« Quartier 9 : du passé ouvrier ne faisons pas table rase » : différence entre les versions

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Je passe sous le pont étroit et traverse la voise ferrée desservant l’usine à Gaz auparavant ravitaillée en coke par voie fluviale. Elle n’a jamais cessé de se transformer, autrefois il y avait les parcs à charbon, d’autres pour les résidus de mâchefer, les fours de fabrication du gaz, les gazomètres de stockage dont un situé rue Monselet, il a été remplacé par des locaux d’EDF-GDF. En 1915 l’usine participe à l’effort de guerre en adaptant un de ses fours au recuit des douilles, la production grimpera jusqu’à 60 000 par jour. Ce sont près de 700 personnes réparties en trois équipes qui y travaillent quotidiennement. Les femmes y travaillent à l’emballage, les caisses transitent entre l’usine à gaz et l’arsenal. Des Nord-Africains, comme on disait, sont recrutés, 25 en 1917 logés dans l’usine, puis cent et ensuite cinquante de plus. Ils sont plus de 2000 à travailler à l’arsenal. C’est aussi une période où les revendications salariales se multiplient.
Je passe sous le pont étroit et traverse la voise ferrée desservant l’usine à Gaz auparavant ravitaillée en coke par voie fluviale. Elle n’a jamais cessé de se transformer, autrefois il y avait les parcs à charbon, d’autres pour les résidus de mâchefer, les fours de fabrication du gaz, les gazomètres de stockage dont un situé rue Monselet, il a été remplacé par des locaux d’EDF-GDF. En 1915 l’usine participe à l’effort de guerre en adaptant un de ses fours au recuit des douilles, la production grimpera jusqu’à 60 000 par jour. Ce sont près de 700 personnes réparties en trois équipes qui y travaillent quotidiennement. Les femmes y travaillent à l’emballage, les caisses transitent entre l’usine à gaz et l’arsenal. Des Nord-Africains, comme on disait, sont recrutés, 25 en 1917 logés dans l’usine, puis cent et ensuite cinquante de plus. Ils sont plus de 2000 à travailler à l’arsenal. C’est aussi une période où les revendications salariales se multiplient.
L’usine était cernée par des murs de schiste rouge, certes moins hauts que ceux de l’arsenal, mais comme lui, c’était un lieu fermé. Je me souviens qu’à un moment de la guerre d’Algérie, ils avaient été surmontés de barbelés et que des soldats montaient la garde aux différents angles. Ces entreprises closes apparaissaient un peu mystérieuses à ceux qui n’y pénétraient pas. Pour moi, cela a été un peu différent, mon père y travaillant comme chef de quart de fabrication, c’était un lieu que je connaissais assez bien. L’usine fonctionnant en continu sept jours sur sept, jeune, voire très jeune, je lui rendais assez souvent visite. Le processus de fabrication du gaz n’avait alors pas trop de secrets pour moi. J’ai depuis un peu oublié les nombreuses explications paternelles, mais les termes de cracking, de délutage me reviennent à l’esprit. Je me rappelle aussi du bâtiment tôlé à plusieurs étages qui abritait les fours de fabrication et de la chaleur qui y régnait. Chaleur donc isolation … à l’amiante, mon père en a payé le prix fort. Ensuite le gaz de Lacq est arrivé par tuyaux, fini les trains traversant la rue. Les fours se sont arrêtés puis plusieurs bâtiments ont été abattus comme la haute cheminée. Aujourd’hui le gaz arrive directement des très lointains sites d’extraction par pipe-line ou par tanker, les gazomètres devenus inutiles ont aussi disparu, seules subsistent les halles qui ont été bien rénovées. Par contre, toute la bande le long de la voie de chemin de fer n’est pas près d’être reconstruite … pollution des sols trop coûteuse à régler.
L’usine était cernée par des murs de schiste rouge, certes moins hauts que ceux de l’arsenal, mais comme lui, c’était un lieu fermé. Je me souviens qu’à un moment de la guerre d’Algérie, ils avaient été surmontés de barbelés et que des soldats montaient la garde aux différents angles. Ces entreprises closes apparaissaient un peu mystérieuses à ceux qui n’y pénétraient pas. Pour moi, cela a été un peu différent, mon père y travaillant comme chef de quart de fabrication, c’était un lieu que je connaissais assez bien. L’usine fonctionnant en continu sept jours sur sept, jeune, voire très jeune, je lui rendais assez souvent visite. Le processus de fabrication du gaz n’avait alors pas trop de secrets pour moi. J’ai depuis un peu oublié les nombreuses explications paternelles, mais les termes de cracking, de délutage me reviennent à l’esprit. Je me rappelle aussi du bâtiment tôlé à plusieurs étages qui abritait les fours de fabrication et de la chaleur qui y régnait. Chaleur donc isolation … à l’amiante, mon père en a payé le prix fort. Ensuite le gaz de Lacq est arrivé par tuyaux, fini les trains traversant la rue. Les fours se sont arrêtés puis plusieurs bâtiments ont été abattus comme la haute cheminée. Aujourd’hui le gaz arrive directement des très lointains sites d’extraction par pipe-line ou par tanker, les gazomètres devenus inutiles ont aussi disparu, seules subsistent les halles qui ont été bien rénovées. Par contre, toute la bande le long de la voie de chemin de fer n’est pas près d’être reconstruite … pollution des sols trop coûteuse à régler.
[[Image:Usine - Gaz GH.jpg|200px|right]]
Si je continue un peu plus loin, j’aperçois l’usine d’épuration (là aussi j’y ai eu mes entrées) avec ses bassins et ses parcs de séchage des résidus, au printemps les pieds de tomates y fleurissent, les graines de tomate ont résisté aux intestins, au voyage par les égouts et au traitement des eaux usées. L’’été venu, si le temps a été favorable, une petite récolte serait possible. Mais, les mauvaises odeurs sont moins bucoliques. Suivant l’orientation des vents c’est parfois difficile à supporter d’autant plus que les habitations se sont rapprochées de l’usine. Protestations, pétitions, l’usine qui ne répond plus aux normes de traitement des eaux usées ferme en 1996 pour aller de l'autre côté de la rocade à Beaurade. Elle est démantelée en 1997 pour être remplacée par un centre commercial Leclerc.
Si je continue un peu plus loin, j’aperçois l’usine d’épuration (là aussi j’y ai eu mes entrées) avec ses bassins et ses parcs de séchage des résidus, au printemps les pieds de tomates y fleurissent, les graines de tomate ont résisté aux intestins, au voyage par les égouts et au traitement des eaux usées. L’’été venu, si le temps a été favorable, une petite récolte serait possible. Mais, les mauvaises odeurs sont moins bucoliques. Suivant l’orientation des vents c’est parfois difficile à supporter d’autant plus que les habitations se sont rapprochées de l’usine. Protestations, pétitions, l’usine qui ne répond plus aux normes de traitement des eaux usées ferme en 1996 pour aller de l'autre côté de la rocade à Beaurade. Elle est démantelée en 1997 pour être remplacée par un centre commercial Leclerc.
Pour terminer je sillonne quelques autres rues du quartier pour découvrir les Transports Lebreton rue de Guébriant maintenant relocalisés à La Haye des Cognets, les entrepôts de la biscuiterie Blin et la menuiserie Durand vers le boulevard de la Guérinais.
Pour terminer je sillonne quelques autres rues du quartier pour découvrir les Transports Lebreton rue de Guébriant maintenant relocalisés à La Haye des Cognets, les entrepôts de la biscuiterie Blin et la menuiserie Durand vers le boulevard de la Guérinais.
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