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[[Fichier:Tramways.jpeg|300px|left|thumb|Les "baladeuses", place de la gare, tramways à la disposition des visiteurs à Rennes pour le procès de Dreyfus]]
[[Fichier:Tramways.jpeg|300px|left|thumb|Les "baladeuses", place de la gare, tramways à la disposition des visiteurs à Rennes pour le procès de Dreyfus]]
Pour les étrangers la ville de Rennes a  d'avance une  mauvaise réputation inoculée par le guide ''Murray'' d'Augustus Hare qui, dès 1865, mais toujours en 1895, juge ainsi Rennes : "L'ancienne capitale de la Bretagne se distingue maintenant comme la ville la plus morne, et presque la plus laide des villes françaises. Non seulement ses larges rues sans caractère ne présentent aucun intérêt mais elles  l'emportent en matière de marasme monotone. Il n'y a pas de vie ni mouvement à Rennes et rien d'intéressant à y voir."<ref> North-Western France. Augustus J. C. Hare. p.216-7, George Allen - 1895</ref> De fait, Les impressions de ces visiteurs par devoir furent proches de celles proposées par les guides : Louis Rogés, auteur d'un reportage avec photos sur le procès, trouve la ville  "indifférente et terne"<ref>''Histoire de Rennes'' par Xavier Ferrieu, ''Les Universels Gisserot'', Paris - [[2000]]</ref>, la "reporteresse" Séverine<ref>''Rennes pendant le procès Dreyfus'' par [[Colette Cosnier]], édition Ouest-France, Rennes - [[1984]]</ref> aimerait partir  "loin de la cité monastique, de la ville neuve aux mornes murailles blanches, de la vieille ville aux mornes murailles noires; loin des couvents, loin des casernes, loin de la [[ Vilaine]] aux eaux troubles..."  tandis que Jules Claretie note : " En 1899, Rennes n'a rien qui puisse charmer les Parisiens... si ce n'est le [[Parc du Thabor|Thabor]] où le Tout-procès se retrouve après les audiences", Thabor dont Barrès apprécie les beaux arbres. Le journaliste Jean-Bernard cherche vainement des distractions dans "Rennes la placide" et trouve que les deux cafés-concerts, ''l'Eden'' et ''l'Alcazar'', rappellent de "méchants bouibouis parisiens";  le même dénigre le musée avec "ses copies en plâtre".
Pour les étrangers la ville de Rennes a  d'avance une  mauvaise réputation inoculée par le guide ''Murray'' d'Augustus Hare qui, dès 1865, mais toujours en 1895, juge ainsi Rennes : "L'ancienne capitale de la Bretagne se distingue maintenant comme la ville la plus morne, et presque la plus laide des villes françaises. Non seulement ses larges rues sans caractère ne présentent aucun intérêt mais elles  l'emportent en matière de marasme monotone. Il n'y a pas de vie ni mouvement à Rennes et rien d'intéressant à y voir."<ref> North-Western France. Augustus J. C. Hare. p.216-7, George Allen - 1895</ref> De fait, Les impressions de ces visiteurs par devoir furent proches de celles proposées par les guides : Louis Rogés, auteur d'un reportage avec photos sur le procès d'[[Alfred Dreyfus à Rennes]], trouve la ville  "indifférente et terne"<ref>''Histoire de Rennes'' par Xavier Ferrieu, ''Les Universels Gisserot'', Paris - [[2000]]</ref>, la "reporteresse" Séverine<ref>''Rennes pendant le procès Dreyfus'' par [[Colette Cosnier]], édition Ouest-France, Rennes - [[1984]]</ref> aimerait partir  "loin de la cité monastique, de la ville neuve aux mornes murailles blanches, de la vieille ville aux mornes murailles noires; loin des couvents, loin des casernes, loin de la [[ Vilaine]] aux eaux troubles..."  tandis que Jules Claretie note : " En 1899, Rennes n'a rien qui puisse charmer les Parisiens... si ce n'est le [[Parc du Thabor|Thabor]] où le Tout-procès se retrouve après les audiences", Thabor dont Barrès apprécie les beaux arbres. Le journaliste Jean-Bernard cherche vainement des distractions dans "Rennes la placide" et trouve que les deux cafés-concerts, ''l'Eden'' et ''l'Alcazar'', rappellent de "méchants bouibouis parisiens";  le même dénigre le musée avec "ses copies en plâtre".
[[Fichier:Rennes_pendant_le_proc%C3%A8s.gif|250px|center|thumb|L'''Ouest-Eclair'' du 24 août dénonce la présentation parisienne de la ville de Rennes]]http://www.wiki-rennes.fr/Sp%C3%A9cial:Nouveaux_fichiers
[[Fichier:Rennes_pendant_le_proc%C3%A8s.gif|250px|center|thumb|L'''Ouest-Eclair'' du 24 août dénonce la présentation parisienne de la ville de Rennes]]http://www.wiki-rennes.fr/Sp%C3%A9cial:Nouveaux_fichiers
Et la presse s'y met. Le journal ''La Fronde'' du 10 septembre trouve la population "en grande partie égoïste et rétrograde" et la presse rennaise s'offusquera bien sûr de ces jugements parisiens ou marseillais. Ainsi ''[[Le Petit Rennais]]'', sous le titre  "Rennes jugé par un Marseillais", s'en prend au ''Petit Marseillais'' qui donne à lire aux Phocéens :
[[Fichier:Petits_%C3%A9chos.gif|250px|right|thumb|L'''Ouest-Eclair'' du 5 septembre 1899 fait état de gens pas pressés, les bateliers, et des gens pressés en butte aux  incommodités du lycée en matière de lieux d'aisance]]
[[Fichier:Petits_%C3%A9chos.gif|250px|center|thumb|L'''Ouest-Eclair'' du 5 septembre 1899 fait état de gens pas pressés, les bateliers, et des gens pressés en butte aux  incommodités du lycée en matière de lieux d'aisance]]
À la veille de la naissance de [[ L'Ouest-Éclair ]], le lecteur rennais a le choix entre pas moins de quatre quotidiens et de huit hebdomadaires :
les quotidiens : ''Le Journal de Rennes'', ''Le Patriote Breton'', ''Le Petit Rennais'', ''L’Avenir de Rennes'', et les  hebdomadaires : ''Le Courrier de Rennes'', ''Le Patriote hebdomadaire'', ''Le Bonhomme Breton'', ''La Dépêche Bretonne'', ''L’Avenir hebdomadaire'', ''L’Écho de l’Ouest'', ''Le Courrier Breton'', ''Les Nouvelles rennaises.'' <ref>  ''La presse rennaise sous la IIIe République''.  Cardot Charles Antoine  </ref>
Mais ceux des Rennais qui lisent la presse extérieure vont constater comment leur ville est considérée. Le journal ''La Fronde'' du 10 septembre trouve la population "en grande partie égoïste et rétrograde" et la presse rennaise s'offusquera bien sûr de ces jugements parisiens ou marseillais. Ainsi ''[[Le Petit Rennais]]'', sous le titre  "Rennes jugé par un Marseillais", s'en prend au ''Petit Marseillais'' qui donne à lire aux Phocéens :
 
''La première impression du touriste quand il débarque à Rennes est la tristesse, la tristesse immense quand il sort de la gare pour tomber sur un immense champ de manœuvres généralement désert. Le spleen ne le quitte plus désormais, à travers les rues où ne règne aucune animation, où les gens semblent tous atteints d'un incurable mutisme, où le promeneur lui-même paraît compter ses pas. Il y a dans cette ville silencieuse et morne comme une hostilité ambiante à tout ce qui est procès, à tout ce qui est nouveau. Les habitants sont généralement solennels, très sur la défensive. Rennes est peut-être la seule ville de France où les tramways électriques <ref>[[Tramways]]</ref> ne fassent pas de très brillantes affaires, signe certainement de résistance aux innovations...'' <ref>''Rennes pendant le procès Dreyfus'' par [[Colette Cosnier]], édition Ouest-France, Rennes - [[1984]]</ref>
''La première impression du touriste quand il débarque à Rennes est la tristesse, la tristesse immense quand il sort de la gare pour tomber sur un immense champ de manœuvres généralement désert. Le spleen ne le quitte plus désormais, à travers les rues où ne règne aucune animation, où les gens semblent tous atteints d'un incurable mutisme, où le promeneur lui-même paraît compter ses pas. Il y a dans cette ville silencieuse et morne comme une hostilité ambiante à tout ce qui est procès, à tout ce qui est nouveau. Les habitants sont généralement solennels, très sur la défensive. Rennes est peut-être la seule ville de France où les tramways électriques <ref>[[Tramways]]</ref> ne fassent pas de très brillantes affaires, signe certainement de résistance aux innovations...'' <ref>''Rennes pendant le procès Dreyfus'' par [[Colette Cosnier]], édition Ouest-France, Rennes - [[1984]]</ref>


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