« Conciliabules, rue de Corbin, pour un réduit breton » : différence entre les versions

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==== La Bretagne en dernière forteresse ? Idée de Reynaud ou de de Gaulle ?====
==== La Bretagne en dernière forteresse ? Idée de Reynaud ou de de Gaulle ?====
Le "réduit breton" était un projet de concentration en Bretagne des forces, durant la bataille de France, dans le but de conserver le gouvernement sur le territoire métropolitain. Pour permettre de continuer la lutte sur le territoire français, Paul Reynaud envisagea, dès le 7 juin, la création d'un point de fixation dans le Massif central et un réduit breton : sur la péninsule qui ne serait à défendre que du côté est avec, à l’autre bout, le port militaire de Brest, assez proche de l'Angleterre. Il écrit, le 10 juin à Weygand : ''Un tel réduit situé à proximité de l'Angleterre, qui nous enverrait des troupes et du ravitaillement, et à la défense duquel l'aviation britannique pourrait concourir, nous permettrait de maintenir au profit des Alliés, le plus longtemps possible, une tête de pont sur le continent européen placé sous la domination allemande et de continuer à diriger la guerre navale et aérienne et terrestre, notamment en Méditerranée et en Afrique du Nord. Si nous échouions, si nous devions être arrachés de vive force du centre du territoire métropolitain et du rocher breton, nous aurions montré à notre peuple et au monde que nous avons lutté jusqu'à la dernière extrémité pour nous maintenir en arme sur la terre de France...'' <ref> ''Année 40 - Londres, de Gaulle, Vichy'' p. 17. Jacques Laurent - La Table Ronde</ref>  
Le "réduit breton" était un projet de concentration en Bretagne des forces, durant la bataille de France, dans le but de conserver le gouvernement sur le territoire métropolitain. Pour permettre de continuer la lutte sur le territoire français, Paul Reynaud envisagea, dès le 7 juin, la création d'un point de fixation dans le Massif central et un réduit breton : sur la péninsule qui ne serait à défendre que du côté est avec, à l’autre bout, le port militaire de Brest, assez proche de l'Angleterre. Il écrit, le 10 juin à Weygand : ''Un tel réduit situé à proximité de l'Angleterre, qui nous enverrait des troupes et du ravitaillement, et à la défense duquel l'aviation britannique pourrait concourir, nous permettrait de maintenir au profit des Alliés, le plus longtemps possible, une tête de pont sur le continent européen placé sous la domination allemande et de continuer à diriger la guerre navale et aérienne et terrestre, notamment en Méditerranée et en Afrique du Nord. Si nous échouions, si nous devions être arrachés de vive force du centre du territoire métropolitain et du rocher breton, nous aurions montré à notre peuple et au monde que nous avons lutté jusqu'à la dernière extrémité pour nous maintenir en arme sur la terre de France...'' <ref> ''Année 40 - Londres, de Gaulle, Vichy'' p. 17. Jacques Laurent - La Table Ronde</ref> Mme de Portes, sa maîtresse, lui aurait dit :" Voulez-vous vous ridiculiser ? Quant à moi, je n'irai pas coucher dans les lits à colonnes des Bretons... il ferait mieux, votre de Gaulle, d'aller contre-attaquer quelque part avec ses chars" <ref>''Le peuple du désastre''.Henri Amouroux. p. 110 RobertLaffont, Paris - 1976</ref>
[[Fichier:Carte_Bretagne.png|250px|left|thumb|Les 2 lignes de défense d'un réduit breton avec Quimper, siège du gouvernement]]
[[Fichier:Carte_Bretagne.png|250px|left|thumb|Les 2 lignes de défense d'un réduit breton avec Quimper, siège du gouvernement]]
La ligne de défense envisagée passait par le Couesnon au nord, puis les villes de Saint-Aubin-du-Cormier, Châteaubourg, Janzé, Bain-de-Bretagne et Redon pour se terminer au sud par le cours de la [[Vilaine]]. Quimper serait le siège du gouvernement, à l’extrémité de la péninsule transformée en place-forte inexpugnable, la Bretagne, en base de reconquête militaire du territoire mais en cas d'invasion des troupes allemandes, le gouvernement n'aurait eu d'autre solution que de prendre la mer, écrira de Gaulle. Le Quimpérois Gwenn-Aël Bolloré (un des 177 fusiliers marins du commando Kieffer qui débarquera en Normandie) raconte dans ses souvenirs de guerre : « ''On parlait à la radio du réduit breton et quelques velléités de ce genre durent prendre corps, puisque notre villa fut réquisitionnée pour loger une partie du gouvernement. En l'occurrence, nous allions héberger Paul Reynaud.''" Étudié dans l'urgence, ce dispositif n'a pu être mis en place avant la signature de l’armistice le 22 juin. La rapide avancée des Allemands, combinée à la désorganisation des troupes en pleine débâcle et à l'impossibilité de construire une véritable ligne de défense en peu de temps derrière une région où avait afflué plus d'un million de réfugiés, font que le projet de réduit breton fit long feu.  
La ligne de défense envisagée passait par le Couesnon au nord, puis les villes de Saint-Aubin-du-Cormier, Châteaubourg, Janzé, Bain-de-Bretagne et Redon pour se terminer au sud par le cours de la [[Vilaine]]. Quimper serait le siège du gouvernement, à l’extrémité de la péninsule transformée en place-forte inexpugnable, la Bretagne, en base de reconquête militaire du territoire mais en cas d'invasion des troupes allemandes, le gouvernement n'aurait eu d'autre solution que de prendre la mer, écrira de Gaulle. Le Quimpérois Gwenn-Aël Bolloré (un des 177 fusiliers marins du commando Kieffer qui débarquera en Normandie) raconte dans ses souvenirs de guerre : « ''On parlait à la radio du réduit breton et quelques velléités de ce genre durent prendre corps, puisque notre villa fut réquisitionnée pour loger une partie du gouvernement. En l'occurrence, nous allions héberger Paul Reynaud.''" Étudié dans l'urgence, ce dispositif n'a pu être mis en place avant la signature de l’armistice le 22 juin. La rapide avancée des Allemands, combinée à la désorganisation des troupes en pleine débâcle et à l'impossibilité de construire une véritable ligne de défense en peu de temps derrière une région où avait afflué plus d'un million de réfugiés, font que le projet de réduit breton fit long feu.  
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