« Grâce au Dr Colas-Pelletier les bombardiers américains ne frappèrent pas Rennes les 2 et 3 août 1944 » : différence entre les versions

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=== 3 août, la situation exposée au général Wood ===
=== 3 août, la situation exposée au général Wood ===
Il faut informer les Américains de la topographie de la défense allemande qui a augmenté. Après un nouveau contact avec le général Le Vigan et M. Hec, le docteur, pour la 3e fois, et M. Bourdin réussissent à franchir les zones dangereuses mais sur place les chars ne sont plus là. En suivant, sur quelques kilomètres à l’ouest, leurs traces marquées dans le sol,  ils finissent par rencontrer une sentinelle alliée.
Il faut informer les Américains de la topographie de la défense allemande qui a augmenté. Après un nouveau contact avec le général Le Vigan et M. Hec, le docteur, pour la 3e fois, et M. Bourdin réussissent à franchir les zones dangereuses mais sur place les chars ne sont plus là. En suivant, sur quelques kilomètres à l’ouest, leurs traces marquées dans le sol,  ils finissent par rencontrer une sentinelle alliée.
« Un mot que m’avait remis le capitaine facilite la présentation et je suis dirigé vers un talus derrière lequel se trouve un officier qui porte une croix d’argent sur le casque, puis, auprès d’une ferme où un sergent du nom de La Rochelle, entend mes déclarations et les transmet à ses chefs ; de là, une jeep me conduit plus loin, et je me trouve bientôt transporté au milieu de camions pleins de soldats. Enfin, après avoir dépassé des batteries qui tirent des obus sans discontinue, j’arrive auprès d’un bâtiment où je prends contact avec un médecin, un dentiste américain, et un officier d’état-major quelques minutes plus tard ; ce dernier me présente au général et j’ai l’honneur d’exposer ma mission. Sur une carte topographique qu’il a dépliée devant moi, j’indique, toujours en langue anglaise, les emplacements de troupes, de mines, de canons, de tanks, de mitrailleuses, que j’avais repérés, et le général, à l’aide d’un crayon rouge, note les endroits indiqués. Je suis mis en présence d’un officier spécialisé dans le choix des obus destinés aux différents blindages des tanks allemands, et présenté à un autre officier chargé des mines.
« Un mot que m’avait remis le capitaine facilite la présentation et je suis dirigé vers un talus derrière lequel se trouve un officier qui porte une croix d’argent sur le casque, puis, auprès d’une ferme où un sergent du nom de La Rochelle, entend mes déclarations et les transmet à ses chefs ; de là, une jeep me conduit plus loin, et je me trouve bientôt transporté au milieu de camions pleins de soldats. Enfin, après avoir dépassé des batteries qui tirent des obus sans discontinuer, j’arrive auprès d’un bâtiment où je prends contact avec un médecin, un dentiste américain, et un officier d’état-major quelques minutes plus tard ; ce dernier me présente au général et j’ai l’honneur d’exposer ma mission. Sur une carte topographique qu’il a dépliée devant moi, j’indique, toujours en langue anglaise, les emplacements de troupes, de mines, de canons, de tanks, de mitrailleuses, que j’avais repérés, et le général, à l’aide d’un crayon rouge, note les endroits indiqués. Je suis mis en présence d’un officier spécialisé dans le choix des obus destinés aux différents blindages des tanks allemands, et présenté à un autre officier chargé des mines.
Avant de prendre congé, j’apprends que l’attaque aura lieu le jour suivant. C’est au retour, sur la route d’[[Acigné]], que nous avons été arrêtés par un groupe de soldats allemands. Sous la menace des fusils, nous avons dû nous laisser fouiller brutalement, mais notre mission était terminée. »
Avant de prendre congé, j’apprends que l’attaque aura lieu le jour suivant. C’est au retour, sur la route d’[[Acigné]], que nous avons été arrêtés par un groupe de soldats allemands. Sous la menace des fusils, nous avons dû nous laisser fouiller brutalement, mais notre mission était terminée. »


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Le capitaine Brady n'avait pas participé le 1er août au sanglant affrontement de Maison-Blanche, la compagnie D
Le capitaine Brady n'avait pas participé le 1er août au sanglant affrontement de Maison-Blanche, la compagnie D
qu'il commandait au 35e bataillon de chars n'ayant pas été engagée. Ses chars Sherman ont été envoyés dans la nuit du 1er au 2 de Betton à ce secteur de Fouillard en base de départ en vue d'un éventuel essai de pénétration, vite abandonné.
qu'il commandait au 35e bataillon de chars n'ayant pas été engagée. Ses chars Sherman M4 ont été envoyés dans la nuit du 1er au 2 de Betton à ce secteur de Fouillard en base de départ en vue d'un éventuel essai de pénétration, vite abandonné.
Les Américains sont méfiants: le capitaine demande l'identité mais le dialogue s'établit sympathique et il donne son origine new-yorkaise; l'état-major demande une confirmation officielle à la Résistance et des renseignements complémentaires. Le capitaine est autorisé à annoncer un bombardement à midi, justifiant ainsi l'urgence de renseignements complémentaires fiables.   
Les Américains sont méfiants: le capitaine demande l'identité mais le dialogue s'établit sympathique et il donne son origine new-yorkaise; l'état-major demande une confirmation officielle à la Résistance et des renseignements complémentaires. Le capitaine est autorisé à annoncer un bombardement à midi, justifiant ainsi l'urgence de renseignements complémentaires fiables.   


Le 3 après-midi, le docteur Colas-Pelletier constate l'absence des chars: la compagnie D fait partie du groupe de combat A qui, tôt le matin, est parti de Saint-Aubin d'Aubigné pour amorcer un contournement de Rennes par l'ouest. C'est en suivant la voie ferrée du [[T.I.V.]] le long de la route de Fougères puis une voie reliant [[ Le dépôt de munitions de Fouillard]]  à Betton que le Dr Colas-Pelletier a pu joindre  des éléments américains : une sentinelle, un sergent, un aumônier, puis le général Wood.
Le 3 après-midi, le docteur Colas-Pelletier constate l'absence des chars: la compagnie D fait partie du groupe de combat A qui, tôt le matin, est parti de Saint-Aubin d'Aubigné pour amorcer un contournement de Rennes par l'ouest. C'est en suivant la voie ferrée du [[T.I.V.]] le long de la route de Fougères puis une voie reliant [[ Le dépôt de munitions de Fouillard]]  à Betton que le Dr Colas-Pelletier a pu joindre  des éléments américains : une sentinelle, un sergent, un aumônier, puis le général Wood.


Les renseignements fournis lors de la rencontre  avec le général, à la ferme de la  Guinebaudière, à l'est de Maison-Blanche, ont dû conforter le chef de la 4e division blindée dans sa décision d'attendre l'infanterie, sachant par le système ULTRA que, malgré les renforts arrivés à Rennes le 2 au soir, les Allemands n'ont pas l'intention de faire de Rennes une place forte où il  leur faudrait résister coûte que coûte. Le 13e régiment d'infanterie enfin disponible, le général lancera une attaque le 3 en début de soirée au-delà de Saint-Laurent, dans le secteur des Gantelles, cause d'un affrontement sanglant non décisif. Le général, par prudence et défiance, avait tu  ce projet et s'était borner à indiquer  au docteur que l'attaque aurait lieu le lendemain 4. Au courant ou pas de cette décision, las d'attendre, Pierre Herbart, "pseudo" Le Vigan à rennes, été 44. va lancer les actions de prise en main des commandes administratives de Rennes, dès la fin d'après-midi du 3, en arrêtant les préfets régional et départemental et en chassant le maire.
Les renseignements fournis lors de la rencontre  avec le général, à la ferme de la  Guinebaudière, à l'est de Maison-Blanche, ont dû conforter le chef de la 4e division blindée dans sa décision d'attendre l'infanterie, sachant par le système ULTRA que, malgré les renforts arrivés à Rennes le 2 au soir, les Allemands n'ont pas l'intention de faire de Rennes une place forte où il  leur faudrait résister coûte que coûte. Le 13e régiment d'infanterie enfin disponible, le général lancera une attaque le 3 en début de soirée au-delà de Saint-Laurent, dans le secteur des Gantelles, cause d'un affrontement sanglant non décisif. Le général s'était borné à indiquer  au docteur que l'attaque aurait lieu le lendemain 4. Au courant ou pas de cette décision, las d'attendre, Pierre Herbart, "pseudo" Le Vigan à rennes, été 44. va lancer les actions de prise en main des commandes administratives de Rennes, dès la fin d'après-midi du 3, en arrêtant les préfets régional et départemental et en chassant le maire.


Dans l'après-midi du jeudi 3 août,  Pierre Herbart  dit à Maurice Delarue:"Les Américains seront ici demain. Il n'y a plus de temps à  perdre." <ref> ''Pierre Herbart, "pseudo" Le Vigan à Rennes, été 44.'' p. 496. Pierre Delarue, Bulletin des Amis d'André Gide - oct. 1992</ref> Or dans son ouvrage "La ligne de Force" Herbart avait écrit que, malgré l'envoi d'émissaires aux Américains, il était dans l'incertitude totale quant à leur arrivée à Rennes :" Avec les Américains, c'était difficile de prévoir. Ils campaient à cinq kilomètres de la ville et ne se décidaient pas à entrer. J'avais beau leur envoyer des estafettes munies de suppliques, ils me faisaient répondre OK, c'est tout. J'avais une frousse intense." <ref>''La ligne de force'' p 142/143. Pierre Herbart. Gallimard  1980</ref> Delarue indique que Herbart avait envoyé un de ses proches, Fabre dit "Claude", quêter des renseignements aux Américains.
Dans l'après-midi du jeudi 3 août,  Pierre Herbart  dit à Maurice Delarue:"Les Américains seront ici demain. Il n'y a plus de temps à  perdre." <ref> ''Pierre Herbart, "pseudo" Le Vigan à Rennes, été 44.'' p. 496. Pierre Delarue, Bulletin des Amis d'André Gide - oct. 1992</ref> Or dans son ouvrage "La ligne de Force" Herbart avait écrit que, malgré l'envoi d'émissaires aux Américains, il était dans l'incertitude totale quant à leur arrivée à Rennes :" Avec les Américains, c'était difficile de prévoir. Ils campaient à cinq kilomètres de la ville et ne se décidaient pas à entrer. J'avais beau leur envoyer des estafettes munies de suppliques, ils me faisaient répondre OK, c'est tout. J'avais une frousse intense." <ref>''La ligne de force'' p 142/143. Pierre Herbart. Gallimard  1980</ref> Delarue indique que Herbart avait envoyé un de ses proches, Fabre dit "Claude", quêter des renseignements aux Américains.


Le colonel Pierre de Chevigné, délégué militaire, écrira avoir rencontré le général Wood dès le 1er août après-midi. "Son objectif était de tuer le moins de GI possible et de rentrer dans Rennes. je lui ai demandé de retarder de quelques heures le bombardement". <ref> ''Avec de Gaulle.''vol. 1 La guerre et la Libération. Témoignages. Fondation et institut Charles de Faulle. Nouveau Monde éditions</ref>
Le colonel Pierre de Chevigné, délégué militaire, écrira avoir rencontré le général Wood dès le 1er août après-midi. "Son objectif était de tuer le moins de GI possible et de rentrer dans Rennes. Je lui ai demandé de retarder de quelques heures le bombardement". <ref> ''Avec de Gaulle.''vol. 1 La guerre et la Libération. Témoignages. Fondation et institut Charles de Faulle. Nouveau Monde éditions</ref>
Bayeldieu, proche de Herbart, a pris des notes pendant la libération de Rennes et relève que "Les Américains ont demandé de leur faire savoir le nombre des Allemands, le matériel dont ils disposent, l'emplacement des canons. Limeul et Cabaillard foncent et rapportent les renseignements". <ref> Extraits des notes prises au moment de l'insurrection de Rennes. M. Bayeldieu</ref> Le nom de Colas-Pelletier n'est pas mentionné.
Bayeldieu, proche de Herbart, a pris des notes pendant la libération de Rennes et relève que "Les Américains ont demandé de leur faire savoir le nombre des Allemands, le matériel dont ils disposent, l'emplacement des canons. Limeul et Cabaillard foncent et rapportent les renseignements". <ref> Extraits des notes prises au moment de l'insurrection de Rennes. M. Bayeldieu</ref> Le nom de Colas-Pelletier n'est pas mentionné.


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