« Maurice Schumann à Rennes sous le bombardement du 17 juin 1940 » : différence entre les versions

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« Le buffet de la gare étant fermé, Maurice Schumann se dirige vers l’[[avenue Janvier]] en quête d’un bistrot. Alors qu’il marche le long de l’avenue, il entend soudain derrière lui une énorme explosion. La gare de Rennes venait d’être bombardée par les Allemands. Maurice Schumann ne retrouva ni son train pulvérisé, ni son régiment qui avait péri. La soif du colonel lui avait sauvé la vie. »
« Le buffet de la gare étant fermé, Maurice Schumann se dirige vers l’[[avenue Janvier]] en quête d’un bistrot. Alors qu’il marche le long de l’avenue, il entend soudain derrière lui une énorme explosion. La gare de Rennes venait d’être bombardée par les Allemands. Maurice Schumann ne retrouva ni son train pulvérisé, ni son régiment qui avait péri. La soif du colonel lui avait sauvé la vie. »


Le lendemain Schumann est à Niort et le 21 il embarque à Saint-Jean-de-Luz pour Londres.
Le lendemain Schumann est à Niort où il entend l'allocution du général de Gaulle et le 21 il embarque à Saint-Jean-de-Luz pour Londres.


==== Des anomalies ====
==== Des anomalies ====
Les relations faites par Jean Marin<ref>Voir [[rue Jean Marin]]</ref> et les propos de Schumann cités par Jacques Cressard sont étranges. Si la soif du colonel ne l’est pas - car il faisait très chaud en cette matinée du 17 juin, et surtout à bord des wagons bondés – étrange est la mention de l’explosion d’une bombe derrière Schumann qu'il situe [[ avenue Janvier]], touchant la "gare de Rennes", expression qui concerne aussi bien des voies des triages que le bâtiment de la gare des voyageurs, et  pulvérisant » le train britannique, et une tête lui arrivant dans les bras. Elle n’est pas crédible s'il est alors sur l'avenue.
Les relations faites par Jean Marin<ref>Voir [[rue Jean Marin]]</ref> et les propos de Schumann cités par Jacques Cressard sont étranges. Si la soif du colonel ne l’est pas - car il faisait très chaud en cette matinée du 17 juin, et surtout à bord des wagons bondés – étrange est la mention de l’explosion d’une bombe derrière Schumann qu'il situe [[ avenue Janvier]], touchant la "gare de Rennes", expression qui concerne aussi bien des voies des triages que le bâtiment de la gare des voyageurs, et  pulvérisant » le train britannique, et une tête lui arrivant dans les bras. Elle n’est pas crédible s'il est alors sur l'avenue.
[[Fichier:Jean_Marin_%C3%A0_rennes.png|200px|left|thumb|Jean Marin à Rennes, le 1er août 1944, derrière lui, Maurice Schumann]]
[[Fichier:Jean_Marin_%C3%A0_rennes.png|300px|left|thumb|Jean Marin à Rennes, le 1er août 1944, derrière lui, Maurice Schumann, à l'angle de la rue du Pré Botté et de la rue Maréchal Joffre]]


En fait, le bâtiment de la gare de voyageurs n’a pas été touché par les bombes allemandes lâchées plus à l'est, sur le triage de la [[plaine de Baud]] et sur celui de [[Saint-Hélier]] où stationnaient les trains de soldats britanniques et de soldats français . La gare de voyageurs n'a subi qu'un mitraillage des avions volant à basse altitude, constaté par des voyageurs se trouvant sur les quais de la gare. <ref>[[Bombardement du 17 juin 1940 : témoignages‎‎]] témoignage de François Choel, 7 ans en juin 1940 - Dr René Patay</ref> Incontestable est le témoignage du Dr René Patay, alors très impliqué à Rennes dans l'aide aux réfugiés, qui arrive du sud de Rennes, de La Massaye, par le [[boulevard Magenta]], accouru pour soigner des blessés amenés par des ambulances ensanglantées. Il constate que la gare de voyageurs est intacte.<ref> Mémoires d'un Français moyen, p 123. René Patay – 1974 </ref>. Les rapports de la SNCF sur les dégâts causés par le bombardement allemand n’en font pas état pour le bâtiment de la gare de Rennes. Quant à l’avenue Janvier, si impactée en 1944, elle ne l’a pas été du tout en 1940, hormis des bris de vitres comme ce fut le cas sur toute la ville de Rennes.
En fait, le bâtiment de la gare de voyageurs n’a pas été touché par les bombes allemandes lâchées, les plus proches, un kilomètre plus à l'est, sur le triage de la de [[Saint-Hélier]] où stationnaient les trains de soldats français  ainsi que sur la [[plaine de Baud]]. La gare de voyageurs n'a subi qu'un mitraillage des avions volant à basse altitude, constaté par des voyageurs se trouvant sur les quais de la gare. <ref>[[Bombardement du 17 juin 1940 : témoignages‎‎]] témoignage de François Choel, 7 ans en juin 1940 - Dr René Patay</ref> Incontestable est le témoignage du Dr René Patay, alors très impliqué à Rennes dans l'aide aux réfugiés, qui arrive du sud de Rennes, de La Massaye, par le [[boulevard Magenta]], accouru pour soigner des blessés amenés par des ambulances ensanglantées ou touchés par des éclats de verre des vitres soufflées. Il constate que la gare de voyageurs est intacte.<ref> Mémoires d'un Français moyen, p 123. René Patay – 1974 </ref>. Les rapports de la SNCF sur les dégâts causés par le bombardement allemand n’en font pas état pour le bâtiment de la gare de Rennes. Quant à l’avenue Janvier, si impactée en 1944, elle ne l’a pas été du tout en 1940, hormis des bris de vitres comme ce fut le cas sur toute la ville de Rennes.
[[Fichier:Distance_St_H%C3%A9lier_-_gare_voyageurs.png|500px|right|thumb|Distance entre trains bombardés et avenue Janvier]]
[[Fichier:Distance_St_H%C3%A9lier_-_gare_voyageurs.png|500px|right|thumb|Distance entre trains bombardés et avenue Janvier]]
Un train britannique, le moins éloigné, se trouvant à plus d'un kilomètre  à l'est de l'avenue Janvier, sur le triage de Saint-Hélier, il faut imaginer que Schumann aurait fait ce trajet à pied jusqu'à l'avenue Janvier pour trouver un café ouvert, ce qui en aller-retour réalisé aurait constitué un parcours de plus de 2 km. En supposant le parcours aller effectué par Schumann jusqu'à l'avenue Janvier, et même s'il est avéré que des débris parfois importants ont été soufflés à plusieurs centaines de mètres, on ne peut pas considérer plausible qu'une tête ait pu être projetée sur plus d'un kilomètre pour tomber avenue Janvier par-dessus des immeubles de plusieurs étages en rive est de l'avenue. Dès lors, le témoignage de Maurice Schumann apparaît irréaliste si celui-ci était avenue Janvier lors du bombardement. Pour ne pas le mettre entièrement en doute, il faut le situer à proximité d’un triage, le plus proche étant celui de Saint-Hélier , la recherche d’un « bistrot » pour satisfaire la soif du colonel, pouvant se faire dans des rues voisines des voies ferrées. à l'est du pont Saint-Hélier, à environ 600 mètres d'un train stationné mais à plus de 500 mètres de la gare des voyageurs plus à l'ouest Les voies de triage, sur lesquelles se trouvaient des trains de soldats, ne peuvent être confondues avec la gare de voyageurs et l'avenue Janvier.
Les trains touchés les moins éloignés, se trouvant à plus d'un kilomètre  à l'est de l'avenue Janvier, sur le triage de Saint-Hélier, il faut imaginer que Schumann aurait fait ce trajet à pied jusqu'à l'avenue Janvier pour trouver un café ouvert, ce qui en aller-retour aurait constitué un parcours de plus de 2 km. Encore faut-il observer que  156 Anglais du Royal Engineer et d'un régiment de Manchester et 3 aviateurs britanniques qui furent tués se trouvaient dans un train  encore plus éloigné, sur la plaine de Baud, qui aurait dû partir vers Brest à 9h00. En supposant le parcours aller effectué par Schumann jusqu'à l'avenue Janvier, et même étant  avéré que des débris parfois importants ont été soufflés à plusieurs centaines de mètres, il est peu plausible qu'un éclat soit tombé avenue Janvier, décapitant une femme, étant exclu qu'une tête ait pu être projetée sur plus d'un kilomètre pour tomber avenue Janvier par-dessus des immeubles de plusieurs étages en rive est de l'avenue. Dès lors, la relation de Maurice Schumann se trouvant lors du bombardement avenue Janvier, à grande distance des trains bombardés, est inexplicable . Pour ne pas la mettre entièrement en doute, il faut le situer à proximité d’un triage, le plus proche étant celui de Saint-Hélier , la recherche d’un « bistrot » pour satisfaire la soif du colonel, pouvant se faire dans des rues voisines des voies ferrées, à l'est du pont Saint-Hélier, à environ 600 mètres d'un train stationné mais à plus de 500 mètres de la gare des voyageurs plus à l'ouest. Les voies de triage,a fortiori celles de la plaine de Baud, ne peuvent être confondues avec la gare de voyageurs et l'avenue Janvier.


Trente ans après des faits, on peut constater que la mémoire restitue des souvenirs sujets à caution. Etienne Maignen, condisciple de Jacques Cressard au collège Saint-Vincent de Rennes, eut l'occasion de lui faire connaître ces observations sur le témoignage de Maurice Schumann, bien après la relation que le député en avait fait dans le journal ''Ouest-France''. Une hypothèse à l'appui de cette confusion, basée sur une photo prise le jour de la [[libération de Rennes]]: Maurice Schumann est  en ville sur une jeep avec son ami Jean Marin : un passage avenue Janvier avec en toile de fond la gare des voyageurs endommagée a pu l'amener à narrer son aventure de la terrible matinée 17 juin 1940 en la situant aux environs de ce bâtiment de la gare de voyageurs...
Trente ans après des faits, on peut constater que la mémoire restitue des souvenirs sujets à caution. Etienne Maignen, condisciple de Jacques Cressard au collège Saint-Vincent de Rennes, eut l'occasion de lui faire connaître ces observations sur le témoignage de Maurice Schumann, bien après la relation que le député en avait fait dans le journal ''Ouest-France''. Une hypothèse à l'appui de cette confusion est basée sur une photo prise le jour de la [[libération de Rennes]]: Maurice Schumann est  en ville sur une jeep avec son ami Jean Marin : un passage avenue Janvier avec en toile de fond la gare des voyageurs endommagée a pu ressusciter, quatre ans plus tard, son aventure de la terrible matinée du 17 juin 1940 en la situant aux environs de ce bâtiment de la gare de voyageurs très endommagée par les bombardements de 1943 et  de juin 1944...


===='''Etienne Maignen'''====
===='''Etienne Maignen'''====
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