Dame oui ! J'suis d'Rennes

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L'interjection Dame ! ou Dam ! est employée de longue date dans plusieurs régions de France, mais le plus fréquemment dans l'ouest, centre-ouest, et notamment en pays gallo.

C'est une interjection , une exclamation d'évidence, d'assentiment, un renforcement de l'affirmation: "T'es d'Rennes ? - Dame oui !" "Dame !" marque aussi une conclusion qui sert de liaison logique.

Les "Oui dame !" ou "Dame oui !", plus rarement "Dame non !" ou "Non dame !" émaillent la conversation en pays gallo. On observe cependant chez les jeunes une diminution de l'emploi de cette interjection.

Certains pensent qu' il s'agit d'une forme abrégée de Notre-Dame, une invocation à la Vierge, que l'on prenait à témoin pour attester de la vérité de ses propos.


L'Académie française se réfère au Littré et donne une page complète du fac-simile dame :

"Interjection explétive qui est une formule d'affirmation, comme hercle ! en latin (par Hercule !). Mais, dame, oui. Oh ! dame, non.

  • Ah ! dame, vous m'en direz tant ! Oh ! dame, interrompez-moi donc ! Molière, D. Juan, III, 1. -
  • Dame ! quand on est belle, on ne l'est pas pour rien, Hauteroche, Bourg. de qualité, I, 4. -
  • Dame ! je ne sais pas si bien mentir que vous, Boursault, Merc. gal. I, 3. -
  • Si elle est devenue si glorieuse, dame, je ne saurais que faire, Marivaux, Marianne, 5e part. t. II, p. 234. -
  • Dame ! oui, je lui dis tout… hors ce qu'il faut lui taire, Beaumarchais, Mar. de Fig. III, 9. -
  • Oh ! dame ! c'est une Française, cela se vend bien, tout le monde m'en demande, Champfort, Marchand de Smyrne, sc. 8. -
  • Enfin te tairas-tu ? - Dame ! on défend ses droits, Collin D'Harleville, Malice pour malice, I, 8.


Victor Hugo s’en était servi à deux reprises dans les Misérables en 1862 :

  • Ah, dame ! Monsieur le maire, l'affaire est mauvaise.
  • Mais il ne sera plus temps ! Vous ne voyez donc pas que la charrette s'enfonce ? – Dame !


  • Le club d'échecs victime de son succès, dame oui ! (Ouest-France, 11/12/2015)


Étymologie

Dame s'est dit au masculin (voy. l'historique de DOM) pour seigneur ; dame Dieu est continuellement dans les anciens textes ; et dame Dieu ou, simplement, dame, est devenu une interjection comme seigneur Dieu ou seigneur ; c'est cet emploi fréquent de dame Dieu qui fait penser que dame, interjection, vient de dame masculin et non de dame féminin (Notre-Dame, la sainte vierge). Dame, s. m. vient de dominus, comme dame, s. f. vient de domina."


Dans Telenn, Sélène de Rennes, page d'un texte publié en 1998 dans le cadre d'un concours de nouvelles organisé par Ouest-France, ( Au 3e millénaire, Rennes imaginaire) Sélène, la technicienne rennaise au repos à Rennes après un séjour sur la lune, termine ainsi un échange oral avec son chéri venu d'ailleurs :

- Tu as dit "dame!" releva Telenn. Tu es bien de Renn, toi aussi maintenant. Tu as pris le tic ! Tu as pris le tic ! s'écria-t-elle, ravie, en bourrant l'épaule de Bangor...

- Et c'est ma sélènite qui dit cela !

- C'est elle. Et quand de là-haut, je vois la boule bleue, je pense à tous ceux qui y grenouillent, mais je peux penser plus spécialement à ceux qui disent toujours "dame", à Renn, toute superbranchée qu'elle soit, et maintenant tu en fais partie, tu en fais partie, mon Bangor-trésor !"


En 2015 a eu lieu la signature de la charte “Du Galo, Dam Yan, Dam Ver !” Cette charte a pour ambition de développer la langue gallèse dans la vie quotidienne des habitants de la Bretagne historique. Elle s’adresse principalement aux associations, entreprises et collectivités territoriales (villes, communes, EPCI) qui s’engagent à valoriser la présence et l’usage du gallo dans la vie sociale, professionnelle et économique. [1] Et c'est l'interjection "Dam " qui symbolise la langue gallèse... Dame !

Références