« Herbert R. Bachant, un libérateur mort à Saint-Grégoire » : différence entre les versions

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Un journal du New Jersey annonça, en février 2013, le décès de Muriel Bachant, 90 ans. Elle avait tout juste 22 ans et était maman de triplées de quatre mois quand son mari, Herbert Bachant de la 4e division blindée américaine (4th Armored Division), rengagé pendant la Seconde Guerre mondiale, fut porté disparu au combat en France, deux mois après le jour J.
Un journal du New Jersey annonça, en février 2013, le décès de Muriel Bachant, 90 ans. Elle avait tout juste 22 ans et était maman de triplées de quatre mois quand son mari, Herbert Bachant de la 4e division blindée américaine (4th Armored Division), rengagé pendant la Seconde Guerre mondiale, fut porté disparu au combat en France, deux mois après le jour J.


« J’espère que les Américains le reprendront aux Allemands lors de notre avance, et j’espère qu’ils le rapatrieront » avait-elle déclaré aux reporters dans son appartement du Bronx en août 1944. « Je ne veux pas qu’on soit tristes pour moi. Je ne suis pas différente de toutes les épouses dont le mari est là-bas à risquer sa vie. »
Elle pensait son mari prisonnier :« J’espère que les Américains le reprendront aux Allemands lors de notre avance, et j’espère qu’ils le rapatrieront » avait-elle déclaré aux reporters dans son appartement du Bronx en août 1944. « Je ne veux pas qu’on soit tristes pour moi. Je ne suis pas différente de toutes les épouses dont le mari est là-bas à risquer sa vie. »


Pour complaire aux photographes des média, elle plaça les petites Janet Lee, Nancy Sue et Karen Ann ensemble sur un confortable fauteuil rembourré.
Pour complaire aux photographes des média, elle plaça les petites Janet Lee, Nancy Sue et Karen Ann ensemble sur un confortable fauteuil rembourré.
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[[Fichier:Maison_blanche_autochenille_Bachant.jpeg|250px|left|thumb|Schéma fait de mémoire, fin 1944, par un 2nd Lieutenant : l'autochenille de Bachant est située en bordure de route, indiquée par la flèche marquée ''I0th Inf Bn'']] [[Fichier:Rapport_sur_le_belly_button121.jpg|350px|left|thumb|Rapport sur la destruction de l'autochenille B-14 " Belly Button" et noms des 7 membres d'équipage tués au combat]]
[[Fichier:Maison_blanche_autochenille_Bachant.jpeg|250px|left|thumb|Schéma fait de mémoire, fin 1944, par un 2nd Lieutenant : l'autochenille de Bachant est située en bordure de route, indiquée par la flèche marquée ''I0th Inf Bn'']] [[Fichier:Rapport_sur_le_belly_button121.jpg|350px|left|thumb|Rapport sur la destruction de l'autochenille B-14 " Belly Button" et noms des 7 membres d'équipage tués au combat]]


Les triplées furent conçues en juillet 1943 lors de la visite de Muriel à son mari à sa base d’entraînement au Texas. Herbert fut envoyé par bateau en Angleterre en janvier 1944; les filles naquirent dans un hôpital de New York le 30 mars 1944. Leur arrivée fit sensation à une époque antérieure aux traitements de fertilité qui banalisèrent les naissances multiples.
Les triplées avaient été conçues en juillet 1943 lors de la visite de Muriel à son mari à sa base d’entraînement au Texas. Herbert fut envoyé par bateau en Angleterre en janvier 1944; les filles naquirent dans un hôpital de New York le 30 mars 1944. Leur arrivée fit sensation à une époque antérieure aux traitements de fertilité qui banalisèrent les naissances multiples.


Une photographie de l’Associated  Press du 27 avril 1944 présente un Herbert Bachant radieux montrant à des copains, lors de manœuvres de pré-invasion en Angleterre, une photo de sa femme et des nouveau-nées.
Une photographie de l’Associated  Press du 27 avril 1944 présente un Herbert Bachant radieux montrant à des copains, en Angleterre lors de manœuvres de pré-invasion, une photo de sa femme et des nouveau-nées.
[[Fichier:Soeurs_Bachant.png|250px|center|thumb|Les triplées Bachant symboles en affiche de propagande pour les obligations de guerre]]
[[Fichier:Soeurs_Bachant.png|250px|center|thumb|Les triplées Bachant symboles en affiche de propagande pour les obligations de guerre]]
Il n’y eut pas de fin heureuse. Herbert Raymond Bachant, matricule 32090456, ne devait jamais embrasser ses trois filles. L'une d'elles étant gravement malade, la maman avait pourtant envoyé une lettre au général Wood, sollicitant une permission pour son mari, mais celle-ci était parvenue trop tard, lui écrivit ultérieurement le général. Il n'y eut donc pas d'histoire "Saving Private Bachant" : " Il fait sauver le soldat Bachant". La nouvelle arriva qu’Herbert Bachant  avait été tué au voisinage de Rennes, le Ier août 1944 lorsque son autochenille, arrivée avec deux autres sur les lieux de l'affrontement derrière les chars,  fut atteinte  à Maison-Blanche par un coup direct d'un canon de 88 mm.<ref>[[ le combat du Ier août 1944 à Maison Blanche]]</ref>   
Il n’y eut pas de fin heureuse. Herbert Raymond Bachant, matricule 32090456, ne devait jamais embrasser ses trois filles. L'une d'elles étant gravement malade, la maman avait pourtant envoyé une lettre au général Wood, sollicitant une permission pour son mari, mais celle-ci était parvenue trop tard, lui écrivit ultérieurement le général. Il n'y eut donc pas d'histoire "Saving Private Bachant" : " Il fait sauver le soldat Bachant". La nouvelle arriva qu’Herbert Bachant  avait été tué au voisinage de Rennes, le 1er août 1944 lorsque son semi-chenillé porte-mortier, arrivé avec deux autres sur les lieux de l'affrontement avec les chars,  fut atteinte  à Maison-Blanche par un coup direct d'un canon de 88 mm.<ref>[[ le combat du Ier août 1944 à Maison Blanche]]</ref>  <ref> ''1er - 4 août 1944 :L'étrange libération de Rennes'',  Étienne Maignen. Éditions Yellow Concept - 2017</ref>
Herbert R. Bachant et les six autres membres d'équipage de l'autochenille (halftrack), B-14 dénommée "Belly Button" (''nombril''), du 10e bataillon d'infanterie blindé, furent tués par un coup direct d'un canon de 88 mm de la batterie allemande cachée derrière des haies alors que leur véhicule était en bordure de la route Betton-Rennes. Deux autres autochenilles et onze chars Sherman aussi engagés sur cet itinéraire, dont le danger avait été pourtant signalé,<ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. éditions Ouest-France - 2013</ref> furent ainsi détruits en même temps à portée de la batterie allemande toute proche.  Il fallut attendre encore deux jours avant de voir la [[libération de Rennes]]. Herbert R. Bachant et ses camarades du "belly Button" furent inhumés, le 8 août, au cimetière alors provisoire de Saint-James(Manche) par la 3042d QM. Graves Registration Company arrivée à rennes le 5.
Herbert R. Bachant et les six autres membres d'équipage du semi-chenillé, B-14 dénommé "Belly Button" (''nombril''), du 10e bataillon d'infanterie blindé, furent tués par un coup direct d'un canon de 88 mm de la batterie allemande cachée derrière des haies alors que leur véhicule était en bordure de la route Betton-Rennes. Deux autres autochenilles et onze chars Sherman aussi engagés sur cet itinéraire, dont le danger avait été pourtant signalé,<ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. éditions Ouest-France - 2013</ref> furent ainsi détruits en même temps à portée de la batterie allemande toute proche.  Il fallut attendre encore deux jours avant de voir la [[libération de Rennes]]. Herbert R. Bachant et ses camarades du "belly Button" furent inhumés, le 8 août, au cimetière alors provisoire de Saint-James(Manche) par la 3042d QM. Graves Registration Company arrivée à rennes le 5.


Nancy Bachant vit près de Seattle, le Dr Janet Bachant à Manhattan et Karen Sellars en Angleterre. Nancy, qui a recherché l’histoire de la mort de son père, se souvient que sa mère était effondrée mais déterminée à donner une bonne vie à ses filles. Axée sur l’éducation, leur mère, qui comme son mari n'avait suivi que l'enseignement primaire, les fit aller toutes trois, sous le nom de leur beau-père, au collège en Pennsylvanie aux frais de l’Etat. Lorsqu’elles eurent environ 4 ans, les triplées apprirent que leur père était mort à la guerre. À 18 ans,  elles lui rendirent hommage en reprenant son patronyme.
Nancy Bachant vit près de Seattle, le Dr Janet Bachant à Manhattan et Karen Sellars en Angleterre. Nancy, qui a recherché l’histoire de la mort de son père, se souvient que sa mère était effondrée mais déterminée à donner une bonne vie à ses filles. Axée sur l’éducation, leur mère, qui comme son mari n'avait suivi que l'enseignement primaire, les fit aller toutes trois, sous le nom de leur beau-père, au collège en Pennsylvanie aux frais de l’Etat. Lorsqu’elles eurent environ 4 ans, les triplées apprirent que leur père était mort à la guerre. À 18 ans,  elles lui rendirent hommage en reprenant son patronyme.
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