« Rue de Dinan » : différence entre les versions

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[[Catégorie:Voie de Rennes]]
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En 1892, la rue de Dinan portait encore le nom de rue Basse par opposition à l'ancienne rue  Haute (aujourd'hui rue Saint-Malo) et faisait partie de la route nationale 137 de Bordeaux à Saint-Malo. Elle était classée route de grande voirie et la poste aux chevaux l'empruntait pour gagner la place Sainte-Anne via la rue Saint-Louis.
En [[1892]], la [[rue de Dinan]] portait encore le nom de [[rue Basse]] par opposition à l'ancienne [[rue  Haute]] (aujourd'hui [[rue Saint-Malo]]) et faisait partie de la route nationale 137 de Bordeaux à Saint-Malo. Elle était classée route de grande voirie et la poste aux chevaux l'empruntait pour gagner la [[place Sainte-Anne]] via la [[rue Saint-Louis]].


== Septembre 1820 : embarras de circulation et altercation rue Basse ==
== Septembre 1820 : embarras de circulation et altercation rue Basse ==
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'''ou le sale caractère des Bretons de Rennes'''
'''ou le sale caractère des Bretons de Rennes'''


Régis Jean Vaysse de Villiers, inspecteur des postes-relais, met à profit les facilités que lui apporte sa fonction pour commencer, à partir de 1813, un ''Itinéraire descriptif ou description routière, géographique et pittoresque de la France et de l'Italie''. Dans ce cadre, il publie en 1822 ''Régions de l'Ouest, route de Paris à Rennes''.
Régis Jean Vaysse de Villiers, inspecteur des postes-relais, met à profit les facilités que lui apporte sa fonction pour commencer, à partir de [[1813]], un ''Itinéraire descriptif ou description routière, géographique et pittoresque de la France et de l'Italie''. Dans ce cadre, il publie en [[1822]] ''Régions de l'Ouest, route de Paris à Rennes''. <ref>''Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle'', par Etienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine</ref>
 
{{ Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle, par Etienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine}}


Vaysse de Villiers rapporte un fait :
Vaysse de Villiers rapporte un fait :


"qui est vraiment caractéristique du peuple des campagnes et des faubourgs de Rennes. J'arrivais en poste par la route de St-Malo : au milieu du faubourg, dont la rue est assez large pour permettre à deux voitures de se croiser, stationnait une charretée de fagots ; je dis à mon postillon d'avertir le conducteur pour qu'il se range ; mais il a beau faire claquer son fouet et avancer bruyamment, au grand trot de ses chevaux, le conducteur ne bouge point ; il n'a même pas l'air de le voir ; il était perché sur sa voiture qu'il se disposait à décharger. Or, comme il avait cent fagots au moins, et qu'on peut calculer, d'après l'indolence du peuple breton, à plus d'une minute par fagot, le tems qu'il allait mettre à son opération, c'eût été près de deux heures qu'il aurait fallu attendre. En supposant que je me trompe de plus de moitié dans mon calcul, c'eût été toujours beaucoup trop pour un voyageur pressé, surtout pour un voyageur français, accoutumé de plus, par état, à aller qu'au plus grand train de poste.
"qui est vraiment caractéristique du peuple des campagnes et des faubourgs de Rennes. J'arrivais en poste par la route de St-Malo : au milieu du faubourg, dont la rue est assez large pour permettre à deux voitures de se croiser, stationnait une charretée de fagots ; je dis à mon postillon d'avertir le conducteur pour qu'il se range ; mais il a beau faire claquer son fouet et avancer bruyamment, au grand trot de ses chevaux, le conducteur ne bouge point ; il n'a même pas l'air de le voir ; il était perché sur sa voiture qu'il se disposait à décharger. Or, comme il avait cent fagots au moins, et qu'on peut calculer, d'après l'indolence du peuple breton, à plus d'une minute par fagot, le temps qu'il allait mettre à son opération, c'eût été près de deux heures qu'il aurait fallu attendre. En supposant que je me trompe de plus de moitié dans mon calcul, c'eût été toujours beaucoup trop pour un voyageur pressé, surtout pour un voyageur français, accoutumé de plus, par état, à aller qu'au plus grand train de poste.


Ne pouvant me résigner à pareille attente, j'ai fait éclater mon impatience, et de la voix et du geste, et enfin par la menace de la police. Voyant que mes gestes, mes paroles et mes menaces étaient sans effet, j'ai mis pied à terre, et signifié d'un ton énergique au conducteur de me livrer passage, en se rangeant, ou de me dire qu'il ne le voulait pas. Croira-t-on que toute la populace, tous les boutiquiers du faubourg se sont déclarés contre moi, en donnant raison au paysan qui refusait de se ranger, et tort au voyageur qui ne voulait pas attendre qu'il eût déchargé ses fagots, ce qui paraissait aussi juste au tribunal populaire qui me condamnait, que lui semblait déraisonnable ma prétention contraire ? Je me suis alors avancé à pied, d'un air très décidé à n'avoir pas le dessous, pour en appeler de ce jugement à celui de la police ; mais, comme on pense bien, personne ne voulut m'indiquer le commissaire du quartier, tout le monde étant contre moi. "Allez, allez le chercher, votre commissaire" me répondait-on d'un air de bravade ; ce qui prouve bien combien l'autorité a peu d'empire sur ce peuple. En m'avançant et m'éloignant du lieu de la scène, j'espérais trouver plus de complaisance, et dans tous les cas, je connaissais la mairie, et j'allais y solliciter la levée de l'embargo auquel était condamnée ma voiture, lorsque je vois arriver, derrière moi, le paysan ayant jugé à propos de ne pas braver plus long-tems les suites dont je le menaçais, et prévoyant bien sans doute qu'il serait lui-même la seule victime de son entêtement et des mauvais conseils qu'on lui donnait.
Ne pouvant me résigner à pareille attente, j'ai fait éclater mon impatience, et de la voix et du geste, et enfin par la menace de la police. Voyant que mes gestes, mes paroles et mes menaces étaient sans effet, j'ai mis pied à terre, et signifié d'un ton énergique au conducteur de me livrer passage, en se rangeant, ou de me dire qu'il ne le voulait pas. Croira-t-on que toute la populace, tous les boutiquiers du faubourg se sont déclarés contre moi, en donnant raison au paysan qui refusait de se ranger, et tort au voyageur qui ne voulait pas attendre qu'il eût déchargé ses fagots, ce qui paraissait aussi juste au tribunal populaire qui me condamnait, que lui semblait déraisonnable ma prétention contraire ? Je me suis alors avancé à pied, d'un air très décidé à n'avoir pas le dessous, pour en appeler de ce jugement à celui de la police ; mais, comme on pense bien, personne ne voulut m'indiquer le commissaire du quartier, tout le monde étant contre moi. "Allez, allez le chercher, votre commissaire" me répondait-on d'un air de bravade ; ce qui prouve bien combien l'autorité a peu d'empire sur ce peuple. En m'avançant et m'éloignant du lieu de la scène, j'espérais trouver plus de complaisance, et dans tous les cas, je connaissais la mairie, et j'allais y solliciter la levée de l'embargo auquel était condamnée ma voiture, lorsque je vois arriver, derrière moi, le paysan ayant jugé à propos de ne pas braver plus long-tems les suites dont je le menaçais, et prévoyant bien sans doute qu'il serait lui-même la seule victime de son entêtement et des mauvais conseils qu'on lui donnait.
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Un caractère national aussi prononcé que celui des Bretons, et particulièrement des Bretons de Rennes, nous a fait appesantir sur ce chapitre..."
Un caractère national aussi prononcé que celui des Bretons, et particulièrement des Bretons de Rennes, nous a fait appesantir sur ce chapitre..."


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==Notes et références==
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[[Catégorie:Voie de Rennes]]
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