« Évadée du convoi de Langeais » : différence entre les versions

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« Alors, nous les femmes, on nous met sur des camions, mais moi, comme je suis mauvaise tête, le soldat allemand me met sur le premier camion,  en cabine entre lui et le chauffeur, un Français. En cours de route, j’échange avec celui-ci  quelques paroles et nous avons  vite compris que nous étions tous les deux du même bord,  la Résistance. Puis je sens une pression contre ma jambe gauche, c’est le chauffeur. Je jette un coup d’œil mais il regarde la route. Il ne me fait tout de même pas du gringue, à moi, pas lavée depuis plusieurs jours, amaigrie, pas fraîche, cheveux en désordre, vêtements fripés. Soudain il souffle : « Bientôt, vite, à toi de jouer, fais comme moi » et son menton est tourné vers la porte. Et soudain, comme pris de peur, il freine et hurle : «  Alarme ! », ouvre et saute. Je me glisse et fais de même, comme l’Allemand de son côté. Je hèle une camarade sur le camion mais elle ne bouge pas, contrairement à une autre fille. <ref> Cette autre peut être Jacqueline Razer, résistante du Front national et de Libé Nord https://www.resistance-brest.net/rubrique1.html</ref>  Et je me mets à courir, plutôt  ce sont mes jambes qui  courent comme des mécaniques. Derrière, les cris des Allemands. »
« Alors, nous les femmes, on nous met sur des camions, mais moi, comme je suis mauvaise tête, le soldat allemand me met sur le premier camion,  en cabine entre lui et le chauffeur, un Français. En cours de route, j’échange avec celui-ci  quelques paroles et nous avons  vite compris que nous étions tous les deux du même bord,  la Résistance. Puis je sens une pression contre ma jambe gauche, c’est le chauffeur. Je jette un coup d’œil mais il regarde la route. Il ne me fait tout de même pas du gringue, à moi, pas lavée depuis plusieurs jours, amaigrie, pas fraîche, cheveux en désordre, vêtements fripés. Soudain il souffle : « Bientôt, vite, à toi de jouer, fais comme moi » et son menton est tourné vers la porte. Et soudain, comme pris de peur, il freine et hurle : «  Alarme ! », ouvre et saute. Je me glisse et fais de même, comme l’Allemand de son côté. Je hèle une camarade sur le camion mais elle ne bouge pas, contrairement à une autre fille. <ref> Cette autre peut être Jacqueline Razer, résistante du Front national et de Libé Nord https://www.resistance-brest.net/rubrique1.html</ref>  Et je me mets à courir, plutôt  ce sont mes jambes qui  courent comme des mécaniques. Derrière, les cris des Allemands. »
Madame Blanchet n’est manifestement plus dans la maison de retraite mais c’est Marie-Renée  sur cette rue de village et des gestes esquissés accompagnent ses paroles :
Madame Blanchet n’est manifestement plus dans la maison de retraite mais c’est Marie-Renée  sur cette rue de village et des gestes esquissés accompagnent ses paroles :
« Les volets et persiennes  sont fermées, mes jambes courent. Je pousse une grille, un jardin avec un curé qui me fait signe de m’en aller. Je reprends la course et voici une porte qui s’entrouvre et une main  me fait signe. Je m’engouffre. Des jeunes gens qui me font descendre à la cave puis, un peu après, un chef qui y descend et indique qu’il craint une prise d’otages… Le temps passe et plus rien, le convoi a quitté.  Ensuite les jeunes gens  m’aident à franchir la Loire et  je trouve refuge chez des vignerons résistants. »
« Les volets et persiennes  sont fermée, mes jambes courent. Je pousse une grille, un jardin avec un curé qui me fait signe de m’en aller. Je reprends la course et voici une porte qui s’entrouvre et une main  me fait signe. Je m’engouffre. Des jeunes gens qui me font descendre à la cave puis, un peu après, un chef qui y descend et indique qu’il craint une prise d’otages… Le temps passe et plus rien, le convoi a quitté.  Ensuite les jeunes gens  m’aident à franchir la Loire et  je trouve refuge chez des vignerons résistants. »


Marie-Renée, mariée, eut trois enfants, vécut à Nîmes puis, à partir de 1950,  à Rennes, dans le quartier de Maurepas. Elle ne chercha pas à se mettre en avant.  Quand même, elle ajoute à son récit avec un brin de fierté : « Il paraît qu’un jour, un de mes petits-enfants a déclaré à l’école : « Ma mamie est un héros ! »
Marie-Renée, mariée, eut trois enfants, vécut à Nîmes puis, à partir de 1950,  à Rennes, dans le quartier de Maurepas. Elle ne chercha pas à se mettre en avant.  Quand même, elle ajoute à son récit avec un brin de fierté : « Il paraît qu’un jour, un de mes petits-enfants a déclaré à l’école : « Ma mamie est un héros ! »
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