« Maisons d'octroi de Rennes » : différence entre les versions

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Comme toutes les villes, [[Rennes]] possédait des octrois, aussi appelés barrières puisqu'il fallait les franchir en acquittant un droit si on voulait rentrer dans la ville avec des marchandises à vendre. Des employés veillaient à l'exact versement de cet impôt, à proximité de ce qui était appelé ''bureau d'octrois'' ou ''maison d'octrois''. Leur nombre a varié et leur implantation a évolué avec la croissance de la ville. Des '''maisons d'octroi''' furent construites aux principales entrées pour abriter le bureau de recette et loger un receveur principal<ref>''L'Octroi à Rennes au 19e siècle'', par Annik Pelhate. Mémoire UTLA de Bretagne vol. 13 - 2003</ref>.
Comme toutes les villes, [[Rennes]] possédait des octrois, aussi appelés barrières puisqu'il fallait les franchir en acquittant un droit si on voulait rentrer dans la ville avec des marchandises à vendre. Des employés veillaient à l'exact versement de cet impôt, à proximité de ce qui était appelé ''bureau d'octrois'' ou ''maison d'octrois''. Leur nombre a varié et leur implantation a évolué avec la croissance de la ville. Des '''maisons d'octroi''' furent construites aux principales entrées pour abriter le bureau de recette et loger un receveur principal<ref>''L'Octroi à Rennes au 19e siècle'', par Annik Pelhate. Mémoire UTLA de Bretagne vol. 13 - 2003</ref>.
[[Fichier:Octroi_dit_du_mail.jpeg|200px|right|thumb|Maison d'octroi du Mail.]]
[[Fichier:Octroi_dit_du_mail.jpeg|200px|right|thumb|Maison d'octroi du Mail.]]
[[Fichier:Octroi_marbeuf.png|200px|left|thumb|Plus récente que celle dite "du Mail", la maison d'octroi au carrefour avec le [[boulevard Marbœuf]] ]]
[[Fichier:Octroi_marbeuf.png|200px|left|thumb|Plus récente que celle dite "du Mail", la maison d'octroi au carrefour avec le [[boulevard Marbeuf]] ]]
[[Fichier:Octroi_rue_de_Ch%C3%A4tillon.jpeg|150px|thumb|La maison d'octroi au début de la rue de Châtillon sera préservée dans le cadre d'Eurorennes<ref>https://www.20minutes.fr/rennes/2346903-20181004-video-rennes-abandon-petite-maison-va-defier-tour-100-metres-haut</ref>]]
[[Fichier:Octroi_rue_de_Ch%C3%A4tillon.jpeg|150px|thumb|La maison d'octroi au début de la rue de Châtillon sera préservée dans le cadre d'Eurorennes<ref>https://www.20minutes.fr/rennes/2346903-20181004-video-rennes-abandon-petite-maison-va-defier-tour-100-metres-haut</ref>]]
[[Fichier:Octroi_rue_de_Foug%C3%A8res.jpeg|150px|thumb|Maison d'octroi de la rue de Fougères.]]
[[Fichier:Octroi_rue_de_Foug%C3%A8res.jpeg|150px|thumb|Maison d'octroi de la rue de Fougères.]]
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'''En [[1782]]''', les registres d'octrois eux-mêmes ne font plus état que de cinq barrières. <ref> [[Passages de mules à Rennes]]</ref>.
'''En [[1782]]''', les registres d'octrois eux-mêmes ne font plus état que de cinq barrières. <ref> [[Passages de mules à Rennes]]</ref>.


'''Au début du 19e siècle''' des bureaux d'octroi sont installés aux entrées de la ville: 71, rue de Brest , 16 rue de Port Malo, 143 rue d'Antrain ( à la Fosse courbée ), route de Fougères (à la Barre Saint-Just),47 rue de Paris, 68 rue de La Guerche, 66 rue de Nantes, 15 à l'entrée de la route de Redon et un au port Saint-Yves. Sous le mandat de M. de Lorgeril, des maisons sont construites : burau de Saint-Cyr,, bureau à l'angle rue de Fougères, boulevard de la Duchesse Anne, ruelle de Châtillon (en limite est du Champ de Mars), route de Saint-Malo ( au port Saint-Martin) en 1833,, un bureau nommé ''Le Mail'' est construit en 1844 à l'embranchement de la route de Brest et de la route de Lorient. 33 employés sont affectés à ces bureaux. En 1848 les denrées taxées consommées par les Rennais sont le cidre, ressource essentielle de l'octroi, les vins bières et alcool, le sucre et le café, les viandes. En 1861 un Rennais consommait 499 litres de cidre, 18 litres de vin, 11 litres de bière forte mais en 1866 sa consommation de cidre tombe à 344 litres et celle de vin passe à 44,5 litres. de 1871 à 1879 les produits des taxes sur boissons tournent autour de 50% et de 40% de 1880 à 1892.
'''Au début du 19e siècle''' des bureaux d'octroi sont installés aux entrées de la ville : 71, rue de Brest, 16 rue de Port Malo, 143 rue d'Antrain (à la Fosse courbée), route de Fougères (à la Barre Saint-Just), 47 rue de Paris, 68 rue de La Guerche, 66 rue de Nantes, 15 à l'entrée de la route de Redon et un au port Saint-Yves. Sous le mandat de M. de Lorgeril, des maisons sont construites : bureau de Saint-Cyr, bureau à l'angle rue de Fougères, boulevard de la Duchesse Anne, ruelle de Châtillon (en limite est du Champ de Mars), route de Saint-Malo (au port Saint-Martin) en 1833, un bureau nommé ''Le Mail'' est construit en 1844 à l'embranchement de la route de Brest et de la route de Lorient. 33 employés sont affectés à ces bureaux. En 1848 les denrées taxées consommées par les Rennais sont le cidre, ressource essentielle de l'octroi, les vins bières et alcool, le sucre et le café, les viandes. En 1861 un Rennais consommait 499 litres de cidre, 18 litres de vin, 11 litres de bière forte mais en 1866 sa consommation de cidre tombe à 344 litres et celle de vin passe à 44,5 litres. de 1871 à 1879 les produits des taxes sur boissons tournent autour de 50% et de 40% de 1880 à 1892.


'''Au cours du second Empire''' le bureau de Châtillon est transféré à l'angle s-o du pont, celui de Nantes au delà du pont de chemin de fer, celui de la rue de Paris au carrefour de la rue de Châteaudun et, en 1857, est ouvert un bureau à la gare. De plus un contrôle d'octroi taxait les animaux de boucherie aux deux extrémités de la rue du Champ-Dolent. À partir de 1856 un droit d'octroi et une taxe d'abattoir sont payés au nouvel abattoir de La Mabilais. Les employés sont alors 44. Le nombre des procès-verbaux de tentatives frauduleuses tombe de 298 en 1854 à 29 en 1870. Les fraudes portent, par ordre décroissant sur les oranges,, le café, les viandes découpées, les animaux sur pied et le sucre. Les fraudes concernent aussi le foin, la paille et l'avoine.
'''Au cours du second Empire''' le bureau de Châtillon est transféré à l'angle s-o du pont, celui de Nantes au delà du pont de chemin de fer, celui de la rue de Paris au carrefour de la rue de Châteaudun et, en 1857, est ouvert un bureau à la gare. De plus un contrôle d'octroi taxait les animaux de boucherie aux deux extrémités de la rue du Champ-Dolent. À partir de 1856 un droit d'octroi et une taxe d'abattoir sont payés au nouvel abattoir de La Mabilais. Les employés sont alors 44. Le nombre des procès-verbaux de tentatives frauduleuses tombe de 298 en 1854 à 29 en 1870. Les fraudes portent, par ordre décroissant sur les oranges, le café, les viandes découpées, les animaux sur pied et le sucre. Les fraudes concernent aussi le foin, la paille et l'avoine.


'''En 1870, sous la municipalité de Pierre Martin''', l'implantation des bureaux évolue :en 1877 le bureau de Paris est transféré à l'angle du boulevard de Saint-Méen ( boulevard de Strasbourg),le bureau de Redon est situé près du croisement avec la rue d'Inkerman, celui de Saint-Hélier près de l'église, celui de Brest est transféré à l'angle de l'actuelle rue Vaneau. '''Sous la municipalité d'Edgar Le Bastard''', en 1883 le bureau du Mail est transféré route de Lorient et un bureau est créé à l'angle de la rue de Saint-Brieuc et du chemin qui sera le boulevard Marbeuf, et en 1883, une guérite abrite le bureau de La Courrouze entre l'arsenal et le pont de La Courrouze , en 1885, le bureau de Fougères est construit à l'angle de la rue de Fougères et du boulevard de l'Est (boulevard de Metz), le bureau d'Antrain est porté en 1888 dans un maison à l'angle du boulevard de l'Est. En 1880, le produit des taxes est spectaculaire avec accroissement des taxes sur la bière alors que la disette de cidre amènee les Rennais à consommer cette boisson de remplacement.
'''En 1870, sous la municipalité de Pierre Martin''', l'implantation des bureaux évolue :en 1877 le bureau de Paris est transféré à l'angle du boulevard de Saint-Méen (boulevard de Strasbourg), le bureau de Redon est situé près du croisement avec la rue d'Inkerman, celui de Saint-Hélier près de l'église, celui de Brest est transféré à l'angle de l'actuelle rue Vaneau. '''Sous la municipalité d'Edgar Le Bastard''', en 1883 le bureau du Mail est transféré route de Lorient et un bureau est créé à l'angle de la rue de Saint-Brieuc et du chemin qui sera le boulevard Marbeuf, et en 1883, une guérite abrite le bureau de La Courrouze entre l'arsenal et le pont de La Courrouze, en 1885, le bureau de Fougères est construit à l'angle de la rue de Fougères et du boulevard de l'Est (boulevard de Metz), le bureau d'Antrain est porté en 1888 dans un maison à l'angle du boulevard de l'Est. En 1880, le produit des taxes est spectaculaire avec accroissement des taxes sur la bière alors que la disette de cidre amènee les Rennais à consommer cette boisson de remplacement.


Le service de l'octroi perdura durant la période d'occupation allemande de 1940 à 1944 mais les recettes ne cessèrent pas de décroître du fait de la rareté et du contingentement des divers produits soumis à la taxe.  Les maisons d'octroi perdent de leur utilité à partir de la fin de la seconde guerre mondiale. L'ordonnance du 30 décembre 1944 permit de percevoir une taxe maximale de 1,50% sur les ventes au détail et sur les prestations de service ouvrit de nouvelles perspectives  aux municipalités.'''L'octroi est supprimé le 12 février 1945''' en séance du conseil de la délégation municipale de Yves Milon. ''"Ces taxes furent toujours mal acceptées par la population et furent, dès la fin du XIXe siècle, l’objet de violentes critiques. Elles gênaient alors le développement d’une économie moderne. Supprimées à la fin de la deuxième guerre mondiale (loi n° 379 du 2 juillet 1943, confirmée en 1948), elles furent remplacées par le relèvement de taxes locales sur les ventes au détail et prestations de services."''<ref>Article sur le métier d'employé d'octroi: https://desaieuxetdeshommes.wordpress.com/2014/09/08/un-metier-d-autrefois-l-employe-d-octroi/</ref>.
Le service de l'octroi perdura durant la période d'occupation allemande de 1940 à 1944 mais les recettes ne cessèrent pas de décroître du fait de la rareté et du contingentement des divers produits soumis à la taxe.  Les maisons d'octroi perdent de leur utilité à partir de la fin de la seconde guerre mondiale. L'ordonnance du 30 décembre 1944 permit de percevoir une taxe maximale de 1,50% sur les ventes au détail et sur les prestations de service ouvrit de nouvelles perspectives  aux municipalités.'''L'octroi est supprimé le 12 février 1945''' en séance du conseil de la délégation municipale de Yves Milon. ''"Ces taxes furent toujours mal acceptées par la population et furent, dès la fin du XIXe siècle, l’objet de violentes critiques. Elles gênaient alors le développement d’une économie moderne. Supprimées à la fin de la deuxième guerre mondiale (loi n° 379 du 2 juillet 1943, confirmée en 1948), elles furent remplacées par le relèvement de taxes locales sur les ventes au détail et prestations de services."''<ref>Article sur le métier d'employé d'octroi: https://desaieuxetdeshommes.wordpress.com/2014/09/08/un-metier-d-autrefois-l-employe-d-octroi/</ref>.
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===Le produit d'octroi, important dans le budget municipal===
===Le produit d'octroi, important dans le budget municipal===
L'impôt était important pour le financement des besoins de la ville. l'augmentation des recettes résultait du fait de l'activité économique, ou de décisions gouvernementales.
L'impôt était important pour le financement des besoins de la ville. l'augmentation des recettes résultait du fait de l'activité économique, ou de décisions gouvernementales.
Le produit net de l'octroi ( après imputation des frais de personnel et loyers est important pour le budget de la ville. Sous la municipalité de Pierre Martin sa part est de 67,5% en 1873 à 55% en 1876. Souis celle d'Edgar Le bastard, elle oscille de 26,73% seulement en 1882( en raison d'un budget municipal gonflé par des emprunts et des subventions d'État). à 47,67% en 1888.
Le produit net de l'octroi (après imputation des frais de personnel et loyers est important pour le budget de la ville. Sous la municipalité de Pierre Martin sa part est de 67,5% en 1873 à 55% en 1876. Sous celle d'Edgar Le Bastard, elle oscille de 26,73% seulement en 1882 (en raison d'un budget municipal gonflé par des emprunts et des subventions d'État) à 47,67% en 1888.
 


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Kartenn, la plateforme de l'inventaire du patrimoine culturel de Bretagne, dispose d'un article sur l'architecture fiscale ou financière à Rennes<ref>http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/l-architecture-fiscale-ou-financiere-a-rennes/c1f80c8d-9052-4d3b-95c9-6ea581303659</ref> qui recense certains bureaux d'octroi de la ville.
Kartenn, la plateforme de l'inventaire du patrimoine culturel de Bretagne, dispose d'un article sur l'architecture fiscale ou financière à Rennes<ref>http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/l-architecture-fiscale-ou-financiere-a-rennes/c1f80c8d-9052-4d3b-95c9-6ea581303659</ref> qui recense certains bureaux d'octroi de la ville.
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