Rue Jean-Claude Camors

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La rue Jean-Claude Camors se situe dans le quartier Bellangerais.

Cette voie dénommée par délibération du conseil municipal de Rennes du 13 Avril 1953, porte le nom d'un résistant, Jean-Claude Camors, retrouvé mort à Rennes en 1943.

Jean-Claude Camors

Chef du réseau Bordeaux-Loupiac [1]

(27 octobre 1919, Pau – 11 octobre 1943, Rennes)

Un vrai volontaire

Jean-Claude Camors est né à Pau dans une famille de militaires. Il entre au Prytanée militaire de la Flèche pour préparer le baccalauréat qu'il obtient en 1937. En 1938 il est stagiaire à la banque de France pour financer ses études. Il obtient un certificat de licence de droit et de philosophie. Il s'engage en novembre 1939 au 18e RI et suit les cours d'élève aspirante. Lors de la campagne de France, il est blessé par éclat au pied et, fait prisonnier à l'hôpital par les Allemands, il est interné au camp de Châteaubriant, il s'en évade, traverse la ligne de démarcation etrejoint Pau à la fin juillet 1940. Il se rend à la Seyne-sur-Mer, travaille quelques mois dans un centre de rapatriement où il s'initie à la fabrication des faux-papiers, aux moyens de duper la Gestapo, et de circuler en zone occupée,. résistant. Après avoir tenté de rejoindre l'Angleterre par la Bretagne, il se fait admettre dans une équipe de marins pêcheurs à Marseille et, alors qu'il participe à une pêche près des côtes marocaines, il se jette à l'eau et nage deux heures pour gagner Gibraltar. De là, il parvient en Grande-Bretagne par bateau à la mi-mai 1942.

Un grand héros

Le Compagnon de la Libération, Jean-Claude Camors

Il signe son engagement dans les Forces françaises libres le 26 juin 1942 et est envoyé à l'École des Cadets de la France libre de Ribbersford libre début juillet. Le général de Gaulle n'accède pas à son souhait de participer à des missions secrètes en France en raison de son physique trop facilement reconnaissable :il mesure 1,93 m. Deux mois plus tard, il obtient néanmoins d'être affecté au Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), les services secrets de la France libre. Il suit à partir d'octobre 1942, un entraînement spécifique dans un centre de formation des agents secrets devant être envoyés en France occupée. Promu sous-lieutenant en décembre 1942, il est chargé de monter un réseau d'évasion d'aviateurs alliés au début de l'année 1943.

Ce grand jeune homme va être un grand héros. Il avait rejoint le général De Gaulle dès les premières semaines de l'occupation puis s'était fait parachuter pour organiser une section particulière de l'Armée secrète, chargée de retrouver des aviateurs et parachutistes tombés sur le sol français. Il est parachuté à la mi-avril 1943 près de Loches (Indre-et-Loire) et s'attache au développement du réseau "Bordeaux-Loupiac", sous les pseudos de Raoul ou Noël, alias encore : Cartier, Gérard,Jean Raoul, Raoul Caulaincourt , Philippe Wallon. Fin mai 1943, à la suite d'arrestations au sein du réseau, il décide de partir pour l'Espagne avec deux aviateurs anglais. Ils sont arrêtés en Espagne, mais Camors parvient finalement à gagner Londres le 21 juin 1943. En juillet, il se déplace dans toute la France pour nommer des responsables et donner des consignes pour permettre de cacher les aviateurs et de les prendre en charge avant leur transfert vers l'Angleterre et, fin août, il se rend à Plomodiern chez Madame Vourc'h. Grâce à des complicités locales, il trouve alors un bateau, le "Suzanne-René" d'un patron pêcheur de Camaret, susceptible de convoyer une cinquantaine d'aviateurs récupérés qu'il faut désormais acheminer jusqu'en Bretagne pour les embarquer.[2]

Fin de parcours dramatique à Rennes

À Rennes, se trouvait le chef régional du réseau, un pharmacien, André Heurtier, qui organisait des rencontres avec son chef. Le 5 octobre, Camors revint en Bretagne pour accompagner des aviateurs. Le lundi 11 octobre vers 16 heures 1943, il est à Rennes au café de l'Époque , rue du Pré-Botté, attablé avec trois membres membres de son réseau auxquels il avait donné rendez-vous, mangeant des fruits achetés dans une épicerie voisine., il sont rejoints par une agente de liaison, Claude Paulette Defesme. À un moment elle se retire aux toilettes. D'un cabriolet Renault décapotable descend Roger Le Neveu qui demande à la serveuse si elle a vu Guy Vissault. Le neveu travaillait alors pour la Gestapo après avoir été arrêté pour passage de juifs en zone libre et mis à la disposition de Guy Vissault en septembre . [3]. Sur sa réponse négative, il s'apprête à sortir et, marquant quelque surprise, tend la main à l'un des quatre attablés et interroge, à voix basse: "Dus-donc ! Tes amis, ce sont ceux qui convoient les parachutistes ?" L'homme hoche affirmativement et l'invite à prendre un verre mais Le Neveu braque un pistolet et crie :"Police allemande ! Haut les mains ! Vous êtes faits !" Les hommes se lèvent et obtempèrent. Le Neveu ordonne au patron du café de téléphoner à la Gestapo ou à la Feldgendarmerie qui finit par faire semblant après avoir fait le 18. Le Neveu veut alors fouiller les interpellés mais l'un deux cherche à lui faire lâcher son arme mais trois coups de feu partent, attirant l'attention d'un passant, un sergent aviateur allemand, camarade de le Neveu, qui se précipite, arme au poing. Les résistants courent vers la sortie sous ses tirs et ceux de l' aviateur allemand qui touchent Rémy Roure, parti à gauche vers la rue Jules Simon tandis que ses camarades couraient à droite vers la rue Maréchal Joffre. Le Neveu alerte la Gestapo et le quartier est cerné par un détachement allemand conduit par Vissault, les maisons sont perquisitionnées, le café de l'Europe envahi par les policiers allemands mais la jeune femme a pu s'esquiver. Les fugitifs se sont réfugiés sur le toit d'un immeuble, 2 rue Maréchal Joffre, au dessus-de la bijouterie L'anneau d'or mais Jean-CLaude Camors, touché, a une hémorragie, donne l'ordre à André Poirier, aviateur français dont l'appareil a été abattu et désire regagner Londres, et Pierre Dumont de rester planqués sur le toit tandis qu'il va s'éloigner, détruit les documents qu'il portait et ses papiers d'identité et descend vers le palier des greniers où il s'allonge, pensant ainsi arrêter les recherches des Allemands s'ils parviennent ici. Au petit jour ils découvrent le cadavre de Camors et, convaincus que le résistant avait avalé des documents, ils feront autopsier le corps. Après 36 heures de confinement, ses deux camarades purent s'échapper.[4]

Plaque apposée au 2, rue Maréchal Joffre, à Rennes. (photo Joris Brouard)

Rémy Roure, artère fémorale sectionnée, fut opéré par le professeur Marquis, puis transporté à la prison Jacques-Cartier et torturé par la Gestapo qui ne parvint pas à le faire parler et fut transféré de la prison de Fresnes au camp de Buchenwald.

Jean-Claude Camors est retrouvé mort le lendemain matin sur un palier du 3, rue Maréchal Joffre Il avait 24 ans. Persuadé qu'il avait avalé tous ses documents, la Gestapo enmmena son corps pour l'autopsier.[5]

Camors fut nommé commandant, compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 04 Mai 1944. Il était chevalier de la Légion d'honneur et décoré de la Croix de guerre avec palmes et titulaire de plusieurs décorations britanniques et de la Medal of Freedom (U.S.A.).

Sur la carte

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Références

  1. Des Rennais résistants
  2. Notice sur site de l'Ordre de la Libération
  3. Un Rennais, agent actif de la Gestapo, Guy Vissault
  4. Memoiredeguerre[1]
  5. Le Livre noir de la trahison. Histoire de la Gestapo en France. pp. 218 à 222. Philippe Aziz. Éditions Ramsay - 1984