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Influence de la défaite de 1870 sur l'innovation à Rennes
Rennes est depuis longtemps une ville de garnison. La présence de la caserne Mac Mahon (du nom du Président de la République venu à Rennes en 1874) en témoigne. Avec Foch et Marguerite, c'est des trois grands bâtiments militaires contemporains. Cet ensemble rappelle Le maréchal-président de Mac-Mahon à Rennes mais aussi une autre obsession de son époque : la ponctualité.
A la suite du contexte de faillite collective et morale de la guerre franco-prussienne, le 19 août 1874, le maréchal de Mac-Mahon, président de la République, arrive à la gare de Rennes, à 11h30 en provenance de Saint-Malo. A 13 heures, il arrive au champ de Mars. Cette visite présente une grande symbolique horlogère.
Comment l’obsession d’un militaire pour la ponctualité des trains a inspiré la plus grande révolution scientifique du XXème siècle.
Le comte Helmuth von Moltke, stratège de génie, surtout connu pour avoir mis la rouste du siècle au Second Empire a servi comme chef du Grand État-Major général de l'Armée prussienne, notamment pendant les guerres contre l'Autriche en 1866 et contre la France en 1870-1871. Pour remporter cette victoire retentissante, Moltke se concentre sur une seule chose : la mobilisation.
En 1871 :
- les prussiens mobilisent 500.000 hommes. - les français, 250.000.
Afin d’acheminer ses conscrits vers le front, Moltke exploite un nouveau réseau de communication : le chemin de fer.
Stratégie et tactique : chaque ligne de chemin de fer sous le contrôle d'un général d’État-major
Il comprit très tôt l'intérêt, pour les stratèges, du télégraphe électrique et du chemin de fer dans la conduite des opérations de terrain, et qu'ils allaient permettre de réparer les erreurs autrefois courantes de regroupement des forces. C'est pourquoi il plaça chaque ligne de chemin de fer sous le contrôle d'un général d’État-major.
L'expérience des chemins de fer comme conseiller militaire de l'Empire Ottoman
En 1835, il obtint un congé pour effectuer une mission d'observation à travers les Balkans. Sur invitation du ministre ottoman de la guerre Husrev Pacha, il exerça de 1836 à 1839 comme instructeur de l'armée ottomane. Il visita Constantinople, les côtes de la mer Noire, les monts Taurus et le désert de Mésopotamie, avant de prendre part en 1838 à une campagne militaire contre les Kurdes. Aux mois d'avril et mai 1837, il accompagna le sultan Mahmoud II à travers les principautés danubiennes. Il y dressa les plans d'une fortification de la frontière avec la Russie. Quatre des fortifications qu'il conçut furent aménagées le long du Danube, dont la forteresse de Silistra. En 1838, l'Empire Ottoman se sentit suffisamment fort pour reprendre le combat contre l'armée égyptienne de Méhémet Ali et son fils Ibrahim Pacha en Syrie. Moltke prit part à l'une des campagnes et assista à la déroute des Ottomans à la bataille de Nizip le 24 juin 1839. Il publia son compte-rendu de mission en 1841 aux éditions Ernst Siegfried Mittler de Berlin sous le titre Lettres sur mes charges et occupations en Turquie de 1835 à 18393.
De l'« Homme malade de l'Europe », il écrivit :
« Ce fut longtemps la tâche des armées occidentales de contenir la puissance ottomane ; il semble que la préoccupation de la politique européenne soit à présent de retarder son déclin. »
Ouvrages
- 1845 : Campagnes des Russes dans la Turquie d'Europe en 1828 et 1829.
- 1868 : Histoire de la campagne de 1866.
- 1871 : L’Armée allemande, son organisation, son armement, sa manière de combattre, par un général prussien.
- 1872 : Lettres sur l’Orient.
- 1877 : Lettres sur la Russie.
- 1891 : La Guerre de 1870.
- 1892 : Mémoires du maréchal H. de Moltke. Lettres à sa mère et à ses frères Adolphe et Louis.
- 1895 : Questions de tactique appliquée traitées de 1858 à 1882 au grand état-major allemand.
- 1899 : Correspondance militaire du maréchal de Moltke. Guerre de 1870-71.
Problème: toutes les horloges des gares allemandes n’indiquent pas la même heure.
Au même instant, il peut être 11h55 à Berlin, 12h00 à Cologne, 12h05 à Frankfort. Chacun voit « midi à sa porte ».
Retards, connexions manqués, trains annulés… tous les voyageurs de la gare de Rennes comprennent aisément les conséquences de ces problèmes d’horloges pour une armée en guerre.
Bref, un horaire unifié assurerait que les mobilisés arrivent à temps sur le front, où la différence entre une victoire et une défaite est souvent une question de minutes.
Le dernier rêve de Moltke : L’unification des horloges doit être la priorité de la nouvelle Allemagne Unifiée.
Son obsession. Son testament. C’est ce qu’il dit dans son ultime discours devant le parlement de l’Empire, le 16 mars 1891 :
L’unification des horloges doit être la priorité de la nouvelle Allemagne Unifiée.
Dès l’injonction du baron prussien, les ingénieurs se mettent tous à plancher sur le problème de la synchronisation des horloges. Ils débordent d’idées, d’abord mécaniques, électriques… jusqu’à trouver des solutions électro-magnétiques, qui vont réaliser le rêve de Moltke.
Où envoient-ils leurs brevets ?
A l’Office des Brevets de Berne, où ils atterrissent sur le bureau d’un petit fonctionnaire, ingénieur de 3ème classe, chargé de les expertiser à longueur de journée :
C’est ALBERT EINSTEIN.
En étudiant les principes physiques sous-jacent de chaque brevet, Einstein ne va pas tarder à comprendre que quelque chose cloche dans l’interprétation traditionnelle de l’électro-magnétisme.
Et, un matin de la mi-mai 1905, Einstein aura cette intuition qui va détruire deux siècles de mécanique newtonienne :
« Le temps ne peut-être défini de manière absolue ».
C’est donc en s’intéressant à des brevets d’une préoccupation toute militaire qu’Einstein va élaborer sa théorie de la relativité restreinte.
Une véritable révolution scientifique qui, ironie de l’Histoire, balayera l’idée de temps absolu, le rêve de Moltke.
L'horlogerie : une révolution silencieuse à Rennes
L'horlogerie est intimement lié au développement du chemin de fer dans le pays de Rennes.
Puisque des trains circulent désormais, les gens auront de plus en plus besoin d'avoir une appréhension précise du temps.
En cette fin de siècle le chemin de fer est synonyme de développement économique. La loi du 11 juin 1880 prévoit des lignes de chemin de fer secondaires pour assurer la desserte de tous les chefs lieux de canton de France.
La transmission du savoir-faire horloger et son contexte
Julien François Lognoné est né le 2 décembre 1821 et décédé le 29 juillet 1884, à l'âge de 62 ans, soit un an avant l'entrée en 1885 de la statue de «La liberté éclairant le monde» dans le port de New York. En préparant son fils Théophile Joseph Lognoné aux inventions nouvelles, il fut un précurseur à s'intéresser au développement de l'horlogerie.
Rennes fut au coeur des échanges avec Philadelphie, capitale horlogère de l'Amérique lors du centenaire de 1876.
Le 17 juin 1885, sous les acclamations, la statue de la Liberté arrive en pièces détachées, dans le port de New York. Partie de Paris jusqu'à Rouen par chemin de fer, la célèbre œuvre de Bartholdi entreprend la traversée de l'Atlantique à bord de "l'Isère".
La Ville de Rennes a participé au financement de la statue de la Liberté érigée à la suite du centenaire de la fête de l’Indépendance américaine célébrée à Philadelphie en 1876, au même titre que les villes de Brest et Quimper.
Le bras tenant la torche resta à Philadelphie 5 ans, avant de revenir en France pour être ajusté sur le reste de la statue.
La question de la succession
La question de la succession équivaut à évaluer qui des enfants pourra "reprendre" la boutique, en l'occurrence celui qui a le plus d'aptitude et de "goût au commerce". La transmission se fera, cependant, en tenant compte de manière plus ou moins souple, d'un mode égalitaire d'héritage et les autres enfants seront dédommagés de ce "manque à gagner".
Le commerce est vécu par les enfants comme appartenant au domaine de la normalité et de l'évidence. II représente un avenir potentiel intériorisé dès l'enfance pour Théophile Lognoné, Léon Lognoné et Marie Lognoné.
« orloger », un métier ancien
A l'origine, le métier d'orloger (sans H) a d’abord été destiné au réglage des canons. A la croisée des sciences, des arts et de la technique, ce savoir-faire a traversé des mers, comme Franschhoek (le « coin des Français »). Ces échanges vont véhiculer des techniques et un savoir-faire, d'une région et d'un pays à l'autre. L’histoire de l’horlogerie continuera d’évoluer au XXe siècle et s’aventurer sur la mer.