Espace Social Commun de Maurepas Simone Iff

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L'espace social commun de Maurepas Simone Iff Wikipedia-logo-v2.svg (Ti Sokial Boutin Malrebast Simone Iff) a été dénommé par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes en date du 8 février 2021 pour rendre hommage à :

Simone Iff

Première présidente du Mouvement Français du Planning Familial (1924 – 2014)

Par Mouvement Français pour le Planning Familial — Photo envoyée par le centre de documentation du Mouvement Français pour le Planning Familial, qui à les droits de cette photo et en autorise la mise sous licence libre., CC BY-SA 4.0

Simone, Yvonne Balfet est née le 4 septembre 1924, à Vabre (Tarn), quatrième enfant d'une famille de cinq filles. Son père Frantz est pasteur et son épouse Marthe Capelle, ancienne élève de l'École Normale Supérieure, a enseigné les Lettres, durant la Première Guerre Mondiale, jusqu'à son mariage en décembre 1918.

Les filles sont élevées selon les rites du protestantisme et la famille se déplace au gré des affectations du père. Dès le début de la Seconde Guerre Mondiale, la famille habite à Sète (Hérault), les parents se rendent au camp de Gurs dans les Pyrénées atlantique, pour apporter leur soutien et de la nourriture aux prisonniers. Durant cette période, Simone se lie d'amitié avec Agnès Varda et sa famille qui ont fui la Belgique lors de l'invasion nazie. Simone Baflet obtient la première partie de son baccalauréat mais ne peut poursuivre sa scolarité car elle est enceinte, alors qu'elle n'est pas mariée. Pour éviter le déshonneur, son père préfère quitter Sète et est alors nommé au Vésinet dans la région parisienne.

En 1943, à 19 ans, Simone épouse le père de son enfant, protestant d'origine Suisse, Werner Iff et le couple s'installe à Montpellier où ils vont s'engager dans la Résistance. De cette union vont naitre trois filles et deux garçons. Simone Iff rejoint ses parents au Vésinet tandis que son mari, Werner Iff a rejoint le Maquis de Martrin. Sous le pseudonyme de "Maria", il commande une compagnie des Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F.). Après la guerre, il souhaite s'engager dans l'armée mais un accident l'empêche de faire carrière. De 1948 à 1950, Werner Iff est inspecteur départemental d'assurances.

En 1951, Werner Iff est directeur d'un foyer protestant de prisonniers en libération conditionnelle, à Paris. Celui-ci devient en 1955, un foyer de détenus adolescents en semi-liberté. Simone et Werner Iff et leurs enfants partagent le quotidien des pensionnaires. Simone travaille avec son mari afin qu'il puisse entreprendre des études de psychologie. En 1963, le foyer n’est plus aux normes et doit fermer. Werner Iff reprend des études universitaires en psychologie. Simone, depuis le début des années 1950, est déjà active dans le «Mouvement Jeunes femmes » créé par la bourgeoisie protestante qui a pour but de créer une solidarité entre femmes mariées. Ce mouvement devenu un mouvement de défense du droit des femmes évolue vers la création de « La Maternité heureuse » qui deviendra, en 1960, le « Mouvement Français pour le Planning Familial » (MFPF), dont l’une des fondatrices, Madeleine Tric, est la tante maternelle de Simone. À Paris, en 1963, Simonne Iff est l’une des premières accueillantes de la permanence du planning familial. Au planning sont fournis des moyens contraceptifs hors-la-loi, la sexualité féminine est alors taboue et les questions d'éducation sexuelle sont écartées.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, suite aux dégâts humains du conflit et pour encourager la natalité, le 31 juillet 1920 avait été adoptée une loi réprimant la provocation à l'avortement et la propagande anticonceptionnelle. Tout manquement à cette loi est passible d'amende et d'emprisonnement. La police effectue des interventions dans les centres de planning pour vérifier que les accueillantes ne délivrent pas d'information sur la contraception. Malgré cette loi, on constate une limitation des naissances. La guerre a laissé des traces, certaines femmes ne souhaitent plus "fournir" de la chair à canon, d'autres n'ont pas les moyens financiers d'assumer une famille. Une inégalité sociale flagrante perdure. Certaines ont recours à l'avortement clandestin trop souvent au détriment de leur vie, d'autres, plus aisées et plus averties, se rendent à l'étranger afin d'avorter. En décembre 1967, afin de se libérer du risque de grossesse non-désirée, la loi Neuwirth, du nom du député Lucien Neuwirth, adoptée par l'Assemblée nationale, autorise l'accès à la contraception sur prescription médicale. Les débats sont houleux.

Werner Iff ayant obtenu un poste au Bureau international du travail en Colombie part seul en janvier 1968, afin que les enfants puissent poursuivre leur scolarité. À 44 ans, aux côtés de ses enfants lycéens et étudiants, Simone Iff vit pleinement les évènements de mai 1968, qui seront pour elle un tournant de sa vie. Elle participe aux manifestations et aux débats à la Sorbonne. Si la loi a été votée en 1967 à l'Assemblée nationale, pour qu'elle soit effective il faut promulguer les décrets d'application de la loi. Le combat n'est donc pas terminé et s'inscrit sur les slogans féministes de mai 1968, dont celui de Simone Iff : "Un enfant si je veux, quand je veux". Ces mouvements et ces revendications largement médiatisés aboutissent à l'élaboration d'un programme scolaire d'éducation sexuelle, afin de combattre les préjugés et informer.

Un an après sa nomination en Colombie, Werner Iff démissionne et revient en France. En 1971, Simone Iff est l'initiatrice du "Manifeste des 343", qui aura un poids considérable sur les futurs débats. Dans le magazine Le Nouvel Observateur du 5 avril, figure une liste de 343 françaises qui ont eu le courage de signer une pétition affirmant publiquement qu'elles ont eu recours à l'avortement. Parmi elles, beaucoup de personnalités. Le manifeste est rédigé par Simone de Beauvoir tandis  que Simone Iff qui s'est beaucoup investie pour réunir les signatures a finalement oublié de la signer elle-même. La même année, elle participe aux commissions de travail sur l'élaboration des textes d'application des lois sur la contraception, puis sur l'interruption volontaire de grossesse.

De 1973 à 1981, Simone Iff est présidente du Mouvement Français pour le planning Familial (MFPF). C'est durant cette période qu'elle engage le Mouvement en faveur de l'avortement libre et remboursé par la Sécurité Sociale. En tant que présidente, elle participe au Conseil supérieur de l'Information sexuelle, de la régulation des naissances et de l'éducation familiale. Elle est la co-fondatrice et la vice-présidente du Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception (MLAC), association mixte qui regroupe les militantes du Mouvement de Libération des Femmes et du Planning familial. De 1975 à 1981, elle anime un collectif de défense des femmes prostituées.

Malgré une forte pression de l'Église catholique, un projet d'assouplissement des conditions d'interruption volontaire de grossesse (IVG) est débattu. En mai 1974, le nouveau Président de la République Valéry Giscard d'Estaing nomme Simone Veil, ministre de la Santé. Dès le mois de juillet, après avoir légalisé le remboursement de la contraception le mois précédent, Simone Veil instruit le dossier de l'IVG. Elle rencontre régulièrement Simone Iff qui lui communique les rapports et les enquêtes qui sont établis par le Planning. Simone Veil considère que l'IVG est une affaire privée et strictement sanitaire tandis que pour Simone Iff c'est une question sociale, collective et relevant avant tout du droit des femmes. Malgré ces divergences, elles collaborent. Le 26 novembre 1974, à l'Assemblée nationale, Simone Veil défend son projet de loi sur l'IVG. Le 17 janvier 1975, la loi Veil sur l'IVG est promulguée pour une durée de cinq ans, malgré des débats et des contestations exceptionnels.

En mai 1981, le nouveau Président de la République, François Mitterrand, nomme Yvette Roudy, ministre déléguée aux droits des femmes. Celle-ci connait Simone Iff de longue date et  l'engage comme conseillère technique ministérielle chargée des questions de santé, sexualité, viol, violences et prostitution. Le 31 décembre 1982 est votée la loi Roudy pour le remboursement de l'IVG et le 13 juillet 1983, la loi pour "l'égalité de l'homme et de la femme qui travaillent en entreprise".

En 1984, Simone Iff devient membre du Conseil économique et social et à partir de 1986, elle participe à l'animation du Collectif féministe contre le viol. Elle est l'initiatrice de la création de la permanence téléphonique nationale "Viols- Femmes-Informations".

Elle est nommée Chevalier de la Légion d'honneur en 1986.

Simone Iff décède le 29 décembre 2014, à l'âge de 90 ans, à son domicile à Paris (13e).