Camp des nomades

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Dès l’entrée en guerre de la France en septembre 1939, les nomades subissent les conséquences de « l’état de siège ». En octobre 1939, les autorités militaires interdisent par arrêté la circulation des familles nomades et foraines dans plusieurs départements sensibles et recommandent l’assignation à résidence ou le refoulement vers l’intérieur du territoire. Tous les porteurs du carnet anthropométrique et du carnet d’identité forain sont menacés par ces mesures. Le 6 avril 1940, un décret-loi du président de la République, Albert Lebrun, étend l’interdiction de circulation des Nomades sur la totalité du territoire métropolitain pour la durée de la guerre car aux yeux du gouvernement, les itinérants constituent une menace pour la sécurité nationale et sont de potentiels espions à la solde de l’ennemi.

Le site du camp des nomades en 1950 (Géo Bretagne 1950)
Ordre de création du camp (qui existe déjà) Lerme "tsigane" est remplacé à la plume par "bohémien"

Le 4 octobre 1940, l’administration militaire allemande charge les préfets de la zone occupée d’organiser l’internement des Zigeuner dans des camps pris en charge par les autorités française. Par ordonnance du 16 octobre, cette décision est appliquée par le commandant allemand de la place de Rennes. Sur le document exposé, un fonctionnaire de la préfecture a barré à la plume le terme "tsigane", ressenti comme résultant de la pratique raciste nazie, par celui de "bohémien", moins connoté, sans toutefois revenir à l'expression administrative française antérieure "nomade" mais la terminologie ne change rien à l'application de la mesure.

Plan du camp des nomades (F7-15099, document conservé aux Archives Nationales)

À Rennes, les nomades furent parqués sur un terrain rectangulaire entouré de barbelés, à l'angle de la rue Le Guen de Kérangal . Deux grands baraquements principaux, des locaux annexes, et des roulottes automobiles et hippomobiles y abritèrent quelque 400 nomades, gardés par une demi-douzaine de gendarmes français armés de pistolets, commandés par un ancien fonctionnaire assisté d'un économe et d'un médecin qui assure son service, assisté d'une infirmière. Il explique d'ailleurs dans un rapport technique que les bâtiments sont dans un bon état et chauffés. Il complète ce rapport en disant qu'une infirmière vient tous les matins durant deux heures afin de donner des soins journaliers aux malades légers. Quant aux malades graves, ils sont envoyés à l'Hôtel-Dieu de Rennes. Certains de ces "internés administratifs"[1] avaient l'autorisation de travailler à l'extérieur pour assurer leur subsistance et regagnaient le camp en fin de journée à 18h. [2]

Après avoir reçu à partir d'octobre 1941 quelques internés administratifs, en décembre 1942 le camp n'héberge plus que des nomades. Les plus jeunes vont à l'école installée dans le camp et dirigée par une institutrice privée, qui dépend du Secours national, œuvre charitable pétainiste. Certains enfants, selon le désir des parents, vont à l'école publique la plus proche du camp. Tous les enfants en âge de scolarité sont dans l'obligation d'aller à l'école[3]. Les effectifs ne sont pas très élevés : 186 nomades en janvier 1942 ; 130 en janvier 1944. L'effectif, d'après l'Inspection générale des camps, était tombé à 139 en avril 1944 et 145 en juillet[4]. Le 5 août 1944, en vue de la fermeture du camp, 56 internés furent transférés au sinistre camp de Montreuil-Bellay mais le camp ne fut fermé qu'en novembre.

L'actuelle rue André Gallais était une voie en bordure ouest du camp.

Le 12 novembre 2025, une commémoration à l'occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d'internement des nomades a eu lieu à Rennes. [5]