Des résistants et résistantes à Rennes

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Dès les premiers mois de la Seconde Guerre mondiale, des Rennais dirent non à l'occupant et cherchèrent à lui nuire au péril de leurs vies. En voici quelques uns :

Marcel Brossier

Mécanicien de 31 ans, célibataire, Marcel Brossier fut condamné à mort par le conseil de guerre de la Feldkommandantur, le 12 septembre 1940, pour avoir sectionné un câble de transmission de l'armée allemande. Il est fusillé à la Maltière le 17 septembre. Il est l'un des premiers fusillés en France pour acte contre l'occupant.

Beaucoup moins graves seront les conséquences pour trois Rennais condamnés pour voies de fait en octobre sur un officier allemand : trois ans de prison.

Le 12 septembre 1941, 7 communistes âgés de 19 à 21 ans, dont Jean Courcier, Louis Coquillet étant en fuite, ouvriers des ateliers de la S.N.C.F., sont condamnés pour diffusion de mots d'ordre de la IIIe Internationale et pour détention ou distribution d'écrits pour cette diffusion à des peines allant de quatre ans à un an de prison.[1]

Louis Coquillet

18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée et le jeune cheminot Louis Coquillet appelle par tracts à lutter contre l'occupant et le gouvernement. Ami de Guy Faisant, très tôt il entre en contact avec Henri Bannetel et René Le Herpeux, étudiants en médecine communistes, et côtoie d'autres résistants rennais : Robert Barbier, Jean Courcier, Jean Rolland, André Rouault, Maurice Hay, Léost et Fourrier (ces deux-ci fusillés le 30 décembre 1942, à la butte de la Maltière, à Saint-Jacques-de-la-Lande). Il est l'un des premiers F.T.P. ( Franc-tireur Partisan), et assure des liaisons Paris-Bretagne, transportant armes et tracts.

En août 1941 il est contraint à se réfugier à Paris où, sous les ordres du colonel Fabien, il participe aux attentats contre des officiers allemands, puis à de nombreuses opérations, telles l'attaque d'une centrale électrique. Arrêté, torturé à la prison de la Santé 22 hommes furent condamnés avec lui et fusillés le 17 avril 1942 au Mont-Valérien.


Marie Alizon

Marie Alizon, 20 ans, et sa jeune sœur, Simone, entrèrent en octobre 1941 avec le réseau "Johnny" qui opérait en Bretagne depuis mars et s'occupait principalement des bateaux de guerre allemands stationnés à Brest. Il avait été créé fin 1940 par des Bretons dont Jean Le Roux, le mari de Simone, et Jean Milon, fils du Doyen de la Faculté des Sciences de Rennes et parmi les membres du réseau, il y avait Yves Milon, Yves, futur membre du Comité de la Libération et futur Maire de Rennes.

À la suite d'arrestations, le réseau abandonna ses points d'émission du Finistère et s'installa à Rennes où Marie et sa sœur reçurent les renseignements codés qu'elles transmettaient aux radios du réseau qui transmettaient à Londres. L'arrestation de plusieurs d'entre eux, et particulièrement d'un radio, entraîna celle des sœurs Alizon par la Feldgendarmerie en mars 1942.

Du fort de Romainville, elles furent déportées au camp d'Auschwitz le 23 janvier 1943, et Marie y mourut d’épuisement le 4 juin 1943.

Jacques Tarrière

Jacques Tarrière, dès 1941, à 15 ans, il appartient au groupe de résistance de l'Ecole d'Industrie avec Guy Faisant. Le 5 mars 1942, il est arrêté avec un groupe de camarades. Après interrogatoire au siège du SD, 10 rue de Robien, il est incarcéré à la prison Jacques Cartier puis transféré à la prison du Cherche-midi à Paris et déporté, le 4 juin 1942, en application du décret "Nacht und Nabel" (Nuit et Brouillard) au Sonderlager SS Hinzert, près de Tréves en Rhénanie. Il est un des plus jeunes résistants déportés d'Ille-et-Vilaine.

Condamné aux travaux forcés, il est envoyé dans un commando de travail où il tente de s'évader. Repris, il est transféré au camp de Grossrosen puis envoyé, le 12 février 1945, au camp Mittelbau où il meurt le premier mars, épuisé.

Honoré Commeurec

Honoré Commeurec qui avait fondé une importante imprimerie coopérative ouvrière, rue de Nemours, (Les Imprimeries Réunies) et avait été aussi un militant syndicaliste actif, conseiller municipal de 1908 à 1935. Il était entré dès 1941 au mouvement de résistance Libération-Nord et, dans son imprimerie, fabriquait journaux, tracts et faux papiers.

Arrêté le 8 février 1944, il fut transféré de la prison Jacques Cartier le 29 juin vers Compiègne d'où il fut déporté au camp de concentration de Neuengamme où il meurt d'épuisement le 13 février 1945, à 67 ans.

Les fusillés de la Maltière

En septembre 1942, 25 membres résistants communistes, d'une moyenne d'âge de 29 ans, dont 18 habitaient Rennes, passèrent devant le tribunal de la Feldkommandantur 748 siégeant au palais de justice et furent condamnés à mort, le 22 septembre, pour transport d'explosifs et d'armes, sabotages de voies ferrées, de pylônes, de câbles et attentats contre divers organismes collaborateurs et exécutés le 30 décembre à la butte des Fusillés de la Maltière. Un témoin les vit passer en camion : ils chantaient.


Le 12 mai 1942, les quatre préfets de Bretagne sont réunis à Vannes sous la présidence du préfet régional Ripert, pour des problèmes de ravitaillement mais, au premier chef, devant la recrudescence des attentats terroristes contre l'armée d'occupation, pour arrêter des dispositions en vue de "réprimer énergiquement les actes criminels et pour découvrir leurs auteurs qui seront impitoyablement châtiés".[2]


Jean-Claude Camors

Camors était né à Pau en 1919 dans une famille de militaires. Il était le fondateur et chef national du réseau "Bordeaux-Loupiac", chargé de retrouver des aviateurs et parachutistes tombés sur le sol français. Le 11 octobre 1943, il était à Rennes au café de l'Epoque, pour rencontrer des membres de son réseau. Reconnu par un ancien résistant qui travaillait pour la Gestapo, il fut blessé dans la fusillade mais réussit à s'enfuir et à mettre à l'abri ceux qui étaient avec lui. Il fut retrouvé mort le lendemain matin sur un palier du 3, rue Maréchal Joffre. Il y a à Rennes une rue Jean-Claude Camors.

Yves Milon

Cité à l’ordre de la division le 26 novembre 1917 et décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent à Verdun Yves Milon, blessé grièvement et gazé dans la Somme, fut hospitalisé jusqu’en 1919. Il est professeur de géologie à l’université de Rennes : à 33 ans, le plus jeune de France.

En 1940, après sa démobilisation, il devient doyen de la Faculté des sciences, et en 1941 décline le poste de recteur, par refus de se compromettre avec le régime de Vichy. Il fait construire un institut de géologie en 1938, près du Thabor, (bâtiment actuellement occupé par la présidence de l’université de Rennes I).

Entré dans le Réseau Johnny, où il devient P2, l’expert régional chargé des questions d’adduction d’eau sillonne la région, y compris dans sa zone littorale interdite où il constate les réalisations du Mur de l'Atlantique et il transmet des renseignements aux services britanniques. L’institut de géologie devient également une base importante de la Résistance : il sert à la fois de lieu de réunions clandestines et de cache d’armes qu'il approvisionne personnellement avec la complicité d'un pêcheur qui les reçoit par sous-marin.

Le mot d’ordre pour leur utilisation vint début juin et Milon transmit ces curieux échantillons géologiques aux équipes des FTP chargées de faire sauter les voies ferrées reliant la Bretagne à la Normandie, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944.[1]

Otage du 7 au 14 juin, il ne fut pas été inquiété au titre de ses activités de résistant. À la libération de Rennes, il fut nommé président de la délégation spéciale et s’installa à la mairie de Rennes dès son occupation par la Résistance et, le 4 août 1944, accueillit les libérateurs. Il sera élu maire lors des élections de 1945.[3]

références

  1. Ouest-Eclair du 13 septembre 1941
  2. Ouest-Eclair du 13 mai 1942
  3. Yves Milon, de la Résistance à la mairie de Rennes, par Y. Rannou, éditions Apogée - 2006

NB : Les mentions en caractères verts renvoient à des pages du Wiki-Rennes