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<ref> documentation fournie par Étienne Maignen </ref>


'''1er AOÛT, COUP D'ARRÊT À MAISON-BLANCHE  '''
 
 
====Juin et juillet 1944====
====Juin et juillet 1944====


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[[Fichier:4459061117110619g_eugen_konig.jpg|100px|left|thumb|Le colonel Eugen König, chargé de la défense de Rennes, plus tard  Generalleutnant]]
[[Fichier:4459061117110619g_eugen_konig.jpg|100px|left|thumb|Le colonel Eugen König, chargé de la défense de Rennes, plus tard  Generalleutnant]]
[[Fichier:D33fd21257_batterie_a_maison_blanche.jpg|250px|left|thumb|Canons de la batterie allemande à Maison-Blanche]]
[[Fichier:D33fd21257_batterie_a_maison_blanche.jpg|250px|left|thumb|Canons de la batterie allemande à Maison-Blanche]]
[[Fichier:Bruce_c_clarke.png|left|250px|thumb|Bruce C. Clarke, colonel commandant le groupe de combat A de la 4e division blindée en août 1944, ici général une dizaine d'années plus tard]]
[[Fichier:Bruce_C._Clarke.png|left|250px|thumb|Bruce C. Clarke, colonel commandant le groupe de combat A de la 4e division blindée]]
 
Le 5 juillet au matin, 600 prisonniers alliés détenus au camp de la Marne (Stalag 221) sont embarqués dans des wagons à bestiaux, direction l'Allemagne.
Le 5 juillet au matin, 600 prisonniers alliés détenus au camp de la Marne (Stalag 221) sont embarqués dans des wagons à bestiaux, direction l'Allemagne.
Dans la matinée du 7 juillet, l'armée allemande s'était livrée à des tirs d'artillerie à diverse entrées de Rennes : notamment au nord de [[Saint-Grégoire]] vers [[Montgermont]] (route de Saint-Malo), de la route de Fougères en direction de Liffré, vers [[Thorigné-Fouillard|Thorigné]], au sud du [[Le Rheu|Rheu]] et au nord-ouest de [[Pacé]] ([[route de Saint-Brieuc]]), de [[Chantepie]] à [[Cesson-Sévigné|Cesson]] (route de Paris). La population avait été avertie la veille que l'accès à ces terrains serait interdit et qu'il y avait danger de mort à y pénétrer<ref> L'Ouest-Eclair du 6 juillet 1944</ref>.
Dans la matinée du 7 juillet, l'armée allemande s'était livrée à des tirs d'artillerie à diverse entrées de Rennes : notamment au nord de [[Saint-Grégoire]] vers [[Montgermont]] (route de Saint-Malo), de la route de Fougères en direction de Liffré, vers [[Thorigné-Fouillard|Thorigné]], au sud du [[Le Rheu|Rheu]] et au nord-ouest de [[Pacé]] ([[route de Saint-Brieuc]]), de [[Chantepie]] à [[Cesson-Sévigné|Cesson]] (route de Paris). La population avait été avertie la veille que l'accès à ces terrains serait interdit et qu'il y avait danger de mort à y pénétrer<ref> L'Ouest-Eclair du 6 juillet 1944</ref>.
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Mais trois semaines plus tard, le 1er août, se termine l'opération ''Cobra'' entamée en Normandie : par la route d'Antrain des éléments de la 4e DB américaine dirigée par le Major General John S. Wood commandant la 4e division blindée (''4th Armored Division''), dit "Tiger Jack", sous les ordres des généraux George Patton et Omar Bradley, descendent d’Avranches. À Antrain le colonel Rémy constate que 480 Allemands se sont rendus à des FFI et sont parqués dans une vaste salle <ref> ''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> "La longue descente sur Rennes ne fut pas une promenade dominicale dans un parc". Bien que la résistance allemande se fut évanouie au sud d’Avranches, il n’y avait aucune certitude quant à ce que rencontrerait la 4e blindée à mesure de l’approche du prochain objectif d’importance. Le 10e bataillon d’infanterie blindé (AIB) aurait bientôt un échantillon de ce que les Allemands lui réservaient à Rennes". Ce jour-là, un membre de la compagnie A, sans égal pour son audace et sa réussite mena une mission de reconnaissance bien particulière. Le soldat de première classe du 10e bataillon d’infanterie blindé, Wilfred Pelletier, était d’ascendance française comme son nom l‘indiquait et parlait français couramment. Il fut volontaire pour se mettre en civil et paraître un civil français pour faire une mission de reconnaissance approfondie des positions ennemies. Il se promena dans la campagne et fut bientôt chez les Allemands sans avoir été interpellé. De fait, il resta avec les troupes allemandes ce soir-là et demanda à l’une de leurs sentinelles de le réveiller à 7 heures du matin. Et l’Allemand s’exécuta ! Pelletier revint avec une moisson de renseignements sur les positions ennemies et leur dépôt de stocks." L'objectif premier était de "contrôler la hauteur entre Saint-Laurent et Lesboria" ("Lesboria", déformation phonétique de ''Le Poirier'', ferme à l'ouest de la route (à l'emplacement de l'actuelle [[rue du Poirier Nivet]]).»<ref>Patton's Vanguard, the United States Army Fourth Armored Division, par Don M. Fox, éd. Macfarland - 2003</ref>  
Mais trois semaines plus tard, le 1er août, se termine l'opération ''Cobra'' entamée en Normandie : par la route d'Antrain des éléments de la 4e DB américaine dirigée par le Major General John S. Wood commandant la 4e division blindée (''4th Armored Division''), dit "Tiger Jack", sous les ordres des généraux George Patton et Omar Bradley, descendent d’Avranches. À Antrain le colonel Rémy constate que 480 Allemands se sont rendus à des FFI et sont parqués dans une vaste salle <ref> ''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> "La longue descente sur Rennes ne fut pas une promenade dominicale dans un parc". Bien que la résistance allemande se fut évanouie au sud d’Avranches, il n’y avait aucune certitude quant à ce que rencontrerait la 4e blindée à mesure de l’approche du prochain objectif d’importance. Le 10e bataillon d’infanterie blindé (AIB) aurait bientôt un échantillon de ce que les Allemands lui réservaient à Rennes". Ce jour-là, un membre de la compagnie A, sans égal pour son audace et sa réussite mena une mission de reconnaissance bien particulière. Le soldat de première classe du 10e bataillon d’infanterie blindé, Wilfred Pelletier, était d’ascendance française comme son nom l‘indiquait et parlait français couramment. Il fut volontaire pour se mettre en civil et paraître un civil français pour faire une mission de reconnaissance approfondie des positions ennemies. Il se promena dans la campagne et fut bientôt chez les Allemands sans avoir été interpellé. De fait, il resta avec les troupes allemandes ce soir-là et demanda à l’une de leurs sentinelles de le réveiller à 7 heures du matin. Et l’Allemand s’exécuta ! Pelletier revint avec une moisson de renseignements sur les positions ennemies et leur dépôt de stocks." L'objectif premier était de "contrôler la hauteur entre Saint-Laurent et Lesboria" ("Lesboria", déformation phonétique de ''Le Poirier'', ferme à l'ouest de la route (à l'emplacement de l'actuelle [[rue du Poirier Nivet]]).»<ref>Patton's Vanguard, the United States Army Fourth Armored Division, par Don M. Fox, éd. Macfarland - 2003</ref>  
====À 5,5 kilomètres de la place de la Mairie de Rennes...====
 
Des chars et les autochenilles s’arrêtent avant Maison-Blanche, sur la commune de Saint-Grégoire, à 5,5km de la place de la Mairie de Rennes à vol d'avion. Est installée dans le voisinage au sud depuis mars 1943 une batterie de DCA mixte (Gemischte Flak-Abteilung 441) avec 6 canons de 88 m/m, 2 canons  quadritubes de 20 m/m, une centaine de fantassins disposant aussi de mitrailleuses et lance-roquettes antichar. Les Américains savent l'existence d'une batterie allemande quelque part dans le secteur mais ne la situent pas exactement.
====À 5,5 kilomètres de la place de la Mairie de Rennes '''1er AOÛT, COUP D'ARRÊT À MAISON-BLANCHE  ''' ====
 
<ref> [[Le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche]]</ref>
Des chars et les autochenilles s’arrêtent avant Maison-Blanche, sur la commune de Saint-Grégoire, à 5,5km de la place de la Mairie de Rennes à vol d'avion. Est installée dans le voisinage au sud depuis mars 1943 une batterie de DCA mixte (Gemischte Flak-Abteilung 2/441) avec 6 canons de 88 m/m, 2 canons  quadritubes de 20 m/m, une centaine de fantassins disposant aussi de mitrailleuses et lance-roquettes antichar. Les Américains savent l'existence d'une batterie allemande quelque part dans le secteur mais ne la situent pas exactement.


                                                                                                                          
                                                                                                                          
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[[Fichier:Autochenille_de_la_4e_DB.png|left|250px|thumb|Autochenille de la 4e DB, à Avranches le 31 juillet 1944]]
[[Fichier:Autochenille_de_la_4e_DB.png|left|250px|thumb|Autochenille de la 4e DB, à Avranches le 31 juillet 1944]]
[[Fichier:Auto-chenille.jpg|250px|left|thumb|Autochenille touchée par un tir direct sur la route après Maison Blanche, l'avant écrasé dirigé vers Rennes; ses 7 occupants sont tués]]
[[Fichier:Auto-chenille.jpg|250px|left|thumb|Autochenille touchée par un tir direct sur la route après Maison Blanche, l'avant écrasé dirigé vers Rennes; ses 7 occupants sont tués]]
[[Fichier:Char_am%C3%A9ricain_%C3%A0_Maison-Blanche.png|thumb||250px|Char Sherman touché à Maison-Blanche (Archives départementale d'Ille-et-Vilaine. 167 J 19)]]
A 15 heures le secteur est atteint par des tirs de la batterie de Flak de Chantepie, les chars avancent et sont en butte aux tirs allemands. Le commandant du bataillon, le lieutenant-colonel Kirkpatrick, commandant le 10e bataillon d'infanterie blindée, et l’officier commandant le bataillon de chars 37, le capitaine Tiegs, sont atteints en terrain dégagé pendant le tir de barrage et un obus éclata au-dessus de leurs têtes, blessant sérieusement les deux officiers. Le major Arthur L. West, qui se tenait près de Kirkpatrick lorsqu’il fut touché par l’obus, prit le commandement du 10e bataillon d’infanterie  blindée et le Ier lieutenant Leach reçut le commandement du 37e bataillon. La division blindée perdit 11 chars sur 25 et 3 autochenilles touchées par la batterie de DCA œuvrant à tir tendu.<ref> [[Herbert R. Bachant, un libérateur mort devant Rennes]]</ref>. Les troupes américaines se retirent de plusieurs kilomètres sous couvert d'un rideau de fumée et 30 P.47 Thunderbolt du ''19th tactical Air Command'' pilonneront les positions de DCA allemande, sans grand résultat.
A 15 heures le secteur est atteint par des tirs de la batterie de Flak de Chantepie, les chars avancent et sont en butte aux tirs allemands. Le commandant du bataillon, le lieutenant-colonel Kirkpatrick, commandant le 10e bataillon d'infanterie blindée, et l’officier commandant le bataillon de chars 37, le capitaine Tiegs, sont atteints en terrain dégagé pendant le tir de barrage et un obus éclata au-dessus de leurs têtes, blessant sérieusement les deux officiers. Le major Arthur L. West, qui se tenait près de Kirkpatrick lorsqu’il fut touché par l’obus, prit le commandement du 10e bataillon d’infanterie  blindée et le Ier lieutenant Leach reçut le commandement du 37e bataillon. La division blindée perdit 11 chars sur 25 et 3 autochenilles touchées par la batterie de DCA œuvrant à tir tendu.<ref> [[Herbert R. Bachant, un libérateur mort devant Rennes]]</ref>. Les troupes américaines se retirent de plusieurs kilomètres sous couvert d'un rideau de fumée et 30 P.47 Thunderbolt du ''19th tactical Air Command'' pilonneront les positions de DCA allemande, sans grand résultat.


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Le 2 août, vers 10 heures, une dizaine de soldats américains, parmi lesquels des observateurs d'artillerie, venus du nord en passant à moins de 100 mètres de la batterie, arrivent à la ferme des ''Grandes Cours'' et l'un d'eux monte au faîte de la maison. Ils s'en vont à l'approche d'un groupe d'Allemands. L'après-midi, une section d'obusiers tire de ''Roulefort'' sur la batterie allemande.
Le 2 août, vers 10 heures, une dizaine de soldats américains, parmi lesquels des observateurs d'artillerie, venus du nord en passant à moins de 100 mètres de la batterie, arrivent à la ferme des ''Grandes Cours'' et l'un d'eux monte au faîte de la maison. Ils s'en vont à l'approche d'un groupe d'Allemands. L'après-midi, une section d'obusiers tire de ''Roulefort'' sur la batterie allemande.
[[Fichier:Char_a_maison_blanche.jpg|200px|right|thumb|Au milieu des pommiers, un char frappé par un tir de canon allemand de 88 mm]]<ref> Récit du Dr Leroy</ref>
[[Fichier:Char_a_maison_blanche.jpg|250px|right|thumb|Au milieu des pommiers, un char frappé par un tir de canon allemand de 88 mm]]<ref> Récit du Dr Leroy</ref>
====''Relations américaines sur le combat de Maison Blanche''====
====''Relations américaines sur le combat de Maison Blanche''====


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Le ''New York Times'' du 4 août annonce en page 1 la prise de Rennes et invente la reddition d'un millier d'Allemands se rendant sans armes en rangs par quatre, drapeaux blancs au bout de bâtons, officiers en tête et présente une relation fantaisiste du combat de Maison Blanche qui se serait terminé par la destruction de la batterie allemande ! Il relate, en page 4, une communication téléphonée de Saint-Aubin d'Aubigné par son correspondant Gene Currivan, du 2 août mais retardée, titrant :" '''Une colline près de Rennes s'avère un os'''", ajoutant : "''canons de 88 mm allemands, mortiers, tireurs d'élite, mitrailleuses tentent en vain d'encercler une colonne US". ''Il relate que'' "le fer de lance d'une unité blindée a foncé dans ce qu'un officier haut gradé a appelé un "nid de frelons". Comme ils approchaient de Saint-Laurent, "colline donnant sur la belle ville épiscopale de Rennes", ils furent accueillis par des tirs de canons allemands de 88 mm. Une section de chars fut envoyée pour répondre à cette attaque et, approchant la zone de combat où des canons allemands tiraient à bout portant, d'autres canons de 88 mm tirèrent des deux côtés, cernant les Américains. Jusqu'alors on avait cru n'avoir que deux gros canons en face alors que de tous côtés provenait un feu nourri de mortiers et de mitrailleuses. Le colonel qui avait envoyé la colonne en avant et suivait à pied dût rester dans un fossé pendant plus d'une heure. A chaque tentative de sa part pour partir des rafales de mitrailleuse provenant des haies voisines le forçaient à se remettre à couvert. Décrivant plus tard la bataille, il dit que même Hollywood n'aurait produit rien de tel en matière de feu d'artifice et de frissons. Nos pertes furent relativement légères. La bataille finie, il ne resta aucun des canons de 88 mm, les nids de mitrailleuses étaient balayés, les mortiers mis en pièces, et les tireurs qui avaient gaspillé leurs munitions étaient dirigés vers des camps de prisonniers''. (traduction Étienne Maignen)
Le ''New York Times'' du 4 août annonce en page 1 la prise de Rennes et invente la reddition d'un millier d'Allemands se rendant sans armes en rangs par quatre, drapeaux blancs au bout de bâtons, officiers en tête et présente une relation fantaisiste du combat de Maison Blanche qui se serait terminé par la destruction de la batterie allemande ! Il relate, en page 4, une communication téléphonée de Saint-Aubin d'Aubigné par son correspondant Gene Currivan, du 2 août mais retardée, titrant :" '''Une colline près de Rennes s'avère un os'''", ajoutant : "''canons de 88 mm allemands, mortiers, tireurs d'élite, mitrailleuses tentent en vain d'encercler une colonne US". ''Il relate que'' "le fer de lance d'une unité blindée a foncé dans ce qu'un officier haut gradé a appelé un "nid de frelons". Comme ils approchaient de Saint-Laurent, "colline donnant sur la belle ville épiscopale de Rennes", ils furent accueillis par des tirs de canons allemands de 88 mm. Une section de chars fut envoyée pour répondre à cette attaque et, approchant la zone de combat où des canons allemands tiraient à bout portant, d'autres canons de 88 mm tirèrent des deux côtés, cernant les Américains. Jusqu'alors on avait cru n'avoir que deux gros canons en face alors que de tous côtés provenait un feu nourri de mortiers et de mitrailleuses. Le colonel qui avait envoyé la colonne en avant et suivait à pied dût rester dans un fossé pendant plus d'une heure. A chaque tentative de sa part pour partir des rafales de mitrailleuse provenant des haies voisines le forçaient à se remettre à couvert. Décrivant plus tard la bataille, il dit que même Hollywood n'aurait produit rien de tel en matière de feu d'artifice et de frissons. Nos pertes furent relativement légères. La bataille finie, il ne resta aucun des canons de 88 mm, les nids de mitrailleuses étaient balayés, les mortiers mis en pièces, et les tireurs qui avaient gaspillé leurs munitions étaient dirigés vers des camps de prisonniers''. (traduction Étienne Maignen)
 
[[Fichier:Captain_Joseph_F._Brady.png|150px|left|thumb|Le capitaine Brady du 35e bataillon de chars, contacté le 2 août]].
La ville de Rennes reçoit pendant deux jours par intermittence des obus, probablement pour tenter de convaincre l'ennemi de la quitter.<ref> [[notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref> La libération de Rennes ne sera effective que le 4 août. Questionné par [[Yves Milon]] sur ces tirs d'obus, le général Patton aurait répondu avec son humour : "Avant d'entrer chez quelqu'un, on frappe toujours." '''*'''
La ville de Rennes reçoit pendant deux jours par intermittence des obus, probablement pour tenter de convaincre l'ennemi de la quitter.<ref> [[notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref> La libération de Rennes ne sera effective que le 4 août. Questionné par [[Yves Milon]] sur ces tirs d'obus, le général Patton aurait répondu avec son humour : "Avant d'entrer chez quelqu'un, on frappe toujours." '''*''' Toutefois elle n'aura pas subi de bombardement aérien, la Résistance ayant informé, le 2 au matin, les Américains de la situation en ville par l'entremise du Dr Colas-Pelletier qui, par deux fois réussit à joindre, sur la route de Fougères, le captain Joseph F. Brandy, commandant la compagnie A du 35e bataillon de chars.


Les jours suivants, les Rennais iront nombreux à Saint-Laurent et Maison-Blanche voir les vestiges des combats.
Les jours suivants, les Rennais iront nombreux à Saint-Laurent et Maison-Blanche voir les vestiges des combats.




=='''AUBE DU 4 AOÛT [[1944]] : LA 4e D.B  AMÉRICAINE EST À LA PORTE DE RENNES, LES RÉSISTANTS SONT DANS LA PLACE MAIS LES PONTS SAUTENT'''==  
==='''Aube du 4 Août [[1944]] : La 4e D.B  américaine est à la porte de Rennes, les résistants sont dans la place mais les ponts sautent'''===  


[[Fichier:2014-10-23_185410.png|350px|right|thumb|En tirets jaunes le parcours de la 4e division blindée de Wood en Bretagne avec le contournement de Rennes]]
[[Fichier:2014-10-23_185410.png|350px|right|thumb|En tirets jaunes le parcours de la 4e division blindée de Wood en Bretagne avec le contournement de Rennes]]
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Mme Ladam écrit : « Peut-être aurait-il été relativement facile à des gens armés – et il y en avait – d’empêcher la sentinelle (il n’y en avait qu’une sur chaque pont) de mettre à exécution les ordres qu’elle avait reçus. » <ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'' par V. Ladam - imp. Les Nouvelles</ref>  "Une centaine d'hommes armées de fusils ou de revolvers, avec moins de dix cartouches par tête, ne pouvaient tenter le combat sans risquer d'aggraver le mal par des représailles sanglantes", telle est l'explication donnée dans le premier numéro de ''Défense de la France'' paru le 8 août en date du 9 août. De fait, les F.F.I. aux ordres de leur chef départemental, le commandant Adam, ne sont pas intervenus. Le souci premier de la Résistance était d'établir à Rennes, première grande ville libérée, les représentants responsables d'une nouvelle administration française, conformément aux directives du général de Gaulle qui voulait réussir cette démonstration en vue d'éviter un éventuel AMGOT, <ref> AMGOT : Allied Military Government in Occupied Territories </ref> un gouvernement militaire des Alliés en territoires occupés qui se contentèrent de mettre en circulation de nouveaux billets.<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Allied_Military_Government_of_Occupied_Territories</ref>) De plus, les deux équipes ''Jedburgh'' chargées d'établir les contacts avec les groupes de  Résistance d'Ille-et-Vilaine, composée chacune de trois hommes, avaient été parachutées le 10 juillet à ... Courcité dans l'est de la Mayenne, à 120 km de Rennes et ne parviennent en Ille-et-Vilaine que le Ier août entre Vitré et Fougères, trop tard pour assumer leur mission à Rennes.<ref> ''L'action des forces spéciales alliées en Ille-et Vilaine : les équipes Jedburgh Guy et Gavin'' (juillet-août 1944), par Yann Lagadec. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CVII - 2003</ref>
Mme Ladam écrit : « Peut-être aurait-il été relativement facile à des gens armés – et il y en avait – d’empêcher la sentinelle (il n’y en avait qu’une sur chaque pont) de mettre à exécution les ordres qu’elle avait reçus. » <ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'' par V. Ladam - imp. Les Nouvelles</ref>  "Une centaine d'hommes armées de fusils ou de revolvers, avec moins de dix cartouches par tête, ne pouvaient tenter le combat sans risquer d'aggraver le mal par des représailles sanglantes", telle est l'explication donnée dans le premier numéro de ''Défense de la France'' paru le 8 août en date du 9 août. De fait, les F.F.I. aux ordres de leur chef départemental, le commandant Adam, ne sont pas intervenus. Le souci premier de la Résistance était d'établir à Rennes, première grande ville libérée, les représentants responsables d'une nouvelle administration française, conformément aux directives du général de Gaulle qui voulait réussir cette démonstration en vue d'éviter un éventuel AMGOT, <ref> AMGOT : Allied Military Government in Occupied Territories </ref> un gouvernement militaire des Alliés en territoires occupés qui se contentèrent de mettre en circulation de nouveaux billets.<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Allied_Military_Government_of_Occupied_Territories</ref>) De plus, les deux équipes ''Jedburgh'' chargées d'établir les contacts avec les groupes de  Résistance d'Ille-et-Vilaine, composée chacune de trois hommes, avaient été parachutées le 10 juillet à ... Courcité dans l'est de la Mayenne, à 120 km de Rennes et ne parviennent en Ille-et-Vilaine que le Ier août entre Vitré et Fougères, trop tard pour assumer leur mission à Rennes.<ref> ''L'action des forces spéciales alliées en Ille-et Vilaine : les équipes Jedburgh Guy et Gavin'' (juillet-août 1944), par Yann Lagadec. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CVII - 2003</ref>
[[Fichier:Ffi_place_de_la_mairie.jpeg|250px|left|thumb|Les F.F.I. paradent place de la Mairie, le 4 août<ref> cliché U.S.I.S (service d'information des Etats-Unis)</ref>  L. Riordan]] <ref> ''Rennes pendant la guerre. Chroniques de 1939 à 1945'', par Etienne Maignen. Editions Ouest-France - 2013</ref>
[[Fichier:Ffi_place_de_la_mairie.jpeg|250px|left|thumb|Les F.F.I. paradent place de la Mairie, le 4 août<ref> cliché U.S.I.S (service d'information des Etats-Unis)</ref>  L. Riordan]] <ref> ''Rennes pendant la guerre. Chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Editions Ouest-France - 2013</ref>
[[Fichier:Ronde_place_de_la_mairie197.jpg|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août après-midi]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.jpg|250px|right|thumb|Les GI descendent la [[place de la Mairie]], au début de la [[rue d'Orléans]], à droite le café "L'Angélus"]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.jpg|250px|right|thumb|Les GI descendent la [[place de la Mairie]], au début de la [[rue d'Orléans]], à droite le café "L'Angélus"]]


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=====Surprise et liesse=====
=====Surprise et liesse=====
[[Fichier:Place_de_la_mairie_4_ao%C3%BBt_1944195.jpg|left|250px|thumb|"Démonstration spontanée : un petit groupe de jeunes traversent la place centrale à Rennes agitant le drapeau américain après l'entrée des forces américaines" L'en-tête :" Scénes constatées dans de nombreuses villes et villages de France lors de leur libération du joug allemand". ''The Sphere'', London, 19 août 1944]]
[[Fichier:Jean_marin_betton115.jpg|250px|right|thumb|Jean Marin le 1er août à Betton. Il sera à Rennes le 4 de bonne heure]]
[[Fichier:Jean_marin_betton115.jpg|250px|right|thumb|Jean Marin le 1er août à Betton. Il sera à Rennes le 4 de bonne heure]]
Jean Marin, <ref> [[rue Jean Marin]]</ref> en uniforme de lieutenant de vaisseau, dont la jeep à fanion tricolore est bloquée dans la file des chars et camions américains, route de Fougères, du côté des Gayeulles, emprunte un vélo à un Rennais et pédale pour arriver vers 8h30 au palais du commerce pour contrôler la station de radio.<ref> ''Petit bois pour un grand feu'', par Jean Marin. éd. Arthème Fayard - 1994 </ref>
Jean Marin, <ref> [[rue Jean Marin]]</ref> en uniforme de lieutenant de vaisseau, dont la jeep à fanion tricolore est bloquée dans la file des chars et camions américains, route de Fougères, du côté des Gayeulles, emprunte un vélo à un Rennais et pédale pour arriver vers 8h30 au palais du commerce pour contrôler la station de radio.<ref> ''Petit bois pour un grand feu'', par Jean Marin. éd. Arthème Fayard - 1994 </ref>
[[Fichier:Rennes_fete_sa_liberation.jpeg|350px|right|thumb|Vue partielle de la foule rennaise devant la mairie le 4 août. <ref> Accord n°9. ''Revue mensuelle diffusée en France occupée par les aviations alliées''</ref>]]
[[Fichier:Rennes_fete_sa_liberation.jpeg|350px|right|thumb|Vue partielle de la foule rennaise devant la mairie le 4 août. <ref> Accord n°9. ''Revue mensuelle diffusée en France occupée par les aviations alliées''</ref>]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.png|left|250px|thumb|Place de la Mairie, des GI saluent les Rennais en retour (''Archives de Rennes 255FI414'')]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.png|left|250px|thumb|Place de la Mairie, des GI saluent les Rennais en retour (''Archives de Rennes 255FI414'')]]
Des soldats du 13e régiment d'infanterie U.S pénètrent prudemment dans Rennes, arme à la main, par la [[rue d'Antrain]] et par la [[rue de Fougères]], par la [[rue Victor Hugo]] puis la [[rue Nationale]] pour gagner la [[place de la Mairie]]. Il est près de 9h30 et, en tête un GI de petite taille sous son casque, Fred Scherrer, 19 ans depuis un mois, fusil Garand M1 à la hanche, va déboucher sur la place de la Mairie, déserte, dont il aperçoit à gauche le théâtre et sa rotonde, lorsqu'une jeune fille, descendue d'un immeuble, des fleurs et une bouteille de vin dans les mains, se jette dans ses bras et l'embrasse en criant " Je t'aime !"<ref> ''Le "big" baiser rennais au GI Fred''.''Ouest-France'', édition de Rennes, 5 août 1994</ref>  <ref>témoignage de René Herbault, ''Ouest-France'', édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>
Des soldats du 13e régiment d'infanterie U.S pénètrent prudemment dans Rennes, arme à la main, par la [[rue d'Antrain]] et par la [[rue de Fougères]], par la [[rue Victor Hugo]] puis la [[rue Nationale]] pour gagner la [[place de la Mairie]]. Il est près de 9h30 et, en tête un GI de petite taille sous son casque, Fred Scherrer, 19 ans depuis un mois, fusil Garand M1 à la hanche, va déboucher sur la place de la Mairie, déserte, dont il aperçoit à gauche le théâtre et sa rotonde, lorsqu'une jeune fille, descendue d'un immeuble, des fleurs et une bouteille de vin dans les mains, se jette dans ses bras et l'embrasse en criant " Je t'aime !"<ref> ''Le "big" baiser rennais au GI Fred''.''Ouest-France'', édition de Rennes, 5 août 1994</ref>  <ref>témoignage de René Herbault, ''Ouest-France'', édition de Rennes, 1er juin 2010</ref>
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[[Fichier:$_57_yanks_capture_rennes.JPG|250px|left|thumb|"Les Américains prennent Rennes. Gain de 75 km en 2 jours"]]
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[[Fichier:390793073810_1_0_1_yanks_take_rennes.jpg|250px|right|thumb|Rennes est pris. L'article annonce que... "1000 Allemands se sont présentés sans armes pour se rendre"]]
[[Fichier:390793073810_1_0_1_yanks_take_rennes.jpg|250px|right|thumb|Rennes est pris. L'article annonce que... "1000 Allemands se sont présentés sans armes pour se rendre"]]
[[Fichier:Accueil_des_Am%C3%A9ricains_devant_St-Martin194.jpg|center|300px|thumb|Légende de la radiotelephoto "Conduits par une jeune fille qui crie et rit en agitant le drapeau tricolore, des  habitants de Rennes acclament les troupes américaines à leur entrée dans la capitale bretonne" (devant la chapelle du collège Saint-Martin, et, vu l'endroit, scène probablement filmée plusieurs heures après l'arrivée des GI en ville) <ref> {{CC-BY-NC-SA}} </ref>]]
Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule. "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref> ''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".
Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule. "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref> ''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".
 
[[Fichier:3_collaborateurs_%C3%A0_Rennes196.jpg|300px|right|thumb||Trois collaborateurs dans Rennes entourés par des gendarmes. "Quelques scènes laides survinrent, photographiées ici. Certains des hommes attaqués par la foule furent rudement malmenés et auraient beaucoup plus souffert sans l'intervention de la police;" NB: L'homme à droite tient un mouchoir et semble saigner du nez. D'une page  intitulée "Scènes d'émeute à Rennes". ''The Sphere'', London, 19 août 1944]]
Les Rennais s'amassent, dans la matinée, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entré en ville avant les troupes américaines. Certains pourchassent des Rennais dénoncés comme collaborateurs. On arrache les pancartes en allemand, on brûle le kiosque où, pendant quatre ans, les revues allemandes ont figuré en bonne place.
Les Rennais s'amassent, dans l'après-midi, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entrés en ville avant les troupes américaines. Certains pourchassent des Rennais dénoncés comme collaborateurs. On arrache les pancartes en allemand, on brûle le kiosque où, pendant quatre ans, les revues allemandes ont figuré en bonne place.
[[Fichier:Kiosque_incendi%C3%A9.jpg|200px|left|thumb|Le feu au kiosque à journaux]]
[[Fichier:Kiosque_incendi%C3%A9.jpg|200px|left|thumb|Le feu au kiosque à journaux]]
[[Fichier:US_place_de_la_mairie.gif|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août 1944]]
[[Fichier:US_place_de_la_mairie.gif|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août 1944]]
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Pour s'exprimer dans la langue de l'ennemi, les GI disposent aussi d'un petit manuel de même format, ici une page d'interjections guerrières [[Fichier:Dico_anglais_allemand203.jpg|250px|left|thumb|German Phrase Book, November 30, 1943 (restricted) : Six mois avant, Les Américains préparaient leur débarquement de juin 1944]]
Pour s'exprimer dans la langue de l'ennemi, les GI disposent aussi d'un petit manuel de même format, ici une page d'interjections guerrières [[Fichier:Dico_anglais_allemand203.jpg|250px|left|thumb|German Phrase Book, November 30, 1943 (restricted) : Six mois avant, Les Américains préparaient leur débarquement de juin 1944]]


[[Fichier:Arrestation_a_rennes_aout_1944.jpg|300px|left|thumb|"Soudain à Rennes ce matin-là, j'entendis une agitation : une jeune femme était emmenée violemment au poste de police tandis que des personnes présentes la conspuaient et crachaient sur elle" - John G. Morris]] [[Fichier:Chasse_aux_collaborateurs.jpeg|250px|left|thumb|A Rennes la chasse aux collaborateurs est ouverte;<ref>photo USIS (United States Information Service)</ref>]]
[[Fichier:Collaboratrices.jpg|150px|center|thumb|Collaboratrices maltraitées près du palais du Commerce (''Photo Lee Miller'')]]




[[Fichier:Arrestation_a_rennes_aout_1944.jpg|300px|center|thumb|"Soudain à Rennes ce matin-là, j'entendis une agitation : une jeune femme était emmenée violemment au poste de police tandis que des personnes présentes la conspuaient et crachaient sur elle" - John G. Morris]] [[Fichier:Chasse_aux_collaborateurs.jpeg|250px|left|thumb|A Rennes la chasse aux collaborateurs est ouverte;<ref>photo USIS (United States Information Service)</ref>]]
Des troupes de la 8e division d'infanterie (8th Infantry Division) vont prendre le relais et sécuriser Rennes et ses abords.
Des troupes de la 8e division d'infanterie (8th Infantry Division) vont prendre le relais et sécuriser Rennes et ses abords.
Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal ''Défense de la France'', encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale, journal provisoirement imprimé à Rennes, 38 [[rue du Pré Botté]]  sur une seule feuille, (qui deviendra France Soir dans Paris libéré) s'étonne dans son n°8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."
Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal ''Défense de la France'', encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale, journal provisoirement imprimé à Rennes, 38 [[rue du Pré Botté]]  sur une seule feuille, (qui deviendra France Soir dans Paris libéré) s'étonne dans son n°8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."


 
[[Fichier:Collaboratrices.jpg|150px|left|thumb|Collaboratrices maltraitées près du palais du Commerce (''Photo Lee Miller'')]]
===Dès le lundi 7 août, bonjour ''Ouest-France'' !===
===Dès le lundi 7 août, bonjour ''Ouest-France'' !===


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Le 4 vers 13 heures, de nombreux membres du personnel se sont réunis dans la salle des rotatives avec Paul Hutin-Desgrées, Jean Marin et Alphonse Aubrée, administrateur. Ceux-ci prirent la parole pour affirmer que le grand quotidien mènerait le combat du redressement national dans le droit fil de ses origines, et pour présenter les lignes de la politique d'information qui allait être menée. Le 7 août sortait le premier numéro, trois jours après la libération de Rennes.<ref> ''La presse bretonne dans la tourmente - 1940-1946'', par Henri Fréville. Plon - 1979</ref> Curieusement, la revue mensuelle ''Accord'', diffusée en France occupée par les aviations alliées, annonça la création à Rennes de ... ''France-Ouest'' avec deux autres erreurs : l'existence d'"un rédacteur en chef appointé par le Comité National de Libération, un professeur de la faculté de Rennes, membre de la Résistance" ("''appointé''" étant une mauvaise traduction du terme anglais "appointed" qui signifie "désigné", et Henri Fréville n'en était pas le rédacteur en chef. <ref>''Accord'' revue mensuelle illustrée numéro 9, diffusée en France occupée par l’aviation alliée </ref>  
Le 4 vers 13 heures, de nombreux membres du personnel se sont réunis dans la salle des rotatives avec Paul Hutin-Desgrées, Jean Marin et Alphonse Aubrée, administrateur. Ceux-ci prirent la parole pour affirmer que le grand quotidien mènerait le combat du redressement national dans le droit fil de ses origines, et pour présenter les lignes de la politique d'information qui allait être menée. Le 7 août sortait le premier numéro, trois jours après la libération de Rennes.<ref> ''La presse bretonne dans la tourmente - 1940-1946'', par Henri Fréville. Plon - 1979</ref> Curieusement, la revue mensuelle ''Accord'', diffusée en France occupée par les aviations alliées, annonça la création à Rennes de ... ''France-Ouest'' avec deux autres erreurs : l'existence d'"un rédacteur en chef appointé par le Comité National de Libération, un professeur de la faculté de Rennes, membre de la Résistance" ("''appointé''" étant une mauvaise traduction du terme anglais "appointed" qui signifie "désigné", et Henri Fréville n'en était pas le rédacteur en chef. <ref>''Accord'' revue mensuelle illustrée numéro 9, diffusée en France occupée par l’aviation alliée </ref>  
[[Fichier:Journaux_%C3%A0_rennes_ao%C3%BBt_1944.png|550px|center|Journaux imprimés à Rennes en août 1944, dont le 1er numéro de Ouest-France]]
[[Fichier:Journaux_%C3%A0_rennes_ao%C3%BBt_1944.png|550px|left|thumb|Journaux imprimés à Rennes en août 1944, dont le 1er numéro de ''Ouest-France'']]
[[Fichier:Patton_et_Milon.png|250px|right|thumb|En octobre 1945, Yves Milon, maire de Rennes, remet au général Patton le diplôme de citoyen d'honneur de la Ville]]
[[Fichier:L%27%C3%A9trange_lib%C3%A9ration066.jpg|250px|center|thumb|Ouvrage sur la libération de Rennes - 2017 ]]
[[Fichier:L%27%C3%A9trange_lib%C3%A9ration066.jpg|250px|center|thumb|Ouvrage sur la libération de Rennes - 2017 ]]
[[Fichier:Nancy_Bachant_et_Jean_Chaslle.png|250px|rightt|thumb| Août 2014 :à droite, Jean Chasle qui tenta de dissuader les Américains de passer devant la batterie de DCA allemande, avec Nancy Bachant, une des triplèes de Herbert R. Bachant, tué le 1er août 1944, et Etienne Maignen, historien local]]


Une édition du journal de l'armée américaine, ''Stars and Stripes'', sera imprimé à Rennes pendant plusieurs semaines.
Une édition du journal de l'armée américaine, ''Stars and Stripes'', sera imprimé à Rennes pendant plusieurs semaines.
Il faudra attendre le samedi 19 août  pour entendre " Ici, radio de la Nation française, poste de Radio-Bretagne". la radio émet sur 288,6 m à partir d'un camion de l'armée américaine équipé d'un émetteur d'I kw.<ref> Radio Rennes PTT, histoire du poste de TSF breton</ref> Les principaux cinémas rouvrent le 10 et une soirée de gala est organisée par les autorités alliées qui remettent les 150 000 f. de la recette à la municipalité.
Il faudra attendre le samedi 19 août  pour entendre " Ici, radio de la Nation française, poste de Radio-Bretagne". la radio émet sur 288,6 m à partir d'un camion de l'armée américaine équipé d'un émetteur d'I kw.<ref> Radio Rennes PTT, histoire du poste de TSF breton</ref> Les principaux cinémas rouvrent le 10 et une soirée de gala est organisée par les autorités alliées qui remettent les 150 000 f. de la recette à la municipalité.
[[Fichier:Patton_et_Milon.png|250px|right|thumb|En octobre 1945, Yves Milon, maire de Rennes, remet au général Patton le diplôme de citoyen d'honneur de la Ville]]
 
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Montage édité par Charles Martin.
Montage édité par Charles Martin.
Commentaires de Rex Keating.
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=== Références ===
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