« Quartier 9 : du passé ouvrier ne faisons pas table rase » : différence entre les versions

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== Vers le passage à niveau Claude Bernard ==
== Vers le passage à niveau Claude Bernard ==


Au carrefour Voltaire-Redon, j’aurais pu remonter sur ma gauche par la rue Claude Bernard jusqu’aux établissements Jean Prost au n° 22. Tout en restant sur le Mail, la plus grande partie de l’établissement a émigré sur le site de l’ancien manoir Le Gravot. C’est en 1961 que les transports s’y installent. Le personnel du garage du Mail y arrive en 1962. Les voies de chemin de fer y accèdent. Par plusieurs étapes, on y trouve tout ce qui est nécessaire au fonctionnement de l’entreprise : citernes à gasoil et pompes, station de lavage, atelier de réparation, carrosserie, bureaux. Pendant et après la dernière guerre, l’entreprise a beaucoup transporté pour la société l’Économique. En 1972, l’entreprise Jean Prost qui compte près de 600 employés, devient le transporteur le plus important de Bretagne. Devenue « Prost Transport »,  il ne cesse de s’étendre, à toute la France d’abord, puis à la Belgique et  aux Pays Bas. De 1972 à 1985, 800 nouveaux emplois sont créés. En 1992, l’entreprise compte 61 succursales, emploie 2085 personnes et exploite 1 410 véhicules. Le rachat par UPS qui avait d’autres intérêts à lieu en 1991. Les Américains débarquent physiquement ; parmi eux, Tony Montan, un gars du New Jersey d'origine italienne. Il s’agissait surtout de racheter la compétence et le réseau … une autre histoire, d’autres valeurs mais d’horribles camions et camionnettes marron qui font leur apparition. Aujourd’hui c’est place rase autour de la trémie Claude Bernard, difficile d’imaginer les entrées et sorties, surtout le soir et très tôt le matin, des innombrables poids lourds et semi-remorques sortant des entrepôts. Un peu plus loin, boulevard de Cleunay, un autre dépôt Prost à pris la place du garage Ricard, des véhicules de transports exceptionnels comme le tracteur de 240 CV tous terrains 6 6 avec cabestan arrière ou le semi d’une longueur transportable de 18 à 25 mètres, boggie arrière orientable par servo-direction pneumatique. Tout près, c’est l’entreprise Rol Lister, boîte de travaux publics, encore des camions.
Au carrefour Voltaire-Redon, j’aurais pu remonter sur ma gauche par la rue Claude Bernard jusqu’aux établissements Jean Prost au n° 22. Tout en restant sur le Mail, la plus grande partie de l’établissement a émigré sur le site de l’ancien manoir Le Gravot. C’est en 1961 que les transports s’y installent. Le personnel du garage du Mail y arrive en 1962. Les voies de chemin de fer y accèdent. Par plusieurs étapes, on y trouve tout ce qui est nécessaire au fonctionnement de l’entreprise : citernes à gasoil et pompes, station de lavage, atelier de réparation, carrosserie, bureaux. Pendant et après la dernière guerre, l’entreprise a beaucoup transporté pour la société l’Économique. En 1972, l’entreprise Jean Prost qui compte près de 600 employés, devient le transporteur le plus important de Bretagne. Devenue « Prost Transport »,  il ne cesse de s’étendre, à toute la France d’abord, puis à la Belgique et  aux Pays Bas. De 1972 à 1985, 800 nouveaux emplois sont créés. En 1992, l’entreprise compte 61 succursales, emploie 2085 personnes et exploite 1 410 véhicules. Le rachat par UPS qui avait d’autres intérêts à lieu en 1991. Les Américains débarquent physiquement ; parmi eux, Tony Montano, un gars du New Jersey d'origine italienne. Il s’agissait surtout de racheter la compétence et le réseau … une autre histoire, d’autres valeurs mais d’horribles camions et camionnettes marron qui font leur apparition. Aujourd’hui c’est place rase autour de la trémie Claude Bernard, difficile d’imaginer les entrées et sorties, surtout le soir et très tôt le matin, des innombrables poids lourds et semi-remorques sortant des entrepôts. Un peu plus loin, boulevard de Cleunay, un autre dépôt Prost à pris la place du garage Ricard, des véhicules de transports exceptionnels comme le tracteur de 240 CV tous terrains 6 6 avec cabestan arrière ou le semi d’une longueur transportable de 18 à 25 mètres, boggie arrière orientable par servo-direction pneumatique. Tout près, c’est l’entreprise Rol Lister, boîte de travaux publics, encore des camions.




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Je passe sous le pont étroit et traverse la voise ferrée desservant l’usine à Gaz auparavant ravitaillée en coke par voie fluviale. Elle n’a jamais cessé de se transformer, autrefois il y avait les parcs à charbon, d’autres pour les résidus de mâchefer, les fours de fabrication du gaz, les gazomètres de stockage dont un situé rue Monselet, il a été remplacé par des locaux d’EDF-GDF. En 1915 l’usine participe à l’effort de guerre en adaptant un de ses fours au recuit des douilles, la production grimpera jusqu’à 60 000 par jour. Ce sont près de 700 personnes réparties en trois équipes qui y travaillent quotidiennement. Les femmes y travaillent à l’emballage, les caisses transitent entre l’usine à gaz et l’arsenal. Des Nord-Africains, comme on disait, sont recrutés, 25 en 1917 logés dans l’usine, puis cent et ensuite cinquante de plus. Ils sont plus de 2000 à travailler à l’arsenal. C’est aussi une période où les revendications salariales se multiplient.
Je passe sous le pont étroit et traverse la voise ferrée desservant l’usine à Gaz auparavant ravitaillée en coke par voie fluviale. Elle n’a jamais cessé de se transformer, autrefois il y avait les parcs à charbon, d’autres pour les résidus de mâchefer, les fours de fabrication du gaz, les gazomètres de stockage dont un situé rue Monselet, il a été remplacé par des locaux d’EDF-GDF. En 1915 l’usine participe à l’effort de guerre en adaptant un de ses fours au recuit des douilles, la production grimpera jusqu’à 60 000 par jour. Ce sont près de 700 personnes réparties en trois équipes qui y travaillent quotidiennement. Les femmes y travaillent à l’emballage, les caisses transitent entre l’usine à gaz et l’arsenal. Des Nord-Africains, comme on disait, sont recrutés, 25 en 1917 logés dans l’usine, puis cent et ensuite cinquante de plus. Ils sont plus de 2000 à travailler à l’arsenal. C’est aussi une période où les revendications salariales se multiplient.
L’usine était cernée par des murs de schiste rouge, certes moins hauts que ceux de l’arsenal, mais comme lui, c’était un lieu fermé. Je me souviens qu’à un moment de la guerre d’Algérie, ils avaient été surmontés de barbelés et que des soldats montaient la garde aux différents angles. Ces entreprises closes apparaissaient un peu mystérieuses à ceux qui n’y pénétraient pas. Pour moi, cela a été un peu différent, mon père y travaillant comme chef de quart de fabrication, c’était un lieu que je connaissais assez bien. L’usine fonctionnant en continu sept jours sur sept, jeune, voire très jeune, je lui rendais assez souvent visite. Le processus de fabrication du gaz n’avait alors pas trop de secrets pour moi. J’ai depuis un peu oublié les nombreuses explications paternelles, mais les termes de cracking, de délutage me reviennent à l’esprit. Je me rappelle aussi du bâtiment tôlé à plusieurs étages qui abritait les fours de fabrication et de la chaleur qui y régnait. Chaleur donc isolation … à l’amiante, mon père en a payé le prix fort. Ensuite le gaz de Lacq est arrivé par tuyaux, fini les trains traversant la rue. Les fours se sont arrêtés puis plusieurs bâtiments ont été abattus comme la haute cheminée. Aujourd’hui le gaz arrive directement des très lointains sites d’extraction par pipe-line ou par tanker, les gazomètres devenus inutiles ont aussi disparu, seules subsistent les halles qui ont été bien rénovées. Par contre, toute la bande le long de la voie de chemin de fer n’est pas près d’être reconstruite … pollution des sols trop coûteuse à régler.
L’usine était cernée par des murs de schiste rouge, certes moins hauts que ceux de l’arsenal, mais comme lui, c’était un lieu fermé. Je me souviens qu’à un moment de la guerre d’Algérie, ils avaient été surmontés de barbelés et que des soldats montaient la garde aux différents angles. Ces entreprises closes apparaissaient un peu mystérieuses à ceux qui n’y pénétraient pas. Pour moi, cela a été un peu différent, mon père y travaillant comme chef de quart de fabrication, c’était un lieu que je connaissais assez bien. L’usine fonctionnant en continu sept jours sur sept, jeune, voire très jeune, je lui rendais assez souvent visite. Le processus de fabrication du gaz n’avait alors pas trop de secrets pour moi. J’ai depuis un peu oublié les nombreuses explications paternelles, mais les termes de cracking, de délutage me reviennent à l’esprit. Je me rappelle aussi du bâtiment tôlé à plusieurs étages qui abritait les fours de fabrication et de la chaleur qui y régnait. Chaleur donc isolation … à l’amiante, mon père en a payé le prix fort.
[[Image:HAMON Photo usine-gaz.jpg|200px|right|thumb|Ouvriers devant l'atelier de l'usine à gaz boulevard Voltaire, Hamon R., Duval L. Manoury M., Talon, Joubrel 1953]]
Ensuite le gaz de Lacq est arrivé par tuyaux, fini les trains traversant la rue. Les fours se sont arrêtés puis plusieurs bâtiments ont été abattus comme la haute cheminée. Aujourd’hui le gaz arrive directement des très lointains sites d’extraction par pipe-line ou par tanker, les gazomètres devenus inutiles ont aussi disparu, seules subsistent les halles qui ont été bien rénovées. Par contre, toute la bande le long de la voie de chemin de fer n’est pas près d’être reconstruite … pollution des sols trop coûteuse à régler.
[[Image:Usine - Gaz GH.jpg|200px|right|thumb|Usine à gaz et environs, 1949]]
[[Image:Usine - Gaz GH.jpg|200px|right|thumb|Usine à gaz et environs, 1949]]


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