple protestant à Cleunay au 17 e siècle===


Le village de Cleunay est mentionné dès [[1153]] comme existant déjà depuis longtemps "pretermissis antiquis cassamentis veteris ville Cloonei" (Pouillé de Rennes) : il relevait de l'Abbaye de Saint-Georges puis du Chapitre de Rennes et fut le lieu de réunion des Calvinistes<ref> infobretagne.com</ref>.
Le village de Cleunay est mentionné dès [[1153]] comme existant déjà depuis longtemps "pretermissis antiquis cassamentis veteris ville Cloonei" (Pouillé de Rennes) : il relevait de l'Abbaye de Saint-Georges puis du Chapitre de Rennes et fut le lieu de réunion des Calvinistes<ref>infobretagne.com</ref>.
[[Fichier:Temple_Cleunay.jpg|600px|left|thumb|Comment un voyageur, Dubuisson-Aubenay, voit  Cleunay en 1636 <ref>Itinéraire de Bretagne en 1636. Archives de Bretagne. Publié par la société des bibliophiles bretons t.9 p 14 - 1898</ref>]]


Au 17 e siècle les protestants y disposaient d'un temple qui fut l'objet de l'ire des catholiques et sera démoli quatre fois en cinquante ans ! Ainsi, le 14 juillet [[1651]] "la presche des huguenots à Cleuné" fut il brûlé et rasé par un mouvement populaire, en représailles des coups de pistolet tirés par un noble protestant, Amaury Gouyon, marquis de la Moussaye, sur des gens au boulevard de Toussaints. Il fut reconstruit avec "défense d'y toucher sous peine de la vie"... Las, dix ans plus tard, il fut à nouveau incendié en janvier [[1661]] par le peuple en colère, un protestant nommé Caillon ayant refusé d'avouer le vol d'un calice et de livrer ses complices. Le bourgeois rennais René Duchemin écrivait à ce propos dans son journal:
Au 17 e siècle les protestants y disposaient d'un temple qui fut l'objet de l'ire des catholiques et sera démoli quatre fois en cinquante ans ! Ainsi, le dimanche 14e jour dudict moys de juin 1654, Amaury Gouyon dict Marquis de la Moussays, assisté de vingt ou trente aultres religionnaires, furent à leur presche, à Cleusné, montez à cheval, armez d'espées et pistolletz, et en tenoient chascun un à la main; et parce qu'ilz en tirèrent quatre à cincq coups sur des personnes qui estoient sur le boulevart de Toussaincts, le simple peuple s'esmeut et alla mettre le feu dans leur presche, en sorte qu'il fut tout bruslé et arrazé et leur pavillon.  <ref> Journal d'un bourgeois de Rennes au XVIIe siècle </ref>Il fut reconstruit avec "défense d'y toucher sous peine de la vie"... Las, dix ans plus tard, il fut à nouveau incendié en janvier [[1661]] par le peuple en colère, un protestant nommé Caillon ayant refusé d'avouer le vol d'un calice et de livrer ses complices. Le bourgeois rennais René Duchemin écrivait à ce propos dans son journal:
"Le 7 janvier, au grand bout de Cohue, il fut pendu et brûlé un nommé Caillon, hérétique, et l'un des coupables des sacrilèges faits par ceux de la maison de la Roche-Giffart, lequel Caillon mourut dans son hérésie et ne voulut déclarer aucune chose de ce qui s'était passé et ainsi sauva ses autres complices ; de quoi le simple peuple s'étant indigné, ils furent le même jour au soir mettre le feu au prêche de Cleunay qui fut tout brûlé"<ref>''Journal d'un bourgeois de Rennes au 17e siècle'', Ed. Apogée, Rennes, 1992, p. 143.</ref><ref>''Un certain regard sur Rennes au XVII e siècle'', par Floriane Machard. Bulletin et mémoires de la Société archéologique & historique d'Ille-et-Vilaine. tome CXVIII - 2014</ref>. Le 25 avril [[1675]], lors de la [[révolte du papier timbré]], le temple protestant est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de "la religion". Après la révocation de l'édit de Nantes le temple fut à nouveau détruit en [[1685]]. Les registres de la paroisse protestante du temple de Cleunay / Cleusné de Rennes couvrent la période de 1663 à 1685 pour les baptêmes, 1645 à 1685 pour les mariages et 1668 à 1685 pour les sépultures. Pour la période 1645-1685, les Archives de Rennes conservent les registres du temple protestant de Cleunay.
"Le 7 janvier, au grand bout de Cohue, il fut pendu et brûlé un nommé Caillon, hérétique, et l'un des coupables des sacrilèges faits par ceux de la maison de la Roche-Giffart, lequel Caillon mourut dans son hérésie et ne voulut déclarer aucune chose de ce qui s'était passé et ainsi sauva ses autres complices ; de quoi le simple peuple s'étant indigné, ils furent le même jour au soir mettre le feu au prêche de Cleunay qui fut tout brûlé"<ref>''Journal d'un bourgeois de Rennes au 17e siècle'', Ed. Apogée, Rennes, 1992, p. 143.</ref><ref>''Un certain regard sur Rennes au XVII e siècle'', par Floriane Machard. Bulletin et mémoires de la Société archéologique & historique d'Ille-et-Vilaine. tome CXVIII - 2014</ref>. Le 25 avril [[1675]], lors de la [[révolte du papier timbré]], le temple protestant est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de "la religion". Après la révocation de l'édit de Nantes le temple fut à nouveau détruit en [[1685]]. Les registres de la paroisse protestante du temple de Cleunay / Cleusné de Rennes couvrent la période de 1663 à 1685 pour les baptêmes, 1645 à 1685 pour les mariages et 1668 à 1685 pour les sépultures. Pour la période 1645-1685, les Archives de Rennes conservent les registres du temple protestant de Cleunay.
[[Fichier:Cleunay_1950.png|300px|right|thumb|Le quartier de Cleunay en 1950. Au nord l'usine à gaz, près du [[boulevard Voltaire]], au centre la rue Champion de Cicé (de ''Géobretagne'IGN BD ORTHO Historique)]][[Fichier:Cleunay_depuis_la_Vilaine.png|left|thumb|400px|Le quartier de Cleunay, vu de la Vilaine (''Archives de Rennes.255FI423'')]]
[[Fichier:Cleunay_usine_%C3%A0_gaz.png|left|400px|thumb|Le même quartier en 2016]]


Le quotidien rennais [[L'Ouest-Éclair]] nous donne quelques explications sur la vie au sein du village de Cleuné en 1901, dans un article traitant d'un meurtre :  
Le quotidien rennais [[L'Ouest-Éclair]] nous donne quelques explications sur la vie au sein du village de Cleuné en 1901, dans un article traitant d'un meurtre :  
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''Cette dernière se trouve droite en venant de Rennes. Elle est au bord de la route. L'auberge Neveu est située à trente mètres plus haut, du côté opposé. Ce sont deux forts occupés par des ennemis d'où les observations sont des plus faciles.''|auteur=L'Ouest-Eclair|origine=Numéro du 12 mars 1901|collecteur=Manu35|date=2018}}
''Cette dernière se trouve droite en venant de Rennes. Elle est au bord de la route. L'auberge Neveu est située à trente mètres plus haut, du côté opposé. Ce sont deux forts occupés par des ennemis d'où les observations sont des plus faciles.''|auteur=L'Ouest-Eclair|origine=Numéro du 12 mars 1901|collecteur=Manu35|date=2018}}


[[Fichier:Cleunay_1950.png|300px|right|thumb|Le quartier de Cleunay en 1950. Au nord l'usine à gaz, près du [[boulevard Voltaire]], au centre la rue Champion de Cicé (de ''Géobretagne'IGN BD ORTHO Historique)]][[Fichier:Cleunay_depuis_la_Vilaine.png|left|thumb|400px|Le quartier de Cleunay, vu de la Vilaine (''Archives de Rennes.255FI423'')]]
[[Fichier:Cleunay_usine_%C3%A0_gaz.png|left|400px|thumb|Le même quartier en 2016]]


===L'époque contemporaine===
===L'époque contemporaine===
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