« Interventions sur l'habitat ancien de Rennes » : différence entre les versions

2012
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''Préservation, '''protection''', conservation'' ou '''interventions sur l'habitat ancien de Rennes''', ont le même objectif plus ou moins explicite : ''faire que le patrimoine immobilier de la ville de [[Rennes]] se maintienne et se transmette''. La ville n'a de ce point de vue rien de spécifique et ce n'est que dans le détail de son évolution, celle de ses acteurs et habitants comprise, qu'il y a matière à des considérations vraiment locales.
''Préservation, '''protection''', conservation'' ou '''interventions sur l'habitat ancien de Rennes''', ont le même objectif plus ou moins explicite : ''faire que le patrimoine immobilier de la ville de [[Rennes]] se maintienne et se transmette''. La ville n'a de ce point de vue rien de spécifique et ce n'est que dans le détail de son évolution, celle de ses acteurs et habitants comprise, qu'il y a matière à des considérations vraiment locales.


A Rennes comme ailleurs, comme première institution de la ville, la municipalité - les municipalités successives - a naturellement une place au premier rang dans le traitement de ces questions diverses <ref>Ces lignes sont fortement inspirées d'une conférence-débat qui s'est tenue en juin 2011 au [[Centre d'information sur l'urbanisme]] de Rennes.</ref>. Rennes conserve une taille humaine, avec des institutions restées au contact de la population, des associations dynamiques et vigilantes, toutes choses propices à des actions cohérentes, comprises et qui aboutissent globalement à une préservation du patrimoine du centre-ville. La pression estudiantine en matière de logement et plus généralement immobilière pourrait cependant facilement déborder par sa constance et sa force les meilleures volontés ; la presse rend compte de temps à autre de quelques regrets<ref>Démolition d'un hôtel particulier [[rue du Bois Rondel]] dans les années 1990.</ref>. En arrière-plan, des événements mémorables, [[incendie de Rennes|incendie de 1720]] et incendie du [[parlement de Bretagne|parlement]] de [[1994]], entretiennent chez les Rennais l'idée de la fragilité de ce qui a - jusqu'alors - traversé les siècles.
A Rennes comme ailleurs, comme première institution de la ville, la municipalité - les maires et municipalités successives - a naturellement une place au premier rang dans le traitement de ces questions diverses <ref>Ces lignes sont fortement inspirées d'une conférence-débat qui s'est tenue en juin 2011 au [[Centre d'information sur l'urbanisme]] de Rennes.</ref>. Rennes conserve une taille humaine, avec des institutions restées au contact de la population, des associations dynamiques et vigilantes, toutes choses propices à des actions cohérentes, comprises et qui aboutissent globalement à une préservation du patrimoine du centre-ville. La pression estudiantine en matière de logement et plus généralement immobilière pourrait cependant facilement déborder par sa constance et sa force les meilleures volontés ; la presse rend compte de temps à autre de quelques regrets<ref>Démolition d'un hôtel particulier [[rue du Bois Rondel]] dans les années 1990.</ref>. En arrière-plan, des événements mémorables, [[incendie de Rennes|incendie de 1720]] et incendie du [[parlement de Bretagne|parlement]] de [[1994]], entretiennent chez les Rennais l'idée de la fragilité de ce qui a - jusqu'alors - traversé les siècles.


==Les dimensions du cadre préalable aux interventions==
==Les dimensions du cadre préalable aux interventions==
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La connaissance d'un quartier sera agréablement et utilement initiée par les guides de l'[[Office du tourisme de Rennes]] après une visite à l'exposition permanente dans la [[chapelle Saint-Yves]]. Le musée et la bibliothèque des [[Champs Libres]] permettent des approfondissements au grée des attentes de chacun : un étage entier est voué au patrimoine !
La connaissance d'un quartier sera agréablement et utilement initiée par les guides de l'[[Office du tourisme de Rennes]] après une visite à l'exposition permanente dans la [[chapelle Saint-Yves]]. Le musée et la bibliothèque des [[Champs Libres]] permettent des approfondissements au grée des attentes de chacun : un étage entier est voué au patrimoine !


Pour une rue et un bâtiment, une recherche d'informations pourra être encadrée par le personnel des [[Archives municipales de Rennes]], par exemple sur le [[cadastre napoléonien|cadastre ancien]]. Les Archives départementales dans le quartier Beauregard renferment également des ressources en abondance, à aborder avec méthode et "longueur de temps". L'[[Hôtel de Blossac]] abrite plus largement les Affaires culturelles et une large documantation.
Pour une rue et un bâtiment, une recherche d'informations pourra être encadrée par le personnel des [[Archives municipales de Rennes]], par exemple sur le [[cadastre napoléonien|cadastre ancien]]. Les Archives départementales dans le quartier Beauregard renferment également des ressources en abondance, à aborder avec méthode et "longueur de temps". L'[[Hôtel de Blossac]] abrite plus largement les Affaires culturelles et une large documentation.


Pour une connaissance des pratiques et de la mise en oeuvre des matériaux à privilégier, l'association Tiez Brez, de portée régionale, est incontournable.
Pour une connaissance des pratiques et de la mise en oeuvre des matériaux à privilégier, l'association Tiez Brez, de portée régionale, est incontournable.
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Par extension, l'incendie ne s'arrêtant pas aux parties communes, l'inquiétude générale porte chacun à s'immiscer localement et préventivement dans les intérieurs, pour rejoindre par exemple l'obligation nationale légale de détecteur de fumée des années 2010. Cette pénétration du regard collectif dans l'intimité de l'habitat est officialisée à Rennes pour tous les bâtiments du secteur sauvegardé, les architectes des bâtiments de France portant ce regard au premier chef <ref>Dans le secteur sauvegardé, il est obligatoire de demander une autorisation de travaux même à l'intérieur du logement.</ref>. La division des appartements est alors montré du doigt comme contrariant en même temps les deux impératifs, de sécurité et de pérennité : les occupants sur cour sont hors de portée des secours arrivant en façade sur rue ; les cloisons en matériaux étanches s'opposent aux échanges qui maintiennent la salubrité des pièces puis à long terme la résistance des ossatures en bois. Les dégâts provoqués par ces interventions sont déjà repérables pour les yeux exercés et l'interrogation sur l'avenir de ces configurations, ''devenues anormales'' bien que communes, croît continuellement.
Par extension, l'incendie ne s'arrêtant pas aux parties communes, l'inquiétude générale porte chacun à s'immiscer localement et préventivement dans les intérieurs, pour rejoindre par exemple l'obligation nationale légale de détecteur de fumée des années 2010. Cette pénétration du regard collectif dans l'intimité de l'habitat est officialisée à Rennes pour tous les bâtiments du secteur sauvegardé, les architectes des bâtiments de France portant ce regard au premier chef <ref>Dans le secteur sauvegardé, il est obligatoire de demander une autorisation de travaux même à l'intérieur du logement.</ref>. La division des appartements est alors montré du doigt comme contrariant en même temps les deux impératifs, de sécurité et de pérennité : les occupants sur cour sont hors de portée des secours arrivant en façade sur rue ; les cloisons en matériaux étanches s'opposent aux échanges qui maintiennent la salubrité des pièces puis à long terme la résistance des ossatures en bois. Les dégâts provoqués par ces interventions sont déjà repérables pour les yeux exercés et l'interrogation sur l'avenir de ces configurations, ''devenues anormales'' bien que communes, croît continuellement.


De manière plus large, les professionnels les plus soucieux du patrimoine font le constat d'un changement tant des raisonnements que des pratiques. Ils touchent au quotidien la nocivité de l'intrusion, depuis des décennies, dans la construction locale traditionnelle des produits et contraintes de l'industrie, produits "miracles" s'appliquant partout et de la même façon. La ville de Rennes n'avait aucune raison d'y échapper, elles en a peut-être d'être aux premiers rangs de ce changement de logique encouragé d'ailleurs par la vague mondiale des contraintes écologiques. Des filières locales seraient pour cela à soutenir, des savoir-faire à conforter et diffuser largement.
De manière plus large, les professionnels les plus soucieux du patrimoine font le constat d'un changement tant des raisonnements que des pratiques. Ils touchent au quotidien la nocivité de l'intrusion, depuis des décennies, dans la construction locale traditionnelle des produits et contraintes de l'industrie, produits "miracles" s'appliquant partout et de la même façon. La ville de Rennes n'avait aucune raison d'y échapper, elles en a peut-être d'être aux premiers rangs de ce changement de logique encouragé d'ailleurs par la vague mondiale des contraintes écologiques. Des filières locales seraient pour cela à soutenir, des savoir-faire à conforter et diffuser largement. Une culture du systémique et du global semble devoir être favorablement substituée à la culture du "prêt-à-porter, prêt-à-jeter (à la décharge)", et des approches sans dialogue entre elles.


Revenant au présent, il paraît favorable aux bonnes pratiques d'intervention sur l'habitat ancien, de s'habituer à refuser tous les produits et matériaux s'opposant aux échanges hydriques, matériaux souvent imposés par de médiocres raisonnements ou des calculs en nombre de calories. Il faut alors se tourner vers un matériaux performant de ce point de vue comme le mélange chaux-chanvre, et mieux, si on veut de plus favoriser les circuits géographiquement courts, la terre argileuse du secteur dont les artisans redécouvrent les qualités et la maîtrise en divers usages intérieurs et extérieurs. Certes la question des garanties décennales reste en suspens de ce point de vue (en l'absence de directive technique, d'ailleurs facultatives dans l'habitat privé), mais ne faut-il pas aussi accompagné le choix d'un matériau d'un choix assumé d'une prise de risque minimale quant à l'évolution d'une prestation, pour peu qu'on soit garanti d'avoir ainsi évité un piètre résultat à plus long terme.
Revenant au présent, il paraît favorable aux bonnes pratiques d'intervention sur l'habitat ancien, de s'habituer à refuser tous les produits et matériaux s'opposant aux échanges hydriques, matériaux souvent imposés par de médiocres raisonnements ou des calculs en nombre de calories. Il faut alors se tourner vers un matériaux performant de ce point de vue comme le mélange chaux-chanvre, et mieux, si on veut de plus favoriser les circuits géographiquement courts, la terre argileuse du secteur dont les artisans redécouvrent les qualités et la maîtrise en divers usages intérieurs et extérieurs. Certes la question des garanties décennales reste en suspens de ce point de vue (en l'absence de directive technique, d'ailleurs facultatives dans l'habitat privé), mais ne faut-il pas aussi accompagné le choix d'un matériau d'un choix assumé d'une prise de risque minimale quant à l'évolution d'une prestation, pour peu qu'on soit garanti d'avoir ainsi évité un piètre résultat à plus long terme.


Du point de vue de la structure de l'habitat, points d'introduction d'eau dans l'immeuble, les salles de bain semblent concentrer tous les maux suite aux réflexes habituels d'étanchéification systématique, le reste de l'édifice devant s'adapter jour après jour à ces poches humides peu considérées au-delà de leur fonction élémentaire et de leur confort. Ensuite, là encore, comme le cloisonnement excessif, les revêtements de sol à base d'hydrocarbures cumulent - où qu'ils soient - les risques en matière de sécurité (gaz mortels en cas de combustion) et le préjudice à moyen terme pour l'ossature originelle du bâtiment (condensation, fuites inaperçues permanentes).
Du point de vue de la structure de l'habitat, points d'introduction d'eau dans l'immeuble, les salles de bain semblent concentrer tous les maux suite aux réflexes habituels d'étanchéification systématique, le reste de l'édifice devant s'adapter jour après jour à ces ''poches humides'' peu considérées au-delà de leur fonction élémentaire et de leur confort. Ensuite, là encore, comme le cloisonnement excessif, les revêtements de sol à base d'hydrocarbures cumulent - où qu'ils soient - les risques en matière de sécurité (gaz mortels en cas de combustion) et le préjudice à moyen terme pour l'ossature originelle du bâtiment (condensation, petites fuites inaperçues permanentes).
 
'''A l'horizon 2012...'''
* A l'initiative et l'échelle de [[Rennes Métropole]], un centre de ressources devrait ouvrir pour satisfaire les demandes liées de manière large à l'habitat.
* En 2012, une ample analyse du [[secteur sauvegardé de Rennes]] - bâtiment par bâtiment avec visite des intérieurs - devrait aboutir à un outil pérenne de gestion publique de l'habitat de cette partie de la ville.


==Notes et références==
==Notes et références==
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