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Rennes et les Acadiens

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Rennes et la haute-Bretagne ont joué un rôle dans le contexte de la guerre de Sept Ans, qui déboucha sur le Grand Dérangement et la déportation des Acadiens.

En 1763, après sa défaite dans la guerre de Sept Ans, la France cédait le Canada et la Louisiane à la Grande-Bretagne et à l'Espagne.

Un véritable partie d'échecs entre Rennes et Versailles

Exigences fiscales et libertés bretonnes

Tout commence avec les exigences fiscales de la monarchie, qui cherche à financer la guerre de Sept Ans (1756-1763) qu’elle vient de livrer contre l’Angleterre.

Aux états de Bretagne, les députés de la province rechignent, au nom des privilèges fiscaux de la Bretagne.

Bientôt, le parlement de Rennes affiche sa solidarité avec les états, et accuse de despotisme le duc d’Aiguillon, principal représentant du gouvernement (1764). L’affaire de Bretagne est lancée[1].

La Chalotais défendu par Voltaire

À la cour, on estime que le responsable de tout cela est La Chalotais.

Hôtel Marbeuf (ex Caradeuc) appartenant à La Chalotais, il y fut arrêté en 1765 et y décéda en 1785.

Louis-René de Caradeuc de La Chalotais (6 mars 1701, Rennes - 12 juillet 1785, Rennes)

Ce brillant personnage caractéristique des élites provinciales éclairées, qui s’est illustré il y a peu en contribuant à l’expulsion des Jésuites et auquel on prête quelques ambitions ministérielles liées à ses compétences dans le domaine agronomique, est brusquement arrêté en novembre 1765, et transféré au château du Taureau, en baie de Morlaix, puis interné à Saint-Malo.

Que lui reproche-t-on ? De ne pas avoir joué pleinement son rôle de représentant du roi au parlement sans doute, d’être l’âme de l’opposition aussi certainement, mais également, apparemment, d’avoir été associé à d’obscures menées politiques impliquant des maîtresses de Louis XV et dont le but ultime aurait été de le propulser au gouvernement.

Mais La Chalotais ne se laisse pas faire et, depuis sa prison, rédige un texte enflammé dans lequel il se pose en martyr de l’arbitraire. Voltaire lui-même s’enflamme pour sa cause, et La Chalotais devient rapidement à la fois un héros des Lumières et de la Bretagne, dans ce qui prend l’allure d’une véritable bataille d’opinion. À Paris, Louis XV impose au parlement, qui se déclare solidaire des Bretons, une spectaculaire leçon d’absolutisme restée célèbre sous le nom de « séance de la Flagellation » (1766).

Les Ifs et les Orangers

La société politique bretonne – noblesses et bourgeoisies – se fracture alors de son côté comme jamais sans doute depuis la Ligue, entre une minorité qui choisit de rester fidèle au roi (les Ifs, pour « jean foutre »), et la majorité qui entend défendre les « libertés bretonnes » (les Orangers). Le duc d’Aiguillon parvient à reconstituer un parlement avec quelques fidèles, qui sont littéralement ostracisés. L’affaire, de libelles en pamphlets, de chansons en gravures, a cessé alors d’être une banale et feutrée querelle politique, pour devenir un sujet passionnel, alimenté par une multitude de rebondissements. À Rennes en particulier, épicentre du conflit, la querelle devient le centre de toute la vie publique.

Face au blocage, un apaisement se dessine à la faveur de la démission de d’Aiguillon, qui polarisait toutes les haines. En 1769, un arrangement fiscal est même trouvé et le parlement démissionnaire est rétabli. À Rennes surtout, mais aussi à Quimper, Nantes ou Saint-Malo, la Bretagne est en fête. Toutefois, La Chalotais, exilé entre-temps à Saintes, n’est pas autorisé à rentrer en Bretagne.

Le Grand Dérangement

Le Grand Dérangement constitue une période de l'histoire de l'Acadie s'échelonnant, selon les historiens, de 1749 ou 1750 aux années 1780 ou même 1821. La déportation des Acadiens, souvent considérée comme synonyme, ne couvre qu'une partie de cette période, soit de 1755 à 1763.

À la suite de la victoire britannique sur la France en 1713, une partie des colons français d'Acadie reste sur leurs terres. La Grande-Bretagne désire angliciser la région qui est alors catholique et francophone. À partir de 1749, 2 000 colons anglais viennent s'installer en Acadie afin d'angliciser l'Acadie, qui était peuplée par 13 000 français. Les Acadiens, qui refusent très majoritairement de prêter allégeance à la couronne britannique, sont déportés par milliers entre 1755 et 1763. Sur les 13 000 Acadiens présents dans la région à la conquête, plusieurs milliers se réfugient au Québec, encore français, et près de 8 000 Acadiens sont déportés. Près des trois quarts de la population acadienne sont ainsi déportés et des milliers d'Acadiens périssent durant le voyage.

Un large héritage agronomique

Les Acadiens sont généralement ignorés par la France, ce qui contribue à alimenter leur sentiment d'indépendance. Ils entretiennent de bonnes relations avec les Micmacs – les autochtones de l'Acadie6. Les Acadiens cultivent des riches marais salés au moyen d'aboiteaux, ce qui leur fait acquérir une certaine aisance matérielle. En 1713, à la suite de la signature du traité d'Utrecht, une partie de l'Acadie passe sous domination britannique et est renommée Nouvelle-Écosse.

Les grands joueurs de l'économie acadienne qui se sont établis il y a belle lurette sont encore là, toujours liés aux ressources naturelles comme la pêche, la forêt et la tourbe.

De la Louisiane à Saint-Malo

La Louisiane, alors colonie espagnole, reçoit ses premiers Acadiens en 1763, à la suite de la signature du traité de Paris. Ils s'établissent dans le sud-est de la colonie, dans l'actuelle Acadiane. Environ 600 Acadiens du Maryland et de la Pennsylvanie les y rejoignent à la fin des années 1760.

Le 24 mars 1772, les Acadiens de Saint-Malo, découragés par les projets d'établissement décevants qui leur sont offerts en France, demandent la permission d'aller en Louisiane, ce qui n'est pas accepté40. En juillet de la même année, ils demandent au ministre de la Marine l'autorisation de s'installer en Espagne, plus précisément à La Carolina, en Andalousie, où le roi Charles III projette une colonie modèle. Il se peut que les Acadiens utilisent le prétexte d'émigrer en Espagne pour ensuite pouvoir se rendre en Louisiane mais le projet est très mal perçu par le gouvernement français.

La principale vague d'émigration vers la Louisiane a lieu en 1785, lorsque la colonie y fait venir 1 600 Acadiens via Nantes. Ces réfugiés sont bien traités à leur arrivée. Leurs descendants sont appelés les Cadiens.

Le territoire de l'Acadie

L'Acadie comprend grosso modo le nord et l'est de la province canadienne du Nouveau-Brunswick, des localités et des régions plus isolées au Québec, sur l'Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse, ainsi que le nord-ouest du Maine aux États-Unis. La communauté francophone de Terre-Neuve-et-Labrador, bien qu'ayant une origine différente des Acadiens, est parfois incluse dans cette définition. D'autres définitions, faisant presque toutes allusion à un territoire, comprennent parfois la Louisiane et ses descendants acadiens – les Cadiens. Les frontières de l'Acadie restent floues, l'Acadie étant une nation sans reconnaissance explicite.

L'association Bretagne-Acadie-Louisiane

Créée le 1er juin 1984, Bretagne-Acadie-Louisiane (BAL), anciennement « Association Régionale de l'Ouest des Amitiés Acadiennes» est une association de loi 1901 qui vise désormais à soutenir la francophonie en Amérique du Nord, faire connaître le peuple Acadien, sur l'histoire, sur le présent.