La ligne téléphonique grande distance allemande Angers-Rennes en 1943

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La ligne téléphonique grande distance allemande Angers-Rennes

Une liaison stratégique

Au début de 1943, pour des raisons stratégiques et opérationnelles, le commandement supérieur des transmissions de l’armée allemande : le HONAFU (Höhere Nachrichten Führer) ordonne la construction d’une ligne téléphonique souterraine entre Angers, siège des commandements militaires régionaux, et Rennes. Depuis l’été 1940, Angers était devenue le siège du district militaire administratif B (Bezirk B) pour 17 départements de l’ouest et du sud-ouest, et y étaient les services allemands de répression : la Sipo-SD (Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst : police de sûreté et service de sûreté qui supervise également l’action de la Sipo-SD de Rennes commandée par le lieutenant-colonel SS Hartmut Pulmer, lequel communique avec Paris via Angers. L’état-major de la Luftwaffe (armée de l’air) pour la zone Atlantique et le centre d’écoute des stations de la radio anglaise BBC se situaient à Avrillé et le quartier général de la Kriegsmarine (marine de guerre) pour l’Atlantique et la Manche avec le centre de transmission d’ordres aux sous-marins de l’Atlantique au château de Pignerolle, en périphérie d’Angers. [1]

Une trancheuse sur chenilles, engin efficace mais bruyant

D'étranges travaux

Le 1er mars 1943, le service de la main-d’œuvre de la Feldkommandantur 748 à Rennes ordonne aux maires de Martigné-Ferchaud et de Retiers de désigner 60 travailleurs requis par le Dienstelle 46337 pour les travaux d'une ligne souterraine qui seront exécutés au cours des quatre premiers mois de 1943. La mise en place d'un câble téléphonique souterrain n’échappe pas à Jean Richard, résistant martignolais de 21 ans, appartenant au réseau SOE12 OSCAR-PARSON Buckmaster. Etudiant en notariat à Rennes, il a été formé sur le recueil du renseignement militaire par le capitaine François Vallée[2], chef du réseau. Évadé de Bretagne, en Angleterre l'étudiant renseigne sur Rennes occupé et notamment sur la ligne souterraine allemande longue distance. Interrogé par le Military Intelligence 19 (MI 19) chargé de filtrer les informations militaires sur l’ennemi, il indique qu’en mai-juin 43, des Français ont été recrutés pour creuser une tranchée profonde de 80cm pour la pose d'un câble reliant Angers et Rennes via le Château Breil (près de Martigné-Ferchaud). La tranchée creusée, les Allemands ont posé un câble de 3-4 cm de diamètre, composé de sept fils de cuivre plat et de fils de cuivre enroulés autour de ces fils plats, mais sans revêtement de protection autour du câble.

L’itinéraire du câble est : Angers – Segré – Vergonnes – Pouancé – Martigné-Ferchaud – Château du Breil – Retiers – Janzé – Corps-Nuds – Vern-sur-Seiche et Rennes. Dans Rennes le câble pour les télécommunications allemandes av. Aristide Briand a nécessité divers aménagements. Ainsi l'avenue Aristide Briand fut bordée de quelques étranges installations aménagées par l'occupant allemand. Au n° 69, une jolie demeure abritait dans son sous-sol un important central téléphonique qui subsista en bon état après la guerre avec ses postes pour standardistes, mais dont l'intérêt ne fut malheureusement pas pris en considération et dont l'accès était refusé. À côté au n° 71, son voisin, à la place du grand immeuble actuel, était un PC de la Luftwaffe (WL) protégé par deux blockhaus et où passaient des câbles en tranchées comblées pour la ligne souterraine à grande distance d’Angers et Laval. Un regard obturé par une plaque de fonte fut remarqué près des rails des T.I.V., qui bordaient le chemin de halage le long du canal de la Vilaine. Le câble aboutissait au Palais du Commerce et au lycée de garçons de l’avenue Janvier.

En avril 1944, la Résistance dressa un plan de situation de ce PC secret marqué par deux petits blockhaus et réussit difficilement à le faire parvenir à Londres puisqu'il n'y fut reçu que le 6 juin. Diffusé le 8 juin, il ne figure dans un rapport que le 27 juin en tant qu'objectif de bombardement[3]. En effet, il n'apparaît pas que l'aviation des Alliés ait spécialement pris ce site comme objectif lors des Bombardements des 9 et 12 juin 1944 et de celui du 18 juin. À Martigné-Ferchaud, le câble sera sectionné le 4 août 1944, en bordure de la route de Pouancé, à hauteur de la Grande Rougeraie.

Références