« Interventions sur l'habitat ancien de Rennes » : différence entre les versions

 
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'''Amélioration''', ''réhabilitation'', '''protection''', ''conservation'' ou '''interventions sur l'habitat ancien de Rennes''', ont le même objectif plus ou moins explicite : ''faire que le patrimoine immobilier de la ville se maintienne et se transmette''. [[Rennes]] n'a de ce point de vue rien de spécifique et ce n'est que dans le détail de son évolution, celle de ses acteurs et habitants comprises, qu'il y a matière à des considérations vraiment locales.
'''Amélioration''', ''réhabilitation'', '''protection''', ''conservation'' ou '''interventions sur l'habitat ancien de Rennes''', ont le même objectif plus ou moins explicite : ''faire que le patrimoine immobilier de la ville se maintienne et se transmette''. [[Rennes]] n'a de ce point de vue rien de spécifique et ce n'est que dans le détail de son évolution, celle de ses acteurs et habitants comprises, qu'il y a matière à des considérations vraiment locales. <ref>rennes-centreancien.fr </ref>
 
A Rennes comme ailleurs, comme première institution de la ville, la municipalité - les maires et municipalités successifs - a naturellement une place au premier rang dans le traitement de ces questions diverses <ref>La première version de cet article est le fait d'un simple Rennais seulement fortement inspiré par les échanges d'une "conférence-débat-état des lieux" à plusieurs intervenants qui s'est tenue début juin 2011 au [[Centre d'Information sur l'Urbanisme]] de Rennes, le centre ayant organisé ce semestre un cycle de rencontres sur le thème du Centre ancien avec une exposition intitulée "Centre ancien/Nouvel avenir" jusqu'au 1er octobre 2011.</ref>. Rennes conserve une taille humaine, avec des institutions restées au contact de la population, des associations dynamiques et vigilantes, toutes choses propices à des actions cohérentes, comprises et qui aboutissent globalement à une préservation du patrimoine du centre-ville. La pression estudiantine en matière de logement et plus généralement immobilière pourrait cependant facilement déborder par sa constance et sa force les meilleures volontés ; la presse rend compte de temps à autre de quelques regrets<ref>Démolition d'un hôtel particulier [[rue du Bois Rondel]] dans les années 1990.</ref>. En arrière-plan, des événements mémorables, [[incendie de Rennes|incendie de 1720]] et incendie du [[parlement de Bretagne|parlement]] de [[1994]], entretiennent chez les Rennais l'idée de la fragilité de ce qui a - jusqu'alors - [[À Rennes, rien ne prend, sauf le feu|traversé les siècles]].
A Rennes comme ailleurs, comme première institution de la ville, la municipalité - les maires et municipalités successifs - a naturellement une place au premier rang dans le traitement de ces questions diverses <ref>La première version de cet article est le fait d'un simple Rennais seulement fortement inspiré par les échanges d'une "conférence-débat-état des lieux" à plusieurs intervenants qui s'est tenue début juin 2011 au [[Centre d'Information sur l'Urbanisme]] de Rennes, le centre ayant organisé ce semestre un cycle de rencontres sur le thème du Centre ancien avec une exposition intitulée "Centre ancien/Nouvel avenir" jusqu'au 1er octobre 2011.</ref>. Rennes conserve une taille humaine, avec des institutions restées au contact de la population, des associations dynamiques et vigilantes, toutes choses propices à des actions cohérentes, comprises et qui aboutissent globalement à une préservation du patrimoine du centre-ville. La pression estudiantine en matière de logement et plus généralement immobilière pourrait cependant facilement déborder par sa constance et sa force les meilleures volontés ; la presse rend compte de temps à autre de quelques regrets<ref>Démolition d'un hôtel particulier [[rue du Bois Rondel]] dans les années 1990.</ref>. En arrière-plan, des événements mémorables, [[incendie de Rennes|incendie de 1720]] et incendie du [[parlement de Bretagne|parlement]] de [[1994]], entretiennent chez les Rennais l'idée de la fragilité de ce qui a - jusqu'alors - [[À Rennes, rien ne prend, sauf le feu|traversé les siècles]].


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[[Fichier:Rennes Motte Fablet etai 2011.jpg|thumb|Consolidation temporaire d'une façade.]]
[[Fichier:Rennes Motte Fablet etai 2011.jpg|thumb|Consolidation temporaire d'une façade.]]


Chacun sait qu'au nom de l'intérêt public, toutes les initiatives affectant l'immobilier sont encadrées légalement, à l'échelle nationale comme à des échelles moindres à l'aide d'instruments qui ont eux-mêmes une histoire (cadastre et autres plans et documents d'urbanisme). La création de ces instruments et leur déploiement portent sur plusieurs années et jouent d'une large palette de démarches ou d'intentions : ''Anticiper, programmer, structure, renouveler, préserver, composer, aménager, requalifier'' pour reprendre les mots de la page de couverture de l'édition 2005 du Projet Urbain 2015 prévu pour Rennes. Ensuite, la ville comme collectivité, et parfois certains de ses habitants ou partenaires, modulent, au moyen de priorités et projets spécifiques, ces cadres réglementaires et veillent à leur respect au cas par cas. La loi montre pourtant ses limites à travers des questions de compétences géographiques, mais aussi de délais. L'autorité publique ne peut porter le regard et le bras partout où cela paraît judicieux : il faut ''faire avec'' les périmètres une fois qu'ils ont été tracés et laisser au bon vouloir du privé ce qui aurait été plus loin l'objet d'une attention collective sourcilleuse. A l'intérieur des périmètres, cette fois et particulièrement dans le centre historique, la politique peut moduler ses ambitions, la concentrant en pratique sur des zones prioritaires (îlots) en termes d'urgence ou d'intérêt patrimonial. Des arrêtés de péril ou des arrêtés d'insalubrité pris, respectivement par le maire ou le préfet, rendent des bâtiments inhabitables en droit une fois qu'ils sont reconnus comme inhabitables de fait. Pour les cas où les moyens de conviction des propriétaires s'avèrent vains, un ''volet coercitif'' a été échafaudé ces dernières années en particulier en soutien des réhabilitations les plus lourdes de ces îlots.
Chacun sait qu'au nom de l'intérêt public, toutes les initiatives affectant l'immobilier sont encadrées légalement, à l'échelle nationale comme à des échelles moindres à l'aide d'instruments qui ont eux-mêmes une histoire (cadastre et autres plans et documents d'urbanisme). La création de ces instruments et leur déploiement portent sur plusieurs années et jouent d'une large palette de démarches ou d'intentions : ''Anticiper, programmer, structure, renouveler, préserver, composer, aménager, requalifier'' pour reprendre les mots de la page de couverture de l'édition 2005 du Projet Urbain 2015 prévu pour Rennes. Ensuite, la ville comme collectivité, et parfois certains de ses habitants ou partenaires, modulent, au moyen de priorités et projets spécifiques, ces cadres réglementaires et veillent à leur respect au cas par cas. La loi montre pourtant ses limites à travers des questions de compétences géographiques, mais aussi de délais. L'autorité publique ne peut porter le regard et le bras partout où cela paraît judicieux : il faut ''faire avec'' les périmètres une fois qu'ils ont été tracés et laisser au bon vouloir du privé ce qui aurait été plus loin l'objet d'une attention collective sourcilleuse. A l'intérieur des périmètres, cette fois et particulièrement dans le centre historique, la politique peut moduler ses ambitions, la concentrant en pratique sur des zones prioritaires (îlots) en termes d'urgence ou d'intérêt patrimonial. Des arrêtés de péril ou des arrêtés d'insalubrité pris, respectivement par le maire ou le préfet, rendent des bâtiments inhabitables en droit une fois qu'ils sont reconnus comme inhabitables de fait. Branche de la Direction générale des services techniques, la Direction des risques gère les procédures IMR (Immeubles Menaçant Ruines). Pour les cas où les moyens de conviction des propriétaires s'avèrent vains, un ''volet coercitif'' a été échafaudé ces dernières années en particulier en soutien des réhabilitations les plus lourdes de ces îlots.


Le propriétaire doit donc insérer son projet dans le flux continu de toutes les initiatives apparentées sur la ville. Il comprendra les ressorts d'arrière-plan et pourra éventuellement apprivoiser une complexité apparente. Il peut d'ailleurs être bénéfique selon le projet de ne pas suivre le chemin le plus direct, le plus classique. Dans cet ordre, ce n'est pas parce que son bien n'est grevé d'aucune obligation d'ordre patrimonial, qu'il n'est pas pertinent de considérer et prendre en compte leurs fondements et recommandations. Pour le succès de sa démarche, il doit se renseigner très en amont auprès de services d'urbanisme concernés. Situé en plein coeur de Rennes, au 14 [[rue Le Bastard]], le [[Centre d'Information sur l'Urbanisme]] a été conçu comme la première porte d'entrée. Plus à l'ouest du centre ville, au 6 [[rue du Chapitre]], la D.R.A.C. propose dans le cadre de l'[[Hôtel de Blossac]] les ressources de son ''Centre de Documentation sur le Patrimoine'', pour l'ensemble de la Bretagne.
Le propriétaire doit donc insérer son projet dans le flux continu de toutes les initiatives apparentées sur la ville. Il comprendra les ressorts d'arrière-plan et pourra éventuellement apprivoiser une complexité apparente. Il peut d'ailleurs être bénéfique selon le projet de ne pas suivre le chemin le plus direct, le plus classique. Dans cet ordre, ce n'est pas parce que son bien n'est grevé d'aucune obligation d'ordre patrimonial, qu'il n'est pas pertinent de considérer et prendre en compte leurs fondements et recommandations. Pour le succès de sa démarche, il doit se renseigner très en amont auprès de services d'urbanisme concernés. Situé en plein coeur de Rennes, au 14 [[rue Le Bastard]], le [[Centre d'Information sur l'Urbanisme]] a été conçu comme la première porte d'entrée. Plus à l'ouest du centre ville, au 6 [[rue du Chapitre]], la D.R.A.C. propose dans le cadre de l'[[Hôtel de Blossac]] les ressources de son ''Centre de Documentation sur le Patrimoine'', pour l'ensemble de la Bretagne.
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===Le cadre conceptuel===
===Le cadre conceptuel===
[[Fichier:Rennes Rue St Yves Rehabilitation 2011.jpg|thumb|300px|[[Rue Saint-Yves]]]]


L'urbanisme, l'architecture, les technologies, les moeurs, l'application des lois, la production industrielle, les ressources locales, etc., vivent leur vie sur fond de l'évolution générale. Par exemple, l'exigence de confort et sa traduction dans l'immobilier évoluent sous l'effet de divers facteurs, locaux ou généraux : les nuisances sonores dans les logements ne se traitent pas exactement de la même manière quand une rue une fois débarrassée de ses poids lourds, s'encombre un temps de bus, puis se trouble quelques années plus tard des cris de fêtards noctambules. Toute difficulté demande de ce point de vue une prise de recul et un temps d'arrêt sur ces ''raisons d'être'' dépassant les premières évidences : en matière de patrimoine, le gain à long terme est à privilégier plutôt que les accroissements à courte vue, parfois finalement désastreux en dépit de la "bonne mine apparente".
L'urbanisme, l'architecture, les technologies, les moeurs, l'application des lois, la production industrielle, les ressources locales, etc., vivent leur vie sur fond de l'évolution générale. Par exemple, l'exigence de confort et sa traduction dans l'immobilier évoluent sous l'effet de divers facteurs, locaux ou généraux : les nuisances sonores dans les logements ne se traitent pas exactement de la même manière quand une rue une fois débarrassée de ses poids lourds, s'encombre un temps de bus, puis se trouble quelques années plus tard des cris de fêtards noctambules. Toute difficulté demande de ce point de vue une prise de recul et un temps d'arrêt sur ces ''raisons d'être'' dépassant les premières évidences : en matière de patrimoine, le gain à long terme est à privilégier plutôt que les accroissements à courte vue, parfois finalement désastreux en dépit de la "bonne mine apparente".
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Il existe pour cela diverses possibilités locales d'acquisition de connaissances en particulier auprès des organismes rennais spécialisés dans ce domaine et l'histoire plus généralement.  
Il existe pour cela diverses possibilités locales d'acquisition de connaissances en particulier auprès des organismes rennais spécialisés dans ce domaine et l'histoire plus généralement.  


La connaissance d'un quartier sera agréablement et utilement initiée par les guides de l'[[Office du tourisme de Rennes]] après une visite à l'exposition permanente dans la [[chapelle Saint-Yves]]. Le [[musée de Bretagne]] et la bibliothèque des [[Champs Libres]] permettent des approfondissements au grée des attentes de chacun : un étage entier de la bibliothèque est voué au patrimoine !
La connaissance d'un quartier sera agréablement et utilement initiée par les guides de l'[[Office du tourisme de Rennes]]<ref>Le Service d'art et d'histoire de l'Office du tourisme anime, pendant les vacances scolaires, des ateliers ludiques sur le patrimoine pour les enfants de 6 à 12 ans.</ref> après une visite à l'exposition permanente dans la [[chapelle Saint-Yves]]. Le [[musée de Bretagne]] et la bibliothèque des [[Champs Libres]] permettent des approfondissements au gré des attentes de chacun : un étage entier de la bibliothèque est voué au patrimoine !


Pour une rue et un bâtiment, une recherche d'informations pourra être encadrée par le personnel des [[Archives municipales de Rennes]], par exemple sur le [[cadastre napoléonien|cadastre ancien]]. Les Archives départementales dans le quartier Beauregard renferment également des ressources en abondance, à aborder avec méthode et "longueur de temps". L'[[Hôtel de Blossac]] abrite la ''Direction Régionale des Affaires culturelles''<ref>DRAC - La Direction Régionale des Affaires culturelles est l'interlocuteur pour toute intervention sur un bâtiment relevant des Monuments Historiques.</ref> et le ''Service territorial de l'architecture et du patrimoine d'Ille-et-Vilaine'' (SDAP) et leurs ressources documentaires.
Pour une rue et un bâtiment, une recherche d'informations pourra être encadrée par le personnel des [[Archives municipales de Rennes]], par exemple sur le [[cadastre napoléonien|cadastre ancien]]. Les Archives départementales dans le quartier Beauregard renferment également des ressources en abondance, à aborder avec méthode et "longueur de temps". L'[[Hôtel de Blossac]] abrite la ''Direction Régionale des Affaires culturelles''<ref>DRAC - La Direction Régionale des Affaires culturelles est l'interlocuteur pour toute intervention sur un bâtiment relevant des Monuments Historiques.</ref> et le ''Service territorial de l'architecture et du patrimoine d'Ille-et-Vilaine'' (SDAP) et leurs ressources documentaires.
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===Le cadre financier===
===Le cadre financier===
[[File:Rennes Rue St Malo Rehabiliation Panonceaux 2011.jpg|thumb|300px]]


La cohérence recherchée au niveau de l'organisation sociale comme au niveau des logiques à mobiliser est à prolonger aux plans des finances publiques et privées. Tout bien considéré, les mesures trop simples et les raisonnements courts peuvent présenter un bilan plus défavorable que des choix plus lourds à divers points de vue, financièrement compris. Il y a probablement peu de propriétaires du centre de Rennes qui se soient réjouis de la volonté municipale de voir tourner la page d'une ville enfumée et donc les façades résolument sous un jour plus reluisant, alors qu'ils étaient bien habitués à un état de chose qui avait mis des siècles à s'imposer. Pourtant, personne ne conteste maintenant l'intérêt des investissements faits, subventions publiques comprises. L'investissement judicieux dans le patrimoine a un retour en plusieurs temps et finalement le propriétaire s'en félicite si tout un chacun - acheteur potentiel - pourrait le faire aussi bien que lui...
La cohérence recherchée au niveau de l'organisation sociale comme au niveau des logiques à mobiliser est à prolonger aux plans des finances publiques et privées. Tout bien considéré, les mesures trop simples et les raisonnements courts peuvent présenter un bilan plus défavorable que des choix plus lourds à divers points de vue, financièrement compris. Il y a probablement peu de propriétaires du centre de Rennes qui se soient réjouis de la volonté municipale de voir tourner la page d'une ville enfumée et donc les façades résolument sous un jour plus reluisant, alors qu'ils étaient bien habitués à un état de chose qui avait mis des siècles à s'imposer. Pourtant, personne ne conteste maintenant l'intérêt des investissements faits, subventions publiques comprises. L'investissement judicieux dans le patrimoine a un retour en plusieurs temps et finalement le propriétaire s'en félicite si tout un chacun - acheteur potentiel - pourrait le faire aussi bien que lui...
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Parmi les opérations publiques notoires localement, émergent l'attention aux parties communes des immeubles du centre-ville et le ravalement de leurs façades, imposé ou fortement encouragé. La ville a pris un nouveau visage sous cet effort soutenu. D'autres incidents et mêmes des drames, réactivent depuis quelque temps les préoccupations sur l'état des cages d'escalier du point de vue de la sécurité incendie ; préoccupations partagées par les occupants et propriétaires.
Parmi les opérations publiques notoires localement, émergent l'attention aux parties communes des immeubles du centre-ville et le ravalement de leurs façades, imposé ou fortement encouragé. La ville a pris un nouveau visage sous cet effort soutenu. D'autres incidents et mêmes des drames, réactivent depuis quelque temps les préoccupations sur l'état des cages d'escalier du point de vue de la sécurité incendie ; préoccupations partagées par les occupants et propriétaires.


Par extension, l'incendie ne s'arrêtant pas aux parties communes, l'inquiétude générale porte chacun à s'immiscer localement et préventivement dans les intérieurs, pour rejoindre par exemple l'obligation nationale légale de détecteur de fumée des années 2010. Cette pénétration du regard collectif dans l'intimité de l'habitat est officialisée à Rennes pour tous les bâtiments du secteur sauvegardé, les architectes des bâtiments de France portant ce regard au premier chef <ref>Dans le secteur sauvegardé, il est obligatoire de demander une autorisation de travaux même à l'intérieur du logement.</ref>. La division des appartements est alors montré du doigt comme contrariant en même temps les deux impératifs, de sécurité et de pérennité : les occupants sur cour sont hors de portée des secours arrivant en façade sur rue ; les cloisons en matériaux étanches s'opposent aux échanges qui maintiennent la salubrité des pièces puis à long terme la résistance des ossatures en bois. Les dégâts provoqués par ces interventions sont déjà repérables pour les yeux exercés et l'interrogation sur l'avenir de ces configurations, ''devenues anormales'' bien que communes, croît continuellement. Bien qu'encadrées de longue date par la loi, les divers changements d'affectation de locaux sont potentiellement les atteintes les plus graves aux bâtiments, occupation des combles, morcellement des pièces et dégradation des bases par les activités commerciales en rez-de-chaussée.
Par extension, l'incendie ne s'arrêtant pas aux parties communes, l'inquiétude générale porte chacun à s'immiscer localement et préventivement dans les intérieurs, pour rejoindre par exemple l'obligation nationale légale de détecteur de fumée des années 2010. Cette pénétration du regard collectif dans l'intimité de l'habitat est officialisée à Rennes pour tous les bâtiments du secteur sauvegardé, les Architectes des Bâtiments de France portant ce regard au premier chef <ref>Dans le secteur sauvegardé, il est obligatoire de demander une autorisation de travaux, même à l'intérieur du logement, au Service [''départemental''] des Bâtiments de France, [[avenue de Cucillé]].</ref>. La division des appartements est alors montré du doigt comme contrariant en même temps les deux impératifs, de sécurité et de pérennité : les occupants sur cour sont hors de portée des secours arrivant en façade sur rue ; les cloisons en matériaux étanches s'opposent aux échanges qui maintiennent la salubrité des pièces puis à long terme la résistance des ossatures en bois. Les dégâts provoqués par ces interventions sont déjà repérables pour les yeux exercés et l'interrogation sur l'avenir de ces configurations, ''devenues anormales'' bien que communes, croît continuellement. Bien qu'encadrées de longue date par la loi, les divers changements d'affectation de locaux sont potentiellement les atteintes les plus graves aux bâtiments, occupation des combles, morcellement des pièces et dégradation des bases par les activités commerciales en rez-de-chaussée.
[[Fichier:Rue de Saint Malo au 8 2011.jpg|thumb|left|300px|<u>Nous réhabilitons un immeuble - Ravalement de façade à pans de bois</u>, ainsi qu'il est écrit en août 2011 sur les panneaux d'information posés au-dessus des locaux du rez-de-chaussée de cet immeuble de la [[rue de Saint-Malo]] près de la [[place Sainte-Anne]].]]


De manière plus large, les professionnels les plus soucieux du patrimoine font le constat d'un changement tant des raisonnements que des pratiques. Ils touchent au quotidien la nocivité de l'intrusion, depuis des décennies, dans la construction locale traditionnelle des produits et contraintes de l'industrie, "produits miracles" ''irréversibles'' s'appliquant partout et de la même façon. La ville de Rennes n'avait aucune raison d'y échapper, elle en a peut-être d'être aux premiers rangs de ce changement de logique encouragé d'ailleurs par la vague mondiale des contraintes écologiques. Des filières locales seraient pour cela à soutenir, des savoir-faire à conforter et diffuser largement. Une culture du systémique et du global semble devoir être favorablement substituée à la culture du "prêt-à-porter, prêt-à-jeter (à la décharge)", et des approches sans dialogue entre elles.
De manière plus large, les professionnels les plus soucieux du patrimoine font le constat d'un changement tant des raisonnements que des pratiques. Ils touchent au quotidien la nocivité de l'intrusion, depuis des décennies, dans la construction locale traditionnelle des produits et contraintes de l'industrie, "produits miracles" ''irréversibles'' s'appliquant partout et de la même façon. La ville de Rennes n'avait aucune raison d'y échapper, elle en a peut-être d'être aux premiers rangs de ce changement de logique encouragé d'ailleurs par la vague mondiale des contraintes écologiques. Des filières locales seraient pour cela à soutenir, des savoir-faire à conforter et diffuser largement. Une culture du systémique et du global semble devoir être favorablement substituée à la culture du "prêt-à-porter, prêt-à-jeter (à la décharge)", et des approches sans dialogue entre elles.
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Avec les réaffectations des locaux, l'eau arrive, sous plusieurs formes et origines, au deuxième rang des sources de délabrement structurel des édifices, en catimini. Dans le bâti ancien, la recherche de ces dégradations lentes prime sur l'économie d'énergie poussant aux colmatages superficiels et à l'accumulation de matériaux, faisant office dans ce cas d'éponge. La météorologie locale est à prendre en compte : le climat breton est assez venteux pour assécher les suites immédiates des intempéries fréquentes mais pas si abondantes, il ne peut rien contre l'eau qu'on a laissé faire corps avec le bois et les autres matériaux poreux. Il faut retenir que dans ce contexte, une aération à fenêtres largement et quotidiennement ouvertes n'a que des avantages pour les occupants et le bâtiment, préférable à une confiance aveugle en la ventilation mécanique.
Avec les réaffectations des locaux, l'eau arrive, sous plusieurs formes et origines, au deuxième rang des sources de délabrement structurel des édifices, en catimini. Dans le bâti ancien, la recherche de ces dégradations lentes prime sur l'économie d'énergie poussant aux colmatages superficiels et à l'accumulation de matériaux, faisant office dans ce cas d'éponge. La météorologie locale est à prendre en compte : le climat breton est assez venteux pour assécher les suites immédiates des intempéries fréquentes mais pas si abondantes, il ne peut rien contre l'eau qu'on a laissé faire corps avec le bois et les autres matériaux poreux. Il faut retenir que dans ce contexte, une aération à fenêtres largement et quotidiennement ouvertes n'a que des avantages pour les occupants et le bâtiment, préférable à une confiance aveugle en la ventilation mécanique.


'''L'horizon 2012'''
Selon la thématique de l'urbanisme et de l'habitat, l'ensemble de la ville de Rennes est administrée par la réalisation progressive du [[Projet Urbain 2015]], précisant des documents comme le SCoT, le  Plan Local d'Urbanisme et, pour le secteur sauvegardé, le PSMV.


En [[2012]], une ample analyse du [[secteur sauvegardé de Rennes]] - bâtiment par bâtiment avec visite des intérieurs - devrait aboutir à un outil pérenne de gestion publique de l'habitat de cette partie de la ville. Il s'agit d'un premier résultat de l'''Opération Programmée d'Amélioration de l'Habitat sur les immeubles et les logement du centre historique de Rennes'' initialement prévue pour la période [[2007]]-[[2012]]. Cependant, ce programme a été juridiquement interrompu en janvier 2011 pour permettre le démarrage d'une version améliorée devant se déployer cette fois jusqu'en 2016 sous le nom d'OPAH-RU (pour Renouvellement Urbain) par les moyens mis en oeuvre par ''Territoires Publics'', la société publique locale d'aménagement en charge de la concession d’aménagement. Derrière ces reconfigurations et réorientations, apparaissent surtout de nouvelles possibilités cette fois à la mesure des plus grandes difficultés rencontrées, ces derniers temps, en plusieurs points de Rennes, ''des coûts exorbitants étant entrevus pour la réhabilitation d'îlots particulièrement en perdition''. Pour l'essentiel, les responsables sont dorénavant mieux équipés juridiquement pour contraindre les propriétaires à la hauteur des investissements à consentir<ref>Les efforts faits pour le ravalement des façades n'avaient que partiellement atteints leurs objectifs faute d'être relayés par une partie des propriétaires.</ref>, et peuvent encore se porter acquéreurs des immeubles dans le cadre de la concession d'aménagement, se substituant de la sorte aux propriétaires par trop dans l'embarras et défaillants ; et assurer finalement le succès de l'intervention.
==Les moyens==
 
L'OPAH-RU accompagne les propriétaires, occupants ou bailleurs, dans les travaux de rénovation de ces immeubles. Ils peuvent bénéficier de subventions financières, dont le montant s'élève jusqu'à 30% des travaux hors taxes. Des aides complémentaires sont également possibles sous conditions.
46 millions d'euros d'aides publiques attendues sur cette période, dont 30 millions d'euros de subventions aux copropriétés et 16 millions de participation de la Ville de Rennes.
 
== Des réalisations==
 
Une première opération programmée d'amélioration de l'habitat de renouvellement urbain (OPAH-RU), de 2011 à 2016, avait permis de réhabiliter 78 immeubles pour un total de près de 800 logements.
Le nombre important d'immeubles restant en mauvais  état a justifié le lancement d'une seconde OPAH-RU sur la période 2016-2023. Objectif: réhabiliter 150 immeubles totalisant plus d'un  millier de logements.  
Pour mener à bien et de manière cohérente la requalification, la Ville a par ailleurs confié une concession d'aménagement à l'aménageur Territoires Publics.
Des procédures spécifiques peuvent être mises en place: déclaration d'Utilité Publique d'aménagement afin de traiter des îlots à l'image de l'îlot Saint-Michel après l'incendie de 2010; acquisitions foncières pour rénover puis remettre sur le marché des logements dégradés et vacants, procédures de résorption de l’habitat insalubre.
 
 
'''Réalisations 2011-2016'''
 
784 logements et
78 immeubles réhabilités pour 62 M€, avec 20,7 M€ en subventions de l'ANAH et 4,1 ME en subventions de Rennes Métropole
 
'''Objectifs 2016-2021'''
 
1 000 logements et 120 immeubles à réhabiliter pour 74 M€, avec 25 M€de subventions attendues de l'ANAH et 5 M€ de subventions attendues de Rennes Métropole
 
 


==Notes et références==
==Notes et références==
<references/>
<references />


==Articles connexes==
==Articles connexes==