« Retour d'Algérie à Rennes, une nuit de février 1961 » : différence entre les versions

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Un jeune Rennais, de retour d'Algérie, retrouve sa ville, une nuit de février 1961, de la gare au palais Saint-Georges. ''Ce souvenir forme la dernière page d'un livre relatant une expérience sur cette guerre''.*
Un jeune Rennais, de retour d'Algérie, retrouve sa ville, une nuit de février [[1961]], de la gare au [[Palais Saint-Georges|palais Saint-Georges]]. ''Ce souvenir forme la dernière page d'un livre relatant une expérience sur cette guerre''.*




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* "Les Piliers de Tiahmaïne" par Etienne Maignen - éditions Yellow Concept - 2004
==Source==
* "Les Piliers de Tiahmaïne" par [[Etienne Maignen]] - éditions Yellow Concept - 2004

Version du 23 février 2011 à 11:31


Un jeune Rennais, de retour d'Algérie, retrouve sa ville, une nuit de février 1961, de la gare au palais Saint-Georges. Ce souvenir forme la dernière page d'un livre relatant une expérience sur cette guerre.*


" Charlier se força à attendre encore quelques minutes, puis il se leva, traîna son sac dans le couloir et empoigna sa valise. Avant de repousser la porte du compartiment, il dit doucement aux deux soldats couchés sur les banquettes :

- Allez, salut les gars, et bonne quille !"

- Salut, répondirent-ils dans leur demi sommeil. Ils avaient ôté leurs chaussettes et l'odeur était forte, constata Charlier, maintenant qu'il était dans l'embrasure de la porte. Il la repoussa.

Le train ralentit en abordant la gare de triage sur laquelle il s'enfila parmi les longues files de wagons dormants. Il aperçut, à gauche, les voûtes ondulées du dépôt des locomotives. Le train passa au-dessus du boulevard Villebois-Mareuil, puis sous le pont Saint-Hélier, repéra Charlier. Il entra en gare à toute petite allure et les secousses de l'arrêt... "Les voyageurs sont priés d'emprunter le passage souterrain... Correspondance pour...".

Descendre du wagon, avancer sur la quai, descendre les marches, parcourir le couloir souterrain aux murs blancs carrelés, tel un couloir de métro, monter les marches, Charlier le fit avec délice, dans sa longue capote bleue, avec son long sac kaki et sa petite valise blanche, parmi quelques voyageurs aux visages blafards.

Arrivant aux derniers degrés, il leva la tête et vit son père accoudé à la rampe avec quelques autres. Il fit quelques pas, posa son sac à terre et ils s'embrassèrent sans grandes démonstrations, échangeant des mots banals :

-Bonjour, papa.

-Comment vas-tu, fiston Pas trop fatigué ?

Fatigué, il l'était, bien sûr, mais pas tant du voyage que de ces dix mois.

- Non, ça va, ça va. Et à la maison, ça va bien ?

- Oui. On t'y attends, tu penses. Tiens, mets ton barda dans le coffre.

Quelques enseignes lumineuses marquaient les hôtels bordant la place. Les portes claquèrent et l'Aronde s'engagea dans l'avenue Janvier. Au début, à droite, flambaient les anneaux entrelacés de l'Olympic Bar. De chaque côté, les points jaunes des lampadaires balisaient, tout droit, l'avenue. A gauche, Charlier aperçut la pâle et plate façade de la cité administrative, puis l'abside de la chapelle et la longue bâtisse, de tufeau et de briques, du lycée Chateaubriand, puis à droite, la devanture du magasin de jouets Tomine.

Ils coupèrent la longue et large trouée des quais, piqués de réverbères, enserrant, dans leur profondes parois de granit, l'eau noire de la Vilaine.

- Tu sais, on parle de couvrir les quais, de la Poste à la Mission, dit son père.

- Ah bon, fit Charier.

Ils arrivaient. Devant eux, tout en haut du jardin, les hautes arcades du palais Saint-Georges se répétaient à l'envi.

- A propos, quel jour sommes-nous ? demanda Charlier.

- Voyons... Depuis près de trois heures, fiston, c'est dimanche !"


--Stephanus 23 février 2011 à 09:47 (CET)


Source

  • "Les Piliers de Tiahmaïne" par Etienne Maignen - éditions Yellow Concept - 2004