« Grâce au Dr Colas-Pelletier les bombardiers américains ne frappèrent pas Rennes les 2 et 3 août 1944 » : différence entre les versions

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Le Dr Marcel, Achille Colas-Pelletier a 45 ans en 1944. Ce Vannetais d’origine, dont le père était médecin, avait fait ses études de médecine et, en 1928, ancien interne des hôpitaux du Havre, il passe sa thèse de doctorat sur l’absence congénitale de sein et les anomalies concomitantes. En 1929 il est à Rennes au centre des mutilés. Participant à la vie de la cité, il avait été un président dynamique de « l’A.G », Colas-Pelletier obtient l’une des quatre vice-présidences au congrès de Paris en 1924 et il est pionnier des œuvres sociales des étudiants. L’Ouest-Eclair relata longuement la joyeuse fête folklorique du 24 février 1925. Il avait été aussi un fondateur du R.E.C., le Rennes Étudiants Club qui devait fusionner avec le [[Stade rennais]] pour devenir [[ le SRUC]], le Stade rennais étudiants club dont il est vice-président en 1925. Il exerça à Vannes en qualité de directeur du bureau d’hygiène municipal.
Le Dr Marcel, Achille Colas-Pelletier a 45 ans en 1944. Ce Vannetais d’origine, dont le père était médecin, avait fait ses études de médecine et, en 1928, ancien interne des hôpitaux du Havre, il passe sa thèse de doctorat sur l’absence congénitale de sein et les anomalies concomitantes. En 1929 il est à Rennes au centre des mutilés. Participant à la vie de la cité, il avait été un président dynamique de « l’A.G », Colas-Pelletier obtient l’une des quatre vice-présidences au congrès de Paris en 1924 et il est pionnier des œuvres sociales des étudiants. L’Ouest-Eclair relata longuement la joyeuse fête folklorique du 24 février 1925. Il avait été aussi un fondateur du R.E.C., le Rennes Étudiants Club qui devait fusionner avec le [[Stade rennais]] pour devenir [[ le SRUC]], le Stade rennais étudiants club dont il est vice-président en 1925. Il exerça à Vannes en qualité de directeur du bureau d’hygiène municipal.
En avril 1939, il exerce à Rennes comme « spécialiste yeux-nez-gorge-oreilles » et présida, en présence du député Pinault et du maire [[François Château]], une réunion des anciens étudiants des facultés de Rennes, dont le journal rendit amplement compte avec photos. Il habite 5, [[rue Poullain Duparc]].
En avril 1939, il exerce à Rennes comme « spécialiste yeux-nez-gorge-oreilles » et présida, en présence du député Pinault et du maire [[François Château]], une réunion des anciens étudiants des facultés de Rennes, dont le journal rendit amplement compte avec photos. Il habite au  5, [[rue Poullain Duparc]] et a son cabinet au 20.
[[Fichier:Dr_Colas-Pelletier.jpg|400px|right|thumb|Le Dr Colas-Pelletier en avril 1939, en 1er plan au centre, lors d'une réunion d'anciens étudiants de Rennes (à droite le maire [[François Château]])]]
[[Fichier:Dr_Colas-Pelletier.jpg|400px|right|thumb|Le Dr Colas-Pelletier en avril 1939, en 1er plan au centre, lors d'une réunion d'anciens étudiants de Rennes (à droite le maire [[François Château]])]]


=== Résistant ===
=== Résistant ===
Et ce fut la guerre et le médecin O.R.L. est mobilisé médecin lieutenant. Puis il entre dans la Résistance et il est enregistré dès le 10 août 1940, devenant agent de renseignement P1 (apportant une aide régulière), à l'agence Lorient-Vannes, en contact avec Gilbert Renault, alias colonel Rémy qui dirige le réseau CND-Castille (réseau Confrérie Notre-Dame).<ref>[[Square Colonel Rémy]]</ref> Démobilisé, il avait repris en août son activité médicale au 20, rue Poullain-Duparc à Rennes.
Et ce fut la guerre et le médecin O.R.L. est mobilisé médecin lieutenant. Démobilisé, il annonce le 18 août 1940 la réouverture de son cabinet médical.  Il entre dans la Résistance et il est enregistré dès le 10 août 1940, devenant agent de renseignement P1 (apportant une aide régulière), à l'agence Lorient-Vannes, en contact avec Gilbert Renault, alias colonel Rémy qui dirige le réseau CND-Castille (réseau Confrérie Notre-Dame).<ref>[[Square Colonel Rémy]]</ref> Démobilisé, il avait repris en août son activité médicale au 20, rue Poullain-Duparc à Rennes.
À Rennes il va jouer un rôle décisif au moment de la [[Libération de Rennes]]. Il en a rendu compte de façon détaillée<ref>''La libération de Rennes. Témoignages recueillis par des élèves de [[Chartres-de-Bretagne]]''  P 66,67. (Témoignage écrit de Colas-Pelletier (Association pour le développement des  activités du musée de Bretagne – Média Graphic – juillet 1989)</ref>.
À Rennes il va jouer un rôle décisif au moment de la [[Libération de Rennes]]. Il en a rendu compte de façon détaillée<ref>''La libération de Rennes. Témoignages recueillis par des élèves de [[Chartres-de-Bretagne]]''  P 66,67. (Témoignage écrit de Colas-Pelletier (Association pour le développement des  activités du musée de Bretagne – Média Graphic – juillet 1989)</ref>.


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Un engagement sévère aura pourtant lieu le 3 au soir à Rennes, aux Gantelles, information non donnée par le général au docteur.  
Un engagement sévère aura pourtant lieu le 3 au soir à Rennes, aux Gantelles, information non donnée par le général au docteur.  
Le 4 août après-midi, [[place de la Mairie]], dans la foule en liesse, une main tire sur la manche du colonel Rémy, c'est Marcel Colas-Pelletier. Une délégation des FFI d'Ille-et-Vilaine, conduite par Colas-Pelletier, vient trouver Rémy et suggère un passage à Paimpont devant la tombe de la mère du général de Gaulle, ce qui fut fait le 8 août. Les deux camarades d'enfance seront ensemble à Vannes, leur ville natale. Ils ne se quitteront plus jusqu'à la libération de Paris. <ref> ''La Délivrance. Mémoires d'un agent secret de la France libre''. Colonel Rémy - 1947</ref> <ref> ''Les mains jointes''. Rémy. p 228. Raoul Solar éditeur - 1948 </ref> Le Dr Colas-Pelletier se présenta sans succès dans le Morbihan, sur une liste radicale-socialiste, aux élections à l'Assemblée nationale constituante du 21 octobre 1945. Par décret du 10 juillet 1948, lui fut attribué par le ministre de l'Intérieur, la médaille de bronze de la Reconnaissance française pour faits de résistance.
Le 4 août après-midi, [[place de la Mairie]], dans la foule en liesse, une main tire sur la manche du colonel Rémy, c'est Marcel Colas-Pelletier. Une délégation des FFI d'Ille-et-Vilaine, conduite par le commandant FFI Adam et Colas-Pelletier, vient trouver Rémy et suggère un passage à Paimpont devant la tombe de la mère du général de Gaulle, ce qui fut fait le 8 août. Les deux camarades d'enfance seront ensemble à Vannes, leur ville natale. Ils ne se quitteront plus jusqu'à la libération de Paris. <ref> ''La Délivrance. Mémoires d'un agent secret de la France libre''. Colonel Rémy - 1947</ref> <ref> ''Les mains jointes''. Rémy. p 228. Raoul Solar éditeur - 1948 </ref> Le Dr Colas-Pelletier se présenta sans succès dans le Morbihan, sur une liste radicale-socialiste, aux élections à l'Assemblée nationale constituante du 21 octobre 1945. Par décret du 10 juillet 1948, lui fut attribué par le ministre de l'Intérieur, la médaille de bronze de la Reconnaissance française pour faits de résistance. La croix de guerre lui est décernée en 1945.


=== Observations ===
=== Observations ===
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Le 3 après-midi, le docteur Colas-Pelletier retourne sur place et constate l'absence des chars : la compagnie D fait partie du groupe de combat A qui, tôt le matin, est parti de Saint-Aubin d'Aubigné pour amorcer un contournement de Rennes par l'ouest. C'est en suivant la voie ferrée du [[T.I.V.]] le long de la route de Fougères puis une voie reliant [[Le dépôt de munitions de Fouillard]] à Betton que le Dr Colas-Pelletier a pu joindre des éléments américains : une sentinelle, un sergent, un aumônier, puis le général Wood.
Le 3 après-midi, le docteur Colas-Pelletier retourne sur place et constate l'absence des chars : la compagnie D fait partie du groupe de combat A qui, tôt le matin, est parti de Saint-Aubin d'Aubigné pour amorcer un contournement de Rennes par l'ouest. C'est en suivant la voie ferrée du [[T.I.V.]] le long de la route de Fougères puis une voie reliant [[Le dépôt de munitions de Fouillard]] à Betton que le Dr Colas-Pelletier a pu joindre des éléments américains : une sentinelle, un sergent, un aumônier, puis le général Wood.


Les renseignements fournis lors de la rencontre avec le général ont dû conforter le chef de la 4e division blindée dans sa décision d'attendre l'infanterie, ayant su par le système ULTRA que, malgré les renforts arrivés à Rennes le 2 au soir, les Allemands n'ont pas l'intention de faire de Rennes une place forte où il leur faudrait résister coûte que coûte. Le 13e régiment d'infanterie enfin disponible, le général lancera une attaque le 3 en début de soirée au-delà de Saint-Laurent, dans le secteur des Gantelles, cause d'un affrontement sanglant non décisif. Le général s'était borné à indiquer au docteur que l'attaque aurait lieu le lendemain 4. Au courant ou pas de cette décision, las d'attendre, Pierre Herbart, va lancer les actions de prise en main des commandes administratives de Rennes, dès la fin d'après-midi du 3, en arrêtant les préfets régional et départemental et en chassant le maire.
Les renseignements fournis lors de la rencontre avec le général ont dû conforter le chef de la 4e division blindée dans sa décision d'attendre l'infanterie, ayant su par le système ULTRA que, malgré les renforts arrivés à Rennes le 2 au soir, les Allemands n'ont pas l'intention de faire de Rennes une place forte où il leur faudrait résister coûte que coûte. Le 13e régiment d'infanterie enfin disponible, le général lancera une attaque le 3 en début de soirée au-delà de Saint-Laurent, dans le secteur des Gantelles, cause d'un affrontement sanglant non décisif. Le général s'était borné à indiquer au docteur que l'attaque aurait lieu le lendemain 4. Colas Pelletier revient vers Rennes en joignant la route d'Acigné, village  où le groupement américain de cavalerie de reconnaissance mécanisé  est passé le matin même mais le docteur tombera néanmoins sur une patrouille allemande.


Au courant ou pas de la décision de Wood, , las d'attendre, Pierre Herbart, va lancer les actions de prise en main des commandes administratives de Rennes, dès la fin d'après-midi du 3, en arrêtant les préfets régional et départemental et en chassant le maire.
Dans l'après-midi du jeudi 3 août, Pierre Herbart dit à Maurice Delarue : "Les Américains seront ici demain. Il n'y a plus de temps à perdre." <ref> ''Pierre Herbart, "pseudo" Le Vigan à Rennes, été 44.'' p. 496. Pierre Delarue, Bulletin des Amis d'André Gide - oct. 1992</ref> Or dans son ouvrage "La ligne de Force" Herbart avait écrit que, malgré l'envoi d'émissaires aux Américains, il était dans l'incertitude totale quant à leur arrivée à Rennes :" Avec les Américains, c'était difficile de prévoir. Ils campaient à cinq kilomètres de la ville et ne se décidaient pas à entrer. J'avais beau leur envoyer des estafettes munies de suppliques, ils me faisaient répondre OK, c'est tout. J'avais une frousse intense." <ref>''La ligne de force'' p 142/143. Pierre Herbart. Gallimard  1980</ref> Delarue indique que Herbart avait envoyé un de ses proches, Fabre dit "Claude", quêter des renseignements auprès des Américain, ce que confirma Hubert de Solminihac.
Dans l'après-midi du jeudi 3 août, Pierre Herbart dit à Maurice Delarue : "Les Américains seront ici demain. Il n'y a plus de temps à perdre." <ref> ''Pierre Herbart, "pseudo" Le Vigan à Rennes, été 44.'' p. 496. Pierre Delarue, Bulletin des Amis d'André Gide - oct. 1992</ref> Or dans son ouvrage "La ligne de Force" Herbart avait écrit que, malgré l'envoi d'émissaires aux Américains, il était dans l'incertitude totale quant à leur arrivée à Rennes :" Avec les Américains, c'était difficile de prévoir. Ils campaient à cinq kilomètres de la ville et ne se décidaient pas à entrer. J'avais beau leur envoyer des estafettes munies de suppliques, ils me faisaient répondre OK, c'est tout. J'avais une frousse intense." <ref>''La ligne de force'' p 142/143. Pierre Herbart. Gallimard  1980</ref> Delarue indique que Herbart avait envoyé un de ses proches, Fabre dit "Claude", quêter des renseignements auprès des Américain, ce que confirma Hubert de Solminihac.


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