« Rue Rabelais » : différence entre les versions

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''La rue Rabelais, elle est susceptible d'inspirer les poètes. Un ruisseau la coupe en deux, dont l'eau claire et limpide dévale, en cascadettes, en murmurant une agréable chanson. Et quand un audacieux piéton s'aventure dans ce chemin délaissé il doit, pour éviter l'enlisement, esquisser des entrechats dignes du plus agile des danseurs mondains. Encore devra-t-il s'estimer heureux si, le sol mouvant se dérobant sous non poids, il ne se retrouve pas au fond d'un trou béant subitement ouvert sous ses pas.
''La rue Rabelais, elle est susceptible d'inspirer les poètes. Un ruisseau la coupe en deux, dont l'eau claire et limpide dévale, en cascadettes, en murmurant une agréable chanson. Et quand un audacieux piéton s'aventure dans ce chemin délaissé il doit, pour éviter l'enlisement, esquisser des entrechats dignes du plus agile des danseurs mondains. Encore devra-t-il s'estimer heureux si, le sol mouvant se dérobant sous non poids, il ne se retrouve pas au fond d'un trou béant subitement ouvert sous ses pas.


''Et cependant, cette rue Rabelais, elle est désormais, si on la compare à sa voisine, la rue du Champ-de-l'Orme, un chemin de luxe. Là, en effet, on est obligé pour avancer de faire du sport. Du sport, nous en avons vu faire par les ouvriers qui sont occupés sur le chantier de l'Office départemental des Habitations à Bon Marché. Pour gagner leur travail, ces braves gens sont obligés de patiner durant plusieurs centaines de mètres, dans un véritable étang de boue liquide. Et, que l'on croit bien que nous ne parlons pas seulement par ouï-dire. Non, nous avons suivi ce chemin. Et moins adroits sans doute que les habitués de ce parcours nous nous sommes embourbés un peu plus qu'eux. Du moins, avons-nous eu le plaisir de les amuser. Aimablement, nous ayant reconnus, ils essayaient de guider nos pas. Mais allez donc vous diriger dans un océan de boue. Chercher dans cette rue un point solide où poser un pied ferme : autant s'amuser à rechercher une aiguille dans une botte de foin. Et mieux vaut y aller carrément. Tant pis pour les chaussures, tant pis pour les pantalons.
''Et cependant, cette rue Rabelais, elle est désormais, si on la compare à sa voisine, la rue du Champ de l'Orme, un chemin de luxe. Là, en effet, on est obligé pour avancer de faire du sport. Du sport, nous en avons vu faire par les ouvriers qui sont occupés sur le chantier de l'Office départemental des Habitations à Bon Marché. Pour gagner leur travail, ces braves gens sont obligés de patiner durant plusieurs centaines de mètres, dans un véritable étang de boue liquide. Et, que l'on croit bien que nous ne parlons pas seulement par ouï-dire. Non, nous avons suivi ce chemin. Et moins adroits sans doute que les habitués de ce parcours nous nous sommes embourbés un peu plus qu'eux. Du moins, avons-nous eu le plaisir de les amuser. Aimablement, nous ayant reconnus, ils essayaient de guider nos pas. Mais allez donc vous diriger dans un océan de boue. Chercher dans cette rue un point solide où poser un pied ferme : autant s'amuser à rechercher une aiguille dans une botte de foin. Et mieux vaut y aller carrément. Tant pis pour les chaussures, tant pis pour les pantalons.


''A nous voir ainsi patauger, les ouvriers du lotissement, les habitants penchés aux fenêtres, se divertissent... Et les quolibets, comme les encouragements, fusent à notre adresse « Ah ! vous cherchez des rues sales !... Vous y êtes. Jugez par vous-même...»|auteur=L'Ouest-Eclair|origine=Numéro du 2 avril 1932, page 6|collecteur=Manu35|date=2020}}
''A nous voir ainsi patauger, les ouvriers du lotissement, les habitants penchés aux fenêtres, se divertissent... Et les quolibets, comme les encouragements, fusent à notre adresse « Ah ! vous cherchez des rues sales !... Vous y êtes. Jugez par vous-même...»|auteur=L'Ouest-Eclair|origine=Numéro du 2 avril 1932, page 6|collecteur=Manu35|date=2020}}
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