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"Fort des renseignements inestimables" ramenés par Pelletier, le 10e bataillon d'infanterie blindée rapporte qu'il  détruisit facilement les positions et le dépôt ennemis. Tel ne fut pas le cas. En réalité, ce n'est que le 3 à 15h00 que le 13e bataillon d'infanterie fut à pied d'œuvre et à 17h00 que le 1er bataillon attaqua les positions ennemies sous des tirs allemands d'armes automatiques et des tirs directs de canons de DCA de 20 mm,  de lourdes pertes ayant ainsi été infligées à la compagnie C avant que l'ennemi ne se retirât.<ref> Headquarters Thirteenth Infantry APO#8 U. S. Army</ref>
"Fort des renseignements inestimables" ramenés par Pelletier, le 10e bataillon d'infanterie blindée rapporte qu'il  détruisit facilement les positions et le dépôt ennemis. Tel ne fut pas le cas. En réalité, ce n'est que le 3 à 15h00 que le 13e bataillon d'infanterie fut à pied d'œuvre et à 17h00 que le 1er bataillon attaqua les positions ennemies sous des tirs allemands d'armes automatiques et des tirs directs de canons de DCA de 20 mm,  de lourdes pertes ayant ainsi été infligées à la compagnie C avant que l'ennemi ne se retirât.<ref> Headquarters Thirteenth Infantry APO#8 U. S. Army</ref>
Le général Wood passe la nuit du 3 au 4 août chez les Chuberre dans leur ferme de la Guibaudière, située un kilomètre à l'est du passage à niveau de Maison Blanche.


=== 4 août, à 5h20, les ponts sautent===
=== 4 août, à 5h20, les ponts sautent===

Version du 5 juin 2014 à 10:56

AUBE DU 4 AOÛT 1944 : LA 4e D.B AMÉRICAINE EST À LA PORTE DE RENNES, LES RÉSISTANTS SONT DANS LA PLACE ET POURTANT LES PONTS SAUTENT


Prélude à la libération :Le combat du Ier août 1944 à Maison Blanche avait eu pour résultat d'arrêter les troupes américaines devant Rennes

Mise en place des futures autorités

Pierre Herbart, dit « général Le Vigan », représentant régional du MLN (Mouvement de libération nationale), avait été chargé de mettre en place les nouvelles autorités civiles avant l’arrivée des troupes alliées. Le plan de prise du pouvoir fut mis au point avec le futur commissaire de la République, Le Gorgeu et le futur préfet d’Ille-et-Vilaine, Cornut-Gentil, le comité départemental de Libération devant être présidé par le magistrat de Kérembrun. Le 3 août, Herbart expose au préfet régional Robert Martin et au préfet d’Ille-et-Vilaine qu’il est chargé par la Résistance de mettre en place les nouvelles autorités, les conduit à l’hôtel de France où ils restent sous surveillance.


3 août, dans Rennes, histoires de drapeaux et le maire remercié

Quelques jours avant, certain du succès allié, le maire avait voulu avoir à l'hôtel de ville la grande flamme tricolore qui flottait au beffroi les jours de fête, pour l'y déployer lors de la Libération. C'est son adjoint Lebastard qui l'apporta de la voirie, au nez des Allemands, enroulée autour de sa taille, ce qui lui fit une belle corpulence, la flamme mesurant huit mètres.

Le 3 août au matin, alors que les Allemands viennent de faire partir nuitamment le dernier train de résistants déportés, [1]le docteur René Patay constate que l’aile sud de l’hôtel de ville, a été abandonnée par la Standhortkommandantur. Sur une table, il trouve soigneusement plié, le drapeau à croix gammée qui, pendant quatre ans, a flotté du balcon de l'hôtel de ville; il le prend ainsi qu'un mauser à crosse cassée et des munitions et met le tout dans une armoire de son cabinet. Le drapeau en ayant disparu, il pensa alors qu'il devait "orner l'appartement de quelqu'un qui doit se vanter de l'avoir enlevé au péril de sa vie".

Vers 16 h la police commence à arrêter des collaborateurs et des Rennais les conspuent et les houspillent rue Ferdinand Buisson. Vers 16 h 30 des avions de chasse allés passent en rase-motte et sont acclamés. Vers 19h30, des agents casqués et quelques civils avec brassard tricolore au bras gauche se dirigent vers la mairie. [2]Le docteur René Patay, nommé maire le 14 juin, est contraint de se démettre de ses fonctions, en présence de Hubert de Solminihac (Hémeric dans la Résistance), représentant du commissaire de la République nommé par le Comité d’Alger, il écrit sa lettre de démission et passe les pouvoirs à son premier adjoint, M. Gripon. On lui donne l’autorisation de se retirer dans une propriété qu’il possède dans les environs de Rennes. René Patay dit à de Solminihac en franchissant la porte : «  Maintenant c’est à vous d’empêcher les ponts de sauter. » .[3]Il est aussitôt remplacé par le résistant Yves Milon, nommé président de la délégation spéciale qui s'installe à la mairie.

En effet, dès la matinée de la veille, les Rennais ont vu des soldats allemands amener des caisses d'explosifs, sur les jardins de la Vilaine et près des ponts.[4] Le colonel Koenig, commandant les éléments allemands divers rassemblés à Rennes, reçoit du général Hausser l’ordre officiel de repli et 2000 hommes quittent la ville à partir de 3 h du matin après avoir eu 60 morts et 130 blessés dans les combats de Maison Blanche. [5]

3 août en fin d'après-midi devant Saint-Laurent

"Fort des renseignements inestimables" ramenés par Pelletier, le 10e bataillon d'infanterie blindée rapporte qu'il détruisit facilement les positions et le dépôt ennemis. Tel ne fut pas le cas. En réalité, ce n'est que le 3 à 15h00 que le 13e bataillon d'infanterie fut à pied d'œuvre et à 17h00 que le 1er bataillon attaqua les positions ennemies sous des tirs allemands d'armes automatiques et des tirs directs de canons de DCA de 20 mm, de lourdes pertes ayant ainsi été infligées à la compagnie C avant que l'ennemi ne se retirât.[6]

Le général Wood passe la nuit du 3 au 4 août chez les Chuberre dans leur ferme de la Guibaudière, située un kilomètre à l'est du passage à niveau de Maison Blanche.

4 août, à 5h20, les ponts sautent

4 août 1944 : les ponts ont sauté et voici les immeubles riverains du quai Lamartine

De son domicile du 22 quai Lamennais, René Patay assiste, en compagnie du professeur Duffieux, à la retraite des Allemands sans combat. Au matin, un galop de cheval rompt le silence suivi d’une formidable explosion qui ébranle les murs, effondrent des cloisons de briques et brisent les vitres de l’appartement : le pont de la Mission s’est effondré dans la Vilaine. Alors qu’ils descendent au rez-de-chaussée pour prendre un petit déjeuner, le pont de Nemours saute. D’après Mme Ladam, il est 5 h 20, puis, d’ouest en est les ponts sautent tour à tour, à quelques minutes d’intervalle. Les immeubles bordant le quai Lamartine sont détruits. Un peu plus tard, le docteur Patay pourra franchir la Vilaine sans encombre en voiture car la couverture entre le pont Jean-Jaurés et le pont de Nemours n'est que partiellement effondrée. De nombreux immeubles riverains sont fortement endommagés et les rues jonchées de gravats et de verre brisé.

Seuls les ponts Legraverend et de Saint-Martin subsisteront grâce au sang-froid de quelques riverains qui ont jeté la dynamite dans le canal. Au numéro 3 de la rue Saint-Yves s'élevait l'hôtel de Palys, construction tardive de style moyen-âge dont la façade sud était précédée d'un jardin donnant sur le quai Duguay-Trouin. Les Allemands y avaient installé un important central téléphonique et de radio qu'ils décidèrent de faire sauter en même temps que les ponts, dans la nuit du 3 au 4 août 1944. Deux Rennais, François Mahuas et Pierre Parthenay, munis d'un extincteur et d'un sac de sable pris dans l'ancienne chapelle voisine, éteignirent à temps les mèches ajustées aux explosifs, épargnant ainsi de lourds dégâts à cette rue.

Mme Ladam écrit : « Peut-être aurait-il été relativement facile à des gens armés – et il y en avait –d’empêcher la sentinelle ( il n’y en avait qu’une sur chaque pont) de mettre à exécution les ordres qu’elle avait reçus. » [7] En fait, le souci premier de la Résistance était d'établir à Rennes, première grande ville libérée, les représentants responsables d'une nouvelle administration française, conformément aux directives du général de Gaulle qui voulait réussir cette démonstration en vue d'éviter une implantation administrative militaire par les Alliés.(AMGOT : Allied Military Government in Occupied Territories[8]) De plus, les deux équipes Jedburgh chargées d'établir les contacts avec les groupes de Résistance d'Ille-et-Vilaine, composée chacune de trois hommes, avaient été parachutées le 10 juillet à ... Courcité dans l'est de la Mayenne, à 120 km de Rennes et ne parviennent en Ille-et-Vilaine que le Ier août entre Vitré et Fougères, trop tard pour assumer leur mission à Rennes.[9]

Les F.F.I. paradent place de la Mairie, le 4 août[10] L. Riordan

4 août, vers 9h00, les libérateurs en ville

Vue partielle de la foule rennaise devant la mairie le 4 août. [11]

Les GI du 13e régiment d'infanterie, détaché de la 8e division, entrent dans Rennes vers 9 heures du matin et "acceptent les baisers et les vins des habitants libérés", rapporte Martin Blumenson. Des soldats du 13e régiment d'infanterie U.S pénètrent prudemment dans Rennes, arme à la main, par la rue d'Antrain, par la rue Victor Hugo puis la rue Nationale pour gagner la place de la Mairie. Il est près de 9 h 30 et, en tête un GI de petite taille sous son casque, Fred Scherrer, 19 ans depuis un mois, fusil Garand M1 à la hanche, va déboucher sur la place de la mairie, déserte, dont il aperçoit à gauche le théâtre et sa rotonde, lorsqu'une jeune fille, descendue d'un immeuble, des fleurs et une bouteille de vin dans les mains, se jette dans ses bras et l'embrasse en criant " Je t'aime !"[12] [13]

Mais Jean Marin, homme d'Ici Londres, les Français parlent aux Français, maintenant de la Mission militaire de liaison administrative (MMLA), en tenue d'officier de marine, entré dans Rennes avec les Américains par les Gayeulles et la rue de Fougères les avait laissés pour gagner à vélo la place de la Mairie, avait pris à 9 h 15 le siège de la radio au Palais du Commerce et allait se rendre rue du Pré-Botté, au siège de l' Ouest-Éclair.[14]

Pour s'exprimer en français les soldats ont un petit manuel de langage parlé, édité par le War Department en juin 1943, à la prononciation phonétique adéquate : " juh nuh KAWM-prahng PA. par-lay LAHNT-mahng, seel voo PLAY" pour "Je ne comprend pas. Parlez lentement, s'il vous plaît".[15]

French language guide : guide du français parlé

Les Rennais s'amassent, dans la matinée, devant la mairie pour les acclamer ainsi que les nouveaux dirigeants au grand balcon nord de l'hôtel de ville décoré du drapeau français et de la bannière étoilée : Jean Marin, voix de la France Libre et le colonel de Chevigné, délégué militaire pour le front nord, entré en ville avant les troupes américaines. Certains pourchassent des Rennais dénoncés comme collaborateurs. On arrache les pancartes en allemand.

"Soudain à Rennes ce matin-là, j'entendis une agitation : une jeune femme était emmenée violemment au poste de police tandis que des personnes présentes la conspuaient et crachaient sur elle" - John G. Morris
A Rennes la chasse aux collaborateurs est ouverte;[16]

Très vite, les soldats américains, dont beaucoup sont noirs, déblaient les rues et des ponts Bailey britanniques, composés d’éléments modulaires, vont suppléer les ponts détruits. Le journal Défense de la France, encore clandestin 8 jours avant, quotidien du soir du Mouvement de la Libération nationale,

Défense de la France, journal provisoirement imprimé à Rennes

imprimé provisoirement 38 rue du Pré-Botté à Rennes sur une seule feuille, s'étonne dans son n° 8 du 17 août 1944, "de voir des soldats américains, avec leur matériel, occupés à déblayer les débris de mur et de vitres, balayer les trottoirs, replacer les pavés sans qu'un seul ouvrier français n'ait l'air de vouloir sans mêler. La foule admire les efforts de nos braves "boys" avec componction, les encourageant volontiers du geste et de la voix, mais reste rigoureusement passive."

Dès le lundi 7 août, bonjour Ouest-France !

Remplaçant l'Ouest-Eclair paru sous l'occupation allemande, le premier numéro du quotidien Ouest-France sort 3 jours après la libération de Rennes
Information sur la parution de ... France-Ouest

En application d'une ordonnance du 22 juin 1944 de mise sous séquestre des entreprises de presse après le débarquement, un comité régional de presse se réunit dès le 6 août, à la préfecture, présidé par Henri Fréville, composé de deux membres du Comité départemental de libération d'Ille-et-Vilaine et de deux journalistes représentant les organisations syndicales, pour prendre acte de la suppression du journal l'Ouest-Eclair, approuver la création du quotidien Ouest-France, dont le directeur serait Paul Hutin, et l'impression à Rennes du journal clandestin désormais public Défense de la France.

Affiche imprimée à Rennes par l'Imprimerie bretonne donnant aux soldats allemands les modalités pour se rendre aux troupes alliées- août 1944

Le 3 août, Henri Fréville, chargé de mettre en place la presse nouvelle, avait reçu un billet de Paul Hutin, ancien secrétaire général de l'Ouest-Eclair, démissionnaire en juin 1940 à l'arrivée des Allemands, revendiquant le droit de reprendre son poste, ce qui était d'ailleurs bien dans les desseins du comité de libération.

Libération de Rennes, photo de couverture d'un ouvrage sur Rennes dans la guerre 1939/45

Le 4 vers 13 heures, de nombreux membres du personnel se sont réunis dans la salle des rotatives avec Paul Hutin-Desgrées, Jean Marin et Alphonse Aubrée, administrateur. Ceux-ci prirent la parole pour affirmer que le grand quotidien mènerait le combat du redressement national dans le droit fil de ses origines, et pour présenter les lignes de la politique d'information qui allait être menée. Le lendemain, 7 août sortait le premier numéro, trois jours après la libération de Rennes.[17] Curieusement, la revue mensuelle Accord, diffusée en France occupée par les aviations alliées, annonça la création à Rennes de ... France-Ouest avec deux autres erreurs : l'existence d'"un rédacteur en chef appointé par le Comité National de Libération, un professeur de la faculté de Rennes, membre de la Résistance" ( "appointé" étant une mauvaise traduction du terme anglais "appointed" qui signifie "désigné", et Henri Fréville n'en était pas le rédacteur en chef.[18]

Montage édité par Charles Martin. Commentaires de Rex Keating.



Références

  1. Le dernier train de résistants déportés quitte Rennes juste avant la libération
  2. Mémoires d'un Français moyen, par René Patay -1974
  3. Mémoires d’un Français moyen par René Patay – 1974
  4. Ouest-France du 7 août 1944
  5. U.S Army in World War II- Breakout and pursuit. chap. 19, par Martin Blumenson
  6. Headquarters Thirteenth Infantry APO#8 U. S. Army
  7. Les Heures douloureuses de Rennes par V. Ladam - imp. Les Nouvelles
  8. https://fr.wikipedia.org/wiki/Allied_Military_Government_of_Occupied_Territories
  9. L'action des forces spéciales alliées en Ille-et Vilaine : les équipes Jedburgh Guy et Gavin (juillet-août 1944), par Yann Lagadec. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine. t. CVII - 2003
  10. cliché U.S.I.S (service d'information des Etats-Unis)
  11. Accord n°9. Revue mensuelle diffusée en France occupée par les aviations alliées
  12. Le "big" baiser rennais au GI Fred.Ouest-France, édition de Rennes, 5 août 1994
  13. témoignage de René Herbault, Ouest-France, édition de Rennes, 1er juin 2010
  14. Petit bois pour un grand feu, par Jean Marin, éd. Fayard -1994
  15. French language guide- War department Washington, June 21, 1943
  16. photo USIS (United States Information Service)
  17. La presse bretonne dans la tourmente - 1940-1946, par Henri Fréville. Plon - 1979
  18. Accord revue mensuelle illustrée numéro 9


Liens internes

* le combat du Ier août 1944 à Maison Blanche

* détenus des prisons de Rennes

* Victor Janton

* Notes d'un vieux rennais pendant les jours précédant la libération de Rennes

* Rennes d'histoire et de souvenirs quatrain 55