La canalisation dans Rennes
La canalisation dans Rennes
La Vilaine fut un fleuve utilitaire : le trafic fluvial et maritime s'y développa à partir du 11e siècle, date de création du port de La Roche-Bernard par Bernard II. Les navires déchargeaient du fer d'Espagne, du bois de Scandinavie, de la chaux, du vin, du sel. Au confluent avec l'Ille la profondeur est estimée au 17e siècle à 1,60 m (1 pique), quand c'est saison qu'il y ait de l'eau et peut porter des bateaux de 160 hl (40 pipes) dans Rennes jusqu'aux moulins de Saint-Hélier[2]. Au 19e siècle, les navires déchargeaient du charbon et chargeaient des céréales et fruits ainsi que des poteaux de mines. Le port favorisera la prospérité de La Roche-Bernard à son embouchure.
Le fleuve marqua la séparation entre les deux parties de Rennes, géographiquement mais aussi socialement distinctes : ville haute au nord, ville basse au sud où elle divaguait en divers bras (ruisseaux de Brecé, de Joculé)[3][4] participant de la défense de la ville[5]. Elle est canalisée en ville dans les années 40 et 50 du 19e siècle, reprise des ambitions d'urbanisme de Robelin
[6] et Gabriel[7] dessinées après l'incendie de 1720. Le boulevard de la Liberté est construit sur un bras comblé en 1859-1860.
Le fleuve et l'Ille continueront de fixer, pendant plusieurs décennies, de nombreuses activités liées à l'eau :tanneries, blanchisseries, bateaux-lavoirs − une photographie de 1889 en montre quatre le long du quai Lamennais − usines telles que papeteries, tanneries et moulins tels que les moulins Logeais qui existent encore en centre-ville, rue Jean-Marie Duhamel.
L'occultation du centre ville
L'enfilade des quais prolongée en amont par la Vilaine canalisée jusqu'à l'Écluse Chapelle-Boby, va voir l'eau disparaître en grande partie au regard. Le kilomètre Est du canal fut comblé en 1970 pour faire place à des parcs de stationnement. En prolongement de la première couverture exécutée en 1912 pour y aménager des jardins devant le Palais du Commerce en construction, on couvrit la Vilaine en aval en 1962 pour y aménager d'autres parcs de stationnement automobile. D'obstacle et de frontière entre deux zones urbaines nettement différenciées, la Vilaine couverte était devenue zone dédiée à la voiture et espace d'union entre ces deux zones ainsi réunies. Autre temps, autre mœurs, la voiture n'est plus reine à Rennes et en 2026 le fleuve va perdre sa couverture de béton entre le quai entre quai Duguay-Trouin et le quai Lamennais et ses eaux, au bout de trois années, pourront servir de miroir au ciel, un miroir un peu jaune, il est vrai, mais un de ses noms, en breton est Ar ster velen, la rivière jaune.
Ce fleuve tranquille n'en a pas moins été sujet à de formidables débordements, notamment en 1881[8], lors des inondations de 1936 et de l'inondation de Rennes en octobre 1966 et en 1974.
Références
- ↑ Rennes capitale accueillante vous ouvre la porte de l'admirable Bretagne - plaquette éditée par la Municipalité de Rennes - 1937
- ↑ Itinéraire de Bretagne en 1636. Archives de Bretagne. Publié par la société des bibliophiles bretons t.9 p 9 à 20 - 1898
- ↑ rue du Champ Dolent
- ↑ rue Vasselot
- ↑ Ponts de Rennes en 1636
- ↑ rue Robelin
- ↑ rue Jacques Gabriel
- ↑ La grande crue de janvier 1881

