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[[Fichier:Pub_abb%C3%A9_Chaupitre.png|200px|left|thumb|''Ouest-Eclair'', 10 décembre 1933]]
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[[Fichier:Almanach.png|200px|left|thumb|Publicité des produits de l'abbé Chaupitre]]
===Un ecclésiastique===
Jean-Marie-Victor Chaupitre, cadet d’une famille pauvre habitant route d'Argentré à Gennes,  et étant de  santé fragile, n’était pas fait pour le travail de la terre. Sa famille l’envoie donc chez les frères de l’instruction chrétienne à Ploërmel. Il devient postulant instituteur mais les élèves lui mènent une vie infernale. Il a peut-être travaillé à la pharmacie des frères où l'on vendait élixirs, pastilles pectorales ou pâtes dentifrices.
Jean-Marie-Victor Chaupitre, cadet d’une famille pauvre habitant route d'Argentré à Gennes,  et étant de  santé fragile, n’était pas fait pour le travail de la terre. Sa famille l’envoie donc chez les frères de l’instruction chrétienne à Ploërmel. Il devient postulant instituteur mais les élèves lui mènent une vie infernale. Il a peut-être travaillé à la pharmacie des frères où l'on vendait élixirs, pastilles pectorales ou pâtes dentifrices.


AU printemps de 1890 il entre au petit séminaire de Versailles et est ordonné prêtre quatre ans plus tard. L'abbé Chaupitre devient curé à Fontenay-lès-Briis (Essonne). En 1904, victime d’un ulcère, il pense passer de vie à trépas mais a la chance de rencontrer l’abbé Chauvel (1823-1910) qui lui conseille l’homéopathie. En quelques jours, le curé se remet, retrouve l’appétit et… devient homéopathe. Au début de 1908, il vient à Rennes où il habite dans une maison au n° 20 de la [[rue Lobineau]].  Il va pratiquer et se donne pour tâche de trouver un antidote pour chacune des maladies connues,  mais on  voit  d’un mauvais œil le “guérisseur”. Il entreprit de vulgariser lui-même sa thérapeutique. Dès 1910 il est condamné pour exercice illégal de la médecine sur plainte des syndicats de médecins et de pharmaciens. Le docteur Porteu de la Morandière, soigné d’une septicémie, se dit guéri grâce à ses prescriptions et devient un de ses collaborateurs. Contre les accusations des médecins, l'abbé ironise au tribunal de Rennes. “Puisque je guéris, à moi la loi, à moi le diplôme, à moi le droit de faire de la médecin,”  mais il est condamné, le 14 avril 1923, à payer  200 F. d’amende et 200 F. de dommages et intérêts envers les plaignants. Les médecins d’Ille et Vilaine, ceux du Maine-et-Loire, l’accusent encore d’exercer illégalement la médecine et ceux-ci le font condamner en 1922 à trois mois de prison qu'il passe à la [[prison Jacques-Cartier]] de Rennes, 1000 F. d'amende et 3000 F. de dommages et intérêts. Le 25 avril 1926 c'est à quatre mois de prison et 25 000 F. de dommages et intérêts qu'il est condamné, et à un mois supplémentaire pour avoir placardé dans les rues de Rennes  une affiche jaune : "Il n'ira pas en prison". Il épuise en vain tous les recours judiciaires.  Pour éviter d'autres emprisonnements il quitte Rennes vers août 1927 et s'exile en Belgique. On vend ses fioles, ses "petites bouteilles" comme il disait,  dans toutes les pharmacies, elles sont revêtues de la signature et du portrait de l'Abbé Chaupitre, afin que les malades ne soient pas trompés par des imitations. En 1929, 96 étaient référencées mais aujourd'hui une quarantaine est encore commercialisée.  Les Drs Porteu et Manget prirent sa suite avec son collaborateur Alcide Liorit. En 1933 il voyage en Egypte, à Jérusalem, en  Espagne, en Italie. Le 27 avril 1934, le quotidien l'''Ouest-Eclair'' lui consacre un grand article. Il fut inhumé à Gennes-sur-Seiche.
Au printemps de 1890 il entre au petit séminaire de Versailles et est ordonné prêtre quatre ans plus tard. L'abbé Chaupitre devient curé à Fontenay-lès-Briis (Essonne). En 1904, victime d’un ulcère, il pense passer de vie à trépas mais a la chance de rencontrer l’abbé Chauvel (1823-1910) qui lui conseille l’homéopathie.
 
===Homéopathe à succès===
En quelques jours, le curé se remet, retrouve l’appétit et… devient homéopathe. Au début de 1908, il vient à Rennes où il habite dans une maison au n° 20 de la [[rue Lobineau]].  Il va pratiquer et se donne pour tâche de trouver un antidote pour chacune des maladies connues,  mais on  voit  d’un mauvais œil le “guérisseur”. Il entreprit de vulgariser lui-même sa thérapeutique. Dès 1910 il est condamné pour exercice illégal de la médecine sur plainte des syndicats de médecins et de pharmaciens. Le docteur Porteu de la Morandière, soigné d’une septicémie, se dit guéri grâce à ses prescriptions et devient un de ses collaborateurs.
 
===Persécuté===
Contre les accusations des médecins, l'abbé ironise au tribunal de Rennes. “Puisque je guéris, à moi la loi, à moi le diplôme, à moi le droit de faire de la médecin,”  mais il est condamné, le 14 avril 1923, à payer  200 F. d’amende et 200 F. de dommages et intérêts envers les plaignants. Les médecins d’Ille et Vilaine, ceux du Maine-et-Loire, l’accusent encore d’exercer illégalement la médecine et ceux-ci le font condamner en 1922 à trois mois de prison qu'il passe à la [[prison Jacques-Cartier]] de Rennes, 1000 F. d'amende et 3000 F. de dommages et intérêts. Le 25 avril 1926 c'est à quatre mois de prison et 25 000 F. de dommages et intérêts qu'il est condamné, et à un mois supplémentaire pour avoir placardé dans les rues de Rennes  une affiche jaune : "Il n'ira pas en prison". Il épuise en vain tous les recours judiciaires.  Pour éviter d'autres emprisonnements il quitte Rennes vers août 1927 et s'exile en Belgique. On vend ses fioles, ses "petites bouteilles" comme il disait,  dans toutes les pharmacies, elles sont revêtues de la signature et du portrait de l'Abbé Chaupitre, afin que les malades ne soient pas trompés par des imitations. En 1929, 96 étaient référencées mais aujourd'hui une quarantaine est encore commercialisée.  Les Drs Porteu et Manget prirent sa suite avec son collaborateur Alcide Liorit. En 1933 il voyage en Egypte, à Jérusalem, en  Espagne, en Italie. Le 27 avril 1934, le quotidien l'''Ouest-Eclair'' lui consacre un grand article. Il fut inhumé à Gennes-sur-Seiche.
 


===Références===
===Références===


''L'Abbé Chaupitre, un pionnier de l'homéopathie en Bretagne'' B. Lebeau. Bulletin et mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, p.175 à 196 - 1988
''L'Abbé Chaupitre, un pionnier de l'homéopathie en Bretagne'' B. Lebeau. Bulletin et mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, p.175 à 196 - 1988

Version du 24 juillet 2017 à 13:30


L'abbé Chaupitre

( 22 octobre 1859, Gennes-sur-Seiche - 21 avril 1934, Naples)

L'abbé Chaupitre
Ouest-Eclair, 10 décembre 1933
Ouest-Eclair, 2 avril 1939
Publicité des produits de l'abbé Chaupitre

Un ecclésiastique

Jean-Marie-Victor Chaupitre, cadet d’une famille pauvre habitant route d'Argentré à Gennes, et étant de santé fragile, n’était pas fait pour le travail de la terre. Sa famille l’envoie donc chez les frères de l’instruction chrétienne à Ploërmel. Il devient postulant instituteur mais les élèves lui mènent une vie infernale. Il a peut-être travaillé à la pharmacie des frères où l'on vendait élixirs, pastilles pectorales ou pâtes dentifrices.

Au printemps de 1890 il entre au petit séminaire de Versailles et est ordonné prêtre quatre ans plus tard. L'abbé Chaupitre devient curé à Fontenay-lès-Briis (Essonne). En 1904, victime d’un ulcère, il pense passer de vie à trépas mais a la chance de rencontrer l’abbé Chauvel (1823-1910) qui lui conseille l’homéopathie.

Homéopathe à succès

En quelques jours, le curé se remet, retrouve l’appétit et… devient homéopathe. Au début de 1908, il vient à Rennes où il habite dans une maison au n° 20 de la rue Lobineau. Il va pratiquer et se donne pour tâche de trouver un antidote pour chacune des maladies connues, mais on voit d’un mauvais œil le “guérisseur”. Il entreprit de vulgariser lui-même sa thérapeutique. Dès 1910 il est condamné pour exercice illégal de la médecine sur plainte des syndicats de médecins et de pharmaciens. Le docteur Porteu de la Morandière, soigné d’une septicémie, se dit guéri grâce à ses prescriptions et devient un de ses collaborateurs.

Persécuté

Contre les accusations des médecins, l'abbé ironise au tribunal de Rennes. “Puisque je guéris, à moi la loi, à moi le diplôme, à moi le droit de faire de la médecin,” mais il est condamné, le 14 avril 1923, à payer 200 F. d’amende et 200 F. de dommages et intérêts envers les plaignants. Les médecins d’Ille et Vilaine, ceux du Maine-et-Loire, l’accusent encore d’exercer illégalement la médecine et ceux-ci le font condamner en 1922 à trois mois de prison qu'il passe à la prison Jacques-Cartier de Rennes, 1000 F. d'amende et 3000 F. de dommages et intérêts. Le 25 avril 1926 c'est à quatre mois de prison et 25 000 F. de dommages et intérêts qu'il est condamné, et à un mois supplémentaire pour avoir placardé dans les rues de Rennes une affiche jaune : "Il n'ira pas en prison". Il épuise en vain tous les recours judiciaires. Pour éviter d'autres emprisonnements il quitte Rennes vers août 1927 et s'exile en Belgique. On vend ses fioles, ses "petites bouteilles" comme il disait, dans toutes les pharmacies, elles sont revêtues de la signature et du portrait de l'Abbé Chaupitre, afin que les malades ne soient pas trompés par des imitations. En 1929, 96 étaient référencées mais aujourd'hui une quarantaine est encore commercialisée. Les Drs Porteu et Manget prirent sa suite avec son collaborateur Alcide Liorit. En 1933 il voyage en Egypte, à Jérusalem, en Espagne, en Italie. Le 27 avril 1934, le quotidien l'Ouest-Eclair lui consacre un grand article. Il fut inhumé à Gennes-sur-Seiche.


Références

L'Abbé Chaupitre, un pionnier de l'homéopathie en Bretagne B. Lebeau. Bulletin et mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, p.175 à 196 - 1988