Réseau VAR

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Le réseau VAR a été créé en août 1943 par un Anglais, juif autrichien d'origine, agent du SOE, Peter Deman, avec l'objectif de créer de liaisons régulières entre l'Angleterre et la Bretagne. Après avoir repéré les lieux les plus propices à l'hébergement des aviateurs à rapatrier et à l'embarquement, le réseau mène ses premières opérations dans les Côtes-du-Nord dans les environs de Saint-Brieuc, puis dans le Finistère près de Guimaec. Rennes puis Redon sont les villes de ralliement avant les évacuations, une par mois. Aristide Sicot, un instituteur des Côtes-du-Nord , joue un rôle important dans la recherche des filières. Le réseau est frappé par une série d'arrestations quelques semaines avant le débarquement allié.[1] [2] [3]

Deman, l'agent SOE recruteur à Rennes des sœurs Jestin

Témoignage du SOE (Special Operation Executive) en France :

Les trajets de et vers la crique du Mousselet

Erwin Deman, officier anglais d'origine juive autrichienne, prisonnier évadé, passé dans la Légion étrangère, agent SOE en France Wikipedia-logo-v2.svg, alias Daniel puis Paul, 23 ans, 1,70 m, trapu, est à l'origine du réseau VAR, qui concerna 150 agents avec le but de créer des filières régulières de liaison et d'évasion entre l'Angleterre (Darmouth, ou Falmouth en Cornouaille) et la Bretagne par vedettes de la Royal Navy (Motor gun boat) et des youyous. En août 1943, Deman s'était établi à Rennes comme agent d'assurance et entra en contact avec Mme Émilienne Jestin, veuve du magistrat François Jestin, habitant à Rennes, 10, rue de Bertrand. Les Jestin ont un bon nombre de relations dans toute la région et vont s'en servir pour recruter parmi elles.

La crique du Mousselet

Le 19 août 1943, Deman était arrivé en France, déposé par avion Lockheed Hudson 1 km au sud de Soucelles, à 14 km au nord-est d'Angers. Il est muni en guise d’introduction d’une demi-feuille provenant d’une lettre écrite par une Mme Jestin à la sœur d'un officier du SOE, dont elle avait été la nounou. Le contact fut ainsi établi avec « Mme Jestin, habitant Rennes, dont les deux filles célibataires, jeunes quadragénaires énergiques, entrèrent dans ses plans avec un grand enthousiasme. Elles organisèrent des maisons sûres, telles que celles de M. Meynier, professeur à la faculté des Lettres, de M. Petit, retraité des contributions directes, suggérèrent d’autres contacts, et trouvèrent des guides et courriers fiables, tandis qu’il partait reconnaître les deux plages […] Aline, l’aînée, alias Jean, travaillait à la préfecture et n’avait pas de difficulté pour produire tous les sauf-conduits en blanc dont la zone côtière avait besoin. » La Parisienne Ginette Courtois, 17 ans , alias Danielle fait partie d'un couple fictif tenant une "maison-refuge" pour le réseau, avenue Sergent Maginot

Après avoir repéré les lieux les plus propices à l'hébergement des agents et d'aviateurs à rapatrier et à l'embarquement, le réseau mène ses premières opérations dans les Côtes-du-Nord dans les environs de Saint-Cast (4 opérations maritimes, grève du Mousselet côté est de la baie de la Fresnaye), mais l'échec de l'opération Jealous III dans la nuit du 23 au 24 décembre 1943 - la vedette étant entrée trop profondément dans la baie fut repérée et dût faire demi-tour sous le feu ennemi - conduisit à rechercher un autre site, ce fut puis dans le Finistère près de Guimaëc sous la pointe de Beg An Fry, où Aristide Sicot, alias Jeannette, avait repéré la petite plage de Vilin Izella tout-à-fait adaptée à un débarquement, protégée des regards à l'est par deux éperons rocheux - où une stèle fut érigée en 1969 (7 opérations maritimes lors des nuits sans lune)[4]. Quelques résistants étaient chargés d’accueillir les agents en gare locale, un négociant en vin, Pierre Barazer, assurait leur transport, les sœurs du café Jacob à Guimaëc hébergeaient les agents dans une maison inhabitée située en face de leur établissement. Rennes puis Redon sont les villes de ralliement avant les évacuations, une par mois. De janvier à avril 1944 arrivants ou partants sont abrités dans la maison de François Tocquer, beau-père de Louis Mercier qui y vivait avec sa famille de cinq enfants, à 400 mètres d'un poste allemand avec rondes jour et nuit ! Les arrivants sont conduits par Louis Mercier, P1, à la gare de Morlaix. [5] Une tentative du réseau Var d'exfiltrer le général Marcel Allard vers l'Angleterre échoua à Noël 1943 mais c'est lors de l'une des missions assurées par le réseau que François Mitterrand, alias Morland, chef du mouvement de résistance MNPRG fut débarqué dans une crique à Beg-An-Fry en Guimaêc le 27février 1944[6]. La BBC informe par les messages apparemment sibyllins : message pour la veuve joyeuse, pour la vache qui rit, du beau-père à la belle-mère... indiquant ensuite les lieux d'intervention.

Plage près de Guimaëc, utilisée par le réseau VAR

Le 1er décembre 1943 Marie-Thérèse Stoffel, alias Lucie, est présentée à Paul par les sœurs Jestin et elle habitera au PC, chez le Dr. Bourdais. Le 11 décembre 1943, Anne-Marie Boudaliez, [7] résistante redonnaise[8], reçoit un télégramme de Marcel Jacq, réfugié chez Félix Jouan pour échapper au STO, qui lui demande de se rendre à Rennes le soir même à 22 heures, avenue du Sergent Maginot ; elle y rencontre " Paul " qui lui déclare que le réseau est " brûlé " à Rennes et qu’il cherche à se replier sur Redon. Elle y rencontre aussi " Danielle " la très jeune résistante de 17 ans membre de l’équipe de base du réseau [9] [10]. À Rennes, à Bédée puis à Redon opère le "pianiste" Raymond Langard, SOE DF radio, alias Gilbert formé en Angleterre [11], arrivé le 28 octobre 1943. Mais le 13 janvier 1944 à 20 heures, le minotier Félix Jouan qui cachait à Bédée un pilote britannique envoyé par les Jestin, transportant dans une camionnette une valise avec poste-émetteur récupéré sur la côte et destiné aux Jestin fut arrêté place de la mairie par des Feldgendarme qui avaient repéré que la plaque d’immatriculation arrière était

Extrait de rapport de Louis Lecorvaisier sur l'activité de VAR

[12]

sale[13]. Un Feldgendarme lève la toile derrière et voit une valise qui était un poste émetteur ; Aristide Sicot avait pu s'esquiver. (Jouan mourut le 21 mai 1945 suite à sa déportation)[14]. Il fallut évacuer d'urgence la maison Jestin. «  Sicot, à l'écart de la voiture, put prévenir Mme Jouan et les sœurs Jestin qui durent partir pour Paris. VAR ne survécut pas longtemps à ce déplacement car à la fin […] le circuit fit boule de neige, les activités s’élargirent, de plus en plus de gens étaient concernés, le réseau cessant d’être sûr, il fallut le refondre entièrement. Au total 27 agents avaient été débarqués et 55 embarqués. Le réseau eut 1 tué et 12 déportés dont 10 morts en captivité.

Stèle à Beg An Fry (Cliché Maryvonne Moal)

La dernière exfiltration eut lieu dans la nuit du 15/16 avril 1944. Embarquèrent vingt personnes dont trois femmes et le SOE Erwin Peter Deman. [15]. Les exfiltrations de 52 personnes par mer furent remplacées par la filière terrestre avec le passage des Pyrénées. La filière d'évasion VAR fut jugée par le SOE comme ayant eu "une efficacité considérable".



Références