Mathurin Méheut, ancien élève de l'école des Beaux Arts de Rennes

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Tableau du Mont-Dol, vue générale, université de Rennes-Beaulieu, institut de Géologie

Le peintre, né à Lamballe en 1882, s'est formé aux Beaux-Arts à Rennes. En 1913, à la veille de la Première Guerre mondiale, il reçoit une bourse du banquier et philanthrope français Albert Kahn pour réaliser un tour du monde.

Parmi les trésors de l'institut de géologie de l'université de Rennes, 25 toiles de Mathurin Méheut (1882-1958) et Yvonne Jean-Haffen (1895-1993) évoquent les paysages géologiques, la faune et la flore anciennes[1].

Portrait photographique d'Yvonne Jean-Haffen pris en juin 1989 en Bretagne. Conservé au musée de Bretagne (Champs Libres de Rennes), Collection Arts graphiques sous le numéro d'inventaire 990.0019.74.

Yves Milon, professeur de géologie et élu doyen de la faculté des sciences au début de 1940, dépose un dossier technique en décembre 1941 auprès du bureau des travaux d’art, alors rattaché au Ministère de l’Education nationale. Il y argumente habilement en faveur de la réalisation d’un décor pictural pour l’institut de géologie de Rennes qui vient d’être érigé rue du Thabor. Il plaide pour que la commande soit confié à un artiste breton, Mathurin Méheut, dont il apprécie les qualités naturalistes.

Peindre en temps de guerre

Portrait de François Château(1886-1965), maire de 1935 à 1944.

Le maire de Rennes, François Château, avait demandé de venir donner des cours à l'école des Beaux-Arts de Rennes, en remplacement d'autres professeurs mobilisés.

La majeure partie du temps des artistes divers, éloignés de Paris occupé, se passait à Rennes

Méheut partageait son temps entre Paris, où sa femme habitait leur pavillon impasse d'Alleray et Rennes pour donner ses cours. Il venait aussi travailler avec Y. Jean-Haffen dans son atelier à la Grande Vigne à Dinan, sur les bords de la Rance.

Comme les autres invités il ne faisait qu'y passer. La majeure partie du temps des artistes divers, éloignés de Paris occupé, se passait à Rennes, autour de Méheut pour construire des projets de travaux artistiques leur permettant de vivre. La Grande Vigne et son hôtesse accueillante, permettaient des rencontres autour de menus plus variés, proche de la campagne et au calme, dans un lieu peu visité par l'occupant.

Histoire de l’école des Beaux Arts à Rennes

Créée en 1795, l’école de dessin est abritée dans une caserne près du musée des Beaux-Arts de Rennes. Elle devient l’école régionale des beaux-arts de Rennes en 1881. L’école est logée à la halle aux toiles et est transférée dans l’aile ouest de l’hôtel des Postes puis prend ses quartiers en 1911 dans l’ancien couvent des sœurs de la Visitation de Sainte-Marie de Rennes. En 1928, l’école déménage dans de nouveaux locaux, construits dans le jardin fruitier, derrière le musée des Beaux-Arts de Rennes. Le 20 juin 1940, les Allemands occupent Rennes durant la Seconde Guerre Mondiale. L’école déménage au musée des Beaux-Arts de Rennes puis réintègre la rue Hoche à la fin de l’année 1944.

Au 128 avenue Sergent Maginot, l'ancienne demeure du maire François Château abrita jusqu’à 140 toiles, comme celles de Mathurin Méheut

L’ancien compagnon du Devoir a fait confiance à ses amis artistes, le mosaïste Isidore Odorico et le peintre Louis Garin. Mais sa maison abrita jusqu’à 140 toiles, comme celles de Mathurin Méheut.

En 1914, Mathurin Méheut partait à Hawaï puis au Japon à la veille de la Grande Guerre

Bourse Autour du Monde obtenue en 1913

Mathurin Méheut a obtenu une Bourse Autour du Monde par l’intermédiaire de l’Université de Paris dans la cadre de la donation d’Albert Kahn. Celle-ci a été actée le 24 novembre 1913. Les Archives Nationales conservent les dossiers des Boursiers Autour du Monde dont celui de Mathurin Méheut.

Dans une de ses lettres datée du 21 juin 1914 et adressée à M. Liard, Méheut mentionne

« A Nara la vieille ville des temples, j’ai noté l’ensemble des temples, fragment d’architecture, de multiples études de biches sacrées que l’on trouve partout, et j’ai surtout grâce à la complicité d’un prêtre shintoïste, pu faire des dessins et aquarelles des danseuses sacrées pour la 1ère fois je crois par un Européen. J’ai là motif d’un tableau de grande dimension ».

Par ailleurs, le musée Yvonne Jean-Haffen a dans ses collections nombreuses lettres illustrées de Méheut à sa jeune élève.

Nara, les biches sacrées du Japon

Objet d'art en régule réalisé par Léon Lognoné représentant une biche

En 1914, Mathurin Méheut partait à Hawaï puis au Japon à la veille de la Grande Guerre. Étape de son périple, Nara, au Japon, est la ville des biches. Animaux sacrés, elles vivent en liberté parmi les habitants. Mathurin Méheut y capta un regard très intéressant de son voyage dans un archipel, longtemps fermé aux étrangers et qui intéressa l'Occident dans son décloisonnement éveillé de l’artisanat et des arts.

Léon Lognoné (1899 - 1984) était un orfèvre-horloger mobilisé pendant la Grande Guerre qui s’est spécialisé dans les objets d'art en régule. On en trouve beaucoup dans les horloges Art déco à l'époque où le cuivre était rationné pour la fabrication des munitions. Les biches sacrées de Nara ont nourri son imagination avec ce pendule en régule

Le jardin du Thabor et ensuite le parc des Gayeulles ont accueilli des biches, symboles de sagesse et de connexion à la nature

Autrefois, jusqu’au milieu des années 1980, elles étaient dans le parc du Thabor, où se trouvent aujourd’hui les cabanes des animaux de basse-cour. La biche symbolise la douceur, la sensibilité, la féminité et la maternité. Elle représente également la grâce, la sagesse, la connexion à la nature et la protection maternelle. Dans certaines traditions, elle incarne la magie, la spiritualité et la poursuite de la connaissance

L'histoire du parc des Gayeulles à Rennes est marquée par l'installation d'un hippodrome de 1884 à 1978, qui a précédé la création du parc actuel. Détruit à la fin des années 1970, le site a été transformé en l'un des plus grands parcs de la ville, qui est désormais un lieu de promenade et de loisirs.

L'hippodrome a été construit en 1884 sous l'impulsion du maire Edgar Le Bastard pour remplacer un champ de courses plus ancien.

Les Archives de la Planète, un projet philanthropique à nouveau valorisé à l'Exposition universelle d'Osaka au Japon

Albert Kahn posant au balcon de sa banque, rue de Richelieu, Paris - 1914 (cropped)

Les Archives de la planète (The Archives of the Planet) vont permettre de 1908 à 1931 de photographier les cultures humaines à travers le monde. Ce projet parrainé par le banquier français Albert Kahn a abouti à 183 000 mètres de film et 72 000 photographies en couleur de 50 pays. Commençant par un voyage autour du monde que Kahn a effectué avec son chauffeur, le projet s'est développé pour englober des expéditions au Brésil, en Scandinavie rurale, dans les Balkans, en Amérique du Nord, au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique de l'Ouest, entre autres destinations, et a documenté des événements historiques tels que les séquelles de la Seconde Guerre des Balkans, la Première Guerre mondiale en France et la guerre d'indépendance turque. Il a été inspiré par les convictions internationalistes et pacifistes de Kahn. Le projet a été interrompu en 1931 après que Kahn ait perdu la majeure partie de sa fortune dans le krach boursier de 1929. Depuis 1990, la collection est administrée par le musée Albert-Kahn et la plupart des images sont disponibles en ligne.

Destinée à dépasser des frontières paratechnologiques, la commission de prospective Kavadenn (« découvertes » en breton) a produit en 2014, année du centenaire du voyage de Mathurin Méheut au Japon, plusieurs livres blancs pour susciter de nouvelles expérimentations EthnoTech transposables à des sites du patrimoine breton (phares, dolmens, fortifications portuaires...).

En s’appuyant sur ces travaux, l’accélérateur des Trois Soleils de Rennes entend en 2024 renforcer l'attractivité internationale de la Bretagne et sa superbe capitale, en hissant Rennes en 1ere métropole French Tech dotée d'une Digital Bay, à l'image de la baie de San-Francisco, en lien avec sa coopération métropolitaine avec Saint-Malo et territoriale avec la Normandie, en matière de mobilité et de tourisme.

Désignée laboratoire national des nouvelles pratiques mémorielles, la métropole Rennaise pourrait de pair tisser avec la baie du Mont-Saint-Michel, joyau souvent qualifié de "merveille de l'Occident" une toile en Orient, sur la base d'un partage d'expérience avec la réhabilitation en Chine du patrimoine de la ville de Qufu (ville de Confucius), financée par l'Union européenne, la ville de Rennes et la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Références

[1] Archives Université de Rennes, non cotée, Fonds Yves Milon, ms. (copie), MILON Yves, L’Institut de Géologie, rue du Thabor à Rennes, texte écrit pour une exposition à Brest, 1984

[2] Le Loeuff Jean, “Art and paleontology in German-occupied France : Les Diplodocus by Mathurin Méheut (1943)”, Geological society London Special publications. Vol. 343, 2010, p. 325-333.

[3] Le Bihan René et Plusquellec Yves, « Animaux disparus et Paysages géologiques. La décoration de l’Institut de Géologie de Rennes », Penn Ar Bed, vol. 20, n° 133, 1989, p. 1-56