« Libération : le 4 août d'un Rennais » : différence entre les versions

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Avant d’aller chez moi, je vais au poste de secours voir le matériel. Il est au complet. Je rencontre M. Martin. Il y a un mort dans le secteur, tué à minuit par une rafale de mitrailleuse allemande. Il a été relevé mais personne pour faire sa toilette. Mme Descure, prévenue accourt. On prend du matériel. On va à la maison. Le bonhomme est raide. On le déshabille péniblement. Ses membres raides et dans des positions incommodes rendent impossible le déshabillage complet. Je coupe la chemise ensanglantée et je la brûle. J’aide à ôter le pantalon. Une femme lave les pieds en pleurant. Mme Lescure lave les plaies et comme les boyaux sont trop sortis pour qu’on tente de les rentrer on fait un gros pansement, puis on drape le cadavre du linceul. C’est un père de sept enfants, victime de sa curiosité.
Avant d’aller chez moi, je vais au poste de secours voir le matériel. Il est au complet. Je rencontre M. Martin. Il y a un mort dans le secteur, tué à minuit par une rafale de mitrailleuse allemande. Il a été relevé mais personne pour faire sa toilette. Mme Descure, prévenue accourt. On prend du matériel. On va à la maison. Le bonhomme est raide. On le déshabille péniblement. Ses membres raides et dans des positions incommodes rendent impossible le déshabillage complet. Je coupe la chemise ensanglantée et je la brûle. J’aide à ôter le pantalon. Une femme lave les pieds en pleurant. Mme Lescure lave les plaies et comme les boyaux sont trop sortis pour qu’on tente de les rentrer on fait un gros pansement, puis on drape le cadavre du linceul. C’est un père de sept enfants, victime de sa curiosité.
Deschamps survient et dit que le général Nicolet a été tué accidentellement par un obus.
Deschamps survient et dit que le général Nicolet a été tué accidentellement par un obus.
[[Fichier:Pierre_de_La_haye418.jpg|400px|right|thumb|L'auteur du journal, au 1er rang, 4e en partant de la droite. "au siège de la Résistance, à la Maison du prisonnier.  * <ref> * Cette maison était à l'angle ouest du boulevard de la Liberté et de la rue Tronjolly </ref>  "''Nous touchons un brassard blanc à croix de Lorraine dans un V et un fusil. Cinq minutes ou dix minutes de maniement d’armes…''"]]
[[Fichier:Pierre_de_La_haye418.jpg|400px|right|thumb|L'auteur du journal, au 1er rang, 4e en partant de la droite. "au siège de la Résistance, à la Maison du prisonnier.  * <ref> * Cette maison était à l'angle ouest du boulevard de la Liberté et de la rue Tronjolly </ref>  "''Nous touchons un brassard blanc à croix de Lorraine dans un V et un fusil. Cinq minutes ou dix minutes de maniement d’armes…''"]] <ref> 1er - 4 août 1944:L'étrange libération de Rennes. Étienne Maignen.  Éditions Yellow Concept. Saint-Suliac - Octobre 2017 </ref>
Retour à la maison par des rues maintenant agitées. On ramasse les débris de guerre qui traînent à droite et à gauche. Je vois Paulette et les autres hôtes de la cave. Ils sont heureux. Paulette a ramassé un bidon à la porte ; M. « X » un casque ; une dame, une baïonnette […]
Retour à la maison par des rues maintenant agitées. On ramasse les débris de guerre qui traînent à droite et à gauche. Je vois Paulette et les autres hôtes de la cave. Ils sont heureux. Paulette a ramassé un bidon à la porte ; M. « X » un casque ; une dame, une baïonnette […]
J’arbore les couleurs nationales. Je retourne au poste de Croix-Rouge où je ne reste que quelques minutes et je reviens à la maison. Au retour je croise les premiers soldats américains. C’est un délire. Les gens vont au-devant d’eux, les fleurissent ; on chante, on rit, on pleure. Des drapeaux de toutes les couleurs alliées sont arborés… les gens sont sortis des caves pour agiter des mouchoirs alors que, dans la même journée, quelques heures plus tôt, c’étaient les mines… une affreuse mutilation de la ville en son cœur. <ref> [[Libération de Rennes]]</ref>
J’arbore les couleurs nationales. Je retourne au poste de Croix-Rouge où je ne reste que quelques minutes et je reviens à la maison. Au retour je croise les premiers soldats américains. C’est un délire. Les gens vont au-devant d’eux, les fleurissent ; on chante, on rit, on pleure. Des drapeaux de toutes les couleurs alliées sont arborés… les gens sont sortis des caves pour agiter des mouchoirs alors que, dans la même journée, quelques heures plus tôt, c’étaient les mines… une affreuse mutilation de la ville en son cœur. <ref> [[Libération de Rennes]]</ref>
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Au retour, Cochet et Pasquier m’emmènent au journal. J’apprends l’arrestation de plusieurs personnalités connues dont Florian Le Roy, <ref> [[ Après la libération, les internées administratives au camp Margueritte]] </ref> Raymond André… J’apprends aussi que M. Artur et peut-être MM. Vente et Desgrées du Loû sont éloignés du journal. Le journal, comme tout le quartier de la poste, est dans un état lamentable. Cloisons soufflées, etc.
Au retour, Cochet et Pasquier m’emmènent au journal. J’apprends l’arrestation de plusieurs personnalités connues dont Florian Le Roy, <ref> [[ Après la libération, les internées administratives au camp Margueritte]] </ref> Raymond André… J’apprends aussi que M. Artur et peut-être MM. Vente et Desgrées du Loû sont éloignés du journal. Le journal, comme tout le quartier de la poste, est dans un état lamentable. Cloisons soufflées, etc.
Discours.  Cochet présente « Mon camarade Lesage de La Haye, soldat des forces intérieures. » hutin m’embrasse. Jean Marin vient me serrer la main avec effusion. C’est un ancien camarade de classe. Son vrai nom est Yves Morvan.
Discours.  Cochet présente « Mon camarade Lesage de La Haye, soldat des forces intérieures. » Hutin m’embrasse. <ref> [[Boulevard Paul Hutin-Desgrées]]</ref>  Jean Marin <ref>[[rue Jean Marin]]</ref>vient me serrer la main avec effusion. C’est un ancien camarade de classe. Son vrai nom est Yves Morvan.


Un Américain, journaliste, me parle : « Les Français font des discours trop longs et trop de discours… » C’est un peu vrai. Cochet a exécuté assez sèchement M. Artur et ''L’Ouest-Éclair''. M. Aubrée a tout de même rendu hommage à M. Artur. Béguier, Batisse, un troisième et moi allons prendre deux demis. On se sépare. Je rentre à la maison.
Un Américain, journaliste, me parle : « Les Français font des discours trop longs et trop de discours… » C’est un peu vrai. Cochet a exécuté assez sèchement M. Artur et ''L’Ouest-Éclair''. M. Aubrée a tout de même rendu hommage à M. Artur. Béguier, Batisse, un troisième et moi allons prendre deux demis. On se sépare. Je rentre à la maison.
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