« Le "second procès de Rennes" en 1906 » : différence entre les versions

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Dès le soir du 23 février, un « très vif incident » implique à la Chambre Adolphe Messimy et le député de Saint-Malo Robert Surcouf. Élu de la Seine, Messimy faisant explicitement référence au 47e régiment d’infanterie, interroge le gouvernement à propos de ces « actes d’indiscipline commis par des officiers au cours des inventaires en Bretagne et qui sont de nature à porter atteinte à la dignité et à l’honneur de l’armée », proclamation nourrie d’applaudissements en provenance de la gauche de l’hémicycle. Faisant front commun avec son collègue qui, comme lui a voté la loi du 9 décembre 1905, Robert Surcouf profite de l’occasion qui lui est donnée pour accuser « le parti réactionnaire et le clergé », responsables de ces « tristes faits ».
Dès le soir du 23 février, un « très vif incident » implique à la Chambre Adolphe Messimy et le député de Saint-Malo Robert Surcouf. Élu de la Seine, Messimy faisant explicitement référence au 47e régiment d’infanterie, interroge le gouvernement à propos de ces « actes d’indiscipline commis par des officiers au cours des inventaires en Bretagne et qui sont de nature à porter atteinte à la dignité et à l’honneur de l’armée », proclamation nourrie d’applaudissements en provenance de la gauche de l’hémicycle. Faisant front commun avec son collègue qui, comme lui a voté la loi du 9 décembre 1905, Robert Surcouf profite de l’occasion qui lui est donnée pour accuser « le parti réactionnaire et le clergé », responsables de ces « tristes faits ».
Le 25 février ''Le Temps'' relate l’affaire, en se basant sur des articles de la presse d’Ille-et-Vilaine. Sur une colonne, en seconde page, les moindres détails de la journée du 23 sont exposés. Dans ''Le Figaro'' l’affaire de Saint-Servan est traitée par le correspondant particulier du journal à Rennes et placée en tête de la rubrique « L’Inventaire dans les départements » avec un traitement tout aussi sobre de cette information que celui opéré par Le Temps. En revanche ''La Croix'' présente les trois officiers du 47e RI comme les « victimes d’une infâme politique intérieure, politique maçonne, jacobine et sectaire jusqu’à la cruauté barbare ».
Le 25 février ''Le Temps'' relate l’affaire, en se basant sur des articles de la presse d’Ille-et-Vilaine. Sur une colonne, en seconde page, les moindres détails de la journée du 23 sont exposés. Dans ''Le Figaro'' l’affaire de Saint-Servan est traitée par le correspondant particulier du journal à Rennes et placée en tête de la rubrique « L’Inventaire dans les départements » avec un traitement tout aussi sobre de cette information que celui opéré par Le Temps. En revanche ''La Croix'' présente les trois officiers du 47e RI comme les « victimes d’une infâme politique intérieure, politique maçonne, jacobine et sectaire jusqu’à la cruauté barbare ».
Le ministère de la Guerre adresse à l’agence de presse Havas un communiqué indiquant que le général commandant le 10e corps d’armée a infligé au commandant Héry et aux capitaines Cléret de Langavant et Spiral les arrêts de forteresse et a prescrit d’établir contre eux une plainte en Conseil de guerre.
Le ministère de la Guerre adresse à l’agence de presse Havas un communiqué indiquant que le général commandant le 10e corps d’armée a infligé au commandant Héry et aux capitaines Cléret de Langavant et Spiral les arrêts de forteresse et a prescrit d’établir contre eux une plainte en Conseil de [[Fichier:Incidents_de_St_Servan.png|300px|right|thumb|''Ouest-Eclair'' du 20 mars 1906]]
===Un procès à charge, mais des peines minimes…===
===Un procès à charge, mais des peines minimes…===


Le procès se déroule à Rennes dans la matinée du 19 mars 1906 devant le Conseil de guerre de la 10e région militaire, dans la salle des fêtes du Lycée de Rennes nommé aujourd’hui Zola en l’honneur de l’auteur de ''J’accuse'', devant une assistance principalement composée d’une centaine de curieux, de femmes d’officiers, de journalistes dépêchés pour l’occasion et d’avocats. Le service d’ordre est assuré par une compagnie du 41e RI.
Le procès se déroule à Rennes dans la matinée du 19 mars 1906 devant le Conseil de guerre de la 10e région militaire, dans la salle des fêtes du Lycée de Rennes nommé aujourd’hui [[lycée Émile Zola]]  en l’honneur de l’auteur de ''J’accuse'', devant une assistance principalement composée d’une centaine de curieux, de femmes d’officiers, de journalistes dépêchés pour l’occasion et d’avocats. Le service d’ordre est assuré par une compagnie du 41e RI.
Les officiers accusés disposent d’une solide expérience professionnelle puisque le plus jeune des trois inculpés comptabilise vingt années de service (Charles Spiral), le plus ancien trente (Louis Héry). Les trois officiers choisissent le même défenseur inscrit au barreau de Rennes, Me Jenouvrier. Le général de division Henry Davignon, 60 ans, dispose d’un indéniable prestige, comme en atteste son grade de commandeur de la Légion d’honneur mais l’impartialité des jurés n’est pas – au-delà même de leurs convictions philosophiques – sans poser de question car plusieurs ont une proximité certaine avec l’accusation, mais aussi avec les prévenus. En effet, quelques-uns servent déjà depuis un certain nombre d’années au sein de la 10 e région militaire et ont donc nécessairement eu l’occasion de rencontrer les trois accusés.
Les officiers accusés disposent d’une solide expérience professionnelle puisque le plus jeune des trois inculpés comptabilise vingt années de service (Charles Spiral), le plus ancien trente (Louis Héry). Les trois officiers choisissent le même défenseur inscrit au barreau de Rennes, Me Jenouvrier. Le général de division Henry Davignon, 60 ans, dispose d’un indéniable prestige, comme en atteste son grade de commandeur de la Légion d’honneur mais l’impartialité des jurés n’est pas – au-delà même de leurs convictions philosophiques – sans poser de question car plusieurs ont une proximité certaine avec l’accusation, mais aussi avec les prévenus. En effet, quelques-uns servent déjà depuis un certain nombre d’années au sein de la 10 e région militaire et ont donc nécessairement eu l’occasion de rencontrer les trois accusés.
   
   
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