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'''L’hôpital pour prisonniers Jean Macé au temps de la libération'''
 
 
'''L’hôpital pour prisonniers Jean Macé au temps de la libération
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=== De l’enseignement aux soins===
=== De l’enseignement aux soins===


L’hôpital militaire de Rennes avait été installé par les Allemands dans le bâtiment de l'E.P.S pour jeunes filles de la [[rue Jean Macé]] en juin 1940: "Kriegsgefangenen-Lazarett E.P.S. Rennes". Il avait déjà hébergé des blessés britanniques et coloniaux français (Sénégalais, Soudanais, Mahgrébins, Malgaches) blessés lors de la campagne de France en 1940. Le bâtiment avait été utilisé par les Britanniques comme hôpital de convalescence pendant la première guerre mondiale. Sous l’occupation allemande il fut connu sous plusieurs dénominations (EPS Rennes, Frontstalag 133 puis 221 W, Lazarett Rennes). Le 4 avril 1942 y furent envoyés des soldats britanniques blessés lors de l'attaque de la cale sèche de Saint-Nazaire, le 27 mars. Parmi eux le lieutenant écossais Stuart Chant, chef du commando n°5 qui fit sauter la station de pompage, et un des membres, l'Écossais Thomas McCormack dont le décès fut l'occasion pour la population rennaise, le 15 avril, d'une des [[manifestations en 1942]]. Stuart Chant gardera un mauvais souvenir de la nourriture (soupe au chou, au chou-fleur, à la pomme de terre, et un bon du couscous et des soins des infirmiers coloniaux, ainsi que des cloches de l"église Notre-Dame, le jour de Pâques<ref>''Un officier anglais prisonnier à Rennes en 1942,'' général René Chesnais, Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, tome CII - 1999</ref>. Il y avait trois médecins français (médecin chef : commandant Lacaux, capitaine Pierre Ryckewaert, chirurgien Veilleux), plus l'aspirant Reynaudat, étudiant en médecine, et un polonais à s’occuper des blessés coloniaux depuis 1940. Avant l’arrivée des blessés du jour J et après, l’hôpital servit aussi de sanatorium pour les prisonniers de guerre indiens britanniques tuberculeux. Ces hommes étaient soignés par un groupe de cinq infirmiers indiens capturés qui restèrent par la suite pour s’occuper des blessés alliés.
L’hôpital militaire de Rennes avait été installé par les Allemands dans le bâtiment de l'E.P.S pour jeunes filles de la [[rue Jean Macé]] en juin 1940: "Kriegsgefangenen-Lazarett E.P.S. Rennes". Il avait déjà hébergé des blessés britanniques et coloniaux français (Sénégalais, Soudanais, Mahgrébins, Malgaches) blessés lors de la campagne de France en 1940. Le bâtiment avait été utilisé par les Britanniques comme hôpital de convalescence pendant la première guerre mondiale. Sous l’occupation allemande il fut connu sous plusieurs dénominations (EPS Rennes, Frontstalag 133 puis 221 W, Lazarett Rennes). Le 4 avril 1942 y furent envoyés des soldats britanniques blessés lors de l'attaque de la cale sèche de Saint-Nazaire, le 27 mars. Parmi eux le lieutenant écossais Stuart Chant, chef du commando n°5 qui fit sauter la station de pompage, et un des membres, l'Écossais Thomas McCormack dont le décès fut l'occasion pour la population rennaise, le 15 avril, d'une des [[manifestations en 1942]]. Stuart Chant gardera un mauvais souvenir de la nourriture (soupe au chou, au chou-fleur, à la pomme de terre, et un bon du couscous et des soins des infirmiers coloniaux, ainsi que des cloches de l"église Notre-Dame, le jour de Pâques. Il y avait trois médecins français (médecin chef : commandant Lacaux, capitaine Pierre Ryckewaert, chirurgien Veilleux), plus l'aspirant Reynaudat, étudiant en médecine, et un polonais à s’occuper des blessés coloniaux depuis 1940. Le lieutenant Chant garda le souvenir d'un merveilleux infirmier, le caporal sénégalais  Naboussin. <ref>''Un officier anglais prisonnier à Rennes en 1942,'' général René Chesnais, Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, tome CII - 1999</ref> Avant l’arrivée des blessés du jour J et après, l’hôpital servit aussi de sanatorium pour les prisonniers de guerre indiens britanniques tuberculeux. Ces hommes étaient soignés par un groupe de cinq infirmiers indiens capturés qui restèrent par la suite pour s’occuper des blessés alliés.
 
L’hôpital servit, à partir du début de juin 1944, aux grands blessés américains et aux prisonniers de guerre parachutistes britanniques mais on y trouvait aussi des fantassins.


L’hôpital servit, à partir du début de juin 1944, aux grands blessés américains et aux prisonniers de guerre parachutistes britanniques mais on y trouvait aussi des fantassins. AU 10 juin Y étaient gardés alors comme prisonniers blessés 272 Britanniques, 88 canadiens, 1 Néo-zélandais, dont 6 décédèrent 656 américains dont 30 moururent.
<ref> http://ww2talk.com/index.php?threads/looking-for-info-on-front-stalag-221-rennes-france.27548/</ref>
L’équipe médicale était composée de sept américains, britanniques, canadiens et des médecins français aidés par une vingtaine d’infirmières à temps partiel et de bonnes sœurs qui ne parlaient que peu anglais ou pas du tout, et de 78 soldats secouristes ou aides dans leur unité. L’assistance médicale était correcte mais souffrait d’une insuffisance de médicaments, l’état sanitaire était aussi correct, pas de poux, mais les mouches posaient problème. L’équipe médicale était fortement surchargée. Environ la moitié des blessés pouvaient quitter le lit pour aider l’équipe mais beaucoup des alités étaient paralysés ou aveugles.
L’équipe médicale était composée de sept américains, britanniques, canadiens et des médecins français aidés par une vingtaine d’infirmières à temps partiel et de bonnes sœurs qui ne parlaient que peu anglais ou pas du tout, et de 78 soldats secouristes ou aides dans leur unité. L’assistance médicale était correcte mais souffrait d’une insuffisance de médicaments, l’état sanitaire était aussi correct, pas de poux, mais les mouches posaient problème. L’équipe médicale était fortement surchargée. Environ la moitié des blessés pouvaient quitter le lit pour aider l’équipe mais beaucoup des alités étaient paralysés ou aveugles.
[[Fichier:Lyc%C3%A9e_jean_mac%C3%A9.jpg|250px|right|thumb|Le lycée Jean Macé, hôpital pour prisonniers alliés de la 2e guerre mondiale]]
[[Fichier:Lyc%C3%A9e_jean_mac%C3%A9.jpg|250px|right|thumb|Le lycée Jean Macé, hôpital pour prisonniers alliés de la 2e guerre mondiale]]
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===Des médecins prisonniers et un professeur rennais===
===Des médecins prisonniers et un professeur rennais===


Le docteur Eugène Marquis était le consultant en chef et opérait comme chirurgien avant l’arrivée des médecins américains. Il resta à pied d’œuvre jusqu’à la libération. Il prodigua ses services constamment, travaillant chaque jour de 8h30 à 12h30 et de 15h30 à 20h30. Il voyait chacun de ses patients tous les jours, amena du personnel infirmier féminin à l’hôpital qu’il logeait à son cabinet en bas de la rue. Il fit aussi de son mieux pour obtenir un supplément de nourriture et de fournitures médicales pour les patients. Il était assisté d’au moins deux autres médecins et de plusieurs agents.
Le docteur [[Eugène Marquis]] était le consultant en chef et opérait comme chirurgien avant l’arrivée des médecins américains. Il resta à pied d’œuvre jusqu’à la libération. Il prodigua ses services constamment, travaillant chaque jour de 8h30 à 12h30 et de 15h30 à 20h30. Il voyait chacun de ses patients tous les jours, amena du personnel infirmier féminin à l’hôpital qu’il logeait à son cabinet de la [[clinique Saint-Vincent]] au bout ouest de la rue. Il fit aussi de son mieux pour obtenir un supplément de nourriture et de fournitures médicales pour les patients. Il était assisté d’au moins deux autres médecins et de plusieurs agents.


Le major Malcolm Oxley, et le capitaine Douglas Nelson, du Royal Army Medical Corps, furent les médecins britanniques chargés de l’hôpital travaillant pour les blessés alliés. Les médecins américains furent d’abord le capitaine Ernest Gruenberg du IOIe aéroporté, assisté du capitaine John Thornquist (dentiste du 82e aéroporté). Gruenberg était juif, et lorsque ce fut découvert fin juin, il fut renvoyé et le capitaine Lester Kolman de la 29e division d’infanterie le remplaça. Puis le capitaine Thornquist fut aussi renvoyé.
Le major Malcolm Oxley, et le capitaine Douglas Nelson, du Royal Army Medical Corps, furent les médecins britanniques chargés de l’hôpital travaillant pour les blessés alliés. Les médecins américains furent d’abord le capitaine Ernest Gruenberg du 1O1e aéroporté, assisté du capitaine John Thornquist (dentiste du 82e aéroporté). Gruenberg était juif, et lorsque ce fut découvert fin juin, il fut renvoyé et le capitaine Lester Kolman de la 29e division d’infanterie le remplaça. Puis le capitaine Thornquist fut aussi renvoyé.
Le major Phil Gage, qui avait perdu une main au combat au matin du jour J, commandant en second du 1/151e régiment d’infanterie parachutée, était l’officier le plus gradé. Les Britanniques eurent plusieurs officiers du grade le plus élevé à se succéder.  
Le major Phil Gage, qui avait perdu une main au combat au matin du jour J, commandant en second du 1/151e régiment d’infanterie parachutée, était l’officier le plus gradé. Les Britanniques eurent plusieurs officiers du grade le plus élevé à se succéder.  


Les Allemands avait mis un capitaine médecin Lump qui fut rapidement dépassé et les prisonniers souffrirent de l’insuffisance de sa capacité à gérer. Il choisissait la facilité face aux difficultés et semblait avoir peur d’avoir des histoires avec l’autorité supérieure. Fin juin, le major Enzinger arriva pour prendre la suite et les choses allèrent mieux tout en restant très mauvaises. Les gardes à l’hôpital et au Stalag 221, du bataillon de sécurité 909, étaient principalement autrichiens, polonais/lettons et assez âgés, avaient mauvais moral, paraissaient attendre d’être faits prisonniers par les alliés, et répétaient souvent leur désir de voir la guerre finie.
Les Allemands avait mis un capitaine médecin Lump qui fut rapidement dépassé et les prisonniers souffrirent de l’insuffisance de sa capacité à gérer. Il choisissait la facilité face aux difficultés et semblait avoir peur d’avoir des histoires avec l’autorité supérieure. Fin juin, le major Enzinger arriva pour prendre la suite et les choses allèrent mieux tout en restant très mauvaises. Les gardes à l’hôpital et au Stalag 221, du bataillon de sécurité 909, étaient principalement autrichiens, polonais/lettons et assez âgés, avaient mauvais moral, paraissaient attendre d’être faits prisonniers par les alliés, et répétaient souvent leur désir de voir la guerre finie. Le Sicherheit Dienst,  en face de l'hôpital avait des victimes décédées  ou en mauvais état par suite des tortures. Elle étaient amenées dans une cellule qui n'avait pas d'ouverture vers l'extérieur et qui puait. La cellule  pouvait être éclairée de l'extérieur. De temps en temps Lumpp, qui détestait la Gestapo, demandait au professeur Marquis d'essayer de faire quelque chose pour l'homme s'il croyait qu'il y avait une chance de survie. Sinon, personne n'était autorisé à visiter la cellule. <ref> NELSON Douglas Hugh. Capitaine au 224 Para Field Ambulance, British 6th Airborne Division, R.A.M.C., British Army. http://memoiredeguerre.free.fr/convoi44/jean-mace.htm  </ref>


Il paraît qu’il y eut aussi un temps des blessés allemands à l’hôpital, logés au 3e étage et soignés par des médecins allemands et du personnel français.
Il paraît qu’il y eut aussi un temps des blessés allemands à l’hôpital, logés au 3e étage et soignés par des médecins allemands et du personnel français.
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Au total on comptait quelque 650 blessés américains, 270 britanniques, 90 canadiens.
Au total on comptait quelque 650 blessés américains, 270 britanniques, 90 canadiens.


===Un état sanitaire défectueux===
===Un état sanitaire défectueux===
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===La libération===
===La libération===


Pendant la période précédant la [[libération de Rennes]] les raids aériens furent presque quotidiens, menés par des chasseurs contre le triage ferroviaire. Des éclats d’obus antiaériens pleuvaient fréquemment sur l’hôpital. Il y eut encore sept raids menés par 50 bombardiers ou plus sur la ville tuant environ 30 civils et le [[bombardement du 17 juillet 1944]] atteignit l’hôpital psychiatrique. Les Allemands retiraient de l'hôpital les prisonniers les moins gravement blessés pour les détenir aux Front Stalag 133 ou 221 de [[Saint-Jacques-de-la-Lande]] en vue d'un transfèrement vers l'Allemagne.
Pendant la période précédant la [[libération de Rennes]] les raids aériens furent presque quotidiens, menés par des chasseurs contre le triage ferroviaire. Des éclats d’obus antiaériens pleuvaient fréquemment sur l’hôpital. Il y eut encore sept raids menés par 50 bombardiers ou plus sur la ville tuant environ 30 civils et le [[bombardement du 17 juillet 1944]] atteignit l’hôpital psychiatrique. Les Allemands retiraient de l'hôpital les prisonniers les moins gravement blessés pour les détenir aux Front Stalag 133 ou 221 de [[Saint-Jacques-de-la-Lande]] en vue d'un transfèrement vers l'Allemagne, tels le 1re classe Rebaric Nicholas, blessé au dos par balle le 1er août, le sergent technicien Hbrasan Raymond, blessé au dos et à la jambe gauche, le caporal Smith jr., Gordon W., blessé par balle à la poitrine.


Des obus tombèrent près de l’hôpital des prisonniers sans blesser personne. Les patients prisonniers et les infirmières durent faire avec la peur qu’une bombe tombât sur l’hôpital puisqu’il était juste de l’autre côté de l’étroite [[rue Jean Macé]] où les avions visaient le Q.G. de la Gestapo. Parfois du plâtre tombait du plafond et les verres des fenêtres éclataient dans la salle et dans la cour. Les blessés qui le pouvaient allaient s’abriter sous les lits. Cela motiva des prisonniers alliés valides à fuir l’hôpital quelques jours avant l’arrivée de la 4e division blindée et de la 8e division d’infanterie pour libérer Rennes. Quelques braves civils rennais cachèrent des prisonniers dans leurs caves jusqu’à l’arrivée des forces du général Patton. Début août, les Allemands évacuèrent quelque 120 prisonniers pour les embarquer dans le train qu'on appela "train de Langeais", direction l'Allemagne.
Des obus tombèrent près de l’hôpital des prisonniers sans blesser personne. Les patients prisonniers et les infirmières durent faire avec la peur qu’une bombe tombât sur l’hôpital puisqu’il était juste de l’autre côté de l’étroite [[rue Jean Macé]] où les avions visaient le Q.G. de la Gestapo. Parfois du plâtre tombait du plafond et les verres des fenêtres éclataient dans la salle et dans la cour. Les blessés qui le pouvaient allaient s’abriter sous les lits. Cela motiva des prisonniers alliés valides à fuir l’hôpital quelques jours avant l’arrivée de la 4e division blindée et de la 8e division d’infanterie pour libérer Rennes. Quelques braves civils rennais cachèrent des prisonniers dans leurs caves jusqu’à l’arrivée des forces du général Patton. Début août, les Allemands évacuèrent quelque 120 prisonniers pour les embarquer dans le train qu'on appela "train de Langeais", direction l'Allemagne.
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Le 2 août, les Allemands évacuèrent de l'hôpital 120 prisonniers destinés à embarquer dans le triste train "de Langeais". Lorsque les Américains approchèrent de la ville, les Allemands responsables de l’hôpital décidèrent de ne plus évacuer les prisonniers de guerre, se contentant de faire leurs paquets d’effets et d’archives et dirent au personnel de prendre la suite et de se faire prendre par les Américains. Ils dirent « Auf Wiedersehen » et mirent les voiles. L’hôpital eut évidemment des dommages extérieurs mais ne fut pas atteint directement. La Croix-Rouge y pénétra et, au soir du 4 août, arriva un chirurgien de l’armée américaine qui prit des dispositions pour que le 35e hôpital d’évacuation prenne soin des hommes.
Le 2 août, les Allemands évacuèrent de l'hôpital 120 prisonniers destinés à embarquer dans le triste train "de Langeais". Lorsque les Américains approchèrent de la ville, les Allemands responsables de l’hôpital décidèrent de ne plus évacuer les prisonniers de guerre, se contentant de faire leurs paquets d’effets et d’archives et dirent au personnel de prendre la suite et de se faire prendre par les Américains. Ils dirent « Auf Wiedersehen » et mirent les voiles. L’hôpital eut évidemment des dommages extérieurs mais ne fut pas atteint directement. La Croix-Rouge y pénétra et, au soir du 4 août, arriva un chirurgien de l’armée américaine qui prit des dispositions pour que le 35e hôpital d’évacuation prenne soin des hommes.


Le 3 août, le groupe de combat A avait fait mouvement au large de Rennes vers le sud-est, entourant presque la ville. Le Ier bataillon du 13e d’infanterie prit position au nord de Rennes le soir du 3. À l’arrivée du reste du 13e régiment d’infanterie de la 8e division d’infanterie ils commencèrent à bombarder la ville, ignorant l’existence de l’hôpital des prisonniers de guerre mais, heureusement, il n’y eut que peu de dégâts. Un médecin français, probablement le Dr Marquis ou quelqu’un de son équipe, s’infiltra dans les lignes pour signaler aux Américains l’hôpital de prisonniers et le 8e division cessa d’envoyer des obus dans ce secteur. Des membres de la résistance et même des prisonniers parcoururent le Q.G. constatant le départ précipité de la Gestapo le 2 août et y prirent de la nourriture pour nourrir les prisonniers sous-alimentés.
Le 3 août, le groupe de combat A avait fait mouvement au large de Rennes vers le sud-est, entourant presque la ville. Le 1er bataillon du 13e d’infanterie prit position au nord de Rennes le soir du 3. À l’arrivée du reste du 13e régiment d’infanterie de la 8e division d’infanterie ils commencèrent à bombarder la ville, ignorant l’existence de l’hôpital des prisonniers de guerre mais, heureusement, il n’y eut que peu de dégâts. Un médecin français, très  probablement le Dr Colas-Pelletier <ref>[[ Grâce au Dr Colas-Pelletier les bombardiers américains ne frappèrent pas Rennes les 2 et 3 août 1944]]</ref> , s’infiltra dans les lignes pour signaler aux Américains l’hôpital de prisonniers et le 8e division cessa d’envoyer des obus dans ce secteur. Des membres de la résistance et même des prisonniers parcoururent le Q.G. constatant le départ précipité de la Gestapo le 2 août et y prirent de la nourriture pour nourrir les prisonniers sous-alimentés.


Les Allemands quittèrent la ville aux premières heures du 4 août, s’esquivant en direction de Saint-Nazaire. Les seuls à être restés en arrière étaient une poignée d’hommes saouls. Ils furent facilement encerclés par l’infanterie du 13e régiment d'infanterie parvenus à l'hôpital vers 10 h 45, mais il fallut les protéger des Français. La population restée en ville surgit dans les rues pour accueillir les Américains qui dépêchèrent des unités médicales à l’hôpital. Des soldats donnèrent aussitôt tout ce qu’ils purent, y compris de leur propre paquetage, à ceux dont les uniformes partaient en morceaux.
Les Allemands quittèrent la ville aux premières heures du 4 août, s’esquivant en direction de Saint-Nazaire. Les seuls à être restés en arrière étaient une poignée d’hommes saouls. Ils furent facilement encerclés par l’infanterie du 13e régiment d'infanterie parvenus à l'hôpital vers 10 h 45, mais il fallut les protéger des Français. La population restée en ville surgit dans les rues pour accueillir les Américains qui dépêchèrent des unités médicales à l’hôpital. Des soldats donnèrent aussitôt tout ce qu’ils purent, y compris de leur propre paquetage, à ceux dont les uniformes partaient en morceaux. Le 2e classe américain Legendre Emile, blessé par balle à la cuisse et au dos, décède le 1er août.


Le 35e hôpital d’évacuation (''35th Evacuation Hospital'') fut déplacé de Carentan à Rennes le 4 août, et après une nuit complète de voyage en camion, s’installa et fut opérationnel le 5, à 11 h 30, traitant 600 prisonniers de guerre libérés, la plupart en mauvaise condition physique. Beaucoup étaient hospitalisés depuis la campagne d’Afrique, certains depuis le raid sur Dieppe. Leur état nécessitait énormément de soins. Il y avait un fort pourcentage de cas orthopédiques et on trouva les plâtres infestés de vermine, ce qui donna un énorme travail au département de l’hôpital. En dépit du fait que le principal flot de la 8e division d’infanterie s’écoulait en passant devant la porte principale de l’hôpital 35, les citoyens rennais se sentaient en sécurité et faisaient la fête dans les rues voisines.
Le 35e hôpital d’évacuation (''35th Evacuation Hospital'') fut déplacé de Carentan à Rennes le 4 août, et après une nuit complète de voyage en camion, s’installa et fut opérationnel le 5, à 11 h 30, traitant 600 prisonniers de guerre libérés, la plupart en mauvaise condition physique. Beaucoup étaient hospitalisés depuis la campagne d’Afrique, certains depuis le raid sur Dieppe. Leur état nécessitait énormément de soins. Il y avait un fort pourcentage de cas orthopédiques et on trouva les plâtres infestés de vermine, ce qui donna un énorme travail au département de l’hôpital. En dépit du fait que le principal flot de la 8e division d’infanterie s’écoulait en passant devant la porte principale de l’hôpital 35, les citoyens rennais se sentaient en sécurité et faisaient la fête dans les rues voisines.
<ref> 35th Evacuation Hospital - Unit History</ref>
<ref> 35th Evacuation Hospital - Unit History</ref>
===Notes et références===
===Notes et références===


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[[Catégorie:Seconde Guerre mondiale|Hôpital]][[Catégorie:Hôpital, clinique|prisonniers]]
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