« Libération de Rennes » : différence entre les versions

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[[Fichier:B815_316_maison_blanche.jpg|300px|left|thumb|Un des canons Flak de 88 mm de la batterie allemande, en position de tir tendu, devant la ferme de la Chesnaie]]
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Mais trois semaines plus tard, le 1er août, se termine l'opération ''Cobra'' entamée en Normandie : par la route d'Antrain des éléments de la 4e DB américaine dirigée par le Major General John S. Wood commandant la 4e division blindée (''4th Armored Division''), dit "Tiger Jack", sous les ordres des généraux George Patton et Omar Bradley, descendent d’Avranches. À Antrain le colonel Rémy constate que 480 Allemands se sont rendus à des FFI et sont parqués dans une vaste salle <ref> ''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> "La longue descente sur Rennes ne fut pas une promenade dominicale dans un parc". Bien que la résistance allemande se fut évanouie au sud d’Avranches, il n’y avait aucune certitude quant à ce que rencontrerait la 4e blindée à mesure de l’approche du prochain objectif d’importance. Le 10e bataillon d’infanterie blindé (AIB) aurait bientôt un échantillon de ce que les Allemands lui réservaient à Rennes". Ce jour-là, un membre de la compagnie A, sans égal pour son audace et sa réussite mena une mission de reconnaissance bien particulière. Le soldat de première classe du 10e bataillon d’infanterie blindé, Wilfred Pelletier, était d’ascendance française comme son nom l‘indiquait et parlait français couramment. Il fut volontaire pour se mettre en civil et paraître un civil français pour faire une mission de reconnaissance approfondie des positions ennemies. Il se promena dans la campagne et fut bientôt chez les Allemands sans avoir été interpellé. De fait, il resta avec les troupes allemandes ce soir-là et demanda à l’une de leurs sentinelles de le réveiller à 7 heures du matin. Et l’Allemand s’exécuta ! Pelletier revint avec une moisson de renseignements sur les positions ennemies et leur dépôt de stocks." L'objectif premier était de "contrôler la hauteur entre Saint-Laurent et Lesboria" ("Lesboria", déformation phonétique de ''Le Poirier'', ferme à l'ouest de la route (à l'emplacement de l'actuelle [[rue du Poirier Nivet]]).»<ref>Patton's Vanguard, the United States Army Fourth Armored Division, par Don M. Fox, éd. Macfarland - 2003</ref>  
Mais trois semaines plus tard, le 1er août, se termine l'opération ''Cobra'' entamée en Normandie : par la route d'Antrain des éléments de la 4e DB américaine dirigée par le Major General John S. Wood commandant la 4e division blindée (''4th Armored Division''), dit "Tiger Jack", sous les ordres des généraux George Patton et Omar Bradley, descendent d’Avranches. À Antrain le colonel Rémy constate que 480 Allemands se sont rendus à des FFI et sont parqués dans une vaste salle <ref> ''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> "La longue descente sur Rennes ne fut pas une promenade dominicale dans un parc". Bien que la résistance allemande se fut évanouie au sud d’Avranches, il n’y avait aucune certitude quant à ce que rencontrerait la 4e blindée à mesure de l’approche du prochain objectif d’importance. Le 10e bataillon d’infanterie blindé (AIB) aurait bientôt un échantillon de ce que les Allemands lui réservaient à Rennes". Ce jour-là, un membre de la compagnie A, sans égal pour son audace et sa réussite mena une mission de reconnaissance bien particulière. Le soldat de première classe du 10e bataillon d’infanterie blindé, Wilfred Pelletier, était d’ascendance française comme son nom l‘indiquait et parlait français couramment. Il fut volontaire pour se mettre en civil et paraître un civil français pour faire une mission de reconnaissance approfondie des positions ennemies. Il se promena dans la campagne et fut bientôt chez les Allemands sans avoir été interpellé. De fait, il resta avec les troupes allemandes ce soir-là et demanda à l’une de leurs sentinelles de le réveiller à 7 heures du matin. Et l’Allemand s’exécuta ! Pelletier revint avec une moisson de renseignements sur les positions ennemies et leur dépôt de stocks." L'objectif premier était de "contrôler la hauteur entre Saint-Laurent et Lesboria" ("Lesboria", déformation phonétique de ''Le Poirier'', ferme à l'ouest de la route (à l'emplacement de l'actuelle [[rue du Poirier Nivet]]).» <ref>Patton's Vanguard, the United States Army Fourth Armored Division, par Don M. Fox, éd. Macfarland - 2003</ref>  <ref>
vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Efls_bS_81E&t=9s </ref>


====À 5,5 kilomètres de la place de la Mairie de Rennes '''1er AOÛT, COUP D'ARRÊT À MAISON-BLANCHE  ''' ====
====À 5,5 kilomètres de la place de la Mairie de Rennes '''1er AOÛT, COUP D'ARRÊT À MAISON-BLANCHE  ''' ====


<ref> [[Le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche]]</ref>
<ref> [[Le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche]]</ref>
Des chars et les autochenilles s’arrêtent avant Maison-Blanche, sur la commune de Saint-Grégoire, à 5,5km de la place de la Mairie de Rennes à vol d'avion. Est installée dans le voisinage au sud depuis mars 1943 une batterie de DCA mixte (Gemischte Flak-Abteilung 2/441) avec 6 canons de 88 m/m, 2 canons quadritubes de 20 m/m, une centaine de fantassins disposant aussi de mitrailleuses et lance-roquettes antichar. Les Américains savent l'existence d'une batterie allemande quelque part dans le secteur mais ne la situent pas exactement.
Des chars et les autochenilles s’arrêtent avant Maison-Blanche, sur la commune de Saint-Grégoire, à 5,5km de la place de la Mairie de Rennes à vol d'avion. Est installée dans le voisinage au sud depuis mars 1943 une batterie de DCA mixte (Gemischte Flak-Abteilung 2/441) avec 6 canons de 88 m/m, 2 canons quadritubes de 20 m/m, une centaine de fantassins disposant aussi de mitrailleuses et lance-roquettes antichar. Les Américains savent l'existence d'une batterie allemande quelque part dans le secteur mais ne la situent pas exactement. <ref>https://www.youtube.com/watch?v=Efls_bS_81E&t=89s </ref>


[[Fichier:M_B_chars_et_%C3%A9clats.png|700px|right|thumb|Combat de Maison-Blanche : Les blindés américains, venant de Betton en direction de Saint-Laurent, font face aux canons de Flak allemands, après l'échec de l'entrevue (à l'endroit marqué par une étoile.<ref> Schéma Étienne Maignen{{CP}}</ref>]]         
[[Fichier:M_B_chars_et_%C3%A9clats.png|700px|right|thumb|Combat de Maison-Blanche : Les blindés américains, venant de Betton en direction de Saint-Laurent, font face aux canons de Flak allemands, après l'échec de l'entrevue (à l'endroit marqué par une étoile. Schéma Étienne Maignen{{CP}}</ref>]]         
                                                                                                                        
                                                                                                                        
[[Fichier:Autochenille_de_la_4e_DB.png|left|300px|thumb|Autochenille de la 4e DB, à Avranches le 31 juillet 1944]]
[[Fichier:Autochenille_de_la_4e_DB.png|left|300px|thumb|Autochenille de la 4e DB, à Avranches le 31 juillet 1944]]
====Des conseils qui font long feu...====
====Des conseils qui font long feu...====
Jean Chasle, 23 ans, qui habite la ferme de ''la Chesnaie'' où cantonnent les Allemands, est au lieu-dit ''Roulefort'', à 1,5 km au nord de celle-ci au bord de la route en direction de [[Betton]], occupé à nettoyer un talus à la faucille, quand il voit arriver une drôle de voiture avec des soldats - c'est une jeep - et, derrière, des chars marqués d’une étoile blanche et de panneaux orange. Ce sont les Américains que l’on croyait à Avranches. L’un d’eux lui dit être Pierre Bourdan - et il connaît cette voix française de l'émission ''Les Français parlent aux Français'' - qui lui demande où est la batterie allemande. Chasle explique qu’elle est près de chez lui, au nord de la ferme ''Les Fontenelles'', dans des cuves bétonnées et cachée aux vues par des haies, aussi tente-t-il, deux fois, la première à Roulefort, la seconde au passage à niveau, de les dissuader ("Ils vous tireraient comme des lapins") et il leur conseille d’entrer dans Rennes ("comme dans du beurre") par la route qui, au passage à niveau, mène à gauche à la route Fougères-Rennes. Pierre Bourdan traduit mais l’officier américain, le colonel Bruce C. Clarke, commandant le groupe de combat A (CCA), dit que les chars ne sont pas faits pour les combats de rue et exige qu’il les conduise à la batterie. Chasle enfourche son vélo et pédale, suivi de la jeep et des chars, l'un deux ayant cassé les barrières du passage à niveau fermées alors que les trains ne circulent plus, et il les mène jusqu’à la cour de la Chesnaye, les chars restant en arrière en file sur la route. Chasle va rejoindre son père qui quitte les lieux avec la famille<ref>Entretien d'Étienne Maignen avec Me Jean Chasle, le 21 mars 2013</ref>. L’officier américain de la jeep a un entretien avec le capitaine commandant la batterie de DCA<ref>Pierre Bourdan occulta maladroitement sa présence le 1er août à Maison-Blanche en relatant un séjour à Granville ce 1er août et son arrivée à Maison-Blanche seulement le 2. Voir ''Carnets de retour en France avec la 2e D.B'', p. 43 et suivantes - Pierre Bourdan - 1er trim. 1945 et ''1er-4 août 1944: L'étrange libération de Rennes'', p 128 à 153. Etienne Maignen. Ed. Yellow Concept - 4e trim. 2017</ref>.
Jean Chasle, 23 ans, qui habite la ferme de ''la Chesnaie'' où cantonnent les Allemands, est au lieu-dit ''Roulefort'', à 1,5 km au nord de celle-ci au bord de la route en direction de [[Betton]], occupé à nettoyer un talus à la faucille, quand il voit arriver une drôle de voiture avec des soldats - c'est une jeep - et, derrière, des chars marqués d’une étoile blanche et de panneaux orange. Ce sont les Américains que l’on croyait à Avranches. L’un d’eux lui dit être Pierre Bourdan - et il connaît cette voix française de l'émission ''Les Français parlent aux Français'' - qui lui demande où est la batterie allemande. Chasle explique qu’elle est près de chez lui, au nord de la ferme ''Les Fontenelles'', dans des cuves bétonnées et cachée aux vues par des haies, aussi tente-t-il, deux fois, la première à Roulefort, la seconde au passage à niveau, de les dissuader ("Ils vous tireraient comme des lapins") et il leur conseille d’entrer dans Rennes ("comme dans du beurre") par la route qui, au passage à niveau, mène à gauche à la route Fougères-Rennes. Pierre Bourdan traduit mais l’officier américain, le colonel Bruce C. Clarke, commandant le groupe de combat A (CCA), dit que les chars ne sont pas faits pour les combats de rue et exige que le jeune Français  les conduise à la batterie. Chasle enfourche son vélo et pédale, suivi de la jeep et des chars, l'un deux ayant cassé les barrières du passage à niveau fermées alors que les trains ne circulent plus, et il les mène jusqu’à la cour de la Chesnaye, les chars restant en arrière en file sur la route. Chasle va rejoindre son père qui quitte les lieux avec la famille<ref>Entretien d'Étienne Maignen avec Me Jean Chasle, le 21 mars 2013</ref>. L’officier américain de la jeep a un entretien avec le capitaine commandant la batterie de DCA<ref>Pierre Bourdan occulta maladroitement sa présence le 1er août à Maison-Blanche en relatant un séjour à Granville ce 1er août et son arrivée à Maison-Blanche seulement le 2. Voir ''Carnets de retour en France avec la 2e D.B'', p. 43 et suivantes - Pierre Bourdan - 1er trim. 1945 et ''1er-4 août 1944: L'étrange libération de Rennes'', p 128 à 153. Etienne Maignen. Ed. Yellow Concept - 4e trim. 2017</ref>.


==== Les Allemands font mouche : de lourdes pertes====
==== Les Allemands font mouche : de lourdes pertes====
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Et c'est [[le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche]]. Vers 15 heures le secteur est atteint par des tirs de la batterie de Flak de Chantepie, les chars du 35e bataillon avancent et sont en butte aux tirs allemands. Le lieutenant-colonel Kirkpatrick, commandant le 10e bataillon d'infanterie blindée, et l’officier commandant le bataillon de chars 37, le capitaine Tiegs, sont atteints en terrain dégagé pendant le tir de barrage et un obus éclata au-dessus de leurs têtes, blessant sérieusement les deux officiers. Le major Arthur L. West, qui se tenait près de Kirkpatrick lorsqu’il fut touché par l’obus, prit le commandement du 10e bataillon d’infanterie blindée et le Ier lieutenant Leach reçut le commandement du 37e bataillon. La division blindée perdit 11 chars sur 25 et 3 semi chenillés touchés par la batterie de DCA œuvrant à tir tendu.<ref> [[Herbert R. Bachant, un libérateur mort devant Rennes]]</ref>. Les troupes américaines se retirent de plusieurs kilomètres sous couvert d'un rideau de fumée et, tardivement, des P.47 Thunderbolt du ''19th tactical Air Command'', retenus par le mauvais temps dans le Cotentin, atteindront les positions de DCA allemande, sans grand résultat.
Et c'est [[le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche]]. Vers 15 heures le secteur est atteint par des tirs de la batterie de Flak de Chantepie, les chars du 35e bataillon avancent et sont en butte aux tirs allemands. Le lieutenant-colonel Kirkpatrick, commandant le 10e bataillon d'infanterie blindée, et l’officier commandant le bataillon de chars 37, le capitaine Tiegs, sont atteints en terrain dégagé pendant le tir de barrage et un obus éclata au-dessus de leurs têtes, blessant sérieusement les deux officiers. Le major Arthur L. West, qui se tenait près de Kirkpatrick lorsqu’il fut touché par l’obus, prit le commandement du 10e bataillon d’infanterie blindée et le Ier lieutenant Leach reçut le commandement du 37e bataillon. La division blindée perdit 11 chars sur 25 et 3 semi chenillés touchés par la batterie de DCA œuvrant à tir tendu.<ref> [[Herbert R. Bachant, un libérateur mort devant Rennes]]</ref>. Les troupes américaines se retirent de plusieurs kilomètres sous couvert d'un rideau de fumée et, tardivement, des P.47 Thunderbolt du ''19th tactical Air Command'', retenus par le mauvais temps dans le Cotentin, atteindront les positions de DCA allemande, sans grand résultat.


Les Allemands accentuent leur replis le 1er août.<ref>[[Notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref> Cependant le colonel Eugen König y commande deux bataillons de marche amenés du Mans dans la nuit du 1er au 2 août, soit 1900 hommes équipés de mitrailleuses et de lance-roquette antichar (Panzerfaust)<ref> ''Retreat to the Reich'', ''The German Defeat in France 1944'' par Samuel W. Mitcham, Jr. dans Stackpole Military History Series - 2007 </ref>, dont un grand nombre sont envoyés par le chemin de la Motte-Brûlon en renfort à la batterie le 2 vers 4 heures. Ces deux bataillons s'ajoutent aux restes de la 9Ie division d'infanterie (91.Luftlande-Infanterie Division) amenés par le général Fahrmbacher "''pour défendre Rennes, une ville commerciale de 80000 h. [...] considérée par certains comme la ville la plus laide du pays''" (!). Cette appréciation américaine a sa source dans un guide britannique de 1895 et fut reprise ensuite dans divers guides de langue anglaise : dans son ''North-Western France'' Augustus J.-C. Hare qualifiait Rennes de "ville la plus morne de même qu'elle est presque la plus laide du pays"<ref> ''Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle'', par Étienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Sté archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CXII -2008 </ref> D'autres Américains pensent que Rennes est encore pleine de gens en costumes noirs et aux cols de dentelle familiers aux touristes américains avant la guerre" !<ref> ''Patton and his Third Army'', par Gen. Benton G. Wallace; Stackpole books - 2000</ref>
Les Allemands ont accentué leur replis de Rennes le 1er août.<ref>[[Notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref> Cependant le colonel Eugen König y commande deux bataillons de marche amenés du Mans dans la nuit du 1er au 2 août, Losgar Marsch Bataillon et Man Marsch Bataillon,soit 1900 hommes équipés de mitrailleuses et de lance-roquette antichar (Panzerfaust)<ref> ''Retreat to the Reich'', ''The German Defeat in France 1944'' par Samuel W. Mitcham, Jr. dans Stackpole Military History Series - 2007 </ref>,  par l’Oberst Karl Bartel, Kommandeur du Sicherungs-Regiment 195 à Rennes, dont un grand nombre sont envoyés par le chemin de la Motte-Brûlon en renfort à la batterie le 2 août vers 4 heures. Ces deux bataillons s'ajoutent aux restes de la 9Ie division d'infanterie (91.Luftlande-Infanterie Division) amenés par le général Fahrmbacher "''pour défendre Rennes, une ville commerciale de 80000 h. [...] considérée par certains comme la ville la plus laide du pays''" (!). Cette appréciation américaine a sa source dans un guide britannique de 1895 et fut reprise ensuite dans divers guides de langue anglaise : dans son ''North-Western France'' Augustus J.-C. Hare qualifiait Rennes de "ville la plus morne de même qu'elle est presque la plus laide du pays"<ref> ''Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle'', par Étienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Sté archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CXII -2008 </ref> D'autres Américains pensent que Rennes est encore pleine de gens en costumes noirs et aux cols de dentelle familiers aux touristes américains avant la guerre" !<ref> ''Patton and his Third Army'', par Gen. Benton G. Wallace; Stackpole books - 2000</ref>
 
====''Relations américaines sur le combat de Maison Blanche''====
====''Relations américaines sur le combat de Maison Blanche''====


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Le ''New York Times'' du 4 août annonce en page 1 la prise de Rennes et invente la reddition d'un millier d'Allemands se rendant sans armes en rangs par quatre, drapeaux blancs au bout de bâtons, officiers en tête et présente une relation fantaisiste du combat de Maison Blanche qui se serait terminé par la destruction de la batterie allemande ! Il relate, en page 4, une communication téléphonée de Saint-Aubin d'Aubigné par son correspondant Gene Currivan, du 2 août mais retardée, titrant :" '''Une colline près de Rennes s'avère un os'''", ajoutant : "''canons de 88 mm allemands, mortiers, tireurs d'élite, mitrailleuses tentent en vain d'encercler une colonne US". ''Il relate que'' "le fer de lance d'une unité blindée a foncé dans ce qu'un officier haut gradé a appelé un "nid de frelons". Comme ils approchaient de Saint-Laurent, "colline donnant sur la belle ville épiscopale de Rennes", ils furent accueillis par des tirs de canons allemands de 88 mm. Une section de chars fut envoyée pour répondre à cette attaque et, approchant la zone de combat où des canons allemands tiraient à bout portant, d'autres canons de 88 mm tirèrent des deux côtés, cernant les Américains. Jusqu'alors on avait cru n'avoir que deux gros canons en face alors que de tous côtés provenait un feu nourri de mortiers et de mitrailleuses. Le colonel qui avait envoyé la colonne en avant et suivait à pied dût rester dans un fossé pendant plus d'une heure. A chaque tentative de sa part pour partir des rafales de mitrailleuse provenant des haies voisines le forçaient à se remettre à couvert. Décrivant plus tard la bataille, il dit que même Hollywood n'aurait produit rien de tel en matière de feu d'artifice et de frissons. Nos pertes furent relativement légères. La bataille finie, il ne resta aucun des canons de 88 mm, les nids de mitrailleuses étaient balayés, les mortiers mis en pièces, et les tireurs qui avaient gaspillé leurs munitions étaient dirigés vers des camps de prisonniers''. (traduction Étienne Maignen)
Le ''New York Times'' du 4 août annonce en page 1 la prise de Rennes et invente la reddition d'un millier d'Allemands se rendant sans armes en rangs par quatre, drapeaux blancs au bout de bâtons, officiers en tête et présente une relation fantaisiste du combat de Maison Blanche qui se serait terminé par la destruction de la batterie allemande ! Il relate, en page 4, une communication téléphonée de Saint-Aubin d'Aubigné par son correspondant Gene Currivan, du 2 août mais retardée, titrant :" '''Une colline près de Rennes s'avère un os'''", ajoutant : "''canons de 88 mm allemands, mortiers, tireurs d'élite, mitrailleuses tentent en vain d'encercler une colonne US". ''Il relate que'' "le fer de lance d'une unité blindée a foncé dans ce qu'un officier haut gradé a appelé un "nid de frelons". Comme ils approchaient de Saint-Laurent, "colline donnant sur la belle ville épiscopale de Rennes", ils furent accueillis par des tirs de canons allemands de 88 mm. Une section de chars fut envoyée pour répondre à cette attaque et, approchant la zone de combat où des canons allemands tiraient à bout portant, d'autres canons de 88 mm tirèrent des deux côtés, cernant les Américains. Jusqu'alors on avait cru n'avoir que deux gros canons en face alors que de tous côtés provenait un feu nourri de mortiers et de mitrailleuses. Le colonel qui avait envoyé la colonne en avant et suivait à pied dût rester dans un fossé pendant plus d'une heure. A chaque tentative de sa part pour partir des rafales de mitrailleuse provenant des haies voisines le forçaient à se remettre à couvert. Décrivant plus tard la bataille, il dit que même Hollywood n'aurait produit rien de tel en matière de feu d'artifice et de frissons. Nos pertes furent relativement légères. La bataille finie, il ne resta aucun des canons de 88 mm, les nids de mitrailleuses étaient balayés, les mortiers mis en pièces, et les tireurs qui avaient gaspillé leurs munitions étaient dirigés vers des camps de prisonniers''. (traduction Étienne Maignen)
[[Fichier:Captain_Joseph_F._Brady.png|150px|left|thumb|Le capitaine Brady du 35e bataillon de chars, contacté le 2 août par le Dr Colas-Pelletier]].
[[Fichier:Captain_Joseph_F._Brady.png|150px|left|thumb|Le capitaine Brady du 35e bataillon de chars, contacté le 2 août par le Dr Colas-Pelletier pour dissuader de bombarder]].
La ville de Rennes reçoit pendant deux jours par intermittence des obus, probablement pour tenter de convaincre l'ennemi de la quitter<ref>[[notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref>, mais pas de bombardement aérien. La libération de Rennes ne sera effective que le 4 août. Questionné en octobre 1945 par [[Yves Milon]] sur ces tirs d'obus, le général Patton aurait répondu avec son humour : "Avant d'entrer chez quelqu'un, on frappe toujours." '''*''' Toutefois elle n'aura pas subi de bombardement aérien, la Résistance ayant informé, le 2 au matin, les Américains de la situation en ville par l'entremise du Dr Marcel Colas-Pelletier qui, par deux fois réussit à joindre, sur la route de Fougères, le captain Joseph F. Brandy, commandant la compagnie D du 35e bataillon de chars et, le 3 août, le général Wood<ref>[[Grâce au Dr Colas-Pelletier les bombardiers américains ne frappèrent pas Rennes les 2 et 3 août 1944]]</ref>.
La ville de Rennes reçoit pendant deux jours par intermittence des obus, probablement pour tenter de convaincre l'ennemi de la quitter<ref>[[notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes]]</ref>, <ref>[[ Tribulations d'une jeune Rennaise début août 1944]]</ref>  mais pas de bombardement aérien. La libération de Rennes ne sera effective que le 4 août. Questionné en octobre 1945 par [[Yves Milon]] sur ces tirs d'obus, le général Patton aurait répondu avec son humour : "Avant d'entrer chez quelqu'un, on frappe toujours." '''*''' Toutefois elle n'aura pas subi de bombardement aérien, la Résistance ayant informé, le 2 au matin, les Américains de la situation en ville par l'entremise du Dr Marcel Colas-Pelletier qui, par deux fois réussit à joindre, sur la route de Fougères, le captain Joseph F. Brandy, commandant la compagnie D du 35e bataillon de chars et, le 3 août, le général Wood<ref>[[Grâce au Dr Colas-Pelletier les bombardiers américains ne frappèrent pas Rennes les 2 et 3 août 1944]]</ref>.


==='''Aube du 4 Août [[1944]] : La 4e D.B américaine est à la porte de Rennes, les résistants sont dans la place mais les ponts sautent'''===  
==='''Aube du 4 Août [[1944]] : La 4e D.B américaine est à la porte de Rennes, les résistants sont dans la place mais les ponts sautent'''===  
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Les transmissions semblant défaillantes, le général Troy Middleton vient rencontrer Wood sur place, de bonne heure le 4 août et pince-sans-rire, lui demande :" Qu'as-tu, tu as perdu ta division ?", et Wood de répondre : "Bien pire, on est en train de gagner la guerre mais pas comme il faut", mais celui-ci doit accepter la mission de contrôler les routes au sud de Rennes et de descendre le long de la Vilaine puis vers Quiberon au lieu d'obliquer vers Angers. Un télégramme du général Hugh J. Gaffey, chef d'état-major de la 3 e Armée de Patton, est envoyé, ordonnant à Wood d'aller sur Vannes, comme prévu, et non sur Angers comme Wood le souhaitait.<ref> ''Le front des oubliés'', par Daniel Laurent et Roger Levenette, Histomag'44 - Jan-fév. 2012</ref>
Les transmissions semblant défaillantes, le général Troy Middleton vient rencontrer Wood sur place, de bonne heure le 4 août et pince-sans-rire, lui demande :" Qu'as-tu, tu as perdu ta division ?", et Wood de répondre : "Bien pire, on est en train de gagner la guerre mais pas comme il faut", mais celui-ci doit accepter la mission de contrôler les routes au sud de Rennes et de descendre le long de la Vilaine puis vers Quiberon au lieu d'obliquer vers Angers. Un télégramme du général Hugh J. Gaffey, chef d'état-major de la 3 e Armée de Patton, est envoyé, ordonnant à Wood d'aller sur Vannes, comme prévu, et non sur Angers comme Wood le souhaitait.<ref> ''Le front des oubliés'', par Daniel Laurent et Roger Levenette, Histomag'44 - Jan-fév. 2012</ref>
Vers 4 heures du matin, les servants restant de la batterie allemande mettent les canons hors d'usage et s'esquivent. Le colonel König, commandant les éléments allemands divers rassemblés à Rennes, a reçu du général Hausser vers 23 heures l’ordre officiel de repli, afin d'éviter l'encerclement total dans Rennes et 2000 hommes quittent la ville à partir de 3 heures du matin après avoir eu 60 morts et 130 blessés dans les combats de Maison-Blanche et Saint-Laurent<ref>''U.S Army in World War II- Breakout and pursuit''. chap. 19, par Martin Blumenson </ref>. Ils vont sortir de Rennes par les routes secondaires, les grands axes étant coupés depuis la veille après-midi par les troupes américaines. Les GI du 13e régiment d'infanterie reçoivent l'ordre de pénétrer dans Rennes.
Vers 4 heures du matin, les servants restant de la batterie allemande mettent les canons hors d'usage et s'esquivent. Le colonel König, commandant les éléments allemands divers rassemblés à Rennes, a reçu du général Hausser vers 23 heures l’ordre officiel de repli, afin d'éviter l'encerclement total dans Rennes et 2000 hommes quittent la ville à partir de 3 heures du matin après avoir eu 60 morts et 130 blessés dans les combats de Maison-Blanche et Saint-Laurent<ref>''U.S Army in World War II- Breakout and pursuit''. chap. 19, par Martin Blumenson </ref>. Ils vont sortir de Rennes par les routes secondaires, les grands axes étant coupés depuis la veille après-midi par les troupes américaines. Les GI du 13e régiment d'infanterie reçoivent l'ordre de pénétrer dans Rennes.
 
[[Fichier:Jardin_de_la_Poste.png|350)x|left|thumb|Couverture ouest du jardin de la Poste et pont Mal Joffre effondrés ( du film de Pierre Anger)]]
[[Fichier:Immeuble_bout_quai_Duguay_Trouin.jpg|350px|left|thumb|Le pont de la Mission dynamité, remplacé par un pont Bailey: état de l'immeuble en extrémité ouest du quai Duguay Trouin]]
[[Fichier:Immeuble_bout_quai_Duguay_Trouin.jpg|350px|left|thumb|Le pont de la Mission dynamité, remplacé par un pont Bailey: état de l'immeuble en extrémité ouest du quai Duguay Trouin]]
[[Fichier:Devant_les_d%C3%A9g%C3%A2ts.png|right|350px|thumb|Devant les dégâts, quai Lamartine]]
[[Fichier:Devant_les_d%C3%A9g%C3%A2ts.png|right|350px|thumb|Devant les dégâts, quai Lamartine]]
[[Fichier:Pont_de_Strasbourg_4_ao%C3%BBt_1944082.jpg|350px|left|thumb|Le pont de Strasbourg et l'extrémité de l'[[avenue Aristide Briand]] ]]
[[Fichier:Pont_de_Strasbourg_4_ao%C3%BBt_1944082.jpg|350px|left|thumb|Le pont de Strasbourg et l'extrémité de l'[[avenue Aristide Briand]] ]]
==== A 5h20, les ponts ont sauté ====
==== A 5h00, les ponts sautent ====
[[Fichier:Am%C3%A9ricains_rue_Victor_Hugo.png|Left|300px|thumb|Les GI du 13e régiment d'infanterie avancent [[rue Victor-Hugo]] ]]
[[Fichier:Am%C3%A9ricains_rue_Victor_Hugo.png|Left|300px|thumb|Les GI du 13e régiment d'infanterie avancent [[rue Victor-Hugo]] ]]
[[File:Quai_Lamartine.jpeg|350px|right|thumb|4 août 1944 : les ponts ont sauté et voici les immeubles riverains du quai Lamartine]]
[[File:Quai_Lamartine.jpeg|350px|right|thumb|4 août 1944 : les ponts ont sauté et voici les immeubles riverains du quai Lamartine]]
[[Fichier:Rue_de_Nemours_4_ao%C3%BBt_1944.png|350px|right|thumb|4 août 1944: Rue de Nemours: la voie n'est pas coupée. (''Archives de Rennes 255FI412'')]]
[[Fichier:Rue_de_Nemours_4_ao%C3%BBt_1944.png|350px|left|thumb|4 août 1944: Rue de Nemours: la voie n'est pas coupée. (''Archives de Rennes 255FI412'')]]
[[Fichier:Couverture_endommag%C3%A9e.png|305px|right|thumb|Une couverture endommagée]]
[[Fichier:Couverture_endommag%C3%A9e.png|305px|right|thumb|Une couverture endommagée]]


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Dès minuit, le [[pont Pasteur]] est dynamité. De son domicile du 22 [[Quai Lamennais|quai Lamennais]], René Patay assiste, en compagnie du professeur Duffieux, à la retraite des Allemands sans combat. Au matin, un galop de cheval rompt le silence suivi d’une formidable explosion qui ébranle les murs, effondrent des cloisons de briques et brisent les vitres de l’appartement : le [[pont de la Mission]] s’est effondré dans la Vilaine. Alors qu’ils descendent au rez-de-chaussée pour prendre un petit déjeuner, le [[pont de Nemours]] saute. D’après Mme Ladam, il est 5 h 20, d’ouest en est les ponts sautent tour à tour, à quelques minutes d’intervalle. Les immeubles bordant le [[quai Lamartine]] sont détruits ou fortement endommagés.  
Dès minuit, le [[pont Pasteur]] est dynamité. De son domicile du 22 [[Quai Lamennais|quai Lamennais]], René Patay assiste, en compagnie du professeur Duffieux, à la retraite des Allemands sans combat. Au matin, un galop de cheval rompt le silence suivi d’une formidable explosion qui ébranle les murs, effondrent des cloisons de briques et brisent les vitres de l’appartement : le [[pont de la Mission]] s’est effondré dans la Vilaine. Alors qu’ils descendent au rez-de-chaussée pour prendre un petit déjeuner, le [[pont de Nemours]] saute. D’après Mme Ladam, il est 5 h 20, d’ouest en est les ponts sautent tour à tour, à quelques minutes d’intervalle. Les immeubles bordant le [[quai Lamartine]] sont détruits ou fortement endommagés.  
Un peu plus tard, le docteur Patay pourra franchir la Vilaine sans encombre en voiture car la couverture entre le [[pont Jean Jaurès]] et le pont de Nemours n'est que partiellement effondrée. De nombreux immeubles riverains sont fortement endommagés et les rues jonchées de gravats et de verre brisé.
Un peu plus tard, le docteur Patay pourra franchir la Vilaine sans encombre en voiture car la couverture entre le [[pont Jean Jaurès]] et le pont de Nemours n'est que partiellement effondrée. De nombreux immeubles riverains sont fortement endommagés et les rues jonchées de gravats et de verre brisé.
https://www.wiki-rennes.fr/Fichier:Devant_les_d%C3%A9g%C3%A2ts.png
[[Fichier:Devant_les_d%C3%A9g%C3%A2ts.png|250px|left]]
Seuls les ponts [[Pont Legraverend|Legraverend]] et de [[Pont Saint-Martin|Saint-Martin]] subsistent grâce au sang-froid de quelques riverains qui ont jeté la dynamite dans le canal. Au numéro 3 de la [[rue Saint-Yves]] s'élevait l'hôtel de Palys, construction tardive de style moyen-âge dont la façade sud était précédée d'un jardin donnant sur le [[quai Duguay-Trouin]]. Les Allemands y avaient installé un important central téléphonique et de radio qu'ils décidèrent de faire sauter en même temps que les ponts, dans la nuit du 3 au 4 août 1944. Deux Rennais, François Mahuas et Pierre Parthenay, munis d'un extincteur et d'un sac de sable pris dans l'ancienne [[chapelle Saint-Yves]] voisine, éteignirent à temps les mèches ajustées aux explosifs, épargnant ainsi de lourds dégâts à cette rue.
Seuls les ponts [[Pont Legraverend|Legraverend]] et de [[Pont Saint-Martin|Saint-Martin]] subsistent grâce au sang-froid de quelques riverains qui ont jeté la dynamite dans le canal. Au n° 3 de la [[rue de Châteaudun]], les Allemands se débarrassent d'un surplus de dynamite en le plaçant sous le porche et allument, détruisant toute l'entrée de cette rue <ref> Témoignage de Joseph Gastard tiré du film ''La vie à Rennes sous les bombardements'' de Yves Borne - 2024</ref>Au numéro 3 de la [[rue Saint-Yves]] s'élevait l'hôtel de Palys, construction tardive de style moyen-âge dont la façade sud était précédée d'un jardin donnant sur le [[quai Duguay-Trouin]]. Les Allemands y avaient installé un important central téléphonique et de radio qu'ils décidèrent de faire sauter en même temps que les ponts, dans la nuit du 3 au 4 août 1944. Deux Rennais, François Mahuas et Pierre Parthenay, munis d'un extincteur et d'un sac de sable pris dans l'ancienne [[chapelle Saint-Yves]] voisine, éteignirent à temps les mèches ajustées aux explosifs, épargnant ainsi de lourds dégâts à cette rue.


Mme Ladam écrit : « Peut-être aurait-il été relativement facile à des gens armés – et il y en avait – d’empêcher la sentinelle (il n’y en avait qu’une sur chaque pont) de mettre à exécution les ordres qu’elle avait reçus. » <ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'' par V. Ladam - imp. Les Nouvelles</ref>  "Une centaine d'hommes armées de fusils ou de revolvers, avec moins de dix cartouches par tête, ne pouvaient tenter le combat sans risquer d'aggraver le mal par des représailles sanglantes", telle est l'explication donnée dans le premier numéro de ''Défense de la France'' paru le 8 août en date du 9 août. De fait, les F.F.I. aux ordres de leur chef départemental, le commandant Adam, ne sont pas intervenus. Le souci premier de la Résistance était d'établir à Rennes, première grande ville libérée, les représentants responsables d'une nouvelle administration française, conformément aux directives du général de Gaulle qui voulait réussir cette démonstration en vue d'éviter un éventuel AMGOT<ref> AMGOT : Allied Military Government in Occupied Territories </ref>, un gouvernement militaire des Alliés en territoires occupés qui se contentèrent de mettre en circulation de nouveaux billets<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Allied_Military_Government_of_Occupied_Territories</ref>). De plus, les deux équipes ''Jedburgh'' chargées d'établir les contacts avec les groupes de Résistance d'Ille-et-Vilaine, composée chacune de trois hommes, avaient été parachutées le 10 juillet à ... Courcité dans l'est de la Mayenne, à 120 km de Rennes et ne parviennent en Ille-et-Vilaine que le Ier août entre Vitré et Fougères, trop tard pour assumer leur mission à Rennes<ref>''L'action des forces spéciales alliées en Ille-et Vilaine : les équipes Jedburgh Guy et Gavin'' (juillet-août 1944), par Yann Lagadec. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CVII - 2003</ref>.
Mme Ladam écrit : « Peut-être aurait-il été relativement facile à des gens armés – et il y en avait – d’empêcher la sentinelle (il n’y en avait qu’une sur chaque pont) de mettre à exécution les ordres qu’elle avait reçus. » <ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'' par V. Ladam - imp. Les Nouvelles</ref>  "Une centaine d'hommes armées de fusils ou de revolvers, avec moins de dix cartouches par tête, ne pouvaient tenter le combat sans risquer d'aggraver le mal par des représailles sanglantes", telle est l'explication donnée dans le premier numéro de ''Défense de la France'' paru le 8 août en date du 9 août. De fait, les F.F.I. aux ordres de leur chef départemental, le commandant Adam, ne sont pas intervenus. Le souci premier de la Résistance était d'établir à Rennes, première grande ville libérée, les représentants responsables d'une nouvelle administration française, conformément aux directives du général de Gaulle qui voulait réussir cette démonstration en vue d'éviter un éventuel AMGOT<ref> AMGOT : Allied Military Government in Occupied Territories </ref>, un gouvernement militaire des Alliés en territoires occupés qui se contentèrent de mettre en circulation de nouveaux billets<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Allied_Military_Government_of_Occupied_Territories</ref>). De plus, les deux équipes ''Jedburgh'' chargées d'établir les contacts avec les groupes de Résistance d'Ille-et-Vilaine, composée chacune de trois hommes, avaient été parachutées le 10 juillet à ... Courcité dans l'est de la Mayenne, à 120 km de Rennes et ne parviennent en Ille-et-Vilaine que le Ier août entre Vitré et Fougères, trop tard pour assumer leur mission à Rennes<ref>''L'action des forces spéciales alliées en Ille-et Vilaine : les équipes Jedburgh Guy et Gavin'' (juillet-août 1944), par Yann Lagadec. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CVII - 2003</ref>.
[[Fichier:Soldats_et_Rennaises.png|300px|right|thumb|GIs et Rennaises, place de la mairie, le 4 août.(166th SIG. Photo Co.  O.S. Halberg)]]
[[Fichier:Soldats_et_Rennaises.png|300px|right|thumb|GIs et Rennaises, place de la mairie, le 4 août.(166th SIG. Photo Co.  O.S. Halberg)]]
[[Fichier:P%C3%A9n%C3%A9tration_dans_Rennes367.jpg|500px|left|thumb|Pénétration des troupes américaines dans Rennes, point de passage obligé : le secteur République-rue de Nemours. Les points rouges marquent les ponts détruits]]
[[Fichier:P%C3%A9n%C3%A9tration_dans_Rennes367.jpg|500px|left|thumb|Pénétration des troupes américaines dans Rennes, point de passage obligé : le secteur République-rue de Nemours. Les points rouges marquent les ponts détruits]]
[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.jpg|300px|right|thumb|Les GI descendent la [[place de la Mairie]], au début de la [[rue d'Orléans]], à droite le café "L'Angélus"]]
[[Fichier:Ffi_place_de_la_mairie.jpeg|300px|left|thumb|Les F.F.I. paradent place de la Mairie, le 4 août<ref> cliché U.S.I.S (service d'information des Etats-Unis)</ref>  L. Riordan]] <ref> ''Rennes pendant la guerre. Chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Editions Ouest-France - 2013</ref>
[[Fichier:Ronde_place_de_la_mairie197.jpg|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août après-midi]]


[[Fichier:Ffi_place_de_la_mairie.jpeg|"à0px|left|thumb|Les F.F.I. paradent place de la Mairie, le 4 août<ref> cliché U.S.I.S (service d'information des Etats-Unis)</ref>  L. Riordan]] <ref> ''Rennes pendant la guerre. Chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Editions Ouest-France - 2013</ref>
[[Fichier:Ronde_place_de_la_mairie197.jpg|300px|center|thumb|Place de la Mairie, le 4 août après-midi]]


[[Fichier:GI_place_de_la_mairie.jpg|300px|right|thumb|Les GI descendent la [[place de la Mairie]], au début de la [[rue d'Orléans]], à droite le café "L'Angélus"]]
[[Fichier:Prisonniers_dans_Rennes.png|300px|thumb|Des prisonniers allemands au début de la rue d'Orléans (''War Pictorial News'')]]
[[Fichier:Prisonniers_dans_Rennes.png|300px|thumb|Des prisonniers allemands au début de la rue d'Orléans (''War Pictorial News'')]]
[[Fichier:$_57_yanks_capture_rennes.JPG|250px|left|thumb|"Les Américains prennent Rennes. Gain de 75 km en 2 jours"]]
[[Fichier:$_57_yanks_capture_rennes.JPG|250px|left|thumb|"Les Américains prennent Rennes. Gain de 75 km en 2 jours"]]
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[[Fichier:Accueil_des_Am%C3%A9ricains_devant_St-Martin194.jpg|center|300px|thumb|Légende de la radiotelephoto "Conduits par une jeune fille qui crie et rit en agitant le drapeau tricolore, des habitants de Rennes acclament les troupes américaines à leur entrée dans la capitale bretonne" (devant la chapelle du collège Saint-Martin, et, vu l'endroit, scène probablement filmée plusieurs heures après l'arrivée des GI en ville) <ref> {{CC-BY-NC-SA}} </ref>]]
[[Fichier:Accueil_des_Am%C3%A9ricains_devant_St-Martin194.jpg|center|300px|thumb|Légende de la radiotelephoto "Conduits par une jeune fille qui crie et rit en agitant le drapeau tricolore, des habitants de Rennes acclament les troupes américaines à leur entrée dans la capitale bretonne" (devant la chapelle du collège Saint-Martin, et, vu l'endroit, scène probablement filmée plusieurs heures après l'arrivée des GI en ville) <ref> {{CC-BY-NC-SA}} </ref>]]
<ref>https://www.cinematheque-bretagne.bzh/Base-documentaire-Rennes-France-_-mobile-broadcasting-station_-Granville_-France-426-11247-0-170.html? </ref>  
<ref>https://www.cinematheque-bretagne.bzh/Base-documentaire-Rennes-France-_-mobile-broadcasting-station_-Granville_-France-426-11247-0-170.html? </ref>  
Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule. "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref> ''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".
Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Les Rennais s'amassent peu à peu sur la place de la Mairie. "L'ancienne capitale de la Bretagne était belle, vrai parterre de fleurs multicolores au passage de nos unités de tête par les rues et avenues, fusil barrant la poitrine. Des femmes jeunes et vieilles accouraient pour nous serrer la main et embrasser ces Américains survenus et, au passage de nos jeeps et véhicules, les Français, dont beaucoup essuyaient des larmes de joie, accablaient notre convoi de fruits et de fleurs et démontraient leur quasi unanimité en criant "Vive l'Amérique !". <ref> ''Report of Enemy Action'', 13th Infantry APO US Army, September 4 1944. </ref> Un journaliste américain qui a couvert les combats de Normandie depuis le 6 juin constate que "''l'arrivée des Américains ne s'est pas traduite par bombes et obus rasant des maisons de civils. Il n'y a pas eu de féroces combats de rue et maison par maison. Il y a bien eu quelques dégâts mais que l'on répare rapidement'', estime-t-il. [...]''De longues files de véhicules alliés s'écoulent à travers la ville. Une jeep a des portraits d'Hitler et de Goering ficelés à la roue de secours, leurs visages barrés d'une grande croix noires. Les citadins acclament, rient et chargent les jeeps de fleurs''. Il note deux événements "inoubliables" : le défilé de 24 meneurs (sic) de la Résistance, fusils sur l'épaule. <ref>[[Libération : le 4 août d'un Rennais]]</ref>    "''C'étaient des hommes vieux, jeunes, aux teints clairs ou bronzés. Ils ne manœuvraient pas très bien et paraissaient un peu débraillés [...] Ils étaient fiers et Rennes aussi''". L'autre fait <ref>[[Libération : le 4 août une Rennaise écrit :]]</ref> : un vieillard grimpé sur une coupole et embouchant une trompette pour jouer la Marseillaise. "''Aux premières notes les gens étaient silencieux, les larmes leur venant, puis ils se mirent à chanter. Le son, d'abord faible, résonna avec écho entre les murs à mesure qu'augmentait le nombre de ceux qui chantaient''" <ref> ''Quand Rennes chante la Marseillaise c'est l'esprit de la France qu'on entend'', par G. K. Hodenfield. ''Stars and Stripes''.(journal de l'armée américaine)</ref> Rémy est aussi témoin de ce fait en indiquant que le "vieil homme à longues moustaches blanches à la gauloise [...] était juché à califourchon sur le toit d'une fenêtre mansardée"<ref>''Les Mains Jointes'', par Rémy, Raoul Solar éditeur, p. 226 - 1948 </ref> Le ''Cairns Post'' indique que "l'atmosphère qui prévaut ici semble être une vive amitié absolument sincère".


Les Rennais s'amassent, dans l'après-midi, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entrés en ville avant les troupes américaines.
Les Rennais s'amassent, dans l'après-midi, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entrés en ville avant les troupes américaines.
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===Dès le lundi 7 août, bonjour ''Ouest-France'' !===
===Dès le lundi 7 août, bonjour ''Ouest-France'' !===
 
La nuit du 4 au 5 août se passa malgré quelques alertes <ref> [[Soir et nuit du 4 au 5 août 1944]]</ref>
Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal ''Défense de la France'', encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale, provisoirement imprimé à Rennes, 38 [[rue du Pré Botté]] sur une seule feuille, (qui deviendra France Soir dans Paris libéré) s'étonne dans son n°8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."
Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal ''Défense de la France'', encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale, provisoirement imprimé à Rennes, 38 [[rue du Pré Botté]] sur une seule feuille, (qui deviendra France Soir dans Paris libéré) s'étonne dans son n°8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."
[[Fichier:Canon_de_88_M_B.jpg|500px|right|thumb|Un des canons de 88 mm laissé hors d'usage à Maison-Blanche par les Allemands à l'aube du 4 août (photo musée de Bretagne) ]]
[[Fichier:Canon_de_88_M_B.jpg|500px|right|thumb|Un des canons de 88 mm laissé hors d'usage à Maison-Blanche par les Allemands à l'aube du 4 août (photo musée de Bretagne) ]]
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Le 3 août, Henri Fréville, chargé de mettre en place la presse nouvelle, avait reçu un billet de Paul Hutin, ancien secrétaire général de l'''Ouest-Eclair'', démissionnaire en juin 1940 à l'arrivée des Allemands, revendiquant le droit de reprendre son poste, ce qui était d'ailleurs bien dans les desseins du comité de libération.
Le 3 août, Henri Fréville, chargé de mettre en place la presse nouvelle, avait reçu un billet de Paul Hutin, ancien secrétaire général de l'''Ouest-Eclair'', démissionnaire en juin 1940 à l'arrivée des Allemands, revendiquant le droit de reprendre son poste, ce qui était d'ailleurs bien dans les desseins du comité de libération.
[[Fichier:Couvre-feu.png|300px|right|yhumb|''Collection Musée de Bretagne'']]
[[Fichier:Couvre-feu.png|300px|right|thumb|''Collection Musée de Bretagne'']]
Le 4 vers 13 heures, de nombreux membres du personnel se sont réunis dans la salle des rotatives avec Paul Hutin-Desgrées, Jean Marin et Alphonse Aubrée, administrateur. Ceux-ci prirent la parole pour affirmer que le grand quotidien mènerait le combat du redressement national dans le droit fil de ses origines, et pour présenter les lignes de la politique d'information qui allait être menée. Le 7 août sortait le premier numéro, trois jours après la libération de Rennes<ref>''La presse bretonne dans la tourmente - 1940-1946'', par Henri Fréville. Plon - 1979</ref>. Curieusement, la revue mensuelle ''Accord'', diffusée en France occupée par les aviations alliées, annonça la création à Rennes de ... ''France-Ouest'' avec deux autres erreurs : l'existence d'"un rédacteur en chef appointé par le Comité National de Libération, un professeur de la faculté de Rennes, membre de la Résistance" ("''appointé''" étant une mauvaise traduction du terme anglais "appointed" qui signifie "désigné", et Henri Fréville n'en était pas le rédacteur en chef<ref>''Accord'' revue mensuelle illustrée numéro 9, diffusée en France occupée par l’aviation alliée </ref>.
Le 4 vers 13 heures, de nombreux membres du personnel se sont réunis dans la salle des rotatives avec Paul Hutin-Desgrées, Jean Marin et Alphonse Aubrée, administrateur. Ceux-ci prirent la parole pour affirmer que le grand quotidien mènerait le combat du redressement national dans le droit fil de ses origines, et pour présenter les lignes de la politique d'information qui allait être menée. Le 7 août sortait le premier numéro, trois jours après la libération de Rennes<ref>''La presse bretonne dans la tourmente - 1940-1946'', par Henri Fréville. Plon - 1979</ref>. Curieusement, la revue mensuelle ''Accord'', diffusée en France occupée par les aviations alliées, annonça la création à Rennes de ... ''France-Ouest'' avec deux autres erreurs : l'existence d'"un rédacteur en chef appointé par le Comité National de Libération, un professeur de la faculté de Rennes, membre de la Résistance" ("''appointé''" étant une mauvaise traduction du terme anglais "appointed" qui signifie "désigné", et Henri Fréville n'en était pas le rédacteur en chef<ref>''Accord'' revue mensuelle illustrée numéro 9, diffusée en France occupée par l’aviation alliée </ref>.


Au soir de ce 4 août, par mesure de précaution, un couvre-feu sera imposé. Des troupes de la 8e division d'infanterie (8th Infantry Division) vont prendre le relais et sécuriser Rennes et ses abords.
Au soir de ce 4 août, par mesure de précaution, un couvre-feu sera imposé. Des troupes de la 8e division d'infanterie (8th Infantry Division) vont prendre le relais et sécuriser Rennes et ses abords.
=== Chasse aux "collabos" ===
=== Chasse aux "collabos" ===
Certains pourchassent des Rennais dénoncés comme collaborateurs. On arrache les pancartes en allemand, on brûle le kiosque où, pendant quatre ans, les revues allemandes ont figuré en bonne place.
Certains pourchassent des Rennais dénoncés comme collaborateurs. On arrache les pancartes en allemand, on brûle le kiosque où, pendant quatre ans, les revues allemandes ont figuré en bonne place. <ref>[[Libération : le 4 août une Rennaise écrit :]]</ref>
[[Fichier:Kiosque_incendi%C3%A9.jpg|300px|left|thumb|Le feu au kiosque à journaux]]
[[Fichier:Kiosque_incendi%C3%A9.jpg|300px|left|thumb|Le feu au kiosque à journaux]]
[[Fichier:3_collaborateurs_%C3%A0_Rennes196.jpg|350px|right|thumb||Trois collaborateurs dans Rennes entourés par des gendarmes. "Quelques scènes laides survinrent, photographiées ici. Certains des hommes attaqués par la foule furent rudement malmenés et auraient beaucoup plus souffert sans l'intervention de la police;" NB: L'homme à droite tient un mouchoir et semble saigner du nez. D'une page intitulée "Scènes d'émeute à Rennes". ''The Sphere'', London, 19 août 1944]]
[[Fichier:3_collaborateurs_%C3%A0_Rennes196.jpg|350px|right|thumb||Trois collaborateurs dans Rennes entourés par des gendarmes. "Quelques scènes laides survinrent, photographiées ici. Certains des hommes attaqués par la foule furent rudement malmenés et auraient beaucoup plus souffert sans l'intervention de la police;" NB: L'homme à droite tient un mouchoir et semble saigner du nez. D'une page intitulée "Scènes d'émeute à Rennes". ''The Sphere'', London, 19 août 1944]]
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[[Fichier:Journaux_%C3%A0_rennes_ao%C3%BBt_1944.png|550px|center|thumb|Journaux imprimés à Rennes en août 1944, dont le 1er numéro de ''Ouest-France'']]
[[Fichier:Journaux_%C3%A0_rennes_ao%C3%BBt_1944.png|550px|center|thumb|Journaux imprimés à Rennes en août 1944, dont le 1er numéro de ''Ouest-France'']]
[[Fichier:L%27%C3%A9trange_lib%C3%A9ration066.jpg|250px|center|thumb|Ouvrage sur la libération de Rennes - 2017 ]]
[[Fichier:L%27%C3%A9trange_lib%C3%A9ration066.jpg|250px|center|thumb|Ouvrage sur la libération de Rennes - 2017 ]]


=== Références ===
=== Références ===
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