Louis Nuss
Louis Nuss
Résistant
(23 mai 1912, Rennes - )
Le domicile de Louis Nuss, 39 ans, inspecteur d'assurances, situé au 11, rue Gutenberg, servait de PC aux agents de liaison du réseau Turquoise-Blavet. À la mi-avril 1944 la centrale Phidias, qui coiffait à Paris plusieurs réseaux dont Turquoise est anéantie.
À l'origine de ce désastre, Charles Geffroy (qui sera condamné à mort par la cour de Justice de Rennes et fusillé le 6 février 1945). Celui-ci vend à la gestapo, pour 80 000 F, l'adresse du 11 rue Gutenberg comme lieu d'allées et venues suspectes. Il était en 1943 directeur du centre d'entr'aide d'Ille-et-Vilaine, des travailleurs français en Allemagne et avait à son service une jeune fille de 21 ans, Mlle Le Tallec, qui devint son amie. Trop confiante, celle-ci lui révéla l'existence d'un poste de T.S.F dans le grenier de la maison habitée par sa mère et Mme et M. Nuss[1].
Le vendredi 14 avril, à 6 h du matin, les policiers du SD pénètrent dans l'immeuble pour arrêter Louis Nuss mais celui-ci était parti pour Paris la veille au soir. La perquisition effectuée au domicile ne donne rien, un poste-émetteur et des papiers ayant été déplacés car Nuss se sentant surveillé. Mme Fernande Nuss est arrêtée par Émile Schwaller[2], emmenée aussitôt rue Jules Ferry où sont les services allemands de répression. Elle sera déportée à Ravensbrück et Genshagen et libérée le 30 avril 1945. Louis Nuss est avisé par son ami Paul Guyot, rédacteur à l’Ouest-Éclair, d'avoir à quitter son hôtel parisien car la police allemande le recherchait et, 2 heures après son départ de l’hôtel, Adolf Breuer, agent allemand de Rennes, s'y présenta, se recommandant d'être un de ses amis. Mlle Le Tallec était à son tour arrêtée. Charles Geffroy, pour sauver son amie, entra en contact avec la gestapo et la fit libérer après qu’elle eut déposé une somme de 75.000 F. qui lui avait été remise après l'arrestation de Mme Nuss pour subvenir aux besoins des enfants de cette dernière.
Nuss releva, à la cour de Justice de Rennes, les graves conséquences de cette dénonciation : la découverte de sept autres postes émetteurs, l'arrestation de nombreux patriotes et l'anéantissement peu de temps avant le débarquement, du réseau de renseignements Turquoise-Blavet qui compta 33 membres connus dont 14 furent déportés parmi lesquels 6 en mourront et 2 seront fusillés[3].
Louis Nuss reçut la médaille de la Résistance par décret 3 août 1946 (publication au JO le 13 octobre 1946).